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UE499 - Genre, corps et sexualité dans l’Europe du Sud-Est et au Moyen Orient. Chantiers de recherche


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 6
    annuel / mensuel (2e), lundi 15:00-19:00
    du 14 décembre 2020 au 14 juin 2021


Description


Dernière modification : 6 mai 2021 15:23

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Droit et société, Géographie, Histoire, Langues, Méthodes et techniques des sciences sociales, Signes, formes, représentations, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Action publique Administration Affects Analyse de discours Anthropologie Archives Biologie et société Biopolitique Cinéma Classes sociales Coloniales (études) Corps Droit, normes et société Émotions Famille Féminisme Genre Histoire Inégalités Islam Minorités Mobilisation(s) Sexualité Sociologie
Aires culturelles
Arabe (monde) Europe Europe centrale et orientale Europe sud-orientale Iranien (monde) Maghreb Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Transméditerranée Transnational/transfrontières Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Fabio Giomi [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Gianfranco Bria   chargé de recherche, Université ‘La Sapienza’
  • Aylin Yesim Altunbulak   doctorante, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Zeynep Bursa-Millet   ATER, Université Paris Nanterre

Le cycle de séminaires aura pour but de présenter et de discuter des recherches en cours qui portent sur l’Europe du Sud-Est ou le Moyen Orient, et mobilisant le genre, le corps et la sexualité. Au cours des dernières décennies, les travaux de chercheuses et chercheurs dans des disciplines fort différentes (sociologie, science politique, histoire, anthropologie, géographie etc.) ont accordé à ces trois catégories une place de plus en plus importante dans les études sur ces aires culturelles, contribuant à mettre en lumière des relations de pouvoir et des hiérarchies autrement vouées à rester invisibles. Ces recherches ont non seulement contribué à enrichir la réflexion sur le genre, le corps et la sexualité au sein des sciences sociales, mais aussi abouti à réinterroger la notion même d’aire culturelle.

Ce séminaire veut en premier lieu fédérer les activités du Champ études de genre du Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), tout en étant ouvert à toutes et tous. Son programme sera défini en fonction des intérêts scientifiques des participant·e·s, qui seront appelé·e·s à prendre une part active dans l’organisation et l’animation des séances. Plusieurs formats pourront être explorés : atelier de lecture, présentation des travaux en cours, intervention de collègues extérieurs, etc.

14 décembre 2020 : Geste artistique, genre et politique. Le cas iranien

Cette première séance s’ouvrira avec une table ronde réunissant les participant·e·s pour discuter du programme de cette année, ainsi que des activités du Champ études de genre du CETOBaC plus en général. Nous aurons ensuite le plaisir d'écouter la communication suivante :

  • Aylin Altunbulak (EHESS, CETOBaC), « Renverser le regard. Pratiques documentaires en espace public urbain téhéranais »

Une nouvelle vague du cinéma documentaire en Iran provoque aujourd’hui des tensions entre la répression politique et l’intervention artistique, entre le récit officiel et la mémoire individuelle, entre les représentations des corps et la purification culturelle imposée par l’État. Elle remet en cause la surveillance de l’espace public et les restrictions sur l'expression cinématographique. Il s’agit d’une vague de cinéma documentaire urbain, portée principalement par des jeunes femmes, notamment Mahnaz Afzali, Shirin Barghnavard, Sahar Salahshoor, Firouzeh Khosrovani et bien d’autres. Celles-ci pratiquent un cinéma non conventionnel dans les rues, les parcs, et même les toilettes publiques. Cette communication propose d'observer les gestes politiques déguisés en pratiques artistiques et la projection des corps coincés entre le public et l'invisible. La communication sera accompagnée par la projection et l'analyse d’extraits des films documentaires concernés.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les textes suivants disponibles ici

  • Laura Mulvey, « Visual Pleasure and Narrative Cinema », Screen, 16/3, Autumn 1975, p. 6-18.

  • Iris Brey, Le regard féminin, Éditions de l’Olivier, Paris, 2020, « Introduction », p. 9-20 et « Du male gaze au female gaze », p. 21-50.

  • Agnès Devictor, « Corps codés, corps filmés : le contrôle du corps des femmes dans le cinéma de la République islamique d’Iran », Culture & Musées, n°7, 2006, p. 117-134. 

11 janvier 2021 : Genre, agentivité et incorporation. Balkans et Moyen Orient 

Cette séance se penche sur l’articulation entre deux concepts qui ont profondément influencé les études de genre et les sciences sociales plus en général : celui d’agentivité (agency) et celui d'incorporation. Si le premier indique la faculté d’agir d’un être, sa capacité d’être acteur·ice dans le monde et de transformer ce qui l’entoure, le deuxième nous rappelle que ces actions impliquent toujours l’entremise de la corporéité (perceptions, sentiments, gestes etc.).

Le séminaire s’articulera en trois étapes. En premier lieu, nous allons discuter les textes de Saba Mahmood et de Maria Frederika Malmström, deux anthropologues travaillant sur des terrains moyen-orientaux, égyptiens en particulier. La mise en relation de leur textes ne servira pas exclusivement à explorer les débats sur incorporation et subjectivation, mais aussi à s’interroger sur la pertinence du concept d’agency, forgé originairement au sein de l’épistémologie féministe occidentale, pour comprendre des phénomènes non-occidentaux.  La séance continue ensuite avec les communications suivantes : 

  • Nathalie Clayer (CETOBaC, CNRS/EHESS), « Pouvoir, autorité et corps : les transformations de l’islam dans le Sud-Est de l’Europe entre le XXe et le XXIe siècle »

La communication vise à présenter les enjeux théoriques, ainsi que certains cas d’étude, du numéro spécial de la revue Occhiali’ – Rivista sul Mediterraneo islamico. Dans ce numéro, sorti en 2019, la question du corps s’y déploie sous des aspects différents, que ce soit au niveau d’un rituel, d’un rapport entre le port d’un maillot, de gestes symboliques, des discours ou des pratiques religieuses, ou encore au niveau du placement et du déplacement des corps dans l’espace, au contact d’autres corps ou non. Cette approche nous permet donc de ne pas nous contenir à la sphère strictement religieuse et d’observer la question de l’islam, et plus généralement du croire chez les musulmans, à l’intersection de différentes sphères, au-delà des interactions religieuses.

  • Nora Repo-Saeed (Abo Akademi University, Finlande), « Genre, corps et expériences ethnographiques en Macédoine du Nord »

La communication propose des réflexions ethnographiques sur le genre, le corps et le travail de terrain à partir de mes recherches en Macédoine du Nord parmi les femmes musulmanes albanaises. Il s’agira en premier lieu d’examiner brièvement les développements récents dans le domaine des études religieuses islamiques quant au genre et au corps. Mes observations empiriques sont basées sur des entretiens avec les femmes et les autres informateurs sur place, ainsi qu’à l’observation participante en Macédoine du Nord. A partir de là, il s’agira de démontrer comment les concepts de genre et de corps sont entrelacés et omniprésents dans le travail ethnographique. 

