Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE671 - Gouverner le « progrès » et ses dégâts (1810-2020). Histoire et sciences sociales


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    Salle AS1_08
    54 bd Raspail 75006 Paris
    annuel / mensuel (1re), mardi 14:00-17:00
    du 3 novembre 2020 au 1er juin 2021

    La séance du 1er juin 2021 est reportée au 22 juin 2021 (même horaire, même salle)


Description


Dernière modification : 22 septembre 2021 12:28

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biologie et société Biopolitique Capitalisme Environnement Études des sciences contemporaines Genre Globalisation Histoire Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Industrie Innovation Politiques publiques Pollution Risques Santé Santé environnementale Sciences Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sara Aguiton   chargée de recherche, CNRS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sezin Topçu   chargée de recherche, CNRS / Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS)

Les formes de gouvernement des rapports entre technoscience, environnement, industrie, risque et société, à l’œuvre depuis les deux derniers siècles, font apparaître des tensions majeures. Celles-ci sont de trois ordres. D’abord entre fait libéral (l'autonomie croissante des individus) et fait politique, phénomènes d'individualisation et nécessités de solutions collectives. Ensuite, entre fait productif et fait politique, entre logiques de marchés et logiques de régulation, entre liberté d’entreprendre et d’innover et importance des contrôles politiques. Enfin entre bénéfices et dégâts du progrès, promesses et conséquences sanitaires, environnementales et sociétales négatives. En d'autres termes, on observe une triple tension entre sociétés et individus, économie et politique, innovation et « précaution ».

Le but de ce séminaire est d’aborder ces questions à partir d’objets, de périodes et d’échelles différentes, de déplier, éclater ou approfondir nos catégories (controverses, risques, progrès, modernité réflexive, économicisation, co-production, néolibéralisme, résilience…), de considérer autant les espaces nationaux que les acteurs globaux et leurs modes de gouvernement, autant les savoirs, expertises et dispositifs de gouvernement mobilisés que les flux de matière, de capitaux, d’énergie, de marchandises, de déchets et toxiques effectivement déployés. Les séances croiseront en général deux perspectives, l'une historienne, l'autre sur le contemporain. Nous visons à animer un collectif intellectuel croisant l’histoire des sciences et des techniques, les études sociales des sciences et STS, l'histoire de la santé et de la biomédecine, les études des risques et des régulations ainsi que l’histoire environnementale.

3 novembre 2020 : Penser le post-catastrophe

  • Sophie Houdart (LESC - CNRS),  « Reconstruire, restaurer, revitaliser… Que faire de l’avant, après la catastrophe ? »
  • Francis Chateauraynaud (GSPR - EHESS), « Quand reconstruire n'est pas reproduire. Sociologie et pragmatisme face aux désastres »

1er décembre 2020 : Santé au travail et maladies professionnelles 

  • Véronique Stenger (Universität Wien - FNS) : « La radioprotection dans les mines d'uranium françaises : une approche locale et internationale (1945-1970 »
  • Marie Ghis Malfilatre  (Université de Bretagne occidentale) : « Reconnaître les "héros civils" de la Guerre froide ? Les politiques de réparation face aux maladies professionnelles radio-induites en France et aux Etats-Unis »

5 janvier 2021 : Médicaments, risque et légalité dans la circulation globale

  • Nils Kessel (SAGE - Université de Strasbourg) : « Serial risk: A transnational view on drug accidents and their management ».
  • Salim Al-Gailani (University of Cambridge) : « Folic acid between public health and the market: narratives of risk, promise and failure in the mainstreaming of pre-conceptional vitamins in Britain since the 1980s ».

