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UE627 - Nature et institutions. Propriété, communs et limites écologiques


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 6
    annuel / mensuel (1re), mercredi 09:00-12:00
    du 3 février 2021 au 2 juin 2021


Description


Dernière modification : 28 octobre 2020 10:06

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Géographie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Droit, normes et société Environnement État et politiques publiques Savoirs Spatialisation, territoires
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Alice Ingold [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Groupe de recherche sur l'histoire de l'environnement (CRH-GRHEN)

La question sociale a présidé à l’invention des sciences sociales tout au long du XIXe siècle. Au moment où les hommes se sont pleinement reconnus comme les auteurs de leurs sociétés cette question s’est posée en termes de responsabilité. La question sociale doit-elle aujourd’hui laisser place à une question environnementale ? Vivons-nous un moment similaire où la société en est venue à se penser comme auteure de son environnement ? Cette conviction est au fondement de l’hypothèse de l’Anthropocène. Celle-ci postule que les effets des actions humaines ont fait entrer la terre dans une nouvelle ère de son histoire géologique. En nouant ensemble la modernité comme période historique et la figure de la modernité comme mode de rapport au monde, les études environnementales ont mis à leur agenda des travaux cherchant à identifier les temporalités et les lieux pluriels d’une conscience écologique moderne. S’intéressant aux savoirs qui participent à cette « réflexivité environnementale », cette perspective néglige des changements historiques essentiels, juridiques et institutionnels. Le séminaire interrogera ces changements, dans l’ordre du droit, des institutions et des savoirs. Au travers de quels dispositifs politiques et juridiques les sociétés se sont-elles rapportées à leurs environnements dans la période postrévolutionnaire ? Comment ces dispositifs ont-ils renvoyé à des partages en train de se faire entre État et société, entre État et marché, entre droit et économie, qui demandent aujourd’hui à être réévalués ? Le séminaire alternera des lectures d’auteurs et des présentations de dossiers d’archives.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Étude comparative du développement – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Institutions, organisations, économie et société – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

projet de recherche en cours (écrit).


Compte rendu


Le séminaire a pris comme point de départ l’insatisfaction d’un cadrage global des questions écologiques, qui ne rend pas compte de l’expérience des milieux. Cadrage global qui conduit à focaliser l’attention sur des sortes d’« opérateurs de totalisation » des relations sociétés – environnements, le climat jouant ce rôle de manière privilégiée. Dans ce cadrage global, l’histoire a souvent été convoquée (enrôlée) : avec l’hypothèse de l’Anthropocène, la crise écologique a été formulée en termes de question chronologique (recherches généalogiques sur les origines du réchauffement climatique d’origine anthropique, débats sur différents « seuils » chronologiques, etc.) avec son cortège de lectures du passé mais aussi de projections-formatages d’avenirs qui fixent et ferment – les passés comme les avenirs – au lieu de les ouvrir.

Cet enrôlement de l’histoire s’est aussi traduit par l’écriture d’un récit d’une modernité consensuelle. Côté historiens, des critiques ont été formulées contre ce récit d’une modernité qui aurait été strictement « naturaliste » : j’avais déjà plaidé pour une « histoire conflictuelle de la catégorie de nature » dans mon introduction aux Annales (2011) ; dans son récent ouvrage, Stéphane Van Damme redessine les contours d’un naturalisme des modernes pluriels (2020). Loin de s’en tenir à l’image convenue d’une nature mise à distance et rendue abstraite, qui est allée de pair avec le récit triomphant des sciences « modernes » et de la « révolution scientifique », il montre que « la généralisation de la quantification, de l’instrumentation, de l’expérience, de l’observation scientifique est tardive, et longtemps ne disqualifie pas d’autres formes de savoirs plus conjecturaux et plus empiriques ». Ce qui nous a retenus dans ces propositions critiques à l’égard d’une lecture univoque des rapports « naturalistes » à l’environnement, c’est aussi qu’une histoire de longue durée, qui pluralise les régimes de rapport à la nature, évite de rabattre la question écologique sur celle des dégâts du capitalisme. Ces propositions invitent à s’affranchir de récits trop rapidement noués : particulièrement celui qui articule la « révolution scientifique » – réduisant la nature à un objet –, le capitalisme et la domination de la nature ; et celui, d’autre part, d’une histoire globale, où développement des sciences modernes et expansion européenne se seraient mutuellement confortés et épaulés.