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les textes disponibles ici

  • Gianfranco Bria et Clayer Nathalie (ed.), “Power, authority and body: Islam’s transformations in South-East Europe between XX and XXI centuries”, Occhialì. Rivista sul Mediterraneo islamico, 5 (2019), pp. 1-7. 

  • Saba Mahmood, “Feminist Theory, Embodiment, and the Docile Agent: Some Reflections on the Egyptian Islamic Revival”, Cultural Anthropology, May, 2001, Vol. 16, No. 2 (May, 2001), pp. 202-236. 

  • Maria Frederika Malmström, “Gender, agency, and embodiment theories in relation to space”, Égypte/Monde arabe, 9 (2012), pp. 21-35.

  • Nora Repo, “Everyday lived Islam: religiosities and identities of Muslim women in the Republic of Macedonia”, Journal of Contemporary Religion, 32:3 (2017), pp. 417-430.

8 février 2021 : Le genre des conservatismes en Turquie. Corps et objets à l’épreuve de l’espace public

Cette séance a pour ambition d’étudier les phénomènes conservateurs de la Turquie depuis les années 1960 à nos jours. Très vague depuis son usage courant, ce mot « conservatisme » est souvent associé à « une période de transition » ou « une interprétation modérée » de l’histoire de l’islamisme politique en Turquie. Notre but est par ailleurs de développer une réflexion sur la place de la culture matérielle dans l’affirmation du conservatisme en nous inscrivant dans une sociologie historique et une anthropologie du politique sur la Turquie contemporaine. Pour réfléchir sur les points d’intersection entre le conservatisme culturel, politique ou quotidien dans une perspective de genre, nous allons mettre en question les aspects matérialisés non seulement de la présentation de soi mais aussi de sa politisation. Dès lors, le rapport entre le corps et l’objet sera priorisé pour comprendre la concrétisation de « l’argument conservateur », les objets identificatoires tels que le voile islamique, la « moustache amande » ou bien les chapelets vont devenir des véritables champs d’étude.  La séance sera structurée en deux parties:

  • Ozan Soybakis (EHESS, CESPRA), « Repenser la masculinité politique : le corps comme espace-vivant et la matérialisation de l’argument ‘conservateur’ dans la Turquie actuelle »

De nombreuses études sur la masculinité politique et les conservatismes se concentrent sur les aspects idéologiques de ces derniers afin d’expliquer les conditions socio-culturelles et politiques qui leur permettent d’exister. Basées sur « les pensées » et les discours des acteurs ou des régimes politiques, ces approches ne risquent d’enfermer la réalité sociale que dans une somme des représentations. Dans cet exposé, nous allons essayer de repenser ces notions, de les redéfinir si nécessaire, sur l’exemple turc pour défendre la place majeure du corps et de la matérialité dans la conception de la masculinité politique (conservatrice). Lors de cette intervention, nous allons argumenter que la masculinité politique n’est pas seulement la somme des discours d’un groupe d’hommes, dirigés par des schèmes de pensées qui émettent des avis sur certains thèmes sociaux croisant les sexes, le genre ou les sexualités, qui défendent une idéologie ou qui possèdent certains conflits historiques collectifs et des jugements de valeurs. Cette masculinité politique est l’expression actionnelle, corporelle et décorative même de cette somme « argumentative » en mettant en scène une sphère performative où le corps, l’action et l’objet sont relationnellement « maillés ». Ainsi, cette masculinité dépasse, dans notre perspective, l’argument politique des hommes ou des masculinités en se distinguant principalement par sa caractéristique d’être un « espace-vivant » qui se crée, sans cesse, une économie des symboles qui met le corps, l’objet et l’action à la fois dans une conversation et une épreuve perpétuelles.

  • Zeynep Bursa-Millet (EHESS-CETOBAC, Université Paris Nanterre), « Le voile islamique comme « da’wa » : Le premier engagement d’une nouvelle génération des femmes musulmanes dans les universités turques »

En tant que symbole associé à un ancien régime archaïque et au sous-développement, le voile fut banni des universités et de la fonction publique par la jeune République kémaliste. Après une longue période de silence, l’enjeu du voile a été une problématique majeure de débats de la vie politique turque des années 1980 aux années 2000. Cette communication vise à examiner en détail la décennie 1960, pour laquelle l’enjeu du voile est une période méconnue. Marquée par les mouvements sociaux, cette décennie est également celle des premières revendications émanant d’étudiantes et intellectuelles musulmanes pratiquantes. Cette communication étudie ces revendications par le prisme de plusieurs trajectoires d’étudiantes et d’intellectuelles qui se sont engagées pour le droit de porter le voile dans les universités turques, à Ankara et à Istanbul.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les texts suivaints disponibles ici:

Pour la première partie :

  • Benoît Fliche, « Quand cela tient à un cheveu », Terrain [En ligne], 35 | septembre 2000, mis en ligne le 08 mars 2007, consulté le 27 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/terrain/1133.
  • Didier Fassin et Dominique Memmi, « Le gouvernement de la vie, mode d’emploi ». In Didier Fassin et Dominique Memmi Ed., Le gouvernement des corps, 2004, Paris, EHESS, p. 9-33.

Pour la seconde partie :

  • Fatma Nevra Seggie, Religion and the State in Turkish Universities. The Headscarf Ban, New York, Palgrave Macmillan, 2011, p. 21-41.
  • Merve Kavakci Islam, Headscarf Politics in Turkey. A Postcolonial Reading, New York, Palgrve Macmillan, 2010, p. 13-41.
  • Joan Wallach Scott, The Politics of the Veil, Princeton, Princeton University Press, 2007, “Introduction”, p. 16-35.

15 mars 2021 (Attention, changement de date !): Genre et écriture de soi: Albanie, Yougoslavie, Turquie. Avec Nathalie Clayer (CNRS et EHESS, CETOBaC) Fabio Giomi (CNRS, CETOBaC), Lola Sinoimeri (Université Paris 8) et Ece Zerman (CETOBaC)

A partir d’un champ d’étude désormais bien établi, celui autour de l’écriture de soi, cette séance souhaite questionner la manière dont il est possible d’analyser des pratiques d’écriture féminine en Europe du Sud-Est et en Turquie à l’époque contemporaine. A cette fin, nous nous proposons d’analyser trois typologies d’ego-documents : un roman autobiographique, des mémoires et un journal intime. Ces diverses possibilités de dire « je » nous permettront de montrer comment, à travers l’écriture, des femmes naviguent entre les catégories prétendues immuables telles que les appartenances à un sexe ou à une communauté nationale/confessionnelle. Après une introduction de Nathalie Clayer autour du traitement des trajectoires biographiques par les sciences sociales, la séance sera structurée autour de trois présentations individuelles :  

  • Lola Sinoimeri (Université Paris 8) : Dashuri e huaj d’Elvira Dones. Un parcours migratoire au prisme du genre

Dashuri e huaj (‘Amour étranger’) est le premier roman d’Elvira Dones, paru en 1997 : qualifié par l’autrice elle-même de « profondément autobiographique », il retrace le parcours d’exil à la fin des années 1980 de Klea, double de Dones, de l’Albanie communiste à la Suisse italienne. Il s’agira de voir en quoi l’écriture du parcours migratoire est indissociable de la description d’un bouleversement des rapports sociaux de genre : l’autrice s’emploie dans une grande partie du roman à décrire le climat social totalitaire et patriarcal qui règne dans son pays d’origine et qui l’atteint tout particulièrement, du fait de son statut transgressif et dérangeant de mère divorcée et célibataire. Si l’exil peut être interprété au premier abord comme une forme d’émancipation des normes de genre en vigueur en Albanie communiste, on constate que la réalité est plus complexe et que l’exil implique plutôt une réorganisation des rapports du personnage féminin à ces normes : le stigmate de la traîtresse à la nation est intériorisé par Klea, qui devient dépendante d’un autre homme et subit la violence symbolique et économique en tant que réfugiée albanaise en Suisse. La mise en récit de cet exil constitue alors l’élaboration littéraire d’un point de vue féminin qui outrepasse les frontières et qui, loin de confronter schématiquement deux régimes de genre (le monde « balkanique » et le monde « occidental »), propose une analyse nuancée du parcours d’une femme albanaise immigrée en Europe de l’ouest.

