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UE613 - Économies, sociétés et cultures du monde méditerranéen, XVe-XXe siècle


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), lundi 17:00-19:00
    du 16 novembre 2020 au 7 juin 2021


Description


Dernière modification : 29 mai 2020 06:38

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Histoire économique et sociale
Aires culturelles
Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Maurice Aymard [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)

Analyse critique des travaux récents ou en cours sur l'histoire du monde méditerranéen entre Moyen Âge et aujourd'hui, et des problèmes que posent au chercheur contemporain la conceptualisation et l'écriture même de cette histoire : cohérences, limites et divisions de l'espace considéré ; articulation des temporalités et des espaces; statut et position du monde méditerranéen par rapport aux autres mondes qui l'entourent, s'en disputent et parfois s'en partagent le contrôle, dans un contexte de plus en plus mondial et mondialisé ; modèles d'interprétation de l'histoire qui en dérivent ; formes de coopération, de  convergence ou de concurrence entre disciplines et traditions nationales et culturelles ; différences et hiérarchies entre les diverses écritures de cette histoire, selon leur langue, leur lieu de production, les horizons de leur circulation et de leur réception, leurs références idéologiques et méthodologiques ; spécificité ou non des thématiques abordées, des questionnements, des réponses apportées, et des méthodes utilisées.

L’accent sera mis en particulier sur les dynamiques des recherches récentes qui viennent aujourd’hui élargir et multiplier de façon spectaculaire les espaces-temps de la Méditerranée, ainsi que le champ des disciplines mobilisées, et renouveler du même coup les approches familières à l’historien, au géographe, à l’anthropologue ou à l’économiste.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
aymard@msh-paris.fr
Informations pratiques

contact pour rendez-vous ou informations : Maurice Aymard, FMSH, Bureau A 03 16, 54 bd Raspail 75006 Paris, ou de préférence, par courriel : aymar@msh-paris.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous pris directement par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous pris directement par courriel.

Pré-requis

niveau de connaissances, de formation et de mobilisation personnelle indispensable pour participer activement à un séminaire de recherche centré sur la présentation et la discussion critique de travaux récents ou en cours d'achèvement dont les résultats sont potentiellement innovants par les informations qu'ils apportent, par leur apport méthodologique et par l'élargissement des comparaisons qu'ils permettent. Donc, sauf exception toujours possible qui aura fait l'objet d'un accord du directeur d'études, un diplôme français ou étranger attestant ce niveau. Connaissances linguistiques souhaitées : français, anglais et au moins une autre langue méditerranéenne. Remise et approbation d'un projet de travail personnel écrit.


Compte rendu


Comme les trois années précédentes, les douze séances de ce séminaire bimensuel ont été mises sous le signe d’un double déplacement du regard traditionnellement porté sur l’histoire longue de la Méditerranée. Le choix d’un espace maritime et terrestre extérieur à la Méditerranée, mais dont les rapports avec elle étaient à la fois anciens et soumis dans le temps à des ruptures plus ou moins profondes, avait pour objectif non seulement d’élargir les champs spatial et temporel envisagés, mais de dépasser la centralité attribuée à cette « mer du milieu » pour tenter de la voir également du dehors, et donc d’un autre point de vue.
Le premier exemple choisi avait été au départ celui de la Mer Noire, dont la réouverture en 1774 des détroits des Dardanelles et du Bosphore à la libre circulation des navires russes, étendue par la suite aux flottes d’autres nationalités, contribue à transformer totalement les dimensions et les équilibres internes de l’espace euro-méditerranéen. Celui-ci s’étend ainsi en quelques décennies, en direction du sud et du sud-est, à la Nouvelle Russie, au Caucase, à l’Asie Centrale et au Proche et Moyen-Orient.

Le second exemple a été ensuite celui de la Baltique entre VIIIe-IXe et XIIe-XIIIe siècles, dont les liaisons sont établies par les Vikings, via les fleuves russes, avec la Mer Noire et la Caspienne, avec Byzance et le Califat de Bagdad, ainsi qu’avec ce segment de la route de la soie qui rejoint la Volga aux environs de Bulgar. La Baltique a fait l’objet, au cours des deux ou trois dernières décennies, de nombreuses études réalisées par les chercheurs de la région, scandinaves, allemands, polonais, russes, baltes et finlandais. Travaillant en étroite collaboration, et s’appuyant en particulier sur les progrès impressionnants de la recherche archéologique, elles ont permis d’étendre très loin en direction de l’est les frontières de l’espace historique euro-méditerranéen en y incluant la majorité des terres appelées à devenir la Russie d’Europe.

