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UE72 - Biopolitique et majesté : la monarchie hispanique enquête


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    Salle 2
    105 bd Raspail 75006 Paris
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 09:00-12:00
    du 4 novembre 2020 au 13 janvier 2021 (les séances des 6 et 13 janvier se dérouleront salle 8, même heure, même adresse)


Description


Dernière modification : 4 septembre 2020 09:39

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biopolitique Coloniales (études) Esclavage Histoire Histoire culturelle Histoire du droit Historiographie Institutions Politique Racismes et races
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques Europe Ibérique (monde) Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s

Philippe II d’Espagne était un roi biopolitique en ce sens que son autorité reposait sur la volonté de décrire puis de réduire à néant l'existence de différents peuples de la péninsule Ibérique et de contrôler la pluralité des Amériques. Le cadre normatif sur lequel a reposé son action intégrait une vision naturaliste et médicale de la santé politique. Tel un étudiant parfait qui aurait traîné sur tous les bancs de l’université de Salamanque, sa gestion du social semble issue des cours des faculté des lois et des canons pour la régulation de la famille, de la faculté de théologie pour la répression des hétérodoxes, de la faculté de médecine pour la surveillance des corps et de la reproduction, de la faculté de médecine pour l’obtention de l’harmonie. Philippe II, fut l'auteur d'une des premières opérations planifiées et modernes d'ingénierie sociale dans les frontières d'un royaume : l'identification et la dispersion des morisques de Grenade vers d'autres parties de l'Andalousie et de la Castille, avec pour conséquence l'extorsion et la distribution de leurs terres et de leurs biens immobiliers au repeuplement. C'est exactement au même moment que le roi a mis fin aux gestes timides en faveur de l'intégration des métis américains au sein de la « République des Espagnols » en Amérique. C’est aussi à cette époque que l’Inquisition a lancé de nouvelles opérations massives contre les familles descendantes de juifs convertis dans plusieurs régions d’Espagne.

Le séminaire entend nouer ensemble l’ensemble de ces fils. Il s’agit de tester une hypothèse : le style politique promu par ce monarque de la seconde moitié du XVIe siècle correspond-il avec la pente biopolitique que l’on situe d’ordinaire au temps des despotisme éclairés ?

Le programme détaillé sera indiqué dans l'espace numérique de travail Moodle.


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter l'enseignant par courriel.

Direction de travaux des étudiants

contacter l'enseignant par courriel.

Réception des candidats

contacter l'enseignant par courriel.

Pré-requis
-

Compte rendu


Ce dossier devrait occuper deux années de séminaire, soit la période 2020-2022.

Comme son titre l’indique, la réflexion part de la notion forgée par Michel Foucault à la fin des années 1970 pour rendre compte des inflexions subies par la gouvernementalité dans l’Europe occidentale entre le moment absolutiste et l’avènement des despotismes éclairés, eux-mêmes annonciateurs de la gestion libérale de la politique. Trois points ont retenu l’attention des historiens lecteurs de Foucault : 1) la substitution de l’historiographie institutionnelle par une historiographie tenant les peuples pour moteurs des transformations ; 2) la gestion des corps comme manifestation centrale de l’exercice politique ; 3) le passage d’une capacité des souverains à donner la mort à leur faculté de préserver la vie.

Le questionnement de l’enquête en cours part de la réflexion engagée depuis des années sur les processus anciens de racialisation en Europe et dans les colonies des puissances européennes depuis la fin du Moyen Âge. À la fin des années 1560, on observe dans la monarchie hispanique un faisceau de phénomènes contemporains : 1) la répression de la dissidence morisque et la réduction en esclavage des vaincus de la Guerre des Alpujarras ; 2) l’exclusion par les conciles de Lima III et de Mexico III des métis américains des charges ecclésiastiques et séculières ; 3) le renforcement des statuts de pureté de sang, y compris dans la Compagnie de Jésus, ainsi qu’une reprise de la répression inquisitoriale contre les judéo-convers ; 4) une pression accrue sur la minorité des Gitans les réduisant à l’état de chiourme pour les galères de Méditerranée. Cette batterie de processus peut être comprise comme la manifestation d’une capacité d’ingénierie sociale reposant sur des savoir-faire administratifs très sophistiqués.

