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UE59 - De l’incertitude à l’extinction : modalités de l’émergence et de la transformation des appartenances sociales


Lieu et planning


  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, salle C, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    mardi 13 et 20 octobre 2020, 09:00-12:00
    mardi 3, 10 et 17 novembre 2020, 09:00-12:00
    mardi 8 et 15 décembre 2020, 09:00-12:00
    mardi 12 janvier 2021, 09:00-12:00


Description


Dernière modification : 20 octobre 2020 13:15

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
https://www.pacific-credo.fr/index.php/fr/23-categorie-fr-fr/membres/laurent-dousset/215-laurent-dousset-seminaire-cours 
Langues
français
Mots-clés
Dynamiques sociales Ethnographie Valeur
Aires culturelles
Europe Océanie
Intervenant·e·s
  • Laurent Dousset [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherche et de documentation sur l'Océanie (CREDO)

Les années précédentes, nous avons progressivement construit la problématique et la méthode d’une anthropologie de l’incertitude. Nous y avions dégagé un certain nombre d’axiomes et de principes heuristiques qui permettent de distinguer deux types ou situations d’incertitudes (systémique et existentielle). La première renvoie à la reproduction des représentations et des modalités de la pratique sociale. La seconde, au contraire, illustre les modalités du changement social. Dans les deux cas, la notion et la situation d’incertitude ont été déployées comme un outil heuristique  permettant d’analyser les modes d’élicitation et la hiérarchisation des valeurs sociales dans des contextes spécifiques.

Lors du séminaire 2019-2020, nous avons commencé à poser les bases d’une analyse qui va plus loin et avons ainsi ouvert un nouveau chantier. L’incertitude la plus extrême et la plus fondamentale – et donc aussi la plus explicite sur les valeurs sociales et de leur hiérarchisation – est le danger de la disparition et de l’extinction (de la société, du monde, de la « nature », etc.). Cette incertitude s’avère fondamentale car elle porte en elle le danger de faire disparaître toute modalité et possibilité d’appartenance sociale.

L’ère contemporaine, en particulier « occidentale », est fortement teintée par divers scénarios et anticipations de catastrophes et d’extinctions, de disparitions et de changements irréversibles : les espèces naturelles, le climat, l’énergie, la « civilisation » toute entière seraient, pour nombreux d’entre nous, sur la voie d’être perdus de manière irrécupérable ou irréversible. Avec l’arrivée de ce que certains appellent « le grand effondrement », disparaîtraient également la société tout entière et les modes de socialité.

Après avoir posé les premières hypothèses d’une étude comparative des représentations relatives à « la fin du monde », il s’agira cette année de progresser vers une analyse plus systématique et comparative de ces phénomènes. En particulier, et après avoir rappelé les principes fondamentaux de l’analyse par l’incertitude, il s’agira de s’intéresser à ce type de processus et de représentations pour d’autres formes sociétales, dont les sociétés du Pacifique et de l’Australie, avec une interrogation centrale : l’existence et les modes d’anticipation de la fin du monde sont-elles les témoins d’ontologies culturelles particulières ?

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

après les séminaires ou sur rendez-vous.

Réception des candidats

après les séminaires ou sur rendez-vous.

Pré-requis

aucun prérequis nécessaire. 


Compte rendu


Les années précédentes, nous avons progressivement construit la problématique et la méthode d’une anthropologie de l’incertitude, et publié un ouvrage et plusieurs articles à cet effet. Nous y avions dégagé un certain nombre d’axiomes et de principes heuristiques qui permettent de distinguer deux types ou situations d’incertitudes (systémique et existentielle). La première renvoie à la reproduction des représentations et des modalités de la pratique sociale. La seconde, au contraire, illustre les modalités du changement social. Dans les deux cas, la notion et la situation d’incertitude ont été déployées comme un outil heuristique permettant d’analyser les modes d’élicitation et la hiérarchisation des valeurs sociales dans des contextes spécifiques. En nous éloignant des approches cognitives ou neuropsychologiques, nous avons montré que l’incertitude est avant tout un fait social et culturel, et que l’analyse de son traitement, par les acteurs eux-mêmes, permet de mettre à la lumière des modalités socialement situées de la résolution de crise et de l’action sociale.