  • Fabio Giomi (CNRS, CETOBaC) : Entre « je » et « nous ». Marica Stankovic, un récit d’engagement féminin, catholique et radical dans la première Yougoslavie

Les « conservatrices » font encore figure de parentes pauvres de l’historiographie sur les femmes et le genre. En Europe du Sud-Est comme ailleurs, on s’intéresse presque toujours aux engagements féminins dans le contexte de la lutte pour les droits civils et sociaux, tandis que les études sur les groupes conservateurs ont d’abord été écrits au masculin, invisibilisant donc leur réalité mixte. Pour aller à l’encontre de ce constat historiographique je me propose d’analyser les mémoires de jeunesse de Marica Stanković, figure de proue de l’Action Catholique dans la première Yougoslavie. Publié à Zagreb sous le titre de Mladost vedrine (‘Jeunesse de sérénité’) en 1944, dans un moment où l’Etat indépendant de Croatie (NDH) connaissait son crépuscule, ce texte présente la particularité de mêler le récit de la jeunesse d’une femme catholique radicale issue d’un milieu populaire de Zagreb avec l’histoire des branches féminines des deux organisations dont elle-même a été l’animatrice, les Orlovi (« Aigles », pendant les années Vingt) et les Križari (« Croisés », pendant les années Trente). A travers ce texte, à la fois biographie individuelle et associative, on essayera de s’interroger sur les spécificités de l’engagement féminin en milieu conservateur. Pourquoi certaines femmes se mobilisent-elles pour défendre un traditionalisme qui se dit fièrement antiféministe et qui, au moins de prime abord, semble contraire à leurs intérêts de femmes ? Comment légitiment-elles un engagement social et politique qui, au niveau discursif, défend l’ordre patriarcal tout en lui posant un défi dans les pratiques ?  

  • Ece Zerman (CETOBaC) : Le journal intime « d'une jeune fille rangée » au début de la République de Turquie

Dans cette présentation, j’essayerai de reconstruire le personnage d’une femme à travers ses écrits dans un carnet retrouvé chez un bouquiniste d’Istanbul. Que nous révèlent ces écrits du for privé sur une jeune femme dont nous ignorons même le vrai prénom ? Comment se situait-elle dans un monde en bouleversement et transformations, en 1928, dans les premières années de la République de la Turquie ? Les deux thématiques dominantes du carnet sont le mariage et la lecture. Dans cette perspective, je m’intéresserai plus particulièrement aux horizons ouverts par la lecture des romans et je suivrai les échos des romans que la jeune femme lisait dans sa vie et son écriture.  En me penchant sur les notes de lectures, les citations et l’usage du lexique, je discuterai ce qui peut être emprunté à la littérature ou ce qu’elle retient de ses lectures. Ce petit carnet isolé de son contexte de production et d’archivage permettra aussi de réfléchir plus globalement sur la place des femmes dans les archives privées.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les textes disponibles ici:

  • Isabelle Luciani, « Femmes et récits de soi. Un champ méditerranéen entre assignations, appropriations et action (XVIe-XXIe siècle) ? », Rives méditerranéennes, 52, 2016, p. 15-33.
  • Valérie Raoul, « Women and Diaries: Gender and Genre », Mosaic: An Interdisciplinary Critical Journal, Summer 1989, Vol. 22, No. 3, 1989, p. 57-65.

12 avril 2021 : Etudes trans et engagements féministes. Turquie et Egypte, avec Gizem bilal, Çağdaş Bilir et Anna Cichocki

Cette séance s'intéresse à trois recherches de master en cours sur la Turquie et l'Egypte contemporaines. La première partie de la séance sera consacrée aux études trans, un domaine de recherche longtemps négligé par les études sur le genre et par les sciences sociales plus en général. Gizem bilal et Çağdaş Bilir, tout.es deux travaillant sur les femmes trans’ en Turquie, visent à cerner les spécificités du langage et des stratégies politiques de ces dernières, en les appréhendant comme actrices à part entière du monde social. Lors de la deuxième partie de la séance, Anna Cichocki présentera ses recherches en cours sur le blog féministe Daftar Hekayat, et sur la façon dont les questions d’enfermement, d’engagement et de violence le tranversent. Plus précisément :

Çağdaş Bilir (EHESS, CETOBaC): Politisation process of trans women in Turkey and the effect of local politics on their identity

This presentation will provide a brief history of trans women in Turkey and their process of becoming political actors within the LGBTI movement and the left. The presentation mainly emphasises the discussions around the politicisation of trans women, and how the daily life politics, the current conjoncture and the official ideology in Turkey affect their construction of a new self - as a political individual and as a hatred community in search of justice and equality. More broadly, the research explores how the interactions within the trans community and the systematic discrimination in the society shape their political views and their critical positions in both feminist and LGBTI movements in Turkey.


Gizem bilal (EHESS, CETOBaC): Performer le langage : l’usage du Lubunca chez les travailleuses du sexe trans’ en Turquie
En Turquie, les travailleuses du sexe trans’ (à partir de maintenant je vais utiliser l’abréviation « TDST ») communiquent en Lubunca, une variété linguistique qu’on peut qualifier de « sociolecte ». Le Lubunca est inventé par des TDST pour des raisons de sécurité et compte à peu près 400 mots à son lexique. Même si aujourd’hui les personnes dans la communauté LGBTI+, et surtout les personnes militantes, maîtrisent des notions du Lubunca, ce sont les TDST qui ont un usage total de ce sociolecte. Les TDST font vivre le Lubunca par l’interaction continue en groupe dans des espaces physiques où se trouvent leurs lieux d’habitation—qui sont également très souvent leurs lieux de travail. La création de quartiers de travail du sexe, soutenu par la jeune république de Turquie, a mené à l’émergence du Lubunca, parfois appelé Lubunyaca ou Lubunya dili (« langue des lubunya »). Avec cette courte présentation, je vais partager mes premières pistes de réflexion à partir de cinq entretiens que j’ai réalisés avec des TDST de Turquie.