2 février 2021: Gouverner l'antibiorésistance en élevage

  • Frédéric Vagneron (SAGE - Université de Strasbourg) : « Trajectoire au sein des organisations internationales du problème de l'administration des antibiotiques aux animaux »
  • Nicolas Fortané (IRISSO - INRAE) : « Le régime de régulation du médicament vétérinaire à l’épreuve du problème de l’antibiorésistance »

2 mars 2021 : Politiques des infrastructures numériques

  • Francesca Musiani (CIS - CNRS) :  « "Résister par l'infrastructure" sur les réseaux numériques : le cas de l'Internet russe ? »
  • Clément Marquet (COSTECH - IFRIS) : « Gouverner les pollutions numériques ? Enquête sur les data centers à Plaine Commune »

6 avril 2021 : Savoirs et pouvoirs des transformations du secteur agricole

  • Nathalie Jas (IRISSSO - INRAE) : « L'emprise des industries phytosanitaires »
  • Pierre Cornu (LER - Université Lumière Lyon 2) :  « Faire l'histoire de l'Inra »

4 mai 2021 : L'environnement, entre appropriations et marchés

  • Fabien Locher (CRH - CNRS) : « A qui appartiennent les baleines ? Gouverner la chasse aux cétacés dans l'Empire français (1910s-1950s) »
  • Sara Angeli Aguiton (CAK - CNRS) : « Rendre le changement climatique assurable ? Infrastructures, marchés et politiques de l'assurance climatique au Sénégal »

22 juin 2021 : Gouvernement par le management et l'ingénierie

  • Yves Cohen (CRH - EHESS) : « Le 20e siècle dans la "relève de l'animé" qui résume "l'évolution technique" selon Marc Bloch. Management, matérialités, mentalités »
  • Matthew Wisnioski (Virginia Tech) : « Suppose the World Were Already Lost: Worst Case Design and the Engineering Imagination » 

Master


  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter par courriel les organisatrices pour toute demande d'information ou prise de rendez-vous.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant(e)s en master, doctorant(e)s, chercheur(e)s, et toute personne intéressée sur demande.


Compte rendu


Pendant l’année universitaire 2020-2021, le séminaire de recherche a eu lieu en distanciel, à cause de la crise sanitaire. Il a réuni un public d’environ vingt-cinq participant·e·s (étudiant·e·s validant le séminaire ainsi qu’auditeur·e·s libres). Les 8 séances du séminaire ont été consacrées, comme chaque année, à la présentation et discussion des recherches historiques et contemporaines, récemment menées ou toujours en cours, des collègues-chercheur·e·s appartenant aux institutions d’enseignement et de recherche nationales et internationales.

La première séance (3 novembre) a été consacrée à la gestion des contextes dits de post-catastrophe techno-industriel. Sophie Houdart (LESC-CNRS) a présenté son enquête ethnographique menée dans un village non-évacué de la région de Fukushima, enquête qui vise à comprendre les formes de réparation ou de restauration telles qu’expérimentées ou revendiquées par les habitant·e·s depuis 2011. Francis Chateauraynaud (GSPR-EHESS) a réinterrogé le concept de reconstruction dans une perspective pragmatiste en mettant en exergue l’importance des échelles temporelles (avant, après, présent), celle des milieux (plus encore que les dispositifs), et celles relatives aux degrés de criticité et de complexité des ruptures intervenues.

La séance 2 (1er décembre) a déplacé l’exploration de la gestion des externalités du progrès technique vers le corps des travailleur.e.s du nucléaire. La recherche présentée par Marie Ghis Malfilatre (Université de Bretagne occidentale) a permis de saisir l’arrière-plan technique/matériel, législatif et juridique de la réparation des maladies radio-induites dans une perspective comparative (France/États-Unis). Partant du constat de la nécessité de dénationaliser les récits nationaux, Véronique Stenger (Universität Wien – FNS) a révisité, quant à elle, les politiques de radioprotection dans les mines d’uranium françaises (des années 45 aux années 70) en les mettant en lien avec les expertises, normes, négociations et décisions internationales.

