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UE625 - Maidan : la démocratie de la place publique


Lieu et planning


  • Enseignement à distance/webinaire
    webinaire
    https://listsem.ehess.fr/
    annuel / hebdomadaire, jeudi 14:00-16:00
    du 7 janvier 2021 au 6 mai 2021


Description


Dernière modification : 7 avril 2021 17:18

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Citoyenneté Culture Espace Esthétique sociale Mouvements sociaux Sociologie Visuel
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Nilüfer Göle [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)

Nous assistons à un retour de l’espace public, un retour dont les formes sont décisives pour la vie ordinaire des personnes comme pour l’avenir de nos sociétés modernes. La crise sanitaire du coronavirus en mars 2020 a vidé les espaces publics de toute occupation, pérenne ou ponctuelle, avec une rapidité et une compliance qui nous a conduits dans une expérience personnelle et collective inédites. L’assignation à résidence de plus de la moitié de la population mondiale est un fait sans précédent de l’histoire moderne. Le confinement des personnes dans leurs foyers, la fermeture des lieux publics, l’interdiction des rassemblements ont signé la disparition de l’espace public. Avec un mode de vie circonscrit essentiellement à la maison, coupé de nos relations sociales et de nos activités habituelles, nous avons mesuré l’importance existentielle de l’espace public. Le sens même de la personne, qui serait privée de la vie publique, tout comme de la citoyenneté, sans possibilité de se manifester librement dans l’espace public, s’imposent comme des questions cruciales. Les politiques sécuritaires, la limitation des libertés publiques par la surveillance des États, la confiscation des lieux publics par le capital privé conduisent à la régression de l’espace public et à son rétrécissement.

Les mouvements d’occupation que l’on observe de la place Tahrir en Égypte à Occupy Wall Street aux États Unis, de Gezi Park en Turquie, en passant par Maïdan en Ukraine, mais aussi en France récemment avec les Gilets Jaunes témoignent selon nos hypothèses, du retour de l’espace public. Ce qui caractérise ces mouvements c’est la visibilisation des acteurs, leur rassemblement dans un lieu concret, une place publique permettant de nouvelles formes d’expressivité personnelle et d’expérimentation collective. C’est dans l’acte d’occupation, d’habitation et de réappropriation de la place publique que ces mouvements signalent la nécessité vitale d’un espace en libre accès pour les citoyens.

À l’ère globale où la compréhension de l’espace public est centrée sur l’espace virtuel, ces mouvements ont réactualisé l’espace public dans sa matérialité en l’occupant, en l’habitant et en se le réappropriant. Comment les nouvelles formes d’agir public élargissent le champ du politique vers les expériences de la vie quotidienne ? Comment les expressions artistiques et les formes esthétiques mettent en œuvre des accommodements créatifs et contribuent au pluralisme dans les contextes multiculturels ? Comment repenser le rapport entre le public, le sensible et le politique ? Peut-il y avoir une société sans espace public ? C’est la question directrice de ce séminaire qui explore les formes émergeantes d’être-en-société.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études sur le genre-Histoire – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études sur le genre-Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
zeynep.ugur@ehess.fr
Informations pratiques

pour les inscriptions, contacter Nilüfer Göle et mettre en copie son assistante Zeynep Ugur.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous, les jeudis de 14 h à 16 h. Pour prendre rendez-vous, contacter Nilüfer Göle et mettre en copie son assistante Zeynep Ugur.

 

 

Réception des candidats

sur présentation d'un projet de recherche adressé par courriel.

Pré-requis

master 1.


Compte rendu


Nous assistons à un double mouvement, un retrait et un retour de l’espace public, dont les formes agissent sur la vie quotidienne des personnes comme sur l’avenir de nos sociétés modernes. La crise sanitaire du coronavirus en mars 2020 a évacué les lieux publics de toute occupation, pérenne ou ponctuelle, avec une rapidité et une obéissance qui nous a tous entraînés, indépendamment des régimes politiques, dans une expérience personnelle et collective inédite. L’assignation à résidence de plus de la moitié de la population mondiale est un fait sans précédent de l’histoire moderne. Le confinement des personnes dans leurs foyers, la fermeture des lieux publics, l’interdiction des rassemblements ont signé le retrait de l’espace public. Avec un mode de vie circonscrit essentiellement à la maison, coupé des relations sociales et des activités habituelles, nous avons mesuré l’importance existentielle de l’espace public. Le sens même de la personne, qui serait privée de la vie publique, tout comme de la citoyenneté, sans possibilité de se manifester, circuler et socialiser librement dans l’espace public, s’imposent comme des questions cruciales. Les politiques sécuritaires, la limitation des libertés publiques par la surveillance étatique ont conduit à la régression spatiale de l’espace public et au rétrécissement de la vie commune. Le retrait de l’espace public est conjointement accompagné par le désir des citoyens de se le réapproprier, de réclamer « leur droit a la ville », comme l’avait signalé dans les années 1960 Henri Lefebvre.

