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UE73 - L'Atlantique ibérique à l'âge des révolutions (XVIIIe-XIXe siècles)


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_23
    annuel / hebdomadaire, jeudi 17:00-19:00
    du 12 novembre 2020 au 27 mai 2021


Description


Dernière modification : 20 octobre 2020 17:53

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais espagnol français
Mots-clés
Économie politique Histoire Histoire du droit Histoire intellectuelle Historiographie Minorités Travail
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques Ibérique (monde)
Intervenant·e·s
  • Clément Thibaud [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Le séminaire s’intéresse à la période qui embrasse les transformations des empires ibériques, leur effondrement et l’émergence des nations latino-américaines. Il s’intéressera cette année aux conséquences de la recomposition et de la fin du « système atlantique », fondé sur la traite et l’esclavage. Des grandes réformes du Siècle des Lumières aux abolitions du siècle suivant, cet espace est marqué par l’ambition de passer de l’âge militaire à celui du commerce, afin de transformer « l’empire de conquête » en une société civile prospère. Le séminaire abordera aussi les tensions qui marquent le surgissement de la politique moderne dans le contexte de sociétés coloniales, à travers la question de la citoyenneté des Indiens, des métis et des affranchis. Il s'intéressera également aux politiques de peuplement et de mise en valeur des terres en les inscrivant dans un "méridien colonial" placé à la jonction entre empires modernes et contemporains. Le séminaire sera donc structuré autour des thèmes suivants :

  • l’émergence de l’économie politique, la réforme de l’empire espagnol et le premier républicanisme libéral ;
  • les reconfigurations des hiérarchies fondées sur la race ;
  • la citoyenneté des Indiens, des métis et des affranchis ;
  • le rôle de la guerre, des hommes en armes et de la violence ;
  • les recompositions des formes du commun et de l’autorité politique ;
  • le constitutionnalisme libéral, le fédéralisme et les répertoires républicains ;
  • la réinvention de la « colonisation » et du travail en contexte libéral et abolitionniste

On évoquera, à cette occasion, certains dossiers classiques de l’historiographie latino-américaniste portant sur le constitutionnalisme, le caudillisme, la pratique du pronunciamiento, le fédéralisme, la citoyenneté des populations racialisées, les relations entre religion et politique.

I - Citoyennetés

12 novembre 2020 : Le temps long des indépendances hispano-américaines (1790-1870)

19 novembre 2020 : L’émergence de la citoyenneté dans le monde hispanique. Enjeux et tensions.

3 décembre 2020 : Esclaves et esclavage à l’âge des révolutions hispaniques

10 décembre 2020 : Albert García-Balaña (Universitat Pompeu Fabra, Barcelone). « La guerre coloniale et les femmes ennemies. Harcèlement et déportation des ‘familles’ de couleur dans la guerre de Chiquita Cuba (1879-1884) » (en espagnol)

17 décembre 2020 : La liberté par les armes au cours de l’ère des révolutions, retour sur un thème classique

7 janvier 2021 : Engagements maritimes, guerre de course et crise des empires (1790-1830)

14 janvier 2021 : « Citoyennes de couleur » (Carthagène des Indes, 1815)

21 janvier 2021 : Les « Indiens » comme sujets/objets de l’économie politique atlantique (1760-1820)

28 janvier 2021 : Amérindiens et citoyens (1) ? Ouvertures

4 février 2021 : Amérindiens et citoyens (2) ? Tensions et retournements

11 février 2021 : Républicanisme, libéralisme, métissage : une « histoire naturelle » de la citoyenneté ? (1)

18 février 2021 : Républicanisme, libéralisme, métissage : une « histoire naturelle » de la citoyenneté (2) ?

