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UE556 - L'expérience-limite 2. : le soi et l'environnement


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 7
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 15:00-17:00
    du 13 octobre 2020 au 26 janvier 2021


Description


Dernière modification : 28 mai 2020 11:25

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie, Psychologie et sciences cognitives
Page web
https://sites.google.com/view/jeromedokic/home 
Langues
anglais français
Mots-clés
Cognition Environnement Esthétique Philosophie analytique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jérôme Dokic [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Institut Jean-Nicod (IJN)

Ce séminaire poursuit le thème général abordé l’an dernier, mais reprend ab initio les aspects qui ont dû être laissés de côté. Une attention particulière sera portée à l’esthétique et à l’éthique environnementales, et au rôle (notamment heuristique) que peuvent jouer les expériences-limites dans le rapport du soi à la nature. Il n’est pas nécessaire d’avoir suivi le séminaire de l’an dernier pour participer à celui-ci.

La notion d’expérience-limite a été invoquée dans de nombreux domaines, notamment esthétiques, mystiques ou religieux. Elle a joué un rôle important en philosophie de l’esprit, en métaphysique, mais plus généralement dans les sciences sociales. Cependant, elle a rarement été analysée en tant que telle. Une première question est de savoir s’il existe un genre d’expérience-limite unique dans tous les domaines dans lesquels elle est reconnue, ou s’il en existe différentes versions sans commune mesure. Nous examinerons les liens entre l’expérience-limite, la conscience de soi et la métacognition. La notion d’expérience-limite sera également mise en rapport avec la notion d’expérience du seuil ou de la crête (climax) et la notion d’expérience transformative, notamment dans la double version identifiée par L. A. Paul (transformation épistémique et transformation personnelle).

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Philosophie du langage et de l'esprit – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter l'enseignant par courriel.

Direction de travaux des étudiants

contacter l'enseignant par courriel.

Réception des candidats

contacter l'enseignant par courriel.

Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire de cette année a repris le thème général de l’expérience-limite, étudié l’an dernier, pour l’appliquer aux rapports entre l’expérience de la nature et la représentation de soi. Du point de vue de la philosophie de l’esprit et des sciences cognitives, y a-t-il une expérience spécifique de la nature en tant que nature ? Si la réponse est positive, cette expérience est-elle, ou peut-elle être esthétique ? Une expérience (esthétique ou non) de la nature en tant que nature a-t-elle des conséquences sur la conscience et la représentation de soi-même ? Une expérience (esthétique ou non) de la nature en tant que nature a-t-elle des conséquences normatives liées à la préservation de l’environnement ? L’esthétique environnementale remet-elle en question le modèle philosophique traditionnel de l’expérience esthétique comme une attitude désintéressée ? Motive-t-elle une approche pluraliste de l’expérience esthétique elle-même, des catégories esthétiques (le beau, le sublime, le pittoresque, l’intéressant, etc.) ou des valeurs esthétiques ? Sur le plan méthodologique, les sciences cognitives peuvent-elles apporter une contribution significative à l’esthétique environnementale ? Comment l’enquête sur l’expérience de la nature repose-t-elle plus généralement la question de l’articulation entre sciences cognitives et sciences sociales ? Ce sont quelques-unes des questions qui ont été abordées dans ce séminaire.