Les mouvements d’occupation des places publiques ont caractérisé depuis les années 2010, la manifestation de nouveaux actes de citoyenneté a l’échelle mondiale. La place Tahrir en Égypte, Occupy Wall Street aux États Unis, Gezi Park en Turquie, Euromaïdan en Ukraine, mais aussi les Gilets Jaunes en France, témoignent du retour de l’espace public. Le rassemblement dans un lieu concret, dans une place publique permet l’émergence de nouvelles formes d’expressivité personnelle et d’expérimentation collective. C’est dans l’acte d’occupation, d’habitation et de réappropriation de la place publique que ces mouvements signalent la nécessité vitale d’un espace en libre accès pour les citoyens.

À l’ère de la modernité digitale, où la compréhension de l’espace public est centrée sur l’espace virtuel, ces mouvements ont réactualisé le caractère spatial de l’espace public et son potentiel socialement créatif pour la collectivité. Comment les nouvelles formes d’agir public élargissent le champ du politique vers les expériences de la vie quotidienne ? Comment les expressions artistiques et les formes esthétiques mettent en œuvre des accommodements créatifs et contribuent au pluralisme dans les contextes multiculturels ? Comment repenser le rapport entre le public, le sensible et le politique ? Ce sont les questions directrices de ce séminaire qui ont permis d’explorer les formes émergeantes d’être-en-société. Les études de cas, comme le Hirak algérien, le mouvement pacifiste en Syrie, l’art au féminin et le futurisme arabe, l’université et la résistance en Turquie, les formes de reconquête de la place publique au Liban, ont servi à travailler les hypothèses de manière multisitué et en rapport avec les données empiriques.

Le format distancié du séminaire a été accompagné par l’organisation hebdomadaire de session « porte ouvertes », qui a permis aux étudiants d’échanger personnellement et sans rendez-vous, pour la direction de leurs travaux.

 

Publications
  • « Compromised legacies : Hagia Sophia and Mezquita Cathedral, in “Editing History” », Indian Seminar review, n° 743, 2021, p. 29-34.
  • « Être musulman en Europe aujourd’hui », dans Minorité en Islam, islam en minorité, sous la dir. d’Élise Voguet et anne Troadec, Paris, Éd. Diacritiques, collection Les conférences de l’IISMM, 2021.
  • « Entre le voile islamique et les gilets jaunes. La difficile contemporanéité de l’espace public », dans Agoras contemporaines. Design, démocratie et pratiques alternatives de l’espace public, sous la dir. de Lambert Dousson, Paris, Loco, 2020, p. 71-81.

 

Dernière modification : 7 avril 2021 17:18

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Citoyenneté Culture Espace Esthétique sociale Mouvements sociaux Sociologie Visuel
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Nilüfer Göle [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)

Nous assistons à un retour de l’espace public, un retour dont les formes sont décisives pour la vie ordinaire des personnes comme pour l’avenir de nos sociétés modernes. La crise sanitaire du coronavirus en mars 2020 a vidé les espaces publics de toute occupation, pérenne ou ponctuelle, avec une rapidité et une compliance qui nous a conduits dans une expérience personnelle et collective inédites. L’assignation à résidence de plus de la moitié de la population mondiale est un fait sans précédent de l’histoire moderne. Le confinement des personnes dans leurs foyers, la fermeture des lieux publics, l’interdiction des rassemblements ont signé la disparition de l’espace public. Avec un mode de vie circonscrit essentiellement à la maison, coupé de nos relations sociales et de nos activités habituelles, nous avons mesuré l’importance existentielle de l’espace public. Le sens même de la personne, qui serait privée de la vie publique, tout comme de la citoyenneté, sans possibilité de se manifester librement dans l’espace public, s’imposent comme des questions cruciales. Les politiques sécuritaires, la limitation des libertés publiques par la surveillance des États, la confiscation des lieux publics par le capital privé conduisent à la régression de l’espace public et à son rétrécissement.

Les mouvements d’occupation que l’on observe de la place Tahrir en Égypte à Occupy Wall Street aux États Unis, de Gezi Park en Turquie, en passant par Maïdan en Ukraine, mais aussi en France récemment avec les Gilets Jaunes témoignent selon nos hypothèses, du retour de l’espace public. Ce qui caractérise ces mouvements c’est la visibilisation des acteurs, leur rassemblement dans un lieu concret, une place publique permettant de nouvelles formes d’expressivité personnelle et d’expérimentation collective. C’est dans l’acte d’occupation, d’habitation et de réappropriation de la place publique que ces mouvements signalent la nécessité vitale d’un espace en libre accès pour les citoyens.