Anna Cichocki (EHESS, CETOBaC): Violences, enfermements, engagements. Le cas de Daftar Hekayat, blog égyptien féministe
Daftar Hekayat – Cahier d’histoires, en arabe – est un blog égyptien créé en juillet 2020 par une équipe de femmes féministes égyptiennes dont l’identité reste à ce jour inconnue. Cet anonymat, ainsi que le format même du blog, sont autant d’outils utilisés par les créatrices pour échapper à la répression intense des autorités égyptiennes. Cet auto-enfermement permet à l’équipe du blog de recueillir et compiler des témoignages – eux aussi, anonymes – de personnes qui ont été exposées à des violences sexuelles. Ainsi, Daftar Hekayat agit à la fois comme un espace protégé d’accueil d’une parole spécifique, et comme une forme d’archive vivante. En présentant un état des lieux de mes recherches en cours, il s’agira de réfléchir à la manière dont les questions d’enfermement, d’engagement et de violence traversent, animent et influencent Daftar Hekayat. Quels engagements se manifestent dans et à travers du blog ? Comment le contexte égyptien, avec toutes les violences et enfermements qu’il suppose, influence-t-il ces engagements et leurs modalités ? En d’autres termes : comment violence, enfermement et engagement s’articulent-ils les uns aux autres ?

Pour mieux nourrir la discussion, voici une liste de lectures téléchargeables ici:

  • Ruth Pearce, Sonja Erikainen, Ben Vincent, "TERF wars: An introduction", dans Ruth Pearce, Sonja Erikainen, Ben Vincent (sous la direction de), "TERF Wars: Feminism and the fight for transgender futures", The Sociological Review, Vol. 68(4), 2020, p. 677– 698.
  • Emmanuel Beaubatie, "Trans'", dans Juliette Rennes (sous la direction de), Encyclopédie critique du genre, Paris, La Découverte, 2016, p. 640-648.
  • Marta Agosti, "Shame a Litmus Test to the Revolutionary Affects: The Female Protestor and the Reconfiguration of Gender Normativity“. Middle East - Topics & Arguments, Bd. 14, 2020, p. 66-76.

10 mai 2021 : Du corps-artiste au corps-sujet (queer) en art visuel : Palestine, Turquie, avec Duygu Ula et Marion Slitine

Cette séance s’intéresse au travail de plusieurs artistes visuel.les contemporain.es de Palestine et de Turquie et à leur façon de renouveler la perception du corps et de son environnement politique. Elle sera structurée en deux parties :

  • Duygu Ula (Barnard College/Columbia University), Constructing a Local Queer Aesthetics: Nilbar Gures's Installation and Visual Art

My talk will focus on visual artwork by Nilbar Gures, a queer, feminist contemporary artist from Turkey. Through my close readings of her recent installation and visual work, I will argue that the way Gures repurposes traditional materials (like items from her dowry) by imbuing them with a queer currency of desire creates a visual archive of local queer aesthetics that deconstructs and reimagines both national discourses of women's sexuality, and western-centric discourses of homosexuality. I will also contextualize Gures's work within the context of queer contemporary art from Turkey, that for the most part focuses on representations of male homoerotic narratives.

  • Marion Slitine (EHESS/CNE - MuCEM). Créativités urbaines à Gaza (Palestine). Pratiques artistiques performatives dans l’espace public d'une ville sous embargo

Fondée sur un terrain ethnographique dans le cadre d'une thèse en anthropologie à l'EHESS, cette communication reviendra sur plusieurs pratiques artistiques dans l’espace public urbain à Gaza, une ville palestinienne sous embargo israélien. Ces formes artistiques inédites investissent – voire occupent d’une manière symbolique – différents niveaux de la ville et interrogent la place du corps performatif et le rôle de l’artiste dans un territoire occupé sous domination coloniale, tout en questionnant plus largement la notion de résistance artistique.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les articles suivants disponibles ici :

  • Amelia Jones, « Survey. [Go] back to the body, which is where all the splits in Western culture occur » dans Tracey Warr (sous la direction de), The Artist’s Body, Londres, Phaidon, 2000, p. 17-47.
  • Anne-Laure Amilhat Szary, « L’artiste passe-muraille? », EspacesTemps.net, 2013, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01576843
  • Marion Slitine, « Pratiques de l’art contemporain à Gaza : entre blocus et mondialisation », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Vol. 142, 2017, p. 109‐128.

Deux autres textes autour des féminismes en Palestine peuvent intéresser certain.e.s d’entre vous :

  •  Marteu Élisabeth, « Féminismes israéliens et palestiniens : questions postcoloniales », Revue Tiers Monde, n° 209(1), 2012, p. 71-88.
  • Stéphanie Latte Abdallah, « Des féminités mobilisées et incarcérées en Palestine », Critique internationale, n° 60(3), 2013, p. 53-69.

Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
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Informations pratiques

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Direction de travaux des étudiants
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Réception des candidats
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Pré-requis
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Compte rendu


Le cycle de séminaires de cette année a eu pour but de présenter et discuter des recherches en cours qui portent sur l’Europe du Sud-Est ou le Moyen Orient, et mobilisant le genre, le corps et la sexualité comme catégories d’analyse fondamentales. Avec une focale large, et dans une démarche exploratoire, les étudiant.es de master et de doctorat ainsi que les jeunes chercheur.e.s et les chercheur.e.s plus expérimenté.e.s se sont retrouvé.e.s pour discuter des évolutions de la recherche contemporaine dans les différentes disciplines et champs de recherche représentées à l’EHESS. Étant donné les contraintes sanitaires, le séminaire a eu lieu en ligne via les plateformes Big Blue Button et Zoom.

Au format fort variable, les séances ont été généralement organisées en deux parties : une première partie consacrée à la présentation de recherches empiriques individuelles ; une deuxième partie dédiée à la discussion des concepts et de la théorie. Au fil des mois, le séminaire nous a permis de toucher les concepts et thématiques principales qui ont structuré ces champs d'étude : le regard, le geste , le corps, l’agentivité, l’incorporation, les traditions politiques, l’espace public, la masculinité, le fait religieux, l’écriture de soi, la migration, l’engagement, les identités et les transidentités, le langage, la performance, la violence, l’archive, la queerness, les arts visuelles et performatives. Le séminaire a accueilli une vingtaine de participant.es et une partie d’elles/eux a validé le séminaire dans le cadre des activités pédagogiques de l’EHESS ou d’autres établissements.

Ce séminaire a aussi eu comme but celui de fédérer les activités du Champ études de genre du Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), et de promouvoir des formes de travail collectif. Pendant l’année universitaire 2021-2022, le séminaire va continuer en s’intéressant plus précisément à l’articulation entre genre et cultures matérielles en Europe du Sud-Est et au Moyen Orient. En continuité avec les pistes qui ont été esquissées cette année, il s’agira de réfléchir à la manière dont les caractéristiques physiques des objets agissent sur les personnes qui les manipulent pour en influencer l'action et la création de sens en matière de rapports sociaux de sexe, et vice versa. La réflexion continue donc à travers des études de cas centrés sur les objets, pour montrer comment la matérialité traduit et produit des modes d’appartenance – de genre, sexuelles, mais aussi nationales, religieuses, et de classe – au sein des sociétés balkaniques et moyen orientales contemporaines.