L’ingénierie sociale dont la monarchie espagnole s’est montrée capable, en effet, ne résulte pas seulement du déploiement de la brutalité et de la rudesse de préjugés. Pour mettre en œuvre ce type de politique, il était indispensable de mobiliser des connaissances empiriques et de disposer de techniques d’organisation. Or, c’est un acquis très ancien de l’historiographie, le règne de Philippe II, le « roi en papier », a été marqué par une inflation sans précédent de la circulation des informations sous forme écrite depuis les territoires de la monarchie vers la cour du roi et ses conseils. La production de connaissances écrites (mais également imagées) est allée de pair avec l’organisation d’un archivage comme il n’en existait nulle part ailleurs en Europe au milieu du XVIe siècle.

Au cours de cette première année nous avons mis en place les grandes problématiques du séminaire, à commencer par la révolution des institutions de commandement imposée par Philippe II, le rôle de l’écrit manuscrit et les conditions matérielles de sa circulation, la présentation de certains chantiers tels que la réforme du protomedicato en Espagne et la création du protomedicato des Indes (Amérique). Nous avons consacré du temps à la lecture critique des apports des deux grands livres de Tamar Herzog sur la citoyenneté et sur les frontières dans les monarchies espagnole et portugaise sous l’Ancien Régime. L’objectif que nous assignons à ces différents volets de l’enquête consiste précisément à saisir ensemble les évolutions historiographiques qui concernent la production et la circulation des connaissances savantes sur les territoires, leur nature et les hommes qui les habitent, d’une part, et d’autre part la réforme des institutions de gouvernement à différentes échelles de l’exercice de l’autorité dans une monarchie qui ne ressemble en rien à nos États-nations post-révolutionnaires.

 

Publications
  • バスク人とユダヤ人の間でいかにスペイン人アイデンティティが人種化したか  ショブ, ジャン=フレデリック, 福崎, 裕子
  • The Zinbun Gakuhō : Journal of Humanities, 114, p. 7-32 (Special Issue: Transformation of Racism and Anti-Racism Across Borders) doi / 10.14989/252452
  • « Racines américaines du droit nazi. À propos de James Q. Whitman, Le modèle américain d’Hitler. Comment les lois raciales américaines inspirèrent les nazis », Grief, 7-2, 2020, p. 99-107.
  • « Le racisme, une vieille histoire », Communications, 2020, p. 19-31.
  • « Sangre de mi sangre: lo que no se podía adquirir o casi no », dans Sangre y leche. Raza y religión en el mundo ibérico moderno, sous la dir. de Mercedes García-Arenal et Felipe Pereda, Madrid, Marcial Pons, 2021, p. 175-200.
  • « Dilemmes de l’anthropologie historique », dans Raison administrative et logiques d’empire (XVIe-XIXe siècle), sous la dir. de François Godicheau et Mathieu Grenet,  Rome, Publications de l’École française de Rome, 2021, p. 183-193.
  • « La trayectoria de Felipe II : ¿un modelo de gestión "bio-política" ?, dans La Catedra «Felipe II », sous la dir. d’Alberto Marcos Martin et Carlos Belloso Martin, Valladolid, Ediciones Universidad de Valladolid, 2020, p. 539-559.
  • « En defensa de una historia colonial – no decolonial – de la raza », dans Las ilusiones de la igualdad. Mestizaje, emancipación y multiculturalismo, sous la dir. de Max-Sebastian Hering Torres, Bogotá, Universidad Nacional de Colombia, 2020, p. 17-41.
  • « The Union between Portugal and the Spanish Monarchy (1581-1640) », dans The Iberian World, 1400-1800, sous la dir. de Fernando Bouza, Antonio Feros et Pedro Cardim, New York, Routledge, 2020, p. 126-141.
  • « Les juifs, les convertis et la fin de Sefarad », L’Arche, n° 682, 2020, p. 18-20.