Lors du séminaire 2020-2021, nous avons élargi l’analyse pour y inclure des phénomènes, ainsi que les logiques sociales qui les accompagnent, qui dépassent les incertitudes existentielles et systémiques mentionnées ci-dessus. Il s’agissait de construire un argumentaire qui rende compte des situations d’incertitudes plus profondes, lors desquelles les appartenances sociales ne sont pas seulement remises en question, comme dans toute incertitude, mais lors desquelles les principes de l’appartenance elle-même disparaissent, se fragilisent, deviennent impensables et impensées. Les situations lors desquelles le potentiel de l’appartenance sociale est remis en question, nous les avons appelées les « incertitudes fondamentales », car elles renvoient aux principes de l’extinction, c’est-à-dire du danger exprimé par les acteurs de disparaître ou d’observer des formes de disparition. Loin de renvoyer à des questions philosophiques profondes, l’analyse des incertitudes fondamentales montre, au contraire, que ce qui les nourrit est l’incapacité à produire des formes d’être-pareil et d’être-ensemble, de l’idée de similarité et de collectivité, et des formes d’actions sociales qui jugule avec les principes d’exclusion et d’inclusion.

Malgré les conditions difficiles dans lesquelles cet enseignement s’est tenu, les discussions avec les étudiants sur des exemples concrets et contemporains, relevant à la fois de l’aire océanienne comme de l’aire européenne, ainsi que la mise à plat des notions essentielles pour analyser ces situations (fait social, valeur sociale, pragmatisme, exclusion-inclusion, signe, etc.) a été productive et intéressante. Un article qui résume les résultats de cette année d’enseignement et d’échange a été soumis à une revue.

Publications
  • « Propriété et Aborigènes d'Australie », dans Dictionnaire des biens communs, sous la dir. de Marie Cornu, Fabienne Orsi et Judith Rochfeld, Paris, PUF, 2020, p. 1060-1063.

Dernière modification : 20 octobre 2020 13:15

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
https://www.pacific-credo.fr/index.php/fr/23-categorie-fr-fr/membres/laurent-dousset/215-laurent-dousset-seminaire-cours 
Langues
français
Mots-clés
Dynamiques sociales Ethnographie Valeur
Aires culturelles
Europe Océanie
Intervenant·e·s
  • Laurent Dousset [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherche et de documentation sur l'Océanie (CREDO)

Les années précédentes, nous avons progressivement construit la problématique et la méthode d’une anthropologie de l’incertitude. Nous y avions dégagé un certain nombre d’axiomes et de principes heuristiques qui permettent de distinguer deux types ou situations d’incertitudes (systémique et existentielle). La première renvoie à la reproduction des représentations et des modalités de la pratique sociale. La seconde, au contraire, illustre les modalités du changement social. Dans les deux cas, la notion et la situation d’incertitude ont été déployées comme un outil heuristique  permettant d’analyser les modes d’élicitation et la hiérarchisation des valeurs sociales dans des contextes spécifiques.

Lors du séminaire 2019-2020, nous avons commencé à poser les bases d’une analyse qui va plus loin et avons ainsi ouvert un nouveau chantier. L’incertitude la plus extrême et la plus fondamentale – et donc aussi la plus explicite sur les valeurs sociales et de leur hiérarchisation – est le danger de la disparition et de l’extinction (de la société, du monde, de la « nature », etc.). Cette incertitude s’avère fondamentale car elle porte en elle le danger de faire disparaître toute modalité et possibilité d’appartenance sociale.

L’ère contemporaine, en particulier « occidentale », est fortement teintée par divers scénarios et anticipations de catastrophes et d’extinctions, de disparitions et de changements irréversibles : les espèces naturelles, le climat, l’énergie, la « civilisation » toute entière seraient, pour nombreux d’entre nous, sur la voie d’être perdus de manière irrécupérable ou irréversible. Avec l’arrivée de ce que certains appellent « le grand effondrement », disparaîtraient également la société tout entière et les modes de socialité.

