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UE721 - Séries et politique


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 1
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 13:00-17:00
    du 25 mars 2021 au 13 mai 2021


Description


Dernière modification : 29 mai 2020 14:14

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie visuelle Communication Démocratie Droit, normes et société Fiction Imaginaire Médias Sociologie Sociologie politique
Aires culturelles
Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Sabine Chalvon-Demersay [référent·e]   directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS)

Le séminaire de cette année sera consacré aux nouvelles approches dans l’étude des séries télévisées. Nous aborderons la question des séries politiques et de leur portée. Dans ce domaine, l’offre télévisuelle s’intensifie et les recherches se multiplient. La vie politique est devenue depuis quelques années un réservoir de sujets et d’intrigues, tant dans les séries étrangères que dans la fiction française : The West Wing, 24, House of cards, Borgen, Le Bureau des Légendes, Homeland, Fauda, O Mecanismo, Tchernobyl,  Baron Noir, etc.  Comment étudier ces séries télévisées, comment les saisir dans leur spécificité, quelles nouvelles méthodes mettre en place ? Peut-on se contenter de transposer des  catégories issues de l’analyse littéraire ou des études cinématographiques ou n’est-il pas préférable d’imaginer des démarches et des formes de critiques qui soient adaptées à la manière dont elles sont reçues, débattues ? Il s’agira de comprendre en quoi le tournant ethnographique pris par ces fictions modifie l’enjeu de ces formes narratives et de saisir à quel type d’expériences, d’enquêtes et d’expérimentations elles font référence,  dans quels espaces de questionnement elles s’inscrivent, à quels types d’explorations elles donnent lieu et dans quelles arènes de débat elles se déploient. L’enjeu étant de comprendre comment et pourquoi elles deviennent partie prenante de la texture la plus intime de notre expérience politique.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

sur rendez-vous.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire cette année a été consacré aux séries politiques. En examinant différentes recherches, nous avons proposé des pistes analytiques pour étudier ces séries télévisées et les saisir dans leur spécificité. Nous avons cherché à comprendre en quoi le tournant ethnographique pris par ces fictions modifie leurs enjeux. Nous avons examiné le type d’expériences, d’enquêtes et d’expérimentations auxquelles elles font référence, les espaces de questionnement dans lesquels elles s’inscrivent, les types d’explorations auxquels elles donnent lieu et les arènes de débat dans lesquels elles se déploient. L’enjeu de ce parcours étant de saisir comment les séries deviennent partie prenante de la texture la plus intime de notre expérience politique. Nous avons d’une part proposé des outils méthodologiques systématiques pour les analyser (création de mosaïques d’images par épisode, recueils systématiques des sous-titres, utilisation de méthodes computationnelles) et d’autre part proposé un modèle d’analyse, à la hauteur des questions posées. En effet, les séries politiques mettent au travail la question de la démocratie. Les personnages, dans ce contexte, peuvent tenir des propos, défendre des points de vue, développer des arguments qui, s’ils étaient tenus dans d’autres contextes, déclencheraient des polémiques. Leur dimension fictionnelle les protège. Elle leur permet de se soustraire au débat public et d’échapper à la controverse. Les personnages contribuent ainsi à familiariser leurs publics avec des répertoires argumentatifs qu’ils peuvent exprimer à loisir et justifier d’une manière détaillée sans interruption ni riposte. Le séminaire a réfléchi à la façon de faire face à cette situation en suggérant des dispositifs analytiques susceptibles d’en tenir compte. Les réponses traditionnelles à la question des enjeux politiques ou moraux de la fiction ont pris comme objet les œuvres (en les censurant) ou les auteurs (en les poursuivant.). La proposition travaillée ici consiste à cibler les personnages eux-mêmes et à développer des formes de critiques qui mettent en cause leur responsabilité politique. Sur le plan théorique, une telle solution suppose de donner davantage de dignité ontologique aux héros de séries télévisées. Cette proposition cherche à être le plus proche possible de l’expérience de la réception, au sens où elle définit la forme des HST à partir du lien que les spectateurs entretiennent avec eux. C’est aussi une solution qui offre, par construction, l’opportunité de transférer aux êtres de fiction des outils analytiques conçus et élaborés par les sciences sociales pour rendre compte des activités humaines, ce qui ouvre considérablement le répertoire analytique affecté traditionnellement à la fiction.

