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UE614 - Bien-être et mal-être à l’école


Lieu et planning


  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 14:00-17:00
    du 21 janvier 2021 au 25 mars 2021


Description


Dernière modification : 19 mars 2021 11:37

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Psychologie et sciences cognitives, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Affects Classes sociales Dynamiques sociales Éducation Émotions Enquêtes Inégalités
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Serge Paugam [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)
  • Pascale Haag   maîtresse de conférences, EHESS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)

Pour certains élèves l'école est un bonheur, un lieu d'apprentissage et de socialité, pour d'autres une souffrance. un expérience quotidienne de contrariétés, d'humiliations, parfois de discriminations. L'attachement des élèves à l'école se révèle ainsi très contrasté. Comment se fait-il que la même institution, censée traiter tous les élèves de façon égale, se traduise dans les faits et les expériences vécues par de telles inégalités d'intégration ?

Depuis une quinzaine d’années, les notions de bien-être et de qualité de vie à l’école occupent une place croissante dans les textes officiels, tout particulièrement depuis la loi de refondation de l’école de 2013. Alors que ces concepts ont donné lieu à de nombreux travaux dans les champs de la psychologie et des sciences de l’éducation, elles constituent un angle peu développé en sociologie de l’éducation qui s’est principalement focalisée sur la réussite et les inégalités scolaires.

Le séminaire s’intéressera à la manière dont les questions du bien-être et du mal-être à l’école ont été abordées dans les sciences sociales, en croisant les apports de la sociologie, de la psychologie et des sciences cognitives. Nous nous attacherons à explorer, à partir d’enquêtes et d’études menées dans ces disciplines, les différentes définitions et cadres théoriques mobilisés pour appréhender ces objets, tout en prenant en compte les contextes et les ruptures sociales, ainsi que leurs effets sur la forme scolaire.

21 janvier 2021 : Introduction – Serge Paugam (EHESS) et Pascale Haag (EHESS) : Bien-être et mal-être à l'école : approches sociologiques et psychologiques

28 janvier 2021 : Agnès Florin et Cendrine Mercier (Université de Nantes) : Bien-être scolaire et relations sociales au temps de la Covid-19

4 février 2021 : Gaël Brulé (université de Lausanne) : Pratiques pédagogiques en France et ailleurs, un reflet culturel ? et Amélia Legavre (université Paris-Est Créteil) : L'expression de soi à l'école : le regard des élèves

11 février 2021 : Evgeny Osin (université de Nanterre) : Motivation à l'école : les ressources et les facteurs délétères

4 mars 2021 : Mathias Millet (université de Tours) : Le bien-être à l'école comme psychologisation de la question scolaire

11 mars 2021 : Laurent Lescouarch (université de Caen) : Premiers retours sur une recherche-action dans un quartier défavorisé du Havre

18 mars 2021 : Margot Déage (université Paris-Est Créteil) : « Se faire des potes » : une garantie contre le mal-être au collège ? et Pierre Merle (INSPE de Bretagne) : L'élève humilié

25 mars 2021 : Barbara Fouquet-Chauprade (université de Genève) : La construction du bien-être scolaire ; Serge Paugam (EHESS) et Pascale Haag (EHESS) : synthèse du séminaire et prospectives


Master


  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture, exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

connaissance de l'anglais souhaitée.


Compte rendu


L’idée d’organiser un séminaire interdisciplinaire croisant notamment les approches de la psychologie et de la sociologie avait pour point de départ :

  • Le souhait de rapprocher des approches trop souvent cloisonnées, notamment en sociologie et en psychologie, sans écarter une perspective critique sur l’objet lui-même du séminaire.
  • Le fait que le bien-être et le mal-être à l’école ne sauraient, pour les sociologues résulter que des traits de personnalité ou des capacités d’adaptation de l’élève : il est nécessaire d’interroger à la fois le contexte social du système scolaire, les motivations des élèves, l’attachement à l’école, les pratiques pédagogiques et les rapports sociaux entre élèves.
  • Le constat que, à l’inverse, les facteurs sociaux ne sauraient expliquer toutes les variations inter-individuelles, y compris au sein d’une fratrie, d’où la nécessité de prendre en considération une multiplicité de variables sociales, psychologiques et biologiques qui, ensemble permettent de mieux appréhender les phénomènes.
  • Le souhait d’étudier l’école comme un « tout » relié à la fois au quartier de résidence des élèves, aux institutions dont elle relève et au contexte économique et social national (crise économique, pandémie, etc.).
  • La nécessité d’interroger les cadres moraux de la fonction socialisatrice de l’école (perspective durkheimienne). Dans cette perspective, le mal-être à l’école peut être considéré comme un échec de cette fonction socialisatrice et donc comme un échec de l’institution scolaire.
  • La dimension émotionnelle de l’attachement à l’école, qui varie selon les milieux sociaux (apport théorique de Hirschi).
  • La nécessité d’avoir recours à de grandes enquêtes en population générale pour mesurer les inégalités sociales du rapport à l’école.