En nouant ensemble la modernité comme période historique et la figure de la modernité comme mode de rapport au monde, les études environnementales ont mis à leur agenda des travaux cherchant à identifier les temporalités et les lieux pluriels d’une conscience écologique moderne. Ce faisant, les auteurs dessinent à chaque enquête une nouvelle cartographie des savoirs et dressent une nouvelle généalogie des disciplines. La naissance de l’économie politique est sans aucun doute la discipline qui a le plus focalisé l’attention des chercheurs. Des enquêtes ont souligné les liens étroits qu’elle a entretenus avec l’histoire naturelle, montrant comment des modalités inédites de description et d’inventaire de la nature se sont articulées à l’affirmation de l’économie politique et des savoirs de gouvernement. Dans la perspective d’une histoire renouvelée des énergies, ce sont les liens entre économie politique et géologie qui sont aujourd’hui explorés.

Interroger les chronologies et les géographies plurielles de la naissance de l’environnementalisme a conduit à adopter un programme généalogique (explicite ou implicite) problématique. Soit il interroge la naissance d’un « discursive field », en explorant l’élaboration de savoirs qui rendent compte des mécanismes de la nature : elle fait alors de l’affirmation de ces savoirs le banc d’essai en quelque sorte de sa propre naissance, celle d’une discipline réflexive capable d’intégrer toutes les dimensions actuelles de la crise environnementale. Les auteur·es ayant alerté sur les fragilités et les limites de la nature faisant figure de pionniers dans des panoramas d’histoire intellectuelle, qui sont devenus légion dans les études environnementales. Soit il valorise l’existence dans le passé de voies pratiques qui auraient contribué – sans forcément le vouloir, ni le savoir – à préserver un environnement, qui n’en portait pas encore le nom. C’est typiquement la place qu’on accorde aux « communs » dans les études environnementales.

Publications
  • « Naturalizing the commons or historicizing the state ? Commons, archives, and the uses of history in the nineteenth century », Quaderni storici, (164/2), 2020 p. 569-586
  •  « Les communs au prisme de l’État au XIXe siècle. Propositions pour sortir l’histoire des communs de l’ombre portée de l’administration étatique », dans La nature en communs. Ressources, environnement et communautés (France et Empire français, XVIIe-XIXe siècle), sous la dir. de F. Locher, Paris, Champ Vallon, 2020, p. 77-100.
  • « Ostrom (approche historique) » dans  Dictionnaire des biens communs, sous la dir. de M. Cornu, F. Orsi et J. Rochfeld, Paris, PUF, 2021.

Dernière modification : 28 octobre 2020 10:06

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Géographie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Droit, normes et société Environnement État et politiques publiques Savoirs Spatialisation, territoires
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Alice Ingold [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Groupe de recherche sur l'histoire de l'environnement (CRH-GRHEN)

La question sociale a présidé à l’invention des sciences sociales tout au long du XIXe siècle. Au moment où les hommes se sont pleinement reconnus comme les auteurs de leurs sociétés cette question s’est posée en termes de responsabilité. La question sociale doit-elle aujourd’hui laisser place à une question environnementale ? Vivons-nous un moment similaire où la société en est venue à se penser comme auteure de son environnement ? Cette conviction est au fondement de l’hypothèse de l’Anthropocène. Celle-ci postule que les effets des actions humaines ont fait entrer la terre dans une nouvelle ère de son histoire géologique. En nouant ensemble la modernité comme période historique et la figure de la modernité comme mode de rapport au monde, les études environnementales ont mis à leur agenda des travaux cherchant à identifier les temporalités et les lieux pluriels d’une conscience écologique moderne. S’intéressant aux savoirs qui participent à cette « réflexivité environnementale », cette perspective néglige des changements historiques essentiels, juridiques et institutionnels. Le séminaire interrogera ces changements, dans l’ordre du droit, des institutions et des savoirs. Au travers de quels dispositifs politiques et juridiques les sociétés se sont-elles rapportées à leurs environnements dans la période postrévolutionnaire ? Comment ces dispositifs ont-ils renvoyé à des partages en train de se faire entre État et société, entre État et marché, entre droit et économie, qui demandent aujourd’hui à être réévalués ? Le séminaire alternera des lectures d’auteurs et des présentations de dossiers d’archives.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Étude comparative du développement – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Institutions, organisations, économie et société – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

projet de recherche en cours (écrit).