Le choix de l’Océan indien, retenu pour le séminaire de 2020-2021, posait des problèmes d’une nature et d’une ampleur différentes. L’ancienneté de ses échanges économiques avec la Méditerranée, dès l’Antiquité grecque et romaine, était connue des non-spécialistes de la région, mais leur histoire tendait à se limiter à trois enjeux principaux : le rôle joué par les épices, et en particulier le poivre du sud du sous-continent indien, et l’importance correspondante du déficit commercial méditerranéen, payé pour l’essentiel en métaux précieux ; le rythme saisonnier des circulations maritimes, dicté par les moussons ; et la rupture représentée par l’ouverture de la route du Cap par les Portugais au début du XVIe s., qui établissait une liaison maritime directe avec la façade atlantique de l’Europe. Avant eux, les Méditerranéens avaient dû, pendant les deux millénaires précédents, aller attendre sur les côtes de l’Égypte et du Proche-Orient l’arrivée des caravanes acheminant par voie de terre les produits, pour eux précieux, déchargés par les navires du Mare Indicum suivant, de part et d’autre de la péninsule arabique, les deux voies pénétrantes de la Mer Rouge et du Golfe Persique.

Là encore, la recherche des décennies récentes a renouvelé en profondeur nos connaissances et nos questionnements. Les épices, oui, mais pas rien que les épices : en fait, beaucoup d’autres produits, comme les pierres précieuses, l’ivoire, les parfums, drogues et autres éléments de la pharmacopée, mais aussi le transfert silencieux vers la Méditerranée de la canne à sucre, du coton ou de nouvelles plantes tinctoriales ; et enfin des produits manufacturés comme les cotonnades du Gujerat, dont la circulation animait les échanges intérieurs à l’Océan indien, avant qu’elles ne soient rejointes par les porcelaines chinoises. Mais également les esclaves africains conduits de l’arrière-pays vers les ports et comptoirs de la côte pour y être exportés vers le Moyen-Orient et l’Asie du Sud et du Sud-Est. Et l’or des mines de l’actuelle Afrique du sud.

La rupture provoquée par les Portugais de Vasco de Gama, oui, mais, huit siècles plus tôt, une autre rupture tout aussi importante : la diffusion de l’Islam dont les réseaux marchands et les navires vont assurer la transformation d’un Océan indien parcouru et contrôlé par eux du sud de l’Afrique au détroit de Malacca, et communiquant avec la Mer de Chine, en un « lac commercial musulman ». Un lac dont les Portugais, puis après eux les Hollandais devront apprendre et respecter les règles, et dont ils savaient au total fort peu à leur arrivée : celles du commerce intra-asiatique, dit « d’Inde en Inde ». Mais un lac auquel les voyages successifs des flottes imposantes de l’Amiral Zhen He montrent, même s’ils sont restés sans lendemain, que la Chine n’était pas indifférente. Mais sur lequel, jusqu’à la fin du Moyen-Âge européen, les textes des voyageurs et géographes arabes constituent encore aujourd’hui la majorité de notre documentation écrite.

Publications
  • « Una storia di otto scoli da rivisitare », dans L’Arsenale di Venezia. Da grande complesso industriale a risorsa industriale, sous la dir. de Paola Lanaro et Christophe Austruy, Venise, Marsilio, 2020, p. 179-201.
  • Nuto Revelli, Les deux guerres. Guerre fasciste et guerre de libération, préface de Maurice Aymard (p. 8-23), traduit de l’italien par Vincent d’Orlando, Cahiers de l’Hôtel de Galliffet, Troisième série, 2020 (trad. de Le due guerre : guerra fascista e guerra partigiana, Torino, Einaudi, 2003).
  • « Migrazioni e colonizzazioni nel Mediterraneo. Un bilancio provvisorio », dans La terra ai forestieri, sous la dir. de Giampaolo Salice, Pise, Pacini Editore, 2020, p. 203-213.

