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UE570 - Le concept sociologique d’épreuve. Un voyage dans le temps


Lieu et planning


  • 10 rue Monsieur-le-Prince
    10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
    Salle Alphonse-Dupront
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 14:00-16:00
    du 12 novembre 2020 au 24 juin 2021


Description


Dernière modification : 9 novembre 2020 12:05

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Sociologie Sociologie politique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Dominique Linhardt [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Edouard Gardella   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Cédric Moreau de Bellaing   maître de conférences, ENS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Le concept d’épreuve s’est progressivement établi dans la sociologie française depuis les années 1980. Bien que sa signification et sa pertinence restent encore aujourd’hui discutées, la notion est désormais reconnue, parfois même utilisée au-delà des orientations de recherche qui se revendiquent explicitement de la « sociologie des épreuves ». Le séminaire a pour objectif d’éclairer ce relatif succès en insistant non pas sur les déplacements introduits par le concept d’épreuve, mais plutôt, à l’inverse, en explicitant ses fonctions théoriques (ce que le concept permet d’affirmer sur ce que la société est substantiellement), et en resituant ces fonctions dans l’histoire de la connaissance sociologique. En reconduisant ainsi la notion d’épreuve à des concepts classiques tels que ceux d’interaction, de chance ou encore de conflit, nous insisterons moins sur l’originalité de la notion que sur le travail de respécification d’un certain nombre de fonctions théoriques propres au raisonnement sociologique qu’elle permet d’opérer.

 

12 novembre 2020 : Présentation du séminaire

26 novembre 2020 : Introduction. Bref retour sur la « sociologie des épreuves »

10 décembre 2020 : L'épreuve comme interaction (1)

14 janvier 2021 : L'épreuve comme interaction (2) - Intervention de Gabriel Uribelarrea (Centre Max Weber)

28 janvier 2021 : L'épreuve comme explicitation (1)

11 février 2021 : L'épreuve comme explicitation (2) - Intervention de Carole Gayet-Viaud (CNRS, CESDIP)

25 février 2021 : L'épreuve comme chance (1)

11 mars 2021 : L'épreuve comme chance (2) - Intervention de Fanny Charasse et Pierre Lagrange (LIER-FYT)

25 mars 2021 : L'épreuve comme expérimentation (1)

8 avril 2021 : L'épreuve comme expérimentation (2) - Intervention de Marie Alauzen (ENS)

27 mai 2021 : L'épreuve comme conflit (1)

10 juin 2021 : L'épreuve comme conflit (2) - Intervention de Cyril Lemieux (EHESS, LIER-FYT)

24 juin 2021 : Épreuves et réflexivité sociale : l'épreuve comme distanciation


Master


  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

il s'agit d'un séminaire dont le nombre de participants est limité. Les étudiant.e.s souhaitant s'inscrire sont invité.e.s à en faire la demande par courriel aux responsables du séminaire : dominique.linhardt@ehess.fr, cedric.moreau.de.bellaing@ens.psl.eu, edouard.gardella@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

Les étudiants désireux de suivre le séminaire doivent avoir préalablement lu au moins les deux travaux suivants : Bruno Latour, Pasteur : guerre et paix des microbes, suivi de Irréductions, Paris, La Découverte, 2011 (1984) ; Luc Boltanski, « Ce dont les gens sont capables », in L’amour et la justice comme compétences, « Première partie », Paris, Gallimard, 2011 (1990). Ils sont également invités à consulter la récente synthèse de Cyril Lemieux, La sociologie pragmatique, Paris, La Découverte, 2018, ainsi qu'à visionner les séances du séminaire organisé par ce dernier sous le titre « “Société critique” et sociologie des épreuves ».