Le déroulement du séminaire nous a conduits à partir des séries « qui font aimer la démocratie » jusqu’aux séries qui la mettent en cause, de la manière la plus radicale. Nous avons consacré la première séance à une analyse de la série The West Wing, en nous intéressant à la façon dont est mise en scène la hiérarchie des normes de droit ; puis nous avons étudié Baron Noir au prisme des textes d’Hannah Arendt sur le mensonge en politique. Ce séminaire a été suivi d’une passionnante interview collective du scénariste Eric Benzekri et d’une réflexion sur le cynisme. Nous avons ensuite envisagé la thématique de la torture dans 24 heures Chrono. Les séries Homeland et Le bureau des Légendes, avec Pauline Blistène, nous ont conduits à réfléchir sur la place de l’espionnage en démocratie. L’espionnage constitue en effet le grand paradoxe des États libéraux, parce qu’il assume la présence de la guerre dans la paix, organise des zones de mystère et de mensonge dans une société régie par un idéal de transparence ; impose la surveillance dans un monde qui se réclame de la liberté et compose avec des transgressions de la légalité au nom même de l’État de droit. Avec les travaux d’Emmanuel Taieb, nous avons repris la question du cynisme en politique. Les derniers séminaires ont été consacrés aux contextes de guerre, de terrorisme et de lutte armée, avec une attention particulière à la question des femmes combattantes.

Publications
  • Le troisième souffle, parenté et sexualités dans les adaptations télévisées, Paris, Presses des mines, 2021.
  • Enquête sur les adaptations littéraires à la télévision, https://www.pressesdesmines.com/le-troisieme-souffle/

Dernière modification : 29 mai 2020 14:14

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie visuelle Communication Démocratie Droit, normes et société Fiction Imaginaire Médias Sociologie Sociologie politique
Aires culturelles
Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Sabine Chalvon-Demersay [référent·e]   directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS)

Le séminaire de cette année sera consacré aux nouvelles approches dans l’étude des séries télévisées. Nous aborderons la question des séries politiques et de leur portée. Dans ce domaine, l’offre télévisuelle s’intensifie et les recherches se multiplient. La vie politique est devenue depuis quelques années un réservoir de sujets et d’intrigues, tant dans les séries étrangères que dans la fiction française : The West Wing, 24, House of cards, Borgen, Le Bureau des Légendes, Homeland, Fauda, O Mecanismo, Tchernobyl,  Baron Noir, etc.  Comment étudier ces séries télévisées, comment les saisir dans leur spécificité, quelles nouvelles méthodes mettre en place ? Peut-on se contenter de transposer des  catégories issues de l’analyse littéraire ou des études cinématographiques ou n’est-il pas préférable d’imaginer des démarches et des formes de critiques qui soient adaptées à la manière dont elles sont reçues, débattues ? Il s’agira de comprendre en quoi le tournant ethnographique pris par ces fictions modifie l’enjeu de ces formes narratives et de saisir à quel type d’expériences, d’enquêtes et d’expérimentations elles font référence,  dans quels espaces de questionnement elles s’inscrivent, à quels types d’explorations elles donnent lieu et dans quelles arènes de débat elles se déploient. L’enjeu étant de comprendre comment et pourquoi elles deviennent partie prenante de la texture la plus intime de notre expérience politique.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

sur rendez-vous.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 1
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 13:00-17:00
    du 25 mars 2021 au 13 mai 2021