La séance du 5 janvier a été consacrée au gouvernement des médicaments, de leurs constructions/représentations publiques et de leurs risques/bénéfices. Salim Al Galiani (Université de Cambridge) a retracé le processus historique de transformation de l’acide folique, initialement mis sur le marché en tant qu’anti-anémique destiné aux hommes, en une vitamine de prévention des malformations congénitales. Il a proposé de réinscrire cette histoire dans le contexte plus général de changements des rapports au handicap, à la prévention et à la consommation (de médicaments/vitamines). Se basant sur le cas de la phénacétine, Nils Kessel (SAGE-Université de Strasbourg) a analysé la construction et le renouveau des concepts d’abus, d’addiction et de dépendance aux médicaments à l’échelle internationale, les expertises psychiatriques mobilisées dans ce cadre, ainsi que l’importance des identités de classe et de genre dans la définition des catégories d’usager·e, de consommateur·ice ou de toxicomane forgées.

Le 2 février 2021, nous avons accueilli Fréderic Vagneron (SAGE-Université de Strasbourg) et Nicolas Fortané (IRISSO-INRAE) afin d’explorer l’émergence et la prise en charge de la problématique de l’antibiorésistance en élevage. N. Fortané, qui dirige plusieurs projets de recherche collective consacrés à ces questions, a mis en avant le rôle des enjeux économiques et de marché dans la construction des savoirs et pratiques vétérinaires et dans la généralisation du recours aux antibiotiques, ce qui depuis les dernières décennies semble avoir consolidé un « capitalisme vétérinaire ». F. Vagneron est revenu à l’expertise, la coordination et la logique d’action de trois agences internationales (OMS, OIE, FAO) qui depuis des décennies s’occupent, à des degrés et niveaux variés, de l’utilisation et de la régulation des antibiotiques et des médicaments en santé animale.

La séance du 2 mars a été organisée autour des politiques d’infrastructures numériques. L’exposé de Francesca Musiani (CSI-CNRS) a abordé les formes de résistances organisées sur les réseaux numériques russes, notamment les pratiques de détournement ou de contrôle des infrastructures techniques. Elle les a observées en particulier chez les fournisseurs d’accès à Internet qui jouent un rôle important dans le contournement des politiques de surveillance de l’État, contribuant ainsi à de nouvelles formes de mobilisation « citoyennes » ou celles dites « off-line ». Clément Marquet (Costech-Ifris) s’est penché sur la gouvernance de la pollution numérique, en partant de ses enquêtes sur les data-centers de Plaine Commune. L’accent a été mis à la fois sur le « métabolisme des infrastructures », leur matérialité territoriale, et les espaces où se déroulent controverses, conflits, négociations et régulations relatifs à leurs risques (sanitaire, climatique, énergétique).

À la 6e séance (6 avril 2021), les interventions de Nathalie Jas (IRISSO-INRAE) et Pierre Cornu (LER-Université de Lumière Lyon 2) ont éclairé l’analyse des savoirs et pouvoirs des transformations du secteur agricole. Dans son intervention, Nathalie Jas a souhaité revenir sur la façon dont l’industrie des pesticides a forgé une « emprise systémique » sur la question de la protection des végétaux, et ce en contribuant à professionnalisation du champ et à la constitution d’une expertise dédiée. Si le premier exposé visait principalement a documenter la fabrique de l’hégémonie de certains acteurs de l’agriculture productiviste – la seconde intervention a été l’occasion de proposer une histoire d’une agronomie « minoritaire ». Pierre Cornu est ainsi revenu sur l’émergence, au sein du département SAD de l’INRA, de la systémique agraire, de sa constitution épistémique et institutionnelle. Il a notamment insisté sur la façon dont, à l’ombre d’une modernisation agricole en crise dans les années 1970, des approches holistes, pluridisciplinaires, et « dissidentes » ont pu se développer et se faire une place à l’INRA.