Les philosophes environnementalistes ont tenté de définir la notion d’une expérience de la nature en tant que telle. Nous avons introduit une première distinction entre l’expérience de la nature comme objet et comme environnement. L’expérience de la nature comme environnement – ou l’expérience environnementale, selon la terminologie d’Allen Carlson – est censée porter sur la nature dans son ensemble, en incluant le sujet qui renonce à son statut d’observateur. Nous avons suggéré qu’une telle expérience, qui relève de la conscience « intransitive » ou sans objet, est une expérience-limite, qui met à l’épreuve nos capacités cognitives ordinaires (perception, imagination, pensée habituelle). Après avoir examiné plusieurs concepts de nature et ses dérivés (nature sauvage, nature vierge, etc.), nous avons abordé le thème du dualisme esthétique, et la question de savoir si l’expérience esthétique de la nature est essentiellement différente de l’expérience esthétique de l’art. Dans le domaine esthétique, l’expérience du sublime est typiquement considérée comme étant spécifique à la nature. S’il y a un sublime artificiel, il est supposé dériver du sublime naturel, comme l’a récemment défendu Emily Brady. Selon ce point de vue, l’expérience du sublime semble être nécessairement une expérience environnementale. On considère également, au moins implicitement, que l’expérience de la beauté naturelle n’est pas une expérience environnementale, mais plutôt l’expérience d’un objet naturel. Nous avons défendu la possibilité d’un art de l’immersion susceptible de conduire à une expérience de sublime. Enfin, nous avons discuté des rapports entre esthétique et éthique environnementales. Plusieurs auteurs font valoir que des considérations esthétiques motivent et justifient des jugements normatifs relatifs à la protection ou à la préservation de la nature. Pourtant, le chemin de l’esthétique à l’éthique environnementale n’est sans doute pas aussi dégagé que ces auteurs ne le dépeignent. Nous avons esquissé une théorie métacognitive de l’expérience esthétique, selon laquelle la valeur esthétique pourrait être en partie déterminée par des valeurs épistémiques. Seulement, la valeur esthétique pourrait ne pas être présentée de manière transparente dans l’expérience esthétique, que celle-ci concerne le beau ou le sublime, ce qui complique sa relation aux jugements normatifs qui peuvent en découler.

 

Publications
  • Avec M. Arcangeli, « A plea for the Sublime in Science », dans The Aesthetics of Science : Beauty, Imagination and Understanding, sous la dir. de M. Ivanova et S. French, Londres, Routledge, 2020, p. 104-124.
  • Avec A. Tüscher, « Affordances et sublimités architecturales », Implications philosophiques, 2020, https://www.implications-philosophiques.org/implications-epistemologiques/affordances-et-sublimites-architecturales/
  • Avec M. Arcangeli, M. Sperduti, A. Jacquot et P. Piolino, « Awe and the Experience of the Sublime : A Complex Relationship », Frontiers in Psychology, 2020, 11 : 1340. doi : 10.3389/fpsyg.2020.01340
  • Avec M. Arcangeli, « At the Limits : What Drives Experiences of the Sublime », British Journal of Aesthetics, 2020, ayaa030, https://doi.org/10.1093/aesthj/ayaa030

Dernière modification : 28 mai 2020 11:25

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie, Psychologie et sciences cognitives
Page web
https://sites.google.com/view/jeromedokic/home 
Langues
anglais français
Mots-clés
Cognition Environnement Esthétique Philosophie analytique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jérôme Dokic [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Institut Jean-Nicod (IJN)

Ce séminaire poursuit le thème général abordé l’an dernier, mais reprend ab initio les aspects qui ont dû être laissés de côté. Une attention particulière sera portée à l’esthétique et à l’éthique environnementales, et au rôle (notamment heuristique) que peuvent jouer les expériences-limites dans le rapport du soi à la nature. Il n’est pas nécessaire d’avoir suivi le séminaire de l’an dernier pour participer à celui-ci.

La notion d’expérience-limite a été invoquée dans de nombreux domaines, notamment esthétiques, mystiques ou religieux. Elle a joué un rôle important en philosophie de l’esprit, en métaphysique, mais plus généralement dans les sciences sociales. Cependant, elle a rarement été analysée en tant que telle. Une première question est de savoir s’il existe un genre d’expérience-limite unique dans tous les domaines dans lesquels elle est reconnue, ou s’il en existe différentes versions sans commune mesure. Nous examinerons les liens entre l’expérience-limite, la conscience de soi et la métacognition. La notion d’expérience-limite sera également mise en rapport avec la notion d’expérience du seuil ou de la crête (climax) et la notion d’expérience transformative, notamment dans la double version identifiée par L. A. Paul (transformation épistémique et transformation personnelle).

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Philosophie du langage et de l'esprit – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter l'enseignant par courriel.

Direction de travaux des étudiants

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Réception des candidats

contacter l'enseignant par courriel.

Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 7
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 15:00-17:00
    du 13 octobre 2020 au 26 janvier 2021

Le séminaire de cette année a repris le thème général de l’expérience-limite, étudié l’an dernier, pour l’appliquer aux rapports entre l’expérience de la nature et la représentation de soi. Du point de vue de la philosophie de l’esprit et des sciences cognitives, y a-t-il une expérience spécifique de la nature en tant que nature ? Si la réponse est positive, cette expérience est-elle, ou peut-elle être esthétique ? Une expérience (esthétique ou non) de la nature en tant que nature a-t-elle des conséquences sur la conscience et la représentation de soi-même ? Une expérience (esthétique ou non) de la nature en tant que nature a-t-elle des conséquences normatives liées à la préservation de l’environnement ? L’esthétique environnementale remet-elle en question le modèle philosophique traditionnel de l’expérience esthétique comme une attitude désintéressée ? Motive-t-elle une approche pluraliste de l’expérience esthétique elle-même, des catégories esthétiques (le beau, le sublime, le pittoresque, l’intéressant, etc.) ou des valeurs esthétiques ? Sur le plan méthodologique, les sciences cognitives peuvent-elles apporter une contribution significative à l’esthétique environnementale ? Comment l’enquête sur l’expérience de la nature repose-t-elle plus généralement la question de l’articulation entre sciences cognitives et sciences sociales ? Ce sont quelques-unes des questions qui ont été abordées dans ce séminaire.

Les philosophes environnementalistes ont tenté de définir la notion d’une expérience de la nature en tant que telle. Nous avons introduit une première distinction entre l’expérience de la nature comme objet et comme environnement. L’expérience de la nature comme environnement – ou l’expérience environnementale, selon la terminologie d’Allen Carlson – est censée porter sur la nature dans son ensemble, en incluant le sujet qui renonce à son statut d’observateur. Nous avons suggéré qu’une telle expérience, qui relève de la conscience « intransitive » ou sans objet, est une expérience-limite, qui met à l’épreuve nos capacités cognitives ordinaires (perception, imagination, pensée habituelle). Après avoir examiné plusieurs concepts de nature et ses dérivés (nature sauvage, nature vierge, etc.), nous avons abordé le thème du dualisme esthétique, et la question de savoir si l’expérience esthétique de la nature est essentiellement différente de l’expérience esthétique de l’art. Dans le domaine esthétique, l’expérience du sublime est typiquement considérée comme étant spécifique à la nature. S’il y a un sublime artificiel, il est supposé dériver du sublime naturel, comme l’a récemment défendu Emily Brady. Selon ce point de vue, l’expérience du sublime semble être nécessairement une expérience environnementale. On considère également, au moins implicitement, que l’expérience de la beauté naturelle n’est pas une expérience environnementale, mais plutôt l’expérience d’un objet naturel. Nous avons défendu la possibilité d’un art de l’immersion susceptible de conduire à une expérience de sublime. Enfin, nous avons discuté des rapports entre esthétique et éthique environnementales. Plusieurs auteurs font valoir que des considérations esthétiques motivent et justifient des jugements normatifs relatifs à la protection ou à la préservation de la nature. Pourtant, le chemin de l’esthétique à l’éthique environnementale n’est sans doute pas aussi dégagé que ces auteurs ne le dépeignent. Nous avons esquissé une théorie métacognitive de l’expérience esthétique, selon laquelle la valeur esthétique pourrait être en partie déterminée par des valeurs épistémiques. Seulement, la valeur esthétique pourrait ne pas être présentée de manière transparente dans l’expérience esthétique, que celle-ci concerne le beau ou le sublime, ce qui complique sa relation aux jugements normatifs qui peuvent en découler.

 

Publications
  • Avec M. Arcangeli, « A plea for the Sublime in Science », dans The Aesthetics of Science : Beauty, Imagination and Understanding, sous la dir. de M. Ivanova et S. French, Londres, Routledge, 2020, p. 104-124.
  • Avec A. Tüscher, « Affordances et sublimités architecturales », Implications philosophiques, 2020, https://www.implications-philosophiques.org/implications-epistemologiques/affordances-et-sublimites-architecturales/
  • Avec M. Arcangeli, M. Sperduti, A. Jacquot et P. Piolino, « Awe and the Experience of the Sublime : A Complex Relationship », Frontiers in Psychology, 2020, 11 : 1340. doi : 10.3389/fpsyg.2020.01340
  • Avec M. Arcangeli, « At the Limits : What Drives Experiences of the Sublime », British Journal of Aesthetics, 2020, ayaa030, https://doi.org/10.1093/aesthj/ayaa030