Le séminaire cette année a été consacré aux séries politiques. En examinant différentes recherches, nous avons proposé des pistes analytiques pour étudier ces séries télévisées et les saisir dans leur spécificité. Nous avons cherché à comprendre en quoi le tournant ethnographique pris par ces fictions modifie leurs enjeux. Nous avons examiné le type d’expériences, d’enquêtes et d’expérimentations auxquelles elles font référence, les espaces de questionnement dans lesquels elles s’inscrivent, les types d’explorations auxquels elles donnent lieu et les arènes de débat dans lesquels elles se déploient. L’enjeu de ce parcours étant de saisir comment les séries deviennent partie prenante de la texture la plus intime de notre expérience politique. Nous avons d’une part proposé des outils méthodologiques systématiques pour les analyser (création de mosaïques d’images par épisode, recueils systématiques des sous-titres, utilisation de méthodes computationnelles) et d’autre part proposé un modèle d’analyse, à la hauteur des questions posées. En effet, les séries politiques mettent au travail la question de la démocratie. Les personnages, dans ce contexte, peuvent tenir des propos, défendre des points de vue, développer des arguments qui, s’ils étaient tenus dans d’autres contextes, déclencheraient des polémiques. Leur dimension fictionnelle les protège. Elle leur permet de se soustraire au débat public et d’échapper à la controverse. Les personnages contribuent ainsi à familiariser leurs publics avec des répertoires argumentatifs qu’ils peuvent exprimer à loisir et justifier d’une manière détaillée sans interruption ni riposte. Le séminaire a réfléchi à la façon de faire face à cette situation en suggérant des dispositifs analytiques susceptibles d’en tenir compte. Les réponses traditionnelles à la question des enjeux politiques ou moraux de la fiction ont pris comme objet les œuvres (en les censurant) ou les auteurs (en les poursuivant.). La proposition travaillée ici consiste à cibler les personnages eux-mêmes et à développer des formes de critiques qui mettent en cause leur responsabilité politique. Sur le plan théorique, une telle solution suppose de donner davantage de dignité ontologique aux héros de séries télévisées. Cette proposition cherche à être le plus proche possible de l’expérience de la réception, au sens où elle définit la forme des HST à partir du lien que les spectateurs entretiennent avec eux. C’est aussi une solution qui offre, par construction, l’opportunité de transférer aux êtres de fiction des outils analytiques conçus et élaborés par les sciences sociales pour rendre compte des activités humaines, ce qui ouvre considérablement le répertoire analytique affecté traditionnellement à la fiction.

Le déroulement du séminaire nous a conduits à partir des séries « qui font aimer la démocratie » jusqu’aux séries qui la mettent en cause, de la manière la plus radicale. Nous avons consacré la première séance à une analyse de la série The West Wing, en nous intéressant à la façon dont est mise en scène la hiérarchie des normes de droit ; puis nous avons étudié Baron Noir au prisme des textes d’Hannah Arendt sur le mensonge en politique. Ce séminaire a été suivi d’une passionnante interview collective du scénariste Eric Benzekri et d’une réflexion sur le cynisme. Nous avons ensuite envisagé la thématique de la torture dans 24 heures Chrono. Les séries Homeland et Le bureau des Légendes, avec Pauline Blistène, nous ont conduits à réfléchir sur la place de l’espionnage en démocratie. L’espionnage constitue en effet le grand paradoxe des États libéraux, parce qu’il assume la présence de la guerre dans la paix, organise des zones de mystère et de mensonge dans une société régie par un idéal de transparence ; impose la surveillance dans un monde qui se réclame de la liberté et compose avec des transgressions de la légalité au nom même de l’État de droit. Avec les travaux d’Emmanuel Taieb, nous avons repris la question du cynisme en politique. Les derniers séminaires ont été consacrés aux contextes de guerre, de terrorisme et de lutte armée, avec une attention particulière à la question des femmes combattantes.

Publications
  • Le troisième souffle, parenté et sexualités dans les adaptations télévisées, Paris, Presses des mines, 2021.
  • Enquête sur les adaptations littéraires à la télévision, https://www.pressesdesmines.com/le-troisieme-souffle/