La séance du 4 mai a été consacrée aux questions d’environnement, de marché et d’assurance. Fabien Locher (CRH-EHESS) s’est focalisé sur l’essor de la chasse aux cétacés dans l’Empire français (années 1910-années 1940) au croisement des injonctions industrialistes et conservationnistes. Ont ainsi été ouverts à discussion de très multiples éléments d’une histoire modelée entre autres par des luttes territoriales et de souveraineté (au large des côtes gabonaises colonisées) et par des expérimentations et négociations autour des techniques, infrastructures (navires de chasse) et marchés (de consommation). L’exposé de Sara Aguiton (CAK-EHESS) a porté quant à lui sur la recherche qu’elle a menée sur les infrastructures, marchés et politiques de l’assurance climatique au Sénégal, soit un des pays où s’expérimentent les assurances indicielles mises au point par des agences d’aides au développement afin de rationaliser entre autres la gestion du déficit pluviométrique moyennant des pluviomètres.

La dernière séance du séminaire (22 juin) a été organisée autour des questions relatives aux formes de gouvernement du progrès technique par les outils de management et par l’ingénierie. Yves Cohen (CRH-EHESS) a, partant des théorisations de Marc Bloch relatives à l’évolution technique, mis en débat le grand mouvement de remplacement de « l’animé » par « l’inanimé » au cours du XXe siècle, les techniques et pratiques managériales (de la chaîne à l’intelligence artificielle) associées, et plus généralement les formes d’exercice de pouvoir industriel qui se sont souvent renouvelées ou renforcées une fois les mouvements ou stratégies d’émancipation des ouvrier·e·s neutralisés. L’exposé de Matthew Wisnioski (Virginia Tech) a abordé quant à lui les ressorts de la formation des ingénieurs américains dans les années 1950 et 1960 dans le but de contribuer à l’analyse de la construction des imaginaires techniques depuis le milieu ingénieur et technicien. Il a focalisé son regard en particulier sur un projet nommé « Nova », projet visant à faire advenir des designs du futur qui tiennent compte des pénuries de ressources ou de matières premières voire de l’imminence de l’apocalypse (guerre nucléaire).

 

Publications
  • La Grande Guerre prophylactique. Armée, santé, citoyenneté, 1900-1920, Paris, Les Belles Lettres, à paraître 2019.

Dernière modification : 22 septembre 2021 12:28

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biologie et société Biopolitique Capitalisme Environnement Études des sciences contemporaines Genre Globalisation Histoire Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Industrie Innovation Politiques publiques Pollution Risques Santé Santé environnementale Sciences Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sara Aguiton   chargée de recherche, CNRS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sezin Topçu   chargée de recherche, CNRS / Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS)

Les formes de gouvernement des rapports entre technoscience, environnement, industrie, risque et société, à l’œuvre depuis les deux derniers siècles, font apparaître des tensions majeures. Celles-ci sont de trois ordres. D’abord entre fait libéral (l'autonomie croissante des individus) et fait politique, phénomènes d'individualisation et nécessités de solutions collectives. Ensuite, entre fait productif et fait politique, entre logiques de marchés et logiques de régulation, entre liberté d’entreprendre et d’innover et importance des contrôles politiques. Enfin entre bénéfices et dégâts du progrès, promesses et conséquences sanitaires, environnementales et sociétales négatives. En d'autres termes, on observe une triple tension entre sociétés et individus, économie et politique, innovation et « précaution ».

Le but de ce séminaire est d’aborder ces questions à partir d’objets, de périodes et d’échelles différentes, de déplier, éclater ou approfondir nos catégories (controverses, risques, progrès, modernité réflexive, économicisation, co-production, néolibéralisme, résilience…), de considérer autant les espaces nationaux que les acteurs globaux et leurs modes de gouvernement, autant les savoirs, expertises et dispositifs de gouvernement mobilisés que les flux de matière, de capitaux, d’énergie, de marchandises, de déchets et toxiques effectivement déployés. Les séances croiseront en général deux perspectives, l'une historienne, l'autre sur le contemporain. Nous visons à animer un collectif intellectuel croisant l’histoire des sciences et des techniques, les études sociales des sciences et STS, l'histoire de la santé et de la biomédecine, les études des risques et des régulations ainsi que l’histoire environnementale.

