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UE465 - Anthropologie de l’État, anthropologie contre l’État


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 2
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 15:00-17:00
    du 12 novembre 2020 au 24 juin 2021


Description


Dernière modification : 13 juillet 2020 08:26

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anarchisme Anthropologie sociale Coloniales (études) État et politiques publiques Minorités
Aires culturelles
Amérique du Sud
Intervenant·e·s
  • Olivier Allard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Le séminaire sera consacré à la confrontation de différentes approches anthropologiques qui tournent autour de l’État : les enquêtes sur son fonctionnement interne, sur les interactions entre acteurs et usagers de la bureaucratie, sur le gouvernement des populations (notamment en situation coloniale), mais aussi toutes les recherches sur les manières de vivre censées empêcher l’émergence d’un pouvoir centralisé ou permettre d’échapper à son emprise (de Pierre Clastres à James Scott, par exemple).

Deux questions particulières seront privilégiées cette année. D’une part, nous nous intéresserons aux activités illégales, telles que la corruption ou la contrebande, dont l’étude permet souvent de mettre en question une vision monolithique de l’État coupé de la société (comme l’a montré Akhil Gupta). D’autre part, nous aborderons le cas de populations ou de groupes longtemps considérés comme étant essentiellement « contre l’État », par exemple en Amazonie indigène. Nous verrons qu’ils cherchent souvent à avoir accès aux ressources étatiques, qu’ils ont parfois dû transformer considérablement leur organisation sociale et politique, et nous réfléchirons à ce que peut bien signifier positivement le refus de l’État. Ces cas nous conduiront à discuter certains malentendus liés au caractère souvent flottant du concept d’État en anthropologie.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Étude comparative du développement – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

ouvert aux étudiant·e·s de master et doctorat. 


Compte rendu


Le séminaire avait pour but de confronter différentes approches anthropologiques qui tournent autour de l’État. D’un côté, les enquêtes sur son fonctionnement interne et sur les interactions entre acteurs et usagers de la bureaucratie (anthropologie « de » l’État). D’un autre côté, toutes les recherches sur les manières de vivre censées empêcher l’émergence d’un pouvoir centralisé ou permettre d’échapper à son emprise (anthropologie « contre » l’État). Nous étions en effet partis du constat que ce deuxième champ de recherche, dont le premier représentant est sans doute Pierre Clastres, conservait une conception très abstraite, souvent assez floue ou au contraire totalement réifiée, de l’État. Or, les populations qui sont réputées refuser l’État, comme les Amérindiens des basses terres d’Amérique du Sud, sont aujourd’hui fréquemment en interaction constante avec des institutions et des acteurs étatiques, dont ils peuvent aussi attendre des ressources et un appui. Si l’on s’interdit de dire qu’ils basculent du côté de l’État – ce qui serait un peu rapide et normatif –, il est donc nécessaire de s’intéresser à des relations complexes et ambivalentes.

Le séminaire a été divisé en deux volets principaux. Le premier a été consacré à l’anthropologie de l’illégalité, première entrée permettant de contester le caractère faussement évident des frontières de l’État : on n’est jamais simplement « hors-la-loi », comme si la légalité et l’État avaient un « extérieur » simple à définir. Nous nous sommes donc intéressés notamment à la corruption, puis à la contrebande et à la migration, en discutant les travaux de D. Bocarejo, R. Galemba, J. Heyman, M. Reeves, A. Wilson, A. Simpson, J. Roitman, ainsi qu’en présentant nos propres recherches sur le delta de l’Orénoque (Venezuela-Guyana). Le deuxième volet a été consacré plus spécifiquement aux populations que l’on peut qualifier d’« indigènes », vues comme celles qui ont typiquement été « contre l’État », mais aussi qui ont fait l’objet de modes de gouvernement spécifiques. Dans cette perspective, nous avons discuté les travaux de J. Scott, en les confrontant notamment à ceux de T. Murray Li : comme de nombreux autres anthropologues contemporains, celle-ci s’est intéressée à la gouvernementalité plus qu’à l’État, dans une filiation foucaldienne. Nous avons également vu comment la chefferie traditionnelle ou le droit coutumier étaient des institutions toujours à la fois reconnues mais aussi inventées par l’ordre colonial. À l’opposé de ces institutions censées garantir l’ordre social, le désordre peut représenter une valeur locale, même si les anthropologues ont eu du mal à le prendre en compte, comme l’ont montré J. Scheele et J. Brachet. Enfin, la dernière séance a été consacrée à une intervention de Lise Foisneau sur le thème : « Ouvrir une “place” et la tenir : négociations de l’espace par un collectif romani sur le territoire d’un État-nation ».

 

Publications
  • « Fuites frontalières entre le Guyana et le Venezuela : migrations et contrebande dans un village amérindien », Cahiers des Amériques latines, 2020, 93, p. 29-48.
  • « Faut-il encore lire Clastres ? », L’Homme. Revue française d’anthropologie, 2020, 236, p. 159-176.
  • « Los “refugiados” warao de Venezuela en una comunidad indígena de Guyana: la complejidad de la movilidad en las zonas fronterizas », Revista EntreRios. Revista do Programa de Pós-Graduação em Antropologia da Universidade Federal do Piauí, 2020, 3(2), p. 72-88.