Après avoir posé les premières hypothèses d’une étude comparative des représentations relatives à « la fin du monde », il s’agira cette année de progresser vers une analyse plus systématique et comparative de ces phénomènes. En particulier, et après avoir rappelé les principes fondamentaux de l’analyse par l’incertitude, il s’agira de s’intéresser à ce type de processus et de représentations pour d’autres formes sociétales, dont les sociétés du Pacifique et de l’Australie, avec une interrogation centrale : l’existence et les modes d’anticipation de la fin du monde sont-elles les témoins d’ontologies culturelles particulières ?

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

après les séminaires ou sur rendez-vous.

Réception des candidats

après les séminaires ou sur rendez-vous.

Pré-requis

aucun prérequis nécessaire. 

  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, salle C, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    mardi 13 et 20 octobre 2020, 09:00-12:00
    mardi 3, 10 et 17 novembre 2020, 09:00-12:00
    mardi 8 et 15 décembre 2020, 09:00-12:00
    mardi 12 janvier 2021, 09:00-12:00

Les années précédentes, nous avons progressivement construit la problématique et la méthode d’une anthropologie de l’incertitude, et publié un ouvrage et plusieurs articles à cet effet. Nous y avions dégagé un certain nombre d’axiomes et de principes heuristiques qui permettent de distinguer deux types ou situations d’incertitudes (systémique et existentielle). La première renvoie à la reproduction des représentations et des modalités de la pratique sociale. La seconde, au contraire, illustre les modalités du changement social. Dans les deux cas, la notion et la situation d’incertitude ont été déployées comme un outil heuristique permettant d’analyser les modes d’élicitation et la hiérarchisation des valeurs sociales dans des contextes spécifiques. En nous éloignant des approches cognitives ou neuropsychologiques, nous avons montré que l’incertitude est avant tout un fait social et culturel, et que l’analyse de son traitement, par les acteurs eux-mêmes, permet de mettre à la lumière des modalités socialement situées de la résolution de crise et de l’action sociale.

Lors du séminaire 2020-2021, nous avons élargi l’analyse pour y inclure des phénomènes, ainsi que les logiques sociales qui les accompagnent, qui dépassent les incertitudes existentielles et systémiques mentionnées ci-dessus. Il s’agissait de construire un argumentaire qui rende compte des situations d’incertitudes plus profondes, lors desquelles les appartenances sociales ne sont pas seulement remises en question, comme dans toute incertitude, mais lors desquelles les principes de l’appartenance elle-même disparaissent, se fragilisent, deviennent impensables et impensées. Les situations lors desquelles le potentiel de l’appartenance sociale est remis en question, nous les avons appelées les « incertitudes fondamentales », car elles renvoient aux principes de l’extinction, c’est-à-dire du danger exprimé par les acteurs de disparaître ou d’observer des formes de disparition. Loin de renvoyer à des questions philosophiques profondes, l’analyse des incertitudes fondamentales montre, au contraire, que ce qui les nourrit est l’incapacité à produire des formes d’être-pareil et d’être-ensemble, de l’idée de similarité et de collectivité, et des formes d’actions sociales qui jugule avec les principes d’exclusion et d’inclusion.

Malgré les conditions difficiles dans lesquelles cet enseignement s’est tenu, les discussions avec les étudiants sur des exemples concrets et contemporains, relevant à la fois de l’aire océanienne comme de l’aire européenne, ainsi que la mise à plat des notions essentielles pour analyser ces situations (fait social, valeur sociale, pragmatisme, exclusion-inclusion, signe, etc.) a été productive et intéressante. Un article qui résume les résultats de cette année d’enseignement et d’échange a été soumis à une revue.

Publications
  • « Propriété et Aborigènes d'Australie », dans Dictionnaire des biens communs, sous la dir. de Marie Cornu, Fabienne Orsi et Judith Rochfeld, Paris, PUF, 2020, p. 1060-1063.