II - La colonisation contre l’empire

25 février 2021 : Le moment libéral de la colonisation (1). Politiques de peuplement et réformes bourboniennes (Espagne, Amérique espagnole, 1770-1800)

4 mars 2021 : Le moment libéral de la colonisation (2). Interrègne impérial et entreprises « colonistes » (Afrique, Amérique hispanique, 1815-1830)

18 mars 2021 : María Teresa Calderón (Universidad Externado de Colombia), Repenser le vote dans le monde hispanique

25 mars 2021 : María Teresa Calderón (Universidad Externado de Colombia), Constitution et conflit politique en Amérique latine. La crise colombienne de 1826 comme étude de cas (en espagnol)

1er avril 2021 : Le moment libéral de la colonisation (3). Question sociale, migrations européennes, frontière agraire

8 avril 2021 : María Teresa Calderón (Universidad Externado de Colombia). La face cachée de la dictature (sur la dictature de Bolívar en 1828)

15 avril 2021 : Interrègne et recompositions impériales franco-hispaniques (1). Haïti, Alger et Montevideo

6 mai 2021 : Interrègne et recompositions impériales franco-hispaniques (2). Confrontations

20 mai 2021 : Interrègne et recompositions impériales franco-hispaniques (3) ? canalisation et colonisation

27 mai 2021 : Conclusions


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Bureau B2-07, 54 bd Raspail 75006 Paris.

Contact par courriel.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous. ou le jeudi de 14 h à 17 h.

Pré-requis

la lecture de l'espagnol et de l'anglais est conseillée.


Compte rendu


Le séminaire s’est attaché cette année à l’unité d’une période historique qui embrasse le temps des réformismes des empires ibériques, leur effondrement au cours des guerres napoléoniennes et l’émergence des nations latino-américaines. À partir d’un usage critique du concept de « modernité politique », il a cartographié certaines mutations sociopolitiques et culturelles profondes des mondes ibéro-américains à plusieurs échelles, de l’étude de cas locaux aux perspectives atlantiques et, le cas échéant, globales. Dans cette perspective, plusieurs grands dossiers ont tour à tour été ouverts. Les premières séances ont planté le décor en montrant l’insertion des indépendances ibéro-américaines dans le cadre d’un âge des révolutions atlantiques, et globales, où émergèrent les nouveaux principes et procédures de la politique moderne (citoyenneté, suffrage, constitutions). Le dénouement républicain des émancipations hispano-américaines, très inattendu, a été interrogé en relation avec les limitations de ce que les acteurs nommaient le « système colonial » et les formes d’inégalité propres à des sociétés fondées sur les statuts racialisés. On a aussi souligné la persistance dans le temps long du gouvernement par la juridiction, et dessiné les conséquences politiques d’un dispositif rétif à l’ordre administratif moderne sur la formation des nouveaux États ibéro-américains. Une hypothèse a ensuite été explorée : l’égalité des citoyens devant la loi, comme principe désormais intangible des systèmes politiques de la région, ne supposait en « l’égalisation des conditions » que le triomphe du niveau. Bien au contraire, dans l’esprit des élites républicaines et libérales de l’Amérique espagnole du premier XIXe siècle, il s’agissait d’araser les distinctions sociales « arbitraires » et « artificielles », telles que la « pureté de sang » ou l’hérédité des charges, afin de faire apparaître de nouvelles hiérarchies structurantes et garantes d’ordre. Celles-ci seraient fondées sur les mérites, les vertus et les talents, c’est-à-dire, aux yeux des libéraux de l’époque, sur la dimension « naturelle » de l’inégalité parmi les hommes. La volonté de refonder l’ordre sociopolitique sur ces grandeurs « naturelles » supposait l’identification des capacités des individus et des peuples à réaliser les promesses de liberté politique et de prospérité économique. À travers certains ouvrages, comme ceux de José María Samper, ou de controverse, comme celle de l’Amérique, nous avons suivi ainsi le développement de cette nouvelle science, la « physiologie politique » dans sa construction croisée entre Europe et Amériques. On a montré qu’il existe, dès l’origine, une histoire naturelle du régime républicain qui mobilise la notion de « race » et de « classe » de couleur. Plusieurs séances ont été consacrées aux groupes amérindiens, métis et afrodescendants, à la fois dans les représentations, comme « minorités » à régénérer, et dans une histoire politique sensibles aux mobilisations politiques de ces groupes pour faire valoir des droits tout au long du XIXe siècle. Le dernier thème abordé fut l’émergence de la « colonisation » – un mot nouveau qui entre dans les dictionnaires français et espagnol dans les années 1830 – comme projet visant à surmonter les problèmes économiques liés à la fin du « système atlantique », fondé sur la traite et l’esclavage. La « colonisation » articule des savoirs naturalistes – sur la faune, la flore, l’homme –, un projet économique libéral, un idéal de commerce libre, des migrations de travail et un pari racial visant à « relever » les peuples dégénérés par le métissage. Ce nouveau paradigme a été présenté depuis sa formulation au cours de la guerre d’indépendance nord-américaine jusqu’à ses premières réalisations, sous la Restauration, au Sénégal, à Madagascar et en Guyane, puis lors d’entreprises colonistes de migrants français au Mexique et en Amérique centrale. Au cours du séminaire, nous avons eu le plaisir d’accueillir les présentations de Nicolas Terrien, Olivier Allard et Caroline Cunill.