En compagnie de différents invités, nous nous sommes livrés à un questionnement critique sur l’objet du séminaire : la place croissante occupée par la notion de « bien-être à l’école » dans l’action publique ; les définitions du bien-être et les outils permettant de l’évaluer en fonction des cadres théoriques. Nous nous sommes également intéressés à la psychologisation de la question scolaire, au risque de gommer ou minimiser les rapports sociaux de classe, d’apprentissage et d’identification – le bonheur correspondant alors, dans cette perspective, à une nouvelle fonction moralisatrice en harmonie avec l’idéologie dominante. Nous avons abordé enfin des notions connexes comme le climat scolaire ou la qualité de vie à l’école.

Il nous a semblé nécessaire d’ouvrir la possibilité à une critique de la critique, non au sens de sa réfutation, mais dans un souci de dépassement, postulant que la question du bien-être et du mal-être à l’école n’est en aucun cas antinomique d’une analyse en termes de rapports sociaux, et ce afin de multiplier les angles d’approche, de confronter les positions en prenant en considération les travaux de champs disciplinaires qui ne se rencontrent pas d’ordinaire, et de chercher à dépasser aussi bien la simple juxtaposition de points de vue que les oppositions réductrices.

L’objectif du séminaire était également de s’interroger sur les finalités de la recherche, la posture des chercheurs et leurs relations avec les acteurs de terrain : engagement, réflexivité, production de connaissances et/ou action, tout en accordant une attention particulière d’une part aux formes de discrimination, d’infériorisation et d’humiliation des élèves, d’autre part aux expériences pédagogiques innovantes visant à combattre ces formes délétères et persistantes du système éducatif.

Les travaux et études de cas présentés dans le séminaire ont fait émerger la nécessité d’une approche comparative et d’une mise en perspective à partir de recherche internationales, qui débutera durant l’année universitaire 2021-2022.

Publications

Pascale Haag

  • Avec M. Martin, « Quels cadres théoriques pour penser le bien-être à l’école ? L’exemple du projet pédagogique de la Lab School Paris », Sciences et Bonheur, 2021, https://sciences-et-bonheur.org/2021/06/12/quels-cadres-theoriques-pour-penser-le-bien-etre-a-lecole-lexemple-du-projet-pedagogique-de-la-lab-school-paris-pascale-haag-et-marlene-martin/
  • Avec M. Martin et G. Cummins, « Connecting Well-Being and Academic Learning : From Theory to Practice at the Lab School Paris », IALS Journal, XI(1), 2021.
  • Avec L. Cognard, À l’école de leurs émotions : aider les élèves à mieux les connaître et les vivre, Éditions l’Instant présent, 2020, http://www.linstantpresent.eu/fr/apprendre-a-l-ecole/115-les-emotions.html

Dernière modification : 19 mars 2021 11:37

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Psychologie et sciences cognitives, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Affects Classes sociales Dynamiques sociales Éducation Émotions Enquêtes Inégalités
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Serge Paugam [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)
  • Pascale Haag   maîtresse de conférences, EHESS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)

Pour certains élèves l'école est un bonheur, un lieu d'apprentissage et de socialité, pour d'autres une souffrance. un expérience quotidienne de contrariétés, d'humiliations, parfois de discriminations. L'attachement des élèves à l'école se révèle ainsi très contrasté. Comment se fait-il que la même institution, censée traiter tous les élèves de façon égale, se traduise dans les faits et les expériences vécues par de telles inégalités d'intégration ?

Depuis une quinzaine d’années, les notions de bien-être et de qualité de vie à l’école occupent une place croissante dans les textes officiels, tout particulièrement depuis la loi de refondation de l’école de 2013. Alors que ces concepts ont donné lieu à de nombreux travaux dans les champs de la psychologie et des sciences de l’éducation, elles constituent un angle peu développé en sociologie de l’éducation qui s’est principalement focalisée sur la réussite et les inégalités scolaires.

Le séminaire s’intéressera à la manière dont les questions du bien-être et du mal-être à l’école ont été abordées dans les sciences sociales, en croisant les apports de la sociologie, de la psychologie et des sciences cognitives. Nous nous attacherons à explorer, à partir d’enquêtes et d’études menées dans ces disciplines, les différentes définitions et cadres théoriques mobilisés pour appréhender ces objets, tout en prenant en compte les contextes et les ruptures sociales, ainsi que leurs effets sur la forme scolaire.

21 janvier 2021 : Introduction – Serge Paugam (EHESS) et Pascale Haag (EHESS) : Bien-être et mal-être à l'école : approches sociologiques et psychologiques

28 janvier 2021 : Agnès Florin et Cendrine Mercier (Université de Nantes) : Bien-être scolaire et relations sociales au temps de la Covid-19

4 février 2021 : Gaël Brulé (université de Lausanne) : Pratiques pédagogiques en France et ailleurs, un reflet culturel ? et Amélia Legavre (université Paris-Est Créteil) : L'expression de soi à l'école : le regard des élèves

11 février 2021 : Evgeny Osin (université de Nanterre) : Motivation à l'école : les ressources et les facteurs délétères

4 mars 2021 : Mathias Millet (université de Tours) : Le bien-être à l'école comme psychologisation de la question scolaire

11 mars 2021 : Laurent Lescouarch (université de Caen) : Premiers retours sur une recherche-action dans un quartier défavorisé du Havre

18 mars 2021 : Margot Déage (université Paris-Est Créteil) : « Se faire des potes » : une garantie contre le mal-être au collège ? et Pierre Merle (INSPE de Bretagne) : L'élève humilié

25 mars 2021 : Barbara Fouquet-Chauprade (université de Genève) : La construction du bien-être scolaire ; Serge Paugam (EHESS) et Pascale Haag (EHESS) : synthèse du séminaire et prospectives

  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture, exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

connaissance de l'anglais souhaitée.