 

 

 

Dernière modification : 29 mai 2020 06:38

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Histoire économique et sociale
Aires culturelles
Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Maurice Aymard [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)

Analyse critique des travaux récents ou en cours sur l'histoire du monde méditerranéen entre Moyen Âge et aujourd'hui, et des problèmes que posent au chercheur contemporain la conceptualisation et l'écriture même de cette histoire : cohérences, limites et divisions de l'espace considéré ; articulation des temporalités et des espaces; statut et position du monde méditerranéen par rapport aux autres mondes qui l'entourent, s'en disputent et parfois s'en partagent le contrôle, dans un contexte de plus en plus mondial et mondialisé ; modèles d'interprétation de l'histoire qui en dérivent ; formes de coopération, de  convergence ou de concurrence entre disciplines et traditions nationales et culturelles ; différences et hiérarchies entre les diverses écritures de cette histoire, selon leur langue, leur lieu de production, les horizons de leur circulation et de leur réception, leurs références idéologiques et méthodologiques ; spécificité ou non des thématiques abordées, des questionnements, des réponses apportées, et des méthodes utilisées.

L’accent sera mis en particulier sur les dynamiques des recherches récentes qui viennent aujourd’hui élargir et multiplier de façon spectaculaire les espaces-temps de la Méditerranée, ainsi que le champ des disciplines mobilisées, et renouveler du même coup les approches familières à l’historien, au géographe, à l’anthropologue ou à l’économiste.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
aymard@msh-paris.fr
Informations pratiques

contact pour rendez-vous ou informations : Maurice Aymard, FMSH, Bureau A 03 16, 54 bd Raspail 75006 Paris, ou de préférence, par courriel : aymar@msh-paris.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous pris directement par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous pris directement par courriel.

Pré-requis

niveau de connaissances, de formation et de mobilisation personnelle indispensable pour participer activement à un séminaire de recherche centré sur la présentation et la discussion critique de travaux récents ou en cours d'achèvement dont les résultats sont potentiellement innovants par les informations qu'ils apportent, par leur apport méthodologique et par l'élargissement des comparaisons qu'ils permettent. Donc, sauf exception toujours possible qui aura fait l'objet d'un accord du directeur d'études, un diplôme français ou étranger attestant ce niveau. Connaissances linguistiques souhaitées : français, anglais et au moins une autre langue méditerranéenne. Remise et approbation d'un projet de travail personnel écrit.

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), lundi 17:00-19:00
    du 16 novembre 2020 au 7 juin 2021

Comme les trois années précédentes, les douze séances de ce séminaire bimensuel ont été mises sous le signe d’un double déplacement du regard traditionnellement porté sur l’histoire longue de la Méditerranée. Le choix d’un espace maritime et terrestre extérieur à la Méditerranée, mais dont les rapports avec elle étaient à la fois anciens et soumis dans le temps à des ruptures plus ou moins profondes, avait pour objectif non seulement d’élargir les champs spatial et temporel envisagés, mais de dépasser la centralité attribuée à cette « mer du milieu » pour tenter de la voir également du dehors, et donc d’un autre point de vue.
Le premier exemple choisi avait été au départ celui de la Mer Noire, dont la réouverture en 1774 des détroits des Dardanelles et du Bosphore à la libre circulation des navires russes, étendue par la suite aux flottes d’autres nationalités, contribue à transformer totalement les dimensions et les équilibres internes de l’espace euro-méditerranéen. Celui-ci s’étend ainsi en quelques décennies, en direction du sud et du sud-est, à la Nouvelle Russie, au Caucase, à l’Asie Centrale et au Proche et Moyen-Orient.

Le second exemple a été ensuite celui de la Baltique entre VIIIe-IXe et XIIe-XIIIe siècles, dont les liaisons sont établies par les Vikings, via les fleuves russes, avec la Mer Noire et la Caspienne, avec Byzance et le Califat de Bagdad, ainsi qu’avec ce segment de la route de la soie qui rejoint la Volga aux environs de Bulgar. La Baltique a fait l’objet, au cours des deux ou trois dernières décennies, de nombreuses études réalisées par les chercheurs de la région, scandinaves, allemands, polonais, russes, baltes et finlandais. Travaillant en étroite collaboration, et s’appuyant en particulier sur les progrès impressionnants de la recherche archéologique, elles ont permis d’étendre très loin en direction de l’est les frontières de l’espace historique euro-méditerranéen en y incluant la majorité des terres appelées à devenir la Russie d’Europe.