3 novembre 2020 : Penser le post-catastrophe

  • Sophie Houdart (LESC - CNRS),  « Reconstruire, restaurer, revitaliser… Que faire de l’avant, après la catastrophe ? »
  • Francis Chateauraynaud (GSPR - EHESS), « Quand reconstruire n'est pas reproduire. Sociologie et pragmatisme face aux désastres »

1er décembre 2020 : Santé au travail et maladies professionnelles 

  • Véronique Stenger (Universität Wien - FNS) : « La radioprotection dans les mines d'uranium françaises : une approche locale et internationale (1945-1970 »
  • Marie Ghis Malfilatre  (Université de Bretagne occidentale) : « Reconnaître les "héros civils" de la Guerre froide ? Les politiques de réparation face aux maladies professionnelles radio-induites en France et aux Etats-Unis »

5 janvier 2021 : Médicaments, risque et légalité dans la circulation globale

  • Nils Kessel (SAGE - Université de Strasbourg) : « Serial risk: A transnational view on drug accidents and their management ».
  • Salim Al-Gailani (University of Cambridge) : « Folic acid between public health and the market: narratives of risk, promise and failure in the mainstreaming of pre-conceptional vitamins in Britain since the 1980s ».

2 février 2021: Gouverner l'antibiorésistance en élevage

  • Frédéric Vagneron (SAGE - Université de Strasbourg) : « Trajectoire au sein des organisations internationales du problème de l'administration des antibiotiques aux animaux »
  • Nicolas Fortané (IRISSO - INRAE) : « Le régime de régulation du médicament vétérinaire à l’épreuve du problème de l’antibiorésistance »

2 mars 2021 : Politiques des infrastructures numériques

  • Francesca Musiani (CIS - CNRS) :  « "Résister par l'infrastructure" sur les réseaux numériques : le cas de l'Internet russe ? »
  • Clément Marquet (COSTECH - IFRIS) : « Gouverner les pollutions numériques ? Enquête sur les data centers à Plaine Commune »

6 avril 2021 : Savoirs et pouvoirs des transformations du secteur agricole

  • Nathalie Jas (IRISSSO - INRAE) : « L'emprise des industries phytosanitaires »
  • Pierre Cornu (LER - Université Lumière Lyon 2) :  « Faire l'histoire de l'Inra »

4 mai 2021 : L'environnement, entre appropriations et marchés

  • Fabien Locher (CRH - CNRS) : « A qui appartiennent les baleines ? Gouverner la chasse aux cétacés dans l'Empire français (1910s-1950s) »
  • Sara Angeli Aguiton (CAK - CNRS) : « Rendre le changement climatique assurable ? Infrastructures, marchés et politiques de l'assurance climatique au Sénégal »

22 juin 2021 : Gouvernement par le management et l'ingénierie

  • Yves Cohen (CRH - EHESS) : « Le 20e siècle dans la "relève de l'animé" qui résume "l'évolution technique" selon Marc Bloch. Management, matérialités, mentalités »
  • Matthew Wisnioski (Virginia Tech) : « Suppose the World Were Already Lost: Worst Case Design and the Engineering Imagination » 
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter par courriel les organisatrices pour toute demande d'information ou prise de rendez-vous.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant(e)s en master, doctorant(e)s, chercheur(e)s, et toute personne intéressée sur demande.

  • 54 bd Raspail
    Salle AS1_08
    54 bd Raspail 75006 Paris
    annuel / mensuel (1re), mardi 14:00-17:00
    du 3 novembre 2020 au 1er juin 2021

    La séance du 1er juin 2021 est reportée au 22 juin 2021 (même horaire, même salle)

Pendant l’année universitaire 2020-2021, le séminaire de recherche a eu lieu en distanciel, à cause de la crise sanitaire. Il a réuni un public d’environ vingt-cinq participant·e·s (étudiant·e·s validant le séminaire ainsi qu’auditeur·e·s libres). Les 8 séances du séminaire ont été consacrées, comme chaque année, à la présentation et discussion des recherches historiques et contemporaines, récemment menées ou toujours en cours, des collègues-chercheur·e·s appartenant aux institutions d’enseignement et de recherche nationales et internationales.