  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 14:00-17:00
    du 21 janvier 2021 au 25 mars 2021

L’idée d’organiser un séminaire interdisciplinaire croisant notamment les approches de la psychologie et de la sociologie avait pour point de départ :

  • Le souhait de rapprocher des approches trop souvent cloisonnées, notamment en sociologie et en psychologie, sans écarter une perspective critique sur l’objet lui-même du séminaire.
  • Le fait que le bien-être et le mal-être à l’école ne sauraient, pour les sociologues résulter que des traits de personnalité ou des capacités d’adaptation de l’élève : il est nécessaire d’interroger à la fois le contexte social du système scolaire, les motivations des élèves, l’attachement à l’école, les pratiques pédagogiques et les rapports sociaux entre élèves.
  • Le constat que, à l’inverse, les facteurs sociaux ne sauraient expliquer toutes les variations inter-individuelles, y compris au sein d’une fratrie, d’où la nécessité de prendre en considération une multiplicité de variables sociales, psychologiques et biologiques qui, ensemble permettent de mieux appréhender les phénomènes.
  • Le souhait d’étudier l’école comme un « tout » relié à la fois au quartier de résidence des élèves, aux institutions dont elle relève et au contexte économique et social national (crise économique, pandémie, etc.).
  • La nécessité d’interroger les cadres moraux de la fonction socialisatrice de l’école (perspective durkheimienne). Dans cette perspective, le mal-être à l’école peut être considéré comme un échec de cette fonction socialisatrice et donc comme un échec de l’institution scolaire.
  • La dimension émotionnelle de l’attachement à l’école, qui varie selon les milieux sociaux (apport théorique de Hirschi).
  • La nécessité d’avoir recours à de grandes enquêtes en population générale pour mesurer les inégalités sociales du rapport à l’école.

En compagnie de différents invités, nous nous sommes livrés à un questionnement critique sur l’objet du séminaire : la place croissante occupée par la notion de « bien-être à l’école » dans l’action publique ; les définitions du bien-être et les outils permettant de l’évaluer en fonction des cadres théoriques. Nous nous sommes également intéressés à la psychologisation de la question scolaire, au risque de gommer ou minimiser les rapports sociaux de classe, d’apprentissage et d’identification – le bonheur correspondant alors, dans cette perspective, à une nouvelle fonction moralisatrice en harmonie avec l’idéologie dominante. Nous avons abordé enfin des notions connexes comme le climat scolaire ou la qualité de vie à l’école.

Il nous a semblé nécessaire d’ouvrir la possibilité à une critique de la critique, non au sens de sa réfutation, mais dans un souci de dépassement, postulant que la question du bien-être et du mal-être à l’école n’est en aucun cas antinomique d’une analyse en termes de rapports sociaux, et ce afin de multiplier les angles d’approche, de confronter les positions en prenant en considération les travaux de champs disciplinaires qui ne se rencontrent pas d’ordinaire, et de chercher à dépasser aussi bien la simple juxtaposition de points de vue que les oppositions réductrices.

L’objectif du séminaire était également de s’interroger sur les finalités de la recherche, la posture des chercheurs et leurs relations avec les acteurs de terrain : engagement, réflexivité, production de connaissances et/ou action, tout en accordant une attention particulière d’une part aux formes de discrimination, d’infériorisation et d’humiliation des élèves, d’autre part aux expériences pédagogiques innovantes visant à combattre ces formes délétères et persistantes du système éducatif.

Les travaux et études de cas présentés dans le séminaire ont fait émerger la nécessité d’une approche comparative et d’une mise en perspective à partir de recherche internationales, qui débutera durant l’année universitaire 2021-2022.

Publications

Pascale Haag

  • Avec M. Martin, « Quels cadres théoriques pour penser le bien-être à l’école ? L’exemple du projet pédagogique de la Lab School Paris », Sciences et Bonheur, 2021, https://sciences-et-bonheur.org/2021/06/12/quels-cadres-theoriques-pour-penser-le-bien-etre-a-lecole-lexemple-du-projet-pedagogique-de-la-lab-school-paris-pascale-haag-et-marlene-martin/
  • Avec M. Martin et G. Cummins, « Connecting Well-Being and Academic Learning : From Theory to Practice at the Lab School Paris », IALS Journal, XI(1), 2021.
  • Avec L. Cognard, À l’école de leurs émotions : aider les élèves à mieux les connaître et les vivre, Éditions l’Instant présent, 2020, http://www.linstantpresent.eu/fr/apprendre-a-l-ecole/115-les-emotions.html