Le choix de l’Océan indien, retenu pour le séminaire de 2020-2021, posait des problèmes d’une nature et d’une ampleur différentes. L’ancienneté de ses échanges économiques avec la Méditerranée, dès l’Antiquité grecque et romaine, était connue des non-spécialistes de la région, mais leur histoire tendait à se limiter à trois enjeux principaux : le rôle joué par les épices, et en particulier le poivre du sud du sous-continent indien, et l’importance correspondante du déficit commercial méditerranéen, payé pour l’essentiel en métaux précieux ; le rythme saisonnier des circulations maritimes, dicté par les moussons ; et la rupture représentée par l’ouverture de la route du Cap par les Portugais au début du XVIe s., qui établissait une liaison maritime directe avec la façade atlantique de l’Europe. Avant eux, les Méditerranéens avaient dû, pendant les deux millénaires précédents, aller attendre sur les côtes de l’Égypte et du Proche-Orient l’arrivée des caravanes acheminant par voie de terre les produits, pour eux précieux, déchargés par les navires du Mare Indicum suivant, de part et d’autre de la péninsule arabique, les deux voies pénétrantes de la Mer Rouge et du Golfe Persique.

Là encore, la recherche des décennies récentes a renouvelé en profondeur nos connaissances et nos questionnements. Les épices, oui, mais pas rien que les épices : en fait, beaucoup d’autres produits, comme les pierres précieuses, l’ivoire, les parfums, drogues et autres éléments de la pharmacopée, mais aussi le transfert silencieux vers la Méditerranée de la canne à sucre, du coton ou de nouvelles plantes tinctoriales ; et enfin des produits manufacturés comme les cotonnades du Gujerat, dont la circulation animait les échanges intérieurs à l’Océan indien, avant qu’elles ne soient rejointes par les porcelaines chinoises. Mais également les esclaves africains conduits de l’arrière-pays vers les ports et comptoirs de la côte pour y être exportés vers le Moyen-Orient et l’Asie du Sud et du Sud-Est. Et l’or des mines de l’actuelle Afrique du sud.

La rupture provoquée par les Portugais de Vasco de Gama, oui, mais, huit siècles plus tôt, une autre rupture tout aussi importante : la diffusion de l’Islam dont les réseaux marchands et les navires vont assurer la transformation d’un Océan indien parcouru et contrôlé par eux du sud de l’Afrique au détroit de Malacca, et communiquant avec la Mer de Chine, en un « lac commercial musulman ». Un lac dont les Portugais, puis après eux les Hollandais devront apprendre et respecter les règles, et dont ils savaient au total fort peu à leur arrivée : celles du commerce intra-asiatique, dit « d’Inde en Inde ». Mais un lac auquel les voyages successifs des flottes imposantes de l’Amiral Zhen He montrent, même s’ils sont restés sans lendemain, que la Chine n’était pas indifférente. Mais sur lequel, jusqu’à la fin du Moyen-Âge européen, les textes des voyageurs et géographes arabes constituent encore aujourd’hui la majorité de notre documentation écrite.

Publications
  • « Una storia di otto scoli da rivisitare », dans L’Arsenale di Venezia. Da grande complesso industriale a risorsa industriale, sous la dir. de Paola Lanaro et Christophe Austruy, Venise, Marsilio, 2020, p. 179-201.
  • Nuto Revelli, Les deux guerres. Guerre fasciste et guerre de libération, préface de Maurice Aymard (p. 8-23), traduit de l’italien par Vincent d’Orlando, Cahiers de l’Hôtel de Galliffet, Troisième série, 2020 (trad. de Le due guerre : guerra fascista e guerra partigiana, Torino, Einaudi, 2003).
  • « Migrazioni e colonizzazioni nel Mediterraneo. Un bilancio provvisorio », dans La terra ai forestieri, sous la dir. de Giampaolo Salice, Pise, Pacini Editore, 2020, p. 203-213.