Publications
  • « De la race aux races dans l’Amérique hispanique républicaine (1770-1900), Revue d’histoire moderne et contemporaine, 68-3, juillet-septembre 2021, p. 143-171.
  • « Prólogo », dans El reclutamiento de negros esclavos durante las guerras de independencia de Colombia, 1810-1825, sous la dir. de Roger Pita Pico, Bogotá, Academica Colombiana de Historia, 2021 (seconde édition), p. 8-14.
  • « Révolutions atlantiques », Les Mondes de l’esclavage, Paris, Le Seuil, septembre 2021, p. 547-559.
  • « La invención de la república en Tierra Firme: contra-públicos, circulaciones revolucionarias y Vizcardo y Guzmán », dans Las independencias antes de la independencia, sous la dir. de Cecilia Méndez, Lima, Pontificia Universidad Católica del Perú, 2021, p. 1-19.

Dernière modification : 20 octobre 2020 17:53

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais espagnol français
Mots-clés
Économie politique Histoire Histoire du droit Histoire intellectuelle Historiographie Minorités Travail
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques Ibérique (monde)
Intervenant·e·s
  • Clément Thibaud [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Le séminaire s’intéresse à la période qui embrasse les transformations des empires ibériques, leur effondrement et l’émergence des nations latino-américaines. Il s’intéressera cette année aux conséquences de la recomposition et de la fin du « système atlantique », fondé sur la traite et l’esclavage. Des grandes réformes du Siècle des Lumières aux abolitions du siècle suivant, cet espace est marqué par l’ambition de passer de l’âge militaire à celui du commerce, afin de transformer « l’empire de conquête » en une société civile prospère. Le séminaire abordera aussi les tensions qui marquent le surgissement de la politique moderne dans le contexte de sociétés coloniales, à travers la question de la citoyenneté des Indiens, des métis et des affranchis. Il s'intéressera également aux politiques de peuplement et de mise en valeur des terres en les inscrivant dans un "méridien colonial" placé à la jonction entre empires modernes et contemporains. Le séminaire sera donc structuré autour des thèmes suivants :

  • l’émergence de l’économie politique, la réforme de l’empire espagnol et le premier républicanisme libéral ;
  • les reconfigurations des hiérarchies fondées sur la race ;
  • la citoyenneté des Indiens, des métis et des affranchis ;
  • le rôle de la guerre, des hommes en armes et de la violence ;
  • les recompositions des formes du commun et de l’autorité politique ;
  • le constitutionnalisme libéral, le fédéralisme et les répertoires républicains ;
  • la réinvention de la « colonisation » et du travail en contexte libéral et abolitionniste

On évoquera, à cette occasion, certains dossiers classiques de l’historiographie latino-américaniste portant sur le constitutionnalisme, le caudillisme, la pratique du pronunciamiento, le fédéralisme, la citoyenneté des populations racialisées, les relations entre religion et politique.