Publications

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Dernière modification : 6 mai 2021 15:23

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Droit et société, Géographie, Histoire, Langues, Méthodes et techniques des sciences sociales, Signes, formes, représentations, Sociologie
Page web
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anglais français
Mots-clés
Action publique Administration Affects Analyse de discours Anthropologie Archives Biologie et société Biopolitique Cinéma Classes sociales Coloniales (études) Corps Droit, normes et société Émotions Famille Féminisme Genre Histoire Inégalités Islam Minorités Mobilisation(s) Sexualité Sociologie
Aires culturelles
Arabe (monde) Europe Europe centrale et orientale Europe sud-orientale Iranien (monde) Maghreb Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Transméditerranée Transnational/transfrontières Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Fabio Giomi [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Gianfranco Bria   chargé de recherche, Université ‘La Sapienza’
  • Aylin Yesim Altunbulak   doctorante, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Zeynep Bursa-Millet   ATER, Université Paris Nanterre

Le cycle de séminaires aura pour but de présenter et de discuter des recherches en cours qui portent sur l’Europe du Sud-Est ou le Moyen Orient, et mobilisant le genre, le corps et la sexualité. Au cours des dernières décennies, les travaux de chercheuses et chercheurs dans des disciplines fort différentes (sociologie, science politique, histoire, anthropologie, géographie etc.) ont accordé à ces trois catégories une place de plus en plus importante dans les études sur ces aires culturelles, contribuant à mettre en lumière des relations de pouvoir et des hiérarchies autrement vouées à rester invisibles. Ces recherches ont non seulement contribué à enrichir la réflexion sur le genre, le corps et la sexualité au sein des sciences sociales, mais aussi abouti à réinterroger la notion même d’aire culturelle.

Ce séminaire veut en premier lieu fédérer les activités du Champ études de genre du Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), tout en étant ouvert à toutes et tous. Son programme sera défini en fonction des intérêts scientifiques des participant·e·s, qui seront appelé·e·s à prendre une part active dans l’organisation et l’animation des séances. Plusieurs formats pourront être explorés : atelier de lecture, présentation des travaux en cours, intervention de collègues extérieurs, etc.

14 décembre 2020 : Geste artistique, genre et politique. Le cas iranien

Cette première séance s’ouvrira avec une table ronde réunissant les participant·e·s pour discuter du programme de cette année, ainsi que des activités du Champ études de genre du CETOBaC plus en général. Nous aurons ensuite le plaisir d'écouter la communication suivante :

  • Aylin Altunbulak (EHESS, CETOBaC), « Renverser le regard. Pratiques documentaires en espace public urbain téhéranais »

Une nouvelle vague du cinéma documentaire en Iran provoque aujourd’hui des tensions entre la répression politique et l’intervention artistique, entre le récit officiel et la mémoire individuelle, entre les représentations des corps et la purification culturelle imposée par l’État. Elle remet en cause la surveillance de l’espace public et les restrictions sur l'expression cinématographique. Il s’agit d’une vague de cinéma documentaire urbain, portée principalement par des jeunes femmes, notamment Mahnaz Afzali, Shirin Barghnavard, Sahar Salahshoor, Firouzeh Khosrovani et bien d’autres. Celles-ci pratiquent un cinéma non conventionnel dans les rues, les parcs, et même les toilettes publiques. Cette communication propose d'observer les gestes politiques déguisés en pratiques artistiques et la projection des corps coincés entre le public et l'invisible. La communication sera accompagnée par la projection et l'analyse d’extraits des films documentaires concernés.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les textes suivants disponibles ici

  • Laura Mulvey, « Visual Pleasure and Narrative Cinema », Screen, 16/3, Autumn 1975, p. 6-18.

  • Iris Brey, Le regard féminin, Éditions de l’Olivier, Paris, 2020, « Introduction », p. 9-20 et « Du male gaze au female gaze », p. 21-50.

  • Agnès Devictor, « Corps codés, corps filmés : le contrôle du corps des femmes dans le cinéma de la République islamique d’Iran », Culture & Musées, n°7, 2006, p. 117-134. 

11 janvier 2021 : Genre, agentivité et incorporation. Balkans et Moyen Orient 

Cette séance se penche sur l’articulation entre deux concepts qui ont profondément influencé les études de genre et les sciences sociales plus en général : celui d’agentivité (agency) et celui d'incorporation. Si le premier indique la faculté d’agir d’un être, sa capacité d’être acteur·ice dans le monde et de transformer ce qui l’entoure, le deuxième nous rappelle que ces actions impliquent toujours l’entremise de la corporéité (perceptions, sentiments, gestes etc.).

Le séminaire s’articulera en trois étapes. En premier lieu, nous allons discuter les textes de Saba Mahmood et de Maria Frederika Malmström, deux anthropologues travaillant sur des terrains moyen-orientaux, égyptiens en particulier. La mise en relation de leur textes ne servira pas exclusivement à explorer les débats sur incorporation et subjectivation, mais aussi à s’interroger sur la pertinence du concept d’agency, forgé originairement au sein de l’épistémologie féministe occidentale, pour comprendre des phénomènes non-occidentaux.  La séance continue ensuite avec les communications suivantes : 

  • Nathalie Clayer (CETOBaC, CNRS/EHESS), « Pouvoir, autorité et corps : les transformations de l’islam dans le Sud-Est de l’Europe entre le XXe et le XXIe siècle »

La communication vise à présenter les enjeux théoriques, ainsi que certains cas d’étude, du numéro spécial de la revue Occhiali’ – Rivista sul Mediterraneo islamico. Dans ce numéro, sorti en 2019, la question du corps s’y déploie sous des aspects différents, que ce soit au niveau d’un rituel, d’un rapport entre le port d’un maillot, de gestes symboliques, des discours ou des pratiques religieuses, ou encore au niveau du placement et du déplacement des corps dans l’espace, au contact d’autres corps ou non. Cette approche nous permet donc de ne pas nous contenir à la sphère strictement religieuse et d’observer la question de l’islam, et plus généralement du croire chez les musulmans, à l’intersection de différentes sphères, au-delà des interactions religieuses.

  • Nora Repo-Saeed (Abo Akademi University, Finlande), « Genre, corps et expériences ethnographiques en Macédoine du Nord »

La communication propose des réflexions ethnographiques sur le genre, le corps et le travail de terrain à partir de mes recherches en Macédoine du Nord parmi les femmes musulmanes albanaises. Il s’agira en premier lieu d’examiner brièvement les développements récents dans le domaine des études religieuses islamiques quant au genre et au corps. Mes observations empiriques sont basées sur des entretiens avec les femmes et les autres informateurs sur place, ainsi qu’à l’observation participante en Macédoine du Nord. A partir de là, il s’agira de démontrer comment les concepts de genre et de corps sont entrelacés et omniprésents dans le travail ethnographique. 

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les textes disponibles ici

  • Gianfranco Bria et Clayer Nathalie (ed.), “Power, authority and body: Islam’s transformations in South-East Europe between XX and XXI centuries”, Occhialì. Rivista sul Mediterraneo islamico, 5 (2019), pp. 1-7. 