Compte rendu


Le concept d’épreuve a été introduit dans les sciences sociales au tournant des années 1980 et a été mobilisé par différentes déclinaisons de la sociologie pragmatique. Le séminaire a permis d’aborder son émergence et de le replacer dans l’histoire longue de la connaissance sociologique. Il s’agissait de déterminer comment les types de sociologie portés par la notion d’épreuve ont visé à mieux honorer le raisonnement sociologique, mais aussi de mesurer les limites auxquelles cette intention se heurte.

Le séminaire a été organisé en trois blocs. Les deux premières séances ont remonté au moment de la formulation initiale du concept d’épreuve et l’ont resitué dans la dynamique sociologique propre à cette période. Elles ont établi que la notion doit être comprise en relation et en réponse au succès des approches socio-constructivistes dans les deux décennies précédentes. Le concept d’épreuve a intégré et consolidé les avancées rendues possibles par ces approches, qui tenaient notamment à leur stratégie de « dénaturalisation » de la réalité sociale. Mais dans le même temps, le concept a visé de dépasser une limite du socio-contructivisme : la tendance à considérer que si la réalité sociale est construite, elle est « arbitraire » et ne trouve donc pas trouver dans l’expérience sociale un principe de clôture. En ce sens, le concept d’épreuve implique un « objectivisme de second ordre » : la réalité sociale n’est ni donnée « naturellement » ni arbitraire ; elle change, mais pas n’importe comment.

Les dix séances suivantes ont développé cette perspective générale en considérant cinq « fonctions théoriques » du concept d’épreuve. Le principe de cette démarche était triple. D’abord, distinguer différentes dimensions dans l’usage de la notion d’épreuve qui apparaissent le plus souvent de façon agglomérée. Ensuite, rapporter ces fonctions théoriques à la tradition sociologique, ce qui a permis de montrer que la notion d’épreuve est venue actualiser des exigences déjà présentes dans la démarche sociologique. Enfin, réexaminer l’originalité de la « sociologie des épreuves », celle-ci résidant dans la manière particulière dont elle accomplit les fonctions théoriques constitutives de la pratique sociologique.

Deux séances ont été consacrées à chacune de ces fonctions théoriques : une séance basée sur la lecture de textes visant à donner accès à la fonction théorique considérée et à la manière dont elle a été réinvestie par la sociologie pragmatique ; une séance organisée à partir du travail d’enquête réalisé par un chercheur invité (Marie Alauzen, Fanny Charasse, Carole Gayet-Viaud, Pierre Lagrange, Cyril Lemieux et Gabriel Uribelarrea). Les cinq fonctions distinguées renvoient 1) à l’analyse des interactions (ou plutôt des « actions en retour », selon la terminologie de Cyril Lemieux), 2) à la caractéristique du monde social d’être explicité et rendu réflexif par les acteurs dans le cours des actions qu’ils accomplissent, 3) à l’expression causale des dynamiques sociales en termes de chances et, enfin, à la compréhension de la vie sociale dans son caractère 4) expérimental et 5) conflictuel. Dans la discussion, il est apparu que ces catégories sont insuffisantes, la conceptualité de la notion d’épreuve devant être repensée sur un plan plus fondamental.

La dernière séance a exploré une piste de recherche permettant d’approcher ce plan. Celle-ci suppose de passer d’une compréhension épistémologique de la notion d’épreuve à une compréhension fondée sur une sociologie de la connaissance. Elle consiste donc à rapporter le recours à la notion d’épreuve à des processus travaillant la société elle-même. Ainsi, on ne peut pas ne pas considérer l’apparente affinité entre la notion d’épreuve et la poussée de l’individualisme normatif dans les sociétés occidentales. L’hypothèse qui en découle est que la sociologie des épreuves a accompagné le mouvement par lequel l’expérience individuelle est devenue la butée de l’arbitraire de la réalité sociale. Le risque est que, ce faisant, elle a renoncé au holisme. Or il est probable qu’à la différence des années 1980, ce soit aujourd’hui le holisme qui réclame d’être mieux honoré dans la démarche sociologique. La question qui reste ouverte est de savoir au prix de quelles modifications le concept d’épreuve peut servir cette tâche.