I - Citoyennetés

12 novembre 2020 : Le temps long des indépendances hispano-américaines (1790-1870)

19 novembre 2020 : L’émergence de la citoyenneté dans le monde hispanique. Enjeux et tensions.

3 décembre 2020 : Esclaves et esclavage à l’âge des révolutions hispaniques

10 décembre 2020 : Albert García-Balaña (Universitat Pompeu Fabra, Barcelone). « La guerre coloniale et les femmes ennemies. Harcèlement et déportation des ‘familles’ de couleur dans la guerre de Chiquita Cuba (1879-1884) » (en espagnol)

17 décembre 2020 : La liberté par les armes au cours de l’ère des révolutions, retour sur un thème classique

7 janvier 2021 : Engagements maritimes, guerre de course et crise des empires (1790-1830)

14 janvier 2021 : « Citoyennes de couleur » (Carthagène des Indes, 1815)

21 janvier 2021 : Les « Indiens » comme sujets/objets de l’économie politique atlantique (1760-1820)

28 janvier 2021 : Amérindiens et citoyens (1) ? Ouvertures

4 février 2021 : Amérindiens et citoyens (2) ? Tensions et retournements

11 février 2021 : Républicanisme, libéralisme, métissage : une « histoire naturelle » de la citoyenneté ? (1)

18 février 2021 : Républicanisme, libéralisme, métissage : une « histoire naturelle » de la citoyenneté (2) ?

II - La colonisation contre l’empire

25 février 2021 : Le moment libéral de la colonisation (1). Politiques de peuplement et réformes bourboniennes (Espagne, Amérique espagnole, 1770-1800)

4 mars 2021 : Le moment libéral de la colonisation (2). Interrègne impérial et entreprises « colonistes » (Afrique, Amérique hispanique, 1815-1830)

18 mars 2021 : María Teresa Calderón (Universidad Externado de Colombia), Repenser le vote dans le monde hispanique

25 mars 2021 : María Teresa Calderón (Universidad Externado de Colombia), Constitution et conflit politique en Amérique latine. La crise colombienne de 1826 comme étude de cas (en espagnol)

1er avril 2021 : Le moment libéral de la colonisation (3). Question sociale, migrations européennes, frontière agraire

8 avril 2021 : María Teresa Calderón (Universidad Externado de Colombia). La face cachée de la dictature (sur la dictature de Bolívar en 1828)

15 avril 2021 : Interrègne et recompositions impériales franco-hispaniques (1). Haïti, Alger et Montevideo

6 mai 2021 : Interrègne et recompositions impériales franco-hispaniques (2). Confrontations

20 mai 2021 : Interrègne et recompositions impériales franco-hispaniques (3) ? canalisation et colonisation

27 mai 2021 : Conclusions

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Bureau B2-07, 54 bd Raspail 75006 Paris.

Contact par courriel.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous. ou le jeudi de 14 h à 17 h.

Pré-requis

la lecture de l'espagnol et de l'anglais est conseillée.

  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_23
    annuel / hebdomadaire, jeudi 17:00-19:00
    du 12 novembre 2020 au 27 mai 2021