La première séance (3 novembre) a été consacrée à la gestion des contextes dits de post-catastrophe techno-industriel. Sophie Houdart (LESC-CNRS) a présenté son enquête ethnographique menée dans un village non-évacué de la région de Fukushima, enquête qui vise à comprendre les formes de réparation ou de restauration telles qu’expérimentées ou revendiquées par les habitant·e·s depuis 2011. Francis Chateauraynaud (GSPR-EHESS) a réinterrogé le concept de reconstruction dans une perspective pragmatiste en mettant en exergue l’importance des échelles temporelles (avant, après, présent), celle des milieux (plus encore que les dispositifs), et celles relatives aux degrés de criticité et de complexité des ruptures intervenues.

La séance 2 (1er décembre) a déplacé l’exploration de la gestion des externalités du progrès technique vers le corps des travailleur.e.s du nucléaire. La recherche présentée par Marie Ghis Malfilatre (Université de Bretagne occidentale) a permis de saisir l’arrière-plan technique/matériel, législatif et juridique de la réparation des maladies radio-induites dans une perspective comparative (France/États-Unis). Partant du constat de la nécessité de dénationaliser les récits nationaux, Véronique Stenger (Universität Wien – FNS) a révisité, quant à elle, les politiques de radioprotection dans les mines d’uranium françaises (des années 45 aux années 70) en les mettant en lien avec les expertises, normes, négociations et décisions internationales.

La séance du 5 janvier a été consacrée au gouvernement des médicaments, de leurs constructions/représentations publiques et de leurs risques/bénéfices. Salim Al Galiani (Université de Cambridge) a retracé le processus historique de transformation de l’acide folique, initialement mis sur le marché en tant qu’anti-anémique destiné aux hommes, en une vitamine de prévention des malformations congénitales. Il a proposé de réinscrire cette histoire dans le contexte plus général de changements des rapports au handicap, à la prévention et à la consommation (de médicaments/vitamines). Se basant sur le cas de la phénacétine, Nils Kessel (SAGE-Université de Strasbourg) a analysé la construction et le renouveau des concepts d’abus, d’addiction et de dépendance aux médicaments à l’échelle internationale, les expertises psychiatriques mobilisées dans ce cadre, ainsi que l’importance des identités de classe et de genre dans la définition des catégories d’usager·e, de consommateur·ice ou de toxicomane forgées.

Le 2 février 2021, nous avons accueilli Fréderic Vagneron (SAGE-Université de Strasbourg) et Nicolas Fortané (IRISSO-INRAE) afin d’explorer l’émergence et la prise en charge de la problématique de l’antibiorésistance en élevage. N. Fortané, qui dirige plusieurs projets de recherche collective consacrés à ces questions, a mis en avant le rôle des enjeux économiques et de marché dans la construction des savoirs et pratiques vétérinaires et dans la généralisation du recours aux antibiotiques, ce qui depuis les dernières décennies semble avoir consolidé un « capitalisme vétérinaire ». F. Vagneron est revenu à l’expertise, la coordination et la logique d’action de trois agences internationales (OMS, OIE, FAO) qui depuis des décennies s’occupent, à des degrés et niveaux variés, de l’utilisation et de la régulation des antibiotiques et des médicaments en santé animale.