Dernière modification : 13 juillet 2020 08:26

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anarchisme Anthropologie sociale Coloniales (études) État et politiques publiques Minorités
Aires culturelles
Amérique du Sud
Intervenant·e·s
  • Olivier Allard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Le séminaire sera consacré à la confrontation de différentes approches anthropologiques qui tournent autour de l’État : les enquêtes sur son fonctionnement interne, sur les interactions entre acteurs et usagers de la bureaucratie, sur le gouvernement des populations (notamment en situation coloniale), mais aussi toutes les recherches sur les manières de vivre censées empêcher l’émergence d’un pouvoir centralisé ou permettre d’échapper à son emprise (de Pierre Clastres à James Scott, par exemple).

Deux questions particulières seront privilégiées cette année. D’une part, nous nous intéresserons aux activités illégales, telles que la corruption ou la contrebande, dont l’étude permet souvent de mettre en question une vision monolithique de l’État coupé de la société (comme l’a montré Akhil Gupta). D’autre part, nous aborderons le cas de populations ou de groupes longtemps considérés comme étant essentiellement « contre l’État », par exemple en Amazonie indigène. Nous verrons qu’ils cherchent souvent à avoir accès aux ressources étatiques, qu’ils ont parfois dû transformer considérablement leur organisation sociale et politique, et nous réfléchirons à ce que peut bien signifier positivement le refus de l’État. Ces cas nous conduiront à discuter certains malentendus liés au caractère souvent flottant du concept d’État en anthropologie.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Étude comparative du développement – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

ouvert aux étudiant·e·s de master et doctorat. 

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 2
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 15:00-17:00
    du 12 novembre 2020 au 24 juin 2021

Le séminaire avait pour but de confronter différentes approches anthropologiques qui tournent autour de l’État. D’un côté, les enquêtes sur son fonctionnement interne et sur les interactions entre acteurs et usagers de la bureaucratie (anthropologie « de » l’État). D’un autre côté, toutes les recherches sur les manières de vivre censées empêcher l’émergence d’un pouvoir centralisé ou permettre d’échapper à son emprise (anthropologie « contre » l’État). Nous étions en effet partis du constat que ce deuxième champ de recherche, dont le premier représentant est sans doute Pierre Clastres, conservait une conception très abstraite, souvent assez floue ou au contraire totalement réifiée, de l’État. Or, les populations qui sont réputées refuser l’État, comme les Amérindiens des basses terres d’Amérique du Sud, sont aujourd’hui fréquemment en interaction constante avec des institutions et des acteurs étatiques, dont ils peuvent aussi attendre des ressources et un appui. Si l’on s’interdit de dire qu’ils basculent du côté de l’État – ce qui serait un peu rapide et normatif –, il est donc nécessaire de s’intéresser à des relations complexes et ambivalentes.

Le séminaire a été divisé en deux volets principaux. Le premier a été consacré à l’anthropologie de l’illégalité, première entrée permettant de contester le caractère faussement évident des frontières de l’État : on n’est jamais simplement « hors-la-loi », comme si la légalité et l’État avaient un « extérieur » simple à définir. Nous nous sommes donc intéressés notamment à la corruption, puis à la contrebande et à la migration, en discutant les travaux de D. Bocarejo, R. Galemba, J. Heyman, M. Reeves, A. Wilson, A. Simpson, J. Roitman, ainsi qu’en présentant nos propres recherches sur le delta de l’Orénoque (Venezuela-Guyana). Le deuxième volet a été consacré plus spécifiquement aux populations que l’on peut qualifier d’« indigènes », vues comme celles qui ont typiquement été « contre l’État », mais aussi qui ont fait l’objet de modes de gouvernement spécifiques. Dans cette perspective, nous avons discuté les travaux de J. Scott, en les confrontant notamment à ceux de T. Murray Li : comme de nombreux autres anthropologues contemporains, celle-ci s’est intéressée à la gouvernementalité plus qu’à l’État, dans une filiation foucaldienne. Nous avons également vu comment la chefferie traditionnelle ou le droit coutumier étaient des institutions toujours à la fois reconnues mais aussi inventées par l’ordre colonial. À l’opposé de ces institutions censées garantir l’ordre social, le désordre peut représenter une valeur locale, même si les anthropologues ont eu du mal à le prendre en compte, comme l’ont montré J. Scheele et J. Brachet. Enfin, la dernière séance a été consacrée à une intervention de Lise Foisneau sur le thème : « Ouvrir une “place” et la tenir : négociations de l’espace par un collectif romani sur le territoire d’un État-nation ».

 

Publications
  • « Fuites frontalières entre le Guyana et le Venezuela : migrations et contrebande dans un village amérindien », Cahiers des Amériques latines, 2020, 93, p. 29-48.
  • « Faut-il encore lire Clastres ? », L’Homme. Revue française d’anthropologie, 2020, 236, p. 159-176.
  • « Los “refugiados” warao de Venezuela en una comunidad indígena de Guyana: la complejidad de la movilidad en las zonas fronterizas », Revista EntreRios. Revista do Programa de Pós-Graduação em Antropologia da Universidade Federal do Piauí, 2020, 3(2), p. 72-88.