Le séminaire s’est attaché cette année à l’unité d’une période historique qui embrasse le temps des réformismes des empires ibériques, leur effondrement au cours des guerres napoléoniennes et l’émergence des nations latino-américaines. À partir d’un usage critique du concept de « modernité politique », il a cartographié certaines mutations sociopolitiques et culturelles profondes des mondes ibéro-américains à plusieurs échelles, de l’étude de cas locaux aux perspectives atlantiques et, le cas échéant, globales. Dans cette perspective, plusieurs grands dossiers ont tour à tour été ouverts. Les premières séances ont planté le décor en montrant l’insertion des indépendances ibéro-américaines dans le cadre d’un âge des révolutions atlantiques, et globales, où émergèrent les nouveaux principes et procédures de la politique moderne (citoyenneté, suffrage, constitutions). Le dénouement républicain des émancipations hispano-américaines, très inattendu, a été interrogé en relation avec les limitations de ce que les acteurs nommaient le « système colonial » et les formes d’inégalité propres à des sociétés fondées sur les statuts racialisés. On a aussi souligné la persistance dans le temps long du gouvernement par la juridiction, et dessiné les conséquences politiques d’un dispositif rétif à l’ordre administratif moderne sur la formation des nouveaux États ibéro-américains. Une hypothèse a ensuite été explorée : l’égalité des citoyens devant la loi, comme principe désormais intangible des systèmes politiques de la région, ne supposait en « l’égalisation des conditions » que le triomphe du niveau. Bien au contraire, dans l’esprit des élites républicaines et libérales de l’Amérique espagnole du premier XIXe siècle, il s’agissait d’araser les distinctions sociales « arbitraires » et « artificielles », telles que la « pureté de sang » ou l’hérédité des charges, afin de faire apparaître de nouvelles hiérarchies structurantes et garantes d’ordre. Celles-ci seraient fondées sur les mérites, les vertus et les talents, c’est-à-dire, aux yeux des libéraux de l’époque, sur la dimension « naturelle » de l’inégalité parmi les hommes. La volonté de refonder l’ordre sociopolitique sur ces grandeurs « naturelles » supposait l’identification des capacités des individus et des peuples à réaliser les promesses de liberté politique et de prospérité économique. À travers certains ouvrages, comme ceux de José María Samper, ou de controverse, comme celle de l’Amérique, nous avons suivi ainsi le développement de cette nouvelle science, la « physiologie politique » dans sa construction croisée entre Europe et Amériques. On a montré qu’il existe, dès l’origine, une histoire naturelle du régime républicain qui mobilise la notion de « race » et de « classe » de couleur. Plusieurs séances ont été consacrées aux groupes amérindiens, métis et afrodescendants, à la fois dans les représentations, comme « minorités » à régénérer, et dans une histoire politique sensibles aux mobilisations politiques de ces groupes pour faire valoir des droits tout au long du XIXe siècle. Le dernier thème abordé fut l’émergence de la « colonisation » – un mot nouveau qui entre dans les dictionnaires français et espagnol dans les années 1830 – comme projet visant à surmonter les problèmes économiques liés à la fin du « système atlantique », fondé sur la traite et l’esclavage. La « colonisation » articule des savoirs naturalistes – sur la faune, la flore, l’homme –, un projet économique libéral, un idéal de commerce libre, des migrations de travail et un pari racial visant à « relever » les peuples dégénérés par le métissage. Ce nouveau paradigme a été présenté depuis sa formulation au cours de la guerre d’indépendance nord-américaine jusqu’à ses premières réalisations, sous la Restauration, au Sénégal, à Madagascar et en Guyane, puis lors d’entreprises colonistes de migrants français au Mexique et en Amérique centrale. Au cours du séminaire, nous avons eu le plaisir d’accueillir les présentations de Nicolas Terrien, Olivier Allard et Caroline Cunill.

Publications
  • « De la race aux races dans l’Amérique hispanique républicaine (1770-1900), Revue d’histoire moderne et contemporaine, 68-3, juillet-septembre 2021, p. 143-171.
  • « Prólogo », dans El reclutamiento de negros esclavos durante las guerras de independencia de Colombia, 1810-1825, sous la dir. de Roger Pita Pico, Bogotá, Academica Colombiana de Historia, 2021 (seconde édition), p. 8-14.
  • « Révolutions atlantiques », Les Mondes de l’esclavage, Paris, Le Seuil, septembre 2021, p. 547-559.
  • « La invención de la república en Tierra Firme: contra-públicos, circulaciones revolucionarias y Vizcardo y Guzmán », dans Las independencias antes de la independencia, sous la dir. de Cecilia Méndez, Lima, Pontificia Universidad Católica del Perú, 2021, p. 1-19.