La séance du 2 mars a été organisée autour des politiques d’infrastructures numériques. L’exposé de Francesca Musiani (CSI-CNRS) a abordé les formes de résistances organisées sur les réseaux numériques russes, notamment les pratiques de détournement ou de contrôle des infrastructures techniques. Elle les a observées en particulier chez les fournisseurs d’accès à Internet qui jouent un rôle important dans le contournement des politiques de surveillance de l’État, contribuant ainsi à de nouvelles formes de mobilisation « citoyennes » ou celles dites « off-line ». Clément Marquet (Costech-Ifris) s’est penché sur la gouvernance de la pollution numérique, en partant de ses enquêtes sur les data-centers de Plaine Commune. L’accent a été mis à la fois sur le « métabolisme des infrastructures », leur matérialité territoriale, et les espaces où se déroulent controverses, conflits, négociations et régulations relatifs à leurs risques (sanitaire, climatique, énergétique).

À la 6e séance (6 avril 2021), les interventions de Nathalie Jas (IRISSO-INRAE) et Pierre Cornu (LER-Université de Lumière Lyon 2) ont éclairé l’analyse des savoirs et pouvoirs des transformations du secteur agricole. Dans son intervention, Nathalie Jas a souhaité revenir sur la façon dont l’industrie des pesticides a forgé une « emprise systémique » sur la question de la protection des végétaux, et ce en contribuant à professionnalisation du champ et à la constitution d’une expertise dédiée. Si le premier exposé visait principalement a documenter la fabrique de l’hégémonie de certains acteurs de l’agriculture productiviste – la seconde intervention a été l’occasion de proposer une histoire d’une agronomie « minoritaire ». Pierre Cornu est ainsi revenu sur l’émergence, au sein du département SAD de l’INRA, de la systémique agraire, de sa constitution épistémique et institutionnelle. Il a notamment insisté sur la façon dont, à l’ombre d’une modernisation agricole en crise dans les années 1970, des approches holistes, pluridisciplinaires, et « dissidentes » ont pu se développer et se faire une place à l’INRA.

La séance du 4 mai a été consacrée aux questions d’environnement, de marché et d’assurance. Fabien Locher (CRH-EHESS) s’est focalisé sur l’essor de la chasse aux cétacés dans l’Empire français (années 1910-années 1940) au croisement des injonctions industrialistes et conservationnistes. Ont ainsi été ouverts à discussion de très multiples éléments d’une histoire modelée entre autres par des luttes territoriales et de souveraineté (au large des côtes gabonaises colonisées) et par des expérimentations et négociations autour des techniques, infrastructures (navires de chasse) et marchés (de consommation). L’exposé de Sara Aguiton (CAK-EHESS) a porté quant à lui sur la recherche qu’elle a menée sur les infrastructures, marchés et politiques de l’assurance climatique au Sénégal, soit un des pays où s’expérimentent les assurances indicielles mises au point par des agences d’aides au développement afin de rationaliser entre autres la gestion du déficit pluviométrique moyennant des pluviomètres.

La dernière séance du séminaire (22 juin) a été organisée autour des questions relatives aux formes de gouvernement du progrès technique par les outils de management et par l’ingénierie. Yves Cohen (CRH-EHESS) a, partant des théorisations de Marc Bloch relatives à l’évolution technique, mis en débat le grand mouvement de remplacement de « l’animé » par « l’inanimé » au cours du XXe siècle, les techniques et pratiques managériales (de la chaîne à l’intelligence artificielle) associées, et plus généralement les formes d’exercice de pouvoir industriel qui se sont souvent renouvelées ou renforcées une fois les mouvements ou stratégies d’émancipation des ouvrier·e·s neutralisés. L’exposé de Matthew Wisnioski (Virginia Tech) a abordé quant à lui les ressorts de la formation des ingénieurs américains dans les années 1950 et 1960 dans le but de contribuer à l’analyse de la construction des imaginaires techniques depuis le milieu ingénieur et technicien. Il a focalisé son regard en particulier sur un projet nommé « Nova », projet visant à faire advenir des designs du futur qui tiennent compte des pénuries de ressources ou de matières premières voire de l’imminence de l’apocalypse (guerre nucléaire).

 

Publications
  • La Grande Guerre prophylactique. Armée, santé, citoyenneté, 1900-1920, Paris, Les Belles Lettres, à paraître 2019.