  • Saba Mahmood, “Feminist Theory, Embodiment, and the Docile Agent: Some Reflections on the Egyptian Islamic Revival”, Cultural Anthropology, May, 2001, Vol. 16, No. 2 (May, 2001), pp. 202-236. 

  • Maria Frederika Malmström, “Gender, agency, and embodiment theories in relation to space”, Égypte/Monde arabe, 9 (2012), pp. 21-35.

  • Nora Repo, “Everyday lived Islam: religiosities and identities of Muslim women in the Republic of Macedonia”, Journal of Contemporary Religion, 32:3 (2017), pp. 417-430.

8 février 2021 : Le genre des conservatismes en Turquie. Corps et objets à l’épreuve de l’espace public

Cette séance a pour ambition d’étudier les phénomènes conservateurs de la Turquie depuis les années 1960 à nos jours. Très vague depuis son usage courant, ce mot « conservatisme » est souvent associé à « une période de transition » ou « une interprétation modérée » de l’histoire de l’islamisme politique en Turquie. Notre but est par ailleurs de développer une réflexion sur la place de la culture matérielle dans l’affirmation du conservatisme en nous inscrivant dans une sociologie historique et une anthropologie du politique sur la Turquie contemporaine. Pour réfléchir sur les points d’intersection entre le conservatisme culturel, politique ou quotidien dans une perspective de genre, nous allons mettre en question les aspects matérialisés non seulement de la présentation de soi mais aussi de sa politisation. Dès lors, le rapport entre le corps et l’objet sera priorisé pour comprendre la concrétisation de « l’argument conservateur », les objets identificatoires tels que le voile islamique, la « moustache amande » ou bien les chapelets vont devenir des véritables champs d’étude.  La séance sera structurée en deux parties:

  • Ozan Soybakis (EHESS, CESPRA), « Repenser la masculinité politique : le corps comme espace-vivant et la matérialisation de l’argument ‘conservateur’ dans la Turquie actuelle »

De nombreuses études sur la masculinité politique et les conservatismes se concentrent sur les aspects idéologiques de ces derniers afin d’expliquer les conditions socio-culturelles et politiques qui leur permettent d’exister. Basées sur « les pensées » et les discours des acteurs ou des régimes politiques, ces approches ne risquent d’enfermer la réalité sociale que dans une somme des représentations. Dans cet exposé, nous allons essayer de repenser ces notions, de les redéfinir si nécessaire, sur l’exemple turc pour défendre la place majeure du corps et de la matérialité dans la conception de la masculinité politique (conservatrice). Lors de cette intervention, nous allons argumenter que la masculinité politique n’est pas seulement la somme des discours d’un groupe d’hommes, dirigés par des schèmes de pensées qui émettent des avis sur certains thèmes sociaux croisant les sexes, le genre ou les sexualités, qui défendent une idéologie ou qui possèdent certains conflits historiques collectifs et des jugements de valeurs. Cette masculinité politique est l’expression actionnelle, corporelle et décorative même de cette somme « argumentative » en mettant en scène une sphère performative où le corps, l’action et l’objet sont relationnellement « maillés ». Ainsi, cette masculinité dépasse, dans notre perspective, l’argument politique des hommes ou des masculinités en se distinguant principalement par sa caractéristique d’être un « espace-vivant » qui se crée, sans cesse, une économie des symboles qui met le corps, l’objet et l’action à la fois dans une conversation et une épreuve perpétuelles.

  • Zeynep Bursa-Millet (EHESS-CETOBAC, Université Paris Nanterre), « Le voile islamique comme « da’wa » : Le premier engagement d’une nouvelle génération des femmes musulmanes dans les universités turques »

En tant que symbole associé à un ancien régime archaïque et au sous-développement, le voile fut banni des universités et de la fonction publique par la jeune République kémaliste. Après une longue période de silence, l’enjeu du voile a été une problématique majeure de débats de la vie politique turque des années 1980 aux années 2000. Cette communication vise à examiner en détail la décennie 1960, pour laquelle l’enjeu du voile est une période méconnue. Marquée par les mouvements sociaux, cette décennie est également celle des premières revendications émanant d’étudiantes et intellectuelles musulmanes pratiquantes. Cette communication étudie ces revendications par le prisme de plusieurs trajectoires d’étudiantes et d’intellectuelles qui se sont engagées pour le droit de porter le voile dans les universités turques, à Ankara et à Istanbul.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les texts suivaints disponibles ici:

Pour la première partie :

  • Benoît Fliche, « Quand cela tient à un cheveu », Terrain [En ligne], 35 | septembre 2000, mis en ligne le 08 mars 2007, consulté le 27 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/terrain/1133.
  • Didier Fassin et Dominique Memmi, « Le gouvernement de la vie, mode d’emploi ». In Didier Fassin et Dominique Memmi Ed., Le gouvernement des corps, 2004, Paris, EHESS, p. 9-33.

Pour la seconde partie :

  • Fatma Nevra Seggie, Religion and the State in Turkish Universities. The Headscarf Ban, New York, Palgrave Macmillan, 2011, p. 21-41.
  • Merve Kavakci Islam, Headscarf Politics in Turkey. A Postcolonial Reading, New York, Palgrve Macmillan, 2010, p. 13-41.
  • Joan Wallach Scott, The Politics of the Veil, Princeton, Princeton University Press, 2007, “Introduction”, p. 16-35.

15 mars 2021 (Attention, changement de date !): Genre et écriture de soi: Albanie, Yougoslavie, Turquie. Avec Nathalie Clayer (CNRS et EHESS, CETOBaC) Fabio Giomi (CNRS, CETOBaC), Lola Sinoimeri (Université Paris 8) et Ece Zerman (CETOBaC)

A partir d’un champ d’étude désormais bien établi, celui autour de l’écriture de soi, cette séance souhaite questionner la manière dont il est possible d’analyser des pratiques d’écriture féminine en Europe du Sud-Est et en Turquie à l’époque contemporaine. A cette fin, nous nous proposons d’analyser trois typologies d’ego-documents : un roman autobiographique, des mémoires et un journal intime. Ces diverses possibilités de dire « je » nous permettront de montrer comment, à travers l’écriture, des femmes naviguent entre les catégories prétendues immuables telles que les appartenances à un sexe ou à une communauté nationale/confessionnelle. Après une introduction de Nathalie Clayer autour du traitement des trajectoires biographiques par les sciences sociales, la séance sera structurée autour de trois présentations individuelles :  

  • Lola Sinoimeri (Université Paris 8) : Dashuri e huaj d’Elvira Dones. Un parcours migratoire au prisme du genre

Dashuri e huaj (‘Amour étranger’) est le premier roman d’Elvira Dones, paru en 1997 : qualifié par l’autrice elle-même de « profondément autobiographique », il retrace le parcours d’exil à la fin des années 1980 de Klea, double de Dones, de l’Albanie communiste à la Suisse italienne. Il s’agira de voir en quoi l’écriture du parcours migratoire est indissociable de la description d’un bouleversement des rapports sociaux de genre : l’autrice s’emploie dans une grande partie du roman à décrire le climat social totalitaire et patriarcal qui règne dans son pays d’origine et qui l’atteint tout particulièrement, du fait de son statut transgressif et dérangeant de mère divorcée et célibataire. Si l’exil peut être interprété au premier abord comme une forme d’émancipation des normes de genre en vigueur en Albanie communiste, on constate que la réalité est plus complexe et que l’exil implique plutôt une réorganisation des rapports du personnage féminin à ces normes : le stigmate de la traîtresse à la nation est intériorisé par Klea, qui devient dépendante d’un autre homme et subit la violence symbolique et économique en tant que réfugiée albanaise en Suisse. La mise en récit de cet exil constitue alors l’élaboration littéraire d’un point de vue féminin qui outrepasse les frontières et qui, loin de confronter schématiquement deux régimes de genre (le monde « balkanique » et le monde « occidental »), propose une analyse nuancée du parcours d’une femme albanaise immigrée en Europe de l’ouest.