Dernière modification : 4 septembre 2020 09:39

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biopolitique Coloniales (études) Esclavage Histoire Histoire culturelle Histoire du droit Historiographie Institutions Politique Racismes et races
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques Europe Ibérique (monde) Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s

Philippe II d’Espagne était un roi biopolitique en ce sens que son autorité reposait sur la volonté de décrire puis de réduire à néant l'existence de différents peuples de la péninsule Ibérique et de contrôler la pluralité des Amériques. Le cadre normatif sur lequel a reposé son action intégrait une vision naturaliste et médicale de la santé politique. Tel un étudiant parfait qui aurait traîné sur tous les bancs de l’université de Salamanque, sa gestion du social semble issue des cours des faculté des lois et des canons pour la régulation de la famille, de la faculté de théologie pour la répression des hétérodoxes, de la faculté de médecine pour la surveillance des corps et de la reproduction, de la faculté de médecine pour l’obtention de l’harmonie. Philippe II, fut l'auteur d'une des premières opérations planifiées et modernes d'ingénierie sociale dans les frontières d'un royaume : l'identification et la dispersion des morisques de Grenade vers d'autres parties de l'Andalousie et de la Castille, avec pour conséquence l'extorsion et la distribution de leurs terres et de leurs biens immobiliers au repeuplement. C'est exactement au même moment que le roi a mis fin aux gestes timides en faveur de l'intégration des métis américains au sein de la « République des Espagnols » en Amérique. C’est aussi à cette époque que l’Inquisition a lancé de nouvelles opérations massives contre les familles descendantes de juifs convertis dans plusieurs régions d’Espagne.

Le séminaire entend nouer ensemble l’ensemble de ces fils. Il s’agit de tester une hypothèse : le style politique promu par ce monarque de la seconde moitié du XVIe siècle correspond-il avec la pente biopolitique que l’on situe d’ordinaire au temps des despotisme éclairés ?

Le programme détaillé sera indiqué dans l'espace numérique de travail Moodle.

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
Contacts additionnels
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Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    Salle 2
    105 bd Raspail 75006 Paris
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 09:00-12:00
    du 4 novembre 2020 au 13 janvier 2021 (les séances des 6 et 13 janvier se dérouleront salle 8, même heure, même adresse)

Ce dossier devrait occuper deux années de séminaire, soit la période 2020-2022.

Comme son titre l’indique, la réflexion part de la notion forgée par Michel Foucault à la fin des années 1970 pour rendre compte des inflexions subies par la gouvernementalité dans l’Europe occidentale entre le moment absolutiste et l’avènement des despotismes éclairés, eux-mêmes annonciateurs de la gestion libérale de la politique. Trois points ont retenu l’attention des historiens lecteurs de Foucault : 1) la substitution de l’historiographie institutionnelle par une historiographie tenant les peuples pour moteurs des transformations ; 2) la gestion des corps comme manifestation centrale de l’exercice politique ; 3) le passage d’une capacité des souverains à donner la mort à leur faculté de préserver la vie.

Le questionnement de l’enquête en cours part de la réflexion engagée depuis des années sur les processus anciens de racialisation en Europe et dans les colonies des puissances européennes depuis la fin du Moyen Âge. À la fin des années 1560, on observe dans la monarchie hispanique un faisceau de phénomènes contemporains : 1) la répression de la dissidence morisque et la réduction en esclavage des vaincus de la Guerre des Alpujarras ; 2) l’exclusion par les conciles de Lima III et de Mexico III des métis américains des charges ecclésiastiques et séculières ; 3) le renforcement des statuts de pureté de sang, y compris dans la Compagnie de Jésus, ainsi qu’une reprise de la répression inquisitoriale contre les judéo-convers ; 4) une pression accrue sur la minorité des Gitans les réduisant à l’état de chiourme pour les galères de Méditerranée. Cette batterie de processus peut être comprise comme la manifestation d’une capacité d’ingénierie sociale reposant sur des savoir-faire administratifs très sophistiqués.