À l’ère globale où la compréhension de l’espace public est centrée sur l’espace virtuel, ces mouvements ont réactualisé l’espace public dans sa matérialité en l’occupant, en l’habitant et en se le réappropriant. Comment les nouvelles formes d’agir public élargissent le champ du politique vers les expériences de la vie quotidienne ? Comment les expressions artistiques et les formes esthétiques mettent en œuvre des accommodements créatifs et contribuent au pluralisme dans les contextes multiculturels ? Comment repenser le rapport entre le public, le sensible et le politique ? Peut-il y avoir une société sans espace public ? C’est la question directrice de ce séminaire qui explore les formes émergeantes d’être-en-société.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études sur le genre-Histoire – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études sur le genre-Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé et fiche de lecture
Contacts additionnels
zeynep.ugur@ehess.fr
Informations pratiques

pour les inscriptions, contacter Nilüfer Göle et mettre en copie son assistante Zeynep Ugur.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous, les jeudis de 14 h à 16 h. Pour prendre rendez-vous, contacter Nilüfer Göle et mettre en copie son assistante Zeynep Ugur.

 

 

Réception des candidats

sur présentation d'un projet de recherche adressé par courriel.

Pré-requis

master 1.

  • Enseignement à distance/webinaire
    webinaire
    https://listsem.ehess.fr/
    annuel / hebdomadaire, jeudi 14:00-16:00
    du 7 janvier 2021 au 6 mai 2021

Nous assistons à un double mouvement, un retrait et un retour de l’espace public, dont les formes agissent sur la vie quotidienne des personnes comme sur l’avenir de nos sociétés modernes. La crise sanitaire du coronavirus en mars 2020 a évacué les lieux publics de toute occupation, pérenne ou ponctuelle, avec une rapidité et une obéissance qui nous a tous entraînés, indépendamment des régimes politiques, dans une expérience personnelle et collective inédite. L’assignation à résidence de plus de la moitié de la population mondiale est un fait sans précédent de l’histoire moderne. Le confinement des personnes dans leurs foyers, la fermeture des lieux publics, l’interdiction des rassemblements ont signé le retrait de l’espace public. Avec un mode de vie circonscrit essentiellement à la maison, coupé des relations sociales et des activités habituelles, nous avons mesuré l’importance existentielle de l’espace public. Le sens même de la personne, qui serait privée de la vie publique, tout comme de la citoyenneté, sans possibilité de se manifester, circuler et socialiser librement dans l’espace public, s’imposent comme des questions cruciales. Les politiques sécuritaires, la limitation des libertés publiques par la surveillance étatique ont conduit à la régression spatiale de l’espace public et au rétrécissement de la vie commune. Le retrait de l’espace public est conjointement accompagné par le désir des citoyens de se le réapproprier, de réclamer « leur droit a la ville », comme l’avait signalé dans les années 1960 Henri Lefebvre.

Les mouvements d’occupation des places publiques ont caractérisé depuis les années 2010, la manifestation de nouveaux actes de citoyenneté a l’échelle mondiale. La place Tahrir en Égypte, Occupy Wall Street aux États Unis, Gezi Park en Turquie, Euromaïdan en Ukraine, mais aussi les Gilets Jaunes en France, témoignent du retour de l’espace public. Le rassemblement dans un lieu concret, dans une place publique permet l’émergence de nouvelles formes d’expressivité personnelle et d’expérimentation collective. C’est dans l’acte d’occupation, d’habitation et de réappropriation de la place publique que ces mouvements signalent la nécessité vitale d’un espace en libre accès pour les citoyens.

À l’ère de la modernité digitale, où la compréhension de l’espace public est centrée sur l’espace virtuel, ces mouvements ont réactualisé le caractère spatial de l’espace public et son potentiel socialement créatif pour la collectivité. Comment les nouvelles formes d’agir public élargissent le champ du politique vers les expériences de la vie quotidienne ? Comment les expressions artistiques et les formes esthétiques mettent en œuvre des accommodements créatifs et contribuent au pluralisme dans les contextes multiculturels ? Comment repenser le rapport entre le public, le sensible et le politique ? Ce sont les questions directrices de ce séminaire qui ont permis d’explorer les formes émergeantes d’être-en-société. Les études de cas, comme le Hirak algérien, le mouvement pacifiste en Syrie, l’art au féminin et le futurisme arabe, l’université et la résistance en Turquie, les formes de reconquête de la place publique au Liban, ont servi à travailler les hypothèses de manière multisitué et en rapport avec les données empiriques.

Le format distancié du séminaire a été accompagné par l’organisation hebdomadaire de session « porte ouvertes », qui a permis aux étudiants d’échanger personnellement et sans rendez-vous, pour la direction de leurs travaux.

 

Publications
  • « Compromised legacies : Hagia Sophia and Mezquita Cathedral, in “Editing History” », Indian Seminar review, n° 743, 2021, p. 29-34.
  • « Être musulman en Europe aujourd’hui », dans Minorité en Islam, islam en minorité, sous la dir. d’Élise Voguet et anne Troadec, Paris, Éd. Diacritiques, collection Les conférences de l’IISMM, 2021.
  • « Entre le voile islamique et les gilets jaunes. La difficile contemporanéité de l’espace public », dans Agoras contemporaines. Design, démocratie et pratiques alternatives de l’espace public, sous la dir. de Lambert Dousson, Paris, Loco, 2020, p. 71-81.