  • Fabio Giomi (CNRS, CETOBaC) : Entre « je » et « nous ». Marica Stankovic, un récit d’engagement féminin, catholique et radical dans la première Yougoslavie

Les « conservatrices » font encore figure de parentes pauvres de l’historiographie sur les femmes et le genre. En Europe du Sud-Est comme ailleurs, on s’intéresse presque toujours aux engagements féminins dans le contexte de la lutte pour les droits civils et sociaux, tandis que les études sur les groupes conservateurs ont d’abord été écrits au masculin, invisibilisant donc leur réalité mixte. Pour aller à l’encontre de ce constat historiographique je me propose d’analyser les mémoires de jeunesse de Marica Stanković, figure de proue de l’Action Catholique dans la première Yougoslavie. Publié à Zagreb sous le titre de Mladost vedrine (‘Jeunesse de sérénité’) en 1944, dans un moment où l’Etat indépendant de Croatie (NDH) connaissait son crépuscule, ce texte présente la particularité de mêler le récit de la jeunesse d’une femme catholique radicale issue d’un milieu populaire de Zagreb avec l’histoire des branches féminines des deux organisations dont elle-même a été l’animatrice, les Orlovi (« Aigles », pendant les années Vingt) et les Križari (« Croisés », pendant les années Trente). A travers ce texte, à la fois biographie individuelle et associative, on essayera de s’interroger sur les spécificités de l’engagement féminin en milieu conservateur. Pourquoi certaines femmes se mobilisent-elles pour défendre un traditionalisme qui se dit fièrement antiféministe et qui, au moins de prime abord, semble contraire à leurs intérêts de femmes ? Comment légitiment-elles un engagement social et politique qui, au niveau discursif, défend l’ordre patriarcal tout en lui posant un défi dans les pratiques ?  

  • Ece Zerman (CETOBaC) : Le journal intime « d'une jeune fille rangée » au début de la République de Turquie

Dans cette présentation, j’essayerai de reconstruire le personnage d’une femme à travers ses écrits dans un carnet retrouvé chez un bouquiniste d’Istanbul. Que nous révèlent ces écrits du for privé sur une jeune femme dont nous ignorons même le vrai prénom ? Comment se situait-elle dans un monde en bouleversement et transformations, en 1928, dans les premières années de la République de la Turquie ? Les deux thématiques dominantes du carnet sont le mariage et la lecture. Dans cette perspective, je m’intéresserai plus particulièrement aux horizons ouverts par la lecture des romans et je suivrai les échos des romans que la jeune femme lisait dans sa vie et son écriture.  En me penchant sur les notes de lectures, les citations et l’usage du lexique, je discuterai ce qui peut être emprunté à la littérature ou ce qu’elle retient de ses lectures. Ce petit carnet isolé de son contexte de production et d’archivage permettra aussi de réfléchir plus globalement sur la place des femmes dans les archives privées.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les textes disponibles ici:

  • Isabelle Luciani, « Femmes et récits de soi. Un champ méditerranéen entre assignations, appropriations et action (XVIe-XXIe siècle) ? », Rives méditerranéennes, 52, 2016, p. 15-33.
  • Valérie Raoul, « Women and Diaries: Gender and Genre », Mosaic: An Interdisciplinary Critical Journal, Summer 1989, Vol. 22, No. 3, 1989, p. 57-65.

12 avril 2021 : Etudes trans et engagements féministes. Turquie et Egypte, avec Gizem bilal, Çağdaş Bilir et Anna Cichocki

Cette séance s'intéresse à trois recherches de master en cours sur la Turquie et l'Egypte contemporaines. La première partie de la séance sera consacrée aux études trans, un domaine de recherche longtemps négligé par les études sur le genre et par les sciences sociales plus en général. Gizem bilal et Çağdaş Bilir, tout.es deux travaillant sur les femmes trans’ en Turquie, visent à cerner les spécificités du langage et des stratégies politiques de ces dernières, en les appréhendant comme actrices à part entière du monde social. Lors de la deuxième partie de la séance, Anna Cichocki présentera ses recherches en cours sur le blog féministe Daftar Hekayat, et sur la façon dont les questions d’enfermement, d’engagement et de violence le tranversent. Plus précisément :

Çağdaş Bilir (EHESS, CETOBaC): Politisation process of trans women in Turkey and the effect of local politics on their identity

This presentation will provide a brief history of trans women in Turkey and their process of becoming political actors within the LGBTI movement and the left. The presentation mainly emphasises the discussions around the politicisation of trans women, and how the daily life politics, the current conjoncture and the official ideology in Turkey affect their construction of a new self - as a political individual and as a hatred community in search of justice and equality. More broadly, the research explores how the interactions within the trans community and the systematic discrimination in the society shape their political views and their critical positions in both feminist and LGBTI movements in Turkey.


Gizem bilal (EHESS, CETOBaC): Performer le langage : l’usage du Lubunca chez les travailleuses du sexe trans’ en Turquie
En Turquie, les travailleuses du sexe trans’ (à partir de maintenant je vais utiliser l’abréviation « TDST ») communiquent en Lubunca, une variété linguistique qu’on peut qualifier de « sociolecte ». Le Lubunca est inventé par des TDST pour des raisons de sécurité et compte à peu près 400 mots à son lexique. Même si aujourd’hui les personnes dans la communauté LGBTI+, et surtout les personnes militantes, maîtrisent des notions du Lubunca, ce sont les TDST qui ont un usage total de ce sociolecte. Les TDST font vivre le Lubunca par l’interaction continue en groupe dans des espaces physiques où se trouvent leurs lieux d’habitation—qui sont également très souvent leurs lieux de travail. La création de quartiers de travail du sexe, soutenu par la jeune république de Turquie, a mené à l’émergence du Lubunca, parfois appelé Lubunyaca ou Lubunya dili (« langue des lubunya »). Avec cette courte présentation, je vais partager mes premières pistes de réflexion à partir de cinq entretiens que j’ai réalisés avec des TDST de Turquie.