Publications

-

Dernière modification : 9 novembre 2020 12:05

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Sociologie Sociologie politique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Dominique Linhardt [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Edouard Gardella   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Cédric Moreau de Bellaing   maître de conférences, ENS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Le concept d’épreuve s’est progressivement établi dans la sociologie française depuis les années 1980. Bien que sa signification et sa pertinence restent encore aujourd’hui discutées, la notion est désormais reconnue, parfois même utilisée au-delà des orientations de recherche qui se revendiquent explicitement de la « sociologie des épreuves ». Le séminaire a pour objectif d’éclairer ce relatif succès en insistant non pas sur les déplacements introduits par le concept d’épreuve, mais plutôt, à l’inverse, en explicitant ses fonctions théoriques (ce que le concept permet d’affirmer sur ce que la société est substantiellement), et en resituant ces fonctions dans l’histoire de la connaissance sociologique. En reconduisant ainsi la notion d’épreuve à des concepts classiques tels que ceux d’interaction, de chance ou encore de conflit, nous insisterons moins sur l’originalité de la notion que sur le travail de respécification d’un certain nombre de fonctions théoriques propres au raisonnement sociologique qu’elle permet d’opérer.

 

12 novembre 2020 : Présentation du séminaire

26 novembre 2020 : Introduction. Bref retour sur la « sociologie des épreuves »

10 décembre 2020 : L'épreuve comme interaction (1)

14 janvier 2021 : L'épreuve comme interaction (2) - Intervention de Gabriel Uribelarrea (Centre Max Weber)

28 janvier 2021 : L'épreuve comme explicitation (1)

11 février 2021 : L'épreuve comme explicitation (2) - Intervention de Carole Gayet-Viaud (CNRS, CESDIP)

25 février 2021 : L'épreuve comme chance (1)

11 mars 2021 : L'épreuve comme chance (2) - Intervention de Fanny Charasse et Pierre Lagrange (LIER-FYT)

25 mars 2021 : L'épreuve comme expérimentation (1)

8 avril 2021 : L'épreuve comme expérimentation (2) - Intervention de Marie Alauzen (ENS)

27 mai 2021 : L'épreuve comme conflit (1)

10 juin 2021 : L'épreuve comme conflit (2) - Intervention de Cyril Lemieux (EHESS, LIER-FYT)

24 juin 2021 : Épreuves et réflexivité sociale : l'épreuve comme distanciation

  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

il s'agit d'un séminaire dont le nombre de participants est limité. Les étudiant.e.s souhaitant s'inscrire sont invité.e.s à en faire la demande par courriel aux responsables du séminaire : dominique.linhardt@ehess.fr, cedric.moreau.de.bellaing@ens.psl.eu, edouard.gardella@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

Les étudiants désireux de suivre le séminaire doivent avoir préalablement lu au moins les deux travaux suivants : Bruno Latour, Pasteur : guerre et paix des microbes, suivi de Irréductions, Paris, La Découverte, 2011 (1984) ; Luc Boltanski, « Ce dont les gens sont capables », in L’amour et la justice comme compétences, « Première partie », Paris, Gallimard, 2011 (1990). Ils sont également invités à consulter la récente synthèse de Cyril Lemieux, La sociologie pragmatique, Paris, La Découverte, 2018, ainsi qu'à visionner les séances du séminaire organisé par ce dernier sous le titre « “Société critique” et sociologie des épreuves ».

  • 10 rue Monsieur-le-Prince
    10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
    Salle Alphonse-Dupront
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 14:00-16:00
    du 12 novembre 2020 au 24 juin 2021

Le concept d’épreuve a été introduit dans les sciences sociales au tournant des années 1980 et a été mobilisé par différentes déclinaisons de la sociologie pragmatique. Le séminaire a permis d’aborder son émergence et de le replacer dans l’histoire longue de la connaissance sociologique. Il s’agissait de déterminer comment les types de sociologie portés par la notion d’épreuve ont visé à mieux honorer le raisonnement sociologique, mais aussi de mesurer les limites auxquelles cette intention se heurte.