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 6
    annuel / mensuel (1re), mercredi 09:00-12:00
    du 3 février 2021 au 2 juin 2021

Le séminaire a pris comme point de départ l’insatisfaction d’un cadrage global des questions écologiques, qui ne rend pas compte de l’expérience des milieux. Cadrage global qui conduit à focaliser l’attention sur des sortes d’« opérateurs de totalisation » des relations sociétés – environnements, le climat jouant ce rôle de manière privilégiée. Dans ce cadrage global, l’histoire a souvent été convoquée (enrôlée) : avec l’hypothèse de l’Anthropocène, la crise écologique a été formulée en termes de question chronologique (recherches généalogiques sur les origines du réchauffement climatique d’origine anthropique, débats sur différents « seuils » chronologiques, etc.) avec son cortège de lectures du passé mais aussi de projections-formatages d’avenirs qui fixent et ferment – les passés comme les avenirs – au lieu de les ouvrir.

Cet enrôlement de l’histoire s’est aussi traduit par l’écriture d’un récit d’une modernité consensuelle. Côté historiens, des critiques ont été formulées contre ce récit d’une modernité qui aurait été strictement « naturaliste » : j’avais déjà plaidé pour une « histoire conflictuelle de la catégorie de nature » dans mon introduction aux Annales (2011) ; dans son récent ouvrage, Stéphane Van Damme redessine les contours d’un naturalisme des modernes pluriels (2020). Loin de s’en tenir à l’image convenue d’une nature mise à distance et rendue abstraite, qui est allée de pair avec le récit triomphant des sciences « modernes » et de la « révolution scientifique », il montre que « la généralisation de la quantification, de l’instrumentation, de l’expérience, de l’observation scientifique est tardive, et longtemps ne disqualifie pas d’autres formes de savoirs plus conjecturaux et plus empiriques ». Ce qui nous a retenus dans ces propositions critiques à l’égard d’une lecture univoque des rapports « naturalistes » à l’environnement, c’est aussi qu’une histoire de longue durée, qui pluralise les régimes de rapport à la nature, évite de rabattre la question écologique sur celle des dégâts du capitalisme. Ces propositions invitent à s’affranchir de récits trop rapidement noués : particulièrement celui qui articule la « révolution scientifique » – réduisant la nature à un objet –, le capitalisme et la domination de la nature ; et celui, d’autre part, d’une histoire globale, où développement des sciences modernes et expansion européenne se seraient mutuellement confortés et épaulés.

En nouant ensemble la modernité comme période historique et la figure de la modernité comme mode de rapport au monde, les études environnementales ont mis à leur agenda des travaux cherchant à identifier les temporalités et les lieux pluriels d’une conscience écologique moderne. Ce faisant, les auteurs dessinent à chaque enquête une nouvelle cartographie des savoirs et dressent une nouvelle généalogie des disciplines. La naissance de l’économie politique est sans aucun doute la discipline qui a le plus focalisé l’attention des chercheurs. Des enquêtes ont souligné les liens étroits qu’elle a entretenus avec l’histoire naturelle, montrant comment des modalités inédites de description et d’inventaire de la nature se sont articulées à l’affirmation de l’économie politique et des savoirs de gouvernement. Dans la perspective d’une histoire renouvelée des énergies, ce sont les liens entre économie politique et géologie qui sont aujourd’hui explorés.

Interroger les chronologies et les géographies plurielles de la naissance de l’environnementalisme a conduit à adopter un programme généalogique (explicite ou implicite) problématique. Soit il interroge la naissance d’un « discursive field », en explorant l’élaboration de savoirs qui rendent compte des mécanismes de la nature : elle fait alors de l’affirmation de ces savoirs le banc d’essai en quelque sorte de sa propre naissance, celle d’une discipline réflexive capable d’intégrer toutes les dimensions actuelles de la crise environnementale. Les auteur·es ayant alerté sur les fragilités et les limites de la nature faisant figure de pionniers dans des panoramas d’histoire intellectuelle, qui sont devenus légion dans les études environnementales. Soit il valorise l’existence dans le passé de voies pratiques qui auraient contribué – sans forcément le vouloir, ni le savoir – à préserver un environnement, qui n’en portait pas encore le nom. C’est typiquement la place qu’on accorde aux « communs » dans les études environnementales.

Publications
  • « Naturalizing the commons or historicizing the state ? Commons, archives, and the uses of history in the nineteenth century », Quaderni storici, (164/2), 2020 p. 569-586
  •  « Les communs au prisme de l’État au XIXe siècle. Propositions pour sortir l’histoire des communs de l’ombre portée de l’administration étatique », dans La nature en communs. Ressources, environnement et communautés (France et Empire français, XVIIe-XIXe siècle), sous la dir. de F. Locher, Paris, Champ Vallon, 2020, p. 77-100.
  • « Ostrom (approche historique) » dans  Dictionnaire des biens communs, sous la dir. de M. Cornu, F. Orsi et J. Rochfeld, Paris, PUF, 2021.