L’ingénierie sociale dont la monarchie espagnole s’est montrée capable, en effet, ne résulte pas seulement du déploiement de la brutalité et de la rudesse de préjugés. Pour mettre en œuvre ce type de politique, il était indispensable de mobiliser des connaissances empiriques et de disposer de techniques d’organisation. Or, c’est un acquis très ancien de l’historiographie, le règne de Philippe II, le « roi en papier », a été marqué par une inflation sans précédent de la circulation des informations sous forme écrite depuis les territoires de la monarchie vers la cour du roi et ses conseils. La production de connaissances écrites (mais également imagées) est allée de pair avec l’organisation d’un archivage comme il n’en existait nulle part ailleurs en Europe au milieu du XVIe siècle.

Au cours de cette première année nous avons mis en place les grandes problématiques du séminaire, à commencer par la révolution des institutions de commandement imposée par Philippe II, le rôle de l’écrit manuscrit et les conditions matérielles de sa circulation, la présentation de certains chantiers tels que la réforme du protomedicato en Espagne et la création du protomedicato des Indes (Amérique). Nous avons consacré du temps à la lecture critique des apports des deux grands livres de Tamar Herzog sur la citoyenneté et sur les frontières dans les monarchies espagnole et portugaise sous l’Ancien Régime. L’objectif que nous assignons à ces différents volets de l’enquête consiste précisément à saisir ensemble les évolutions historiographiques qui concernent la production et la circulation des connaissances savantes sur les territoires, leur nature et les hommes qui les habitent, d’une part, et d’autre part la réforme des institutions de gouvernement à différentes échelles de l’exercice de l’autorité dans une monarchie qui ne ressemble en rien à nos États-nations post-révolutionnaires.

 

Publications
  • バスク人とユダヤ人の間でいかにスペイン人アイデンティティが人種化したか  ショブ, ジャン=フレデリック, 福崎, 裕子
  • The Zinbun Gakuhō : Journal of Humanities, 114, p. 7-32 (Special Issue: Transformation of Racism and Anti-Racism Across Borders) doi / 10.14989/252452
  • « Racines américaines du droit nazi. À propos de James Q. Whitman, Le modèle américain d’Hitler. Comment les lois raciales américaines inspirèrent les nazis », Grief, 7-2, 2020, p. 99-107.
  • « Le racisme, une vieille histoire », Communications, 2020, p. 19-31.
  • « Sangre de mi sangre: lo que no se podía adquirir o casi no », dans Sangre y leche. Raza y religión en el mundo ibérico moderno, sous la dir. de Mercedes García-Arenal et Felipe Pereda, Madrid, Marcial Pons, 2021, p. 175-200.
  • « Dilemmes de l’anthropologie historique », dans Raison administrative et logiques d’empire (XVIe-XIXe siècle), sous la dir. de François Godicheau et Mathieu Grenet,  Rome, Publications de l’École française de Rome, 2021, p. 183-193.
  • « La trayectoria de Felipe II : ¿un modelo de gestión "bio-política" ?, dans La Catedra «Felipe II », sous la dir. d’Alberto Marcos Martin et Carlos Belloso Martin, Valladolid, Ediciones Universidad de Valladolid, 2020, p. 539-559.
  • « En defensa de una historia colonial – no decolonial – de la raza », dans Las ilusiones de la igualdad. Mestizaje, emancipación y multiculturalismo, sous la dir. de Max-Sebastian Hering Torres, Bogotá, Universidad Nacional de Colombia, 2020, p. 17-41.
  • « The Union between Portugal and the Spanish Monarchy (1581-1640) », dans The Iberian World, 1400-1800, sous la dir. de Fernando Bouza, Antonio Feros et Pedro Cardim, New York, Routledge, 2020, p. 126-141.
  • « Les juifs, les convertis et la fin de Sefarad », L’Arche, n° 682, 2020, p. 18-20.