Le séminaire a été organisé en trois blocs. Les deux premières séances ont remonté au moment de la formulation initiale du concept d’épreuve et l’ont resitué dans la dynamique sociologique propre à cette période. Elles ont établi que la notion doit être comprise en relation et en réponse au succès des approches socio-constructivistes dans les deux décennies précédentes. Le concept d’épreuve a intégré et consolidé les avancées rendues possibles par ces approches, qui tenaient notamment à leur stratégie de « dénaturalisation » de la réalité sociale. Mais dans le même temps, le concept a visé de dépasser une limite du socio-contructivisme : la tendance à considérer que si la réalité sociale est construite, elle est « arbitraire » et ne trouve donc pas trouver dans l’expérience sociale un principe de clôture. En ce sens, le concept d’épreuve implique un « objectivisme de second ordre » : la réalité sociale n’est ni donnée « naturellement » ni arbitraire ; elle change, mais pas n’importe comment.

Les dix séances suivantes ont développé cette perspective générale en considérant cinq « fonctions théoriques » du concept d’épreuve. Le principe de cette démarche était triple. D’abord, distinguer différentes dimensions dans l’usage de la notion d’épreuve qui apparaissent le plus souvent de façon agglomérée. Ensuite, rapporter ces fonctions théoriques à la tradition sociologique, ce qui a permis de montrer que la notion d’épreuve est venue actualiser des exigences déjà présentes dans la démarche sociologique. Enfin, réexaminer l’originalité de la « sociologie des épreuves », celle-ci résidant dans la manière particulière dont elle accomplit les fonctions théoriques constitutives de la pratique sociologique.

Deux séances ont été consacrées à chacune de ces fonctions théoriques : une séance basée sur la lecture de textes visant à donner accès à la fonction théorique considérée et à la manière dont elle a été réinvestie par la sociologie pragmatique ; une séance organisée à partir du travail d’enquête réalisé par un chercheur invité (Marie Alauzen, Fanny Charasse, Carole Gayet-Viaud, Pierre Lagrange, Cyril Lemieux et Gabriel Uribelarrea). Les cinq fonctions distinguées renvoient 1) à l’analyse des interactions (ou plutôt des « actions en retour », selon la terminologie de Cyril Lemieux), 2) à la caractéristique du monde social d’être explicité et rendu réflexif par les acteurs dans le cours des actions qu’ils accomplissent, 3) à l’expression causale des dynamiques sociales en termes de chances et, enfin, à la compréhension de la vie sociale dans son caractère 4) expérimental et 5) conflictuel. Dans la discussion, il est apparu que ces catégories sont insuffisantes, la conceptualité de la notion d’épreuve devant être repensée sur un plan plus fondamental.

La dernière séance a exploré une piste de recherche permettant d’approcher ce plan. Celle-ci suppose de passer d’une compréhension épistémologique de la notion d’épreuve à une compréhension fondée sur une sociologie de la connaissance. Elle consiste donc à rapporter le recours à la notion d’épreuve à des processus travaillant la société elle-même. Ainsi, on ne peut pas ne pas considérer l’apparente affinité entre la notion d’épreuve et la poussée de l’individualisme normatif dans les sociétés occidentales. L’hypothèse qui en découle est que la sociologie des épreuves a accompagné le mouvement par lequel l’expérience individuelle est devenue la butée de l’arbitraire de la réalité sociale. Le risque est que, ce faisant, elle a renoncé au holisme. Or il est probable qu’à la différence des années 1980, ce soit aujourd’hui le holisme qui réclame d’être mieux honoré dans la démarche sociologique. La question qui reste ouverte est de savoir au prix de quelles modifications le concept d’épreuve peut servir cette tâche.

Publications

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