Anna Cichocki (EHESS, CETOBaC): Violences, enfermements, engagements. Le cas de Daftar Hekayat, blog égyptien féministe
Daftar Hekayat – Cahier d’histoires, en arabe – est un blog égyptien créé en juillet 2020 par une équipe de femmes féministes égyptiennes dont l’identité reste à ce jour inconnue. Cet anonymat, ainsi que le format même du blog, sont autant d’outils utilisés par les créatrices pour échapper à la répression intense des autorités égyptiennes. Cet auto-enfermement permet à l’équipe du blog de recueillir et compiler des témoignages – eux aussi, anonymes – de personnes qui ont été exposées à des violences sexuelles. Ainsi, Daftar Hekayat agit à la fois comme un espace protégé d’accueil d’une parole spécifique, et comme une forme d’archive vivante. En présentant un état des lieux de mes recherches en cours, il s’agira de réfléchir à la manière dont les questions d’enfermement, d’engagement et de violence traversent, animent et influencent Daftar Hekayat. Quels engagements se manifestent dans et à travers du blog ? Comment le contexte égyptien, avec toutes les violences et enfermements qu’il suppose, influence-t-il ces engagements et leurs modalités ? En d’autres termes : comment violence, enfermement et engagement s’articulent-ils les uns aux autres ?

Pour mieux nourrir la discussion, voici une liste de lectures téléchargeables ici:

  • Ruth Pearce, Sonja Erikainen, Ben Vincent, "TERF wars: An introduction", dans Ruth Pearce, Sonja Erikainen, Ben Vincent (sous la direction de), "TERF Wars: Feminism and the fight for transgender futures", The Sociological Review, Vol. 68(4), 2020, p. 677– 698.
  • Emmanuel Beaubatie, "Trans'", dans Juliette Rennes (sous la direction de), Encyclopédie critique du genre, Paris, La Découverte, 2016, p. 640-648.
  • Marta Agosti, "Shame a Litmus Test to the Revolutionary Affects: The Female Protestor and the Reconfiguration of Gender Normativity“. Middle East - Topics & Arguments, Bd. 14, 2020, p. 66-76.

10 mai 2021 : Du corps-artiste au corps-sujet (queer) en art visuel : Palestine, Turquie, avec Duygu Ula et Marion Slitine

Cette séance s’intéresse au travail de plusieurs artistes visuel.les contemporain.es de Palestine et de Turquie et à leur façon de renouveler la perception du corps et de son environnement politique. Elle sera structurée en deux parties :

  • Duygu Ula (Barnard College/Columbia University), Constructing a Local Queer Aesthetics: Nilbar Gures's Installation and Visual Art

My talk will focus on visual artwork by Nilbar Gures, a queer, feminist contemporary artist from Turkey. Through my close readings of her recent installation and visual work, I will argue that the way Gures repurposes traditional materials (like items from her dowry) by imbuing them with a queer currency of desire creates a visual archive of local queer aesthetics that deconstructs and reimagines both national discourses of women's sexuality, and western-centric discourses of homosexuality. I will also contextualize Gures's work within the context of queer contemporary art from Turkey, that for the most part focuses on representations of male homoerotic narratives.

  • Marion Slitine (EHESS/CNE - MuCEM). Créativités urbaines à Gaza (Palestine). Pratiques artistiques performatives dans l’espace public d'une ville sous embargo

Fondée sur un terrain ethnographique dans le cadre d'une thèse en anthropologie à l'EHESS, cette communication reviendra sur plusieurs pratiques artistiques dans l’espace public urbain à Gaza, une ville palestinienne sous embargo israélien. Ces formes artistiques inédites investissent – voire occupent d’une manière symbolique – différents niveaux de la ville et interrogent la place du corps performatif et le rôle de l’artiste dans un territoire occupé sous domination coloniale, tout en questionnant plus largement la notion de résistance artistique.

Afin de mieux contribuer à la discussion, les participant·e·s sont invité·e·s, s'ils/elles le souhaitent, à lire les articles suivants disponibles ici :

  • Amelia Jones, « Survey. [Go] back to the body, which is where all the splits in Western culture occur » dans Tracey Warr (sous la direction de), The Artist’s Body, Londres, Phaidon, 2000, p. 17-47.
  • Anne-Laure Amilhat Szary, « L’artiste passe-muraille? », EspacesTemps.net, 2013, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01576843
  • Marion Slitine, « Pratiques de l’art contemporain à Gaza : entre blocus et mondialisation », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Vol. 142, 2017, p. 109‐128.

Deux autres textes autour des féminismes en Palestine peuvent intéresser certain.e.s d’entre vous :

  •  Marteu Élisabeth, « Féminismes israéliens et palestiniens : questions postcoloniales », Revue Tiers Monde, n° 209(1), 2012, p. 71-88.
  • Stéphanie Latte Abdallah, « Des féminités mobilisées et incarcérées en Palestine », Critique internationale, n° 60(3), 2013, p. 53-69.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
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Informations pratiques

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Direction de travaux des étudiants
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Réception des candidats
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Pré-requis
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  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 6
    annuel / mensuel (2e), lundi 15:00-19:00
    du 14 décembre 2020 au 14 juin 2021

Le cycle de séminaires de cette année a eu pour but de présenter et discuter des recherches en cours qui portent sur l’Europe du Sud-Est ou le Moyen Orient, et mobilisant le genre, le corps et la sexualité comme catégories d’analyse fondamentales. Avec une focale large, et dans une démarche exploratoire, les étudiant.es de master et de doctorat ainsi que les jeunes chercheur.e.s et les chercheur.e.s plus expérimenté.e.s se sont retrouvé.e.s pour discuter des évolutions de la recherche contemporaine dans les différentes disciplines et champs de recherche représentées à l’EHESS. Étant donné les contraintes sanitaires, le séminaire a eu lieu en ligne via les plateformes Big Blue Button et Zoom.

Au format fort variable, les séances ont été généralement organisées en deux parties : une première partie consacrée à la présentation de recherches empiriques individuelles ; une deuxième partie dédiée à la discussion des concepts et de la théorie. Au fil des mois, le séminaire nous a permis de toucher les concepts et thématiques principales qui ont structuré ces champs d'étude : le regard, le geste , le corps, l’agentivité, l’incorporation, les traditions politiques, l’espace public, la masculinité, le fait religieux, l’écriture de soi, la migration, l’engagement, les identités et les transidentités, le langage, la performance, la violence, l’archive, la queerness, les arts visuelles et performatives. Le séminaire a accueilli une vingtaine de participant.es et une partie d’elles/eux a validé le séminaire dans le cadre des activités pédagogiques de l’EHESS ou d’autres établissements.

Ce séminaire a aussi eu comme but celui de fédérer les activités du Champ études de genre du Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), et de promouvoir des formes de travail collectif. Pendant l’année universitaire 2021-2022, le séminaire va continuer en s’intéressant plus précisément à l’articulation entre genre et cultures matérielles en Europe du Sud-Est et au Moyen Orient. En continuité avec les pistes qui ont été esquissées cette année, il s’agira de réfléchir à la manière dont les caractéristiques physiques des objets agissent sur les personnes qui les manipulent pour en influencer l'action et la création de sens en matière de rapports sociaux de sexe, et vice versa. La réflexion continue donc à travers des études de cas centrés sur les objets, pour montrer comment la matérialité traduit et produit des modes d’appartenance – de genre, sexuelles, mais aussi nationales, religieuses, et de classe – au sein des sociétés balkaniques et moyen orientales contemporaines.

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