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UE458 - Histoire culturelle byzantine et méditerranéenne (VIIe-Xe siècle)


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.08
    annuel / hebdomadaire, mercredi 16:00-18:00
    du 4 novembre 2020 au 9 juin 2021


Description


Dernière modification : 14 octobre 2020 07:25

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Antiquité (sciences de l’) Circulations Codicologie Culture Culture matérielle Ecclésiologie Écriture Fait religieux Histoire culturelle Histoire du livre Histoire intellectuelle Moyen Âge/Histoire médiévale Paléographie Philologie Religieux (sciences sociales du) Textes
Aires culturelles
Byzantines (études) Europe Europe sud-orientale Transméditerranée
Intervenant·e·s
  • Filippo Ronconi [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Ce séminaire de recherche, ouvert aux étudiant·e·s de master, aux doctorant·e·s et aux auditeur·rice.s libres, sera consacré à l’histoire culturelle byzantine et méditerranéenne et portera sur deux phénomènes majeurs qui ont eu lieu entre le VIIe et le Xe siècle : les flux migratoires qui ont investi l’espace méditerranéen suite aux invasions perse et arabe du Proche-Orient et de l'Égypte byzantins (VIIe-VIIIe siècles), et ce qu’on appelle « le premier humanisme byzantin » et « la renaissance macédonienne » (IXe-Xe siècles). Ces macro-phénomènes seront analysés dans une perspective à la fois historique et historiographique. Concernant les flux migratoires, après avoir décrit le contexte de la Méditerranée alti-médiévale et du Proche-Orient byzantin sur la base de sources littéraires, documentaires et archéologiques, nous montreront à quel point l’étude des papyrus documentaires égyptiens d’une part, et des manuscrits du Sinaï et d’Italie méridionale d’autre part, permet de détailler les trajectoires des migrants et la stratigraphie sociale des différentes vagues de « réfugiés». Nous comparerons les résultats de notre analyse avec les reconstructions historiographiques courantes, montrant que celles-ci ont tendance à sous-estimer la portée de ce phénomène migratoire et ses effets de longue durée, notamment en ce qui concerne les rapports entre la papauté, l’empire byzantin et les Carolingiens. Cela nous permettra de passer au second thème, celui du « premier humanisme byzantin » du IXe siècle et de la « renaissance » qui s’ensuivit. Nous nous concentrerons sur deux thèmes très symboliques : la transmission des textes philosophiques grecs anciens aux IXe et Xe siècles, et l’activité intellectuelle qui se développa autour du patriarche Photius de Constantinople (c. 820-post 892). Ces deux thèmes nous permettront de reconstruire les processus de recherche et transcription des textes anciens et la pratique, diffusée à l’époque, d’en partager la lecture et d’en mettre en valeur les contenus dans des contextes variés, des disputations théologiques aux documents officiels, de la rédaction de traités de toute sorte à la commande d’inscriptions. Cela nous permettra, en analysant plusieurs manuscrits du IXe siècle, de déconstruire quelques tabous historiographiques, à la lumière de nouvelles découvertes et interprétations.

Dans le cadre du séminaire aura lieu un cycle de conférences mensuelles tenues par des enseignant·e·s-chercheur·euse·s ·es et étranger·e·s de renommée internationale, portant sur l’histoire et la culture byzantines et sur la culture écrite en Méditerranée entre l’Antiquité et le Moyen Âge. Les conférencier·e·s intervenant depuis plusieurs pays, les séances pourront être projetées en téléconférence dans la salle du séminaire et seront systématiquement télétransmises sur la plateforme bigbluebutton, ce qui les rendra accessibles à un public international sélectionné. Le calendrier détaillé sera communiqué par la suite.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Littératures – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur entretien.

Réception des candidats

sur rendez-vous. Écrire un courriel à l'enseignant.

Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire de cette année, qui s’est tenu en modalité « distancielle », a porté sur deux sujets ancrés dans des périodes et régions distinctes de l’empire byzantin : « le premier humanisme » fleuri à Constantinople au IXe siècle et le flux migratoire qui, au VIIe siècle, s’est déroulée entre le Proche Orient et l’Italie. Nous avons illustré ces phénomènes au moyen de deux études de cas. Pour le « premier humanisme byzantin », nous nous sommes concentrés sur l’activité politique de Photius de Constantinople (c. 820-post 892), analysant en particulier sa manière de construire et de gérer le réseau qui l’a soutenu au cours de sa carrière de haut fonctionnaire, puis de patriarche. À cette fin, nous avons eu recours à deux types de sources. D’une part, les lettres de Photius lui-même : l’analyse de la tradition manuscrite de ce corpus, que nous avons conduite au préalable, a démontré qu’il ne s’agit pas d’une collection apprêtée par l’auteur afin d’être diffusée, mais de la copie de son archive, qui n’avait pas vocation à circuler. L’analyse d’une vingtaine de ces lettres a démontré qu’il s’agit souvent de brefs billets peu soignés dans leur forme, cryptiques et parfois menaçants dans le contenu. Cette démarche nous a permis de constater que le réseau de Photius était constitué de cercles concentriques. Aux membres du « premier cercle », le plus proche de sa personne et formé de ses parents et amis étroits, il adressait des messages amicaux et parfois très intimes, des instructions politiques précises, ainsi que des premiers jets de ses propres textes et de livres parfois rares. Nous avons ainsi souligné, en apportant plusieurs exemples issus d’autres périodes, que le partage de manuscrits était, pour les élites byzantines, une manière de renforcer les liens claniques. Il a ensuite été possible de délimiter un deuxième cercle, bien plus large : celui des clients, qu’il fidélisait au moyen de patronages, favoritismes et recommandations. Dans les périodes critiques (notamment pendant l’exil qui suivit la première déposition de Photius du trône patriarcal, en 867), les messages adressés à ces clients se firent plus âpres, les soutiens et les promesses cédant le pas aux allusions, récriminations et menaces. Nous nous sommes même poussés à expliquer certains messages qui ont jusqu’ici échappé à toute interprétation suivant les méthodes de décryptage réservées aux « pizzini » des chefs de la mafia sicilienne (nous avons pu profiter de la disponibilité de Giuseppe Paternostro de l’Université de Palerme, expert de « langage mafieux »). Enfin, nous avons analysé un groupe de messages qui, adressés par Photius à ses ennemis, se caractérisent par des contenus injurieux : il y a recours à tout l’attirail des thèmes de l’invective classique, de la déformation allusive des noms au body-shaming, de l’insinuation sexuelle aux malédictions. Le second type de sources que nous avons mobilisé est issu des milieux hostiles à Photius : actes de conciles, lettres officielles, textes issus du milieu papal et pamphlets relatifs à sa déposition du trône patriarcal et à son exil. Nous avons ainsi observé comment certains événements et épisodes décrits également par Photius dans ses propres lettres furent représentés et interprétés par ses adversaires.

En conclusion de cette première partie du séminaire, en revenant sur les débats historiographiques relatifs au « premier humanisme byzantin » et à la « renaissance macédonienne », nous avons fait le point sur les reconstructions parfois opposées de certains chercheurs (entre autres de Kurt Weitzmann, Paul Lemerle, Paul Speck et Jean-Michel Spieser). Nous avons donné une lecture « contingente » de certains aspects de ces phénomènes historiques, remarquant la fonction politique que les différentes factions des élites byzantines attribuaient à l’utilisation d’une langue archaïsante construite sur la lecture intensive des textes classiques, ainsi qu’à l’exploitation de topoi et modèles littéraires dans un cadre de communication fondé sur le partage d’une culture lettrée qui se faisait outil de contrôle politique.

La deuxième partie du séminaire, consacrée au flux migratoire qui a concerné l’espace méditerranéen suite aux invasions persane et arabe du Proche-Orient et de l’Égypte byzantins au VIIe siècle, s’est articulée en trois sections. Dans la première, après avoir décrit le contexte de la Méditerranée alti-médiévale et du Proche-Orient byzantin, nous avons reconstruit les trajectoires des migrants et la stratigraphie sociale des différentes vagues de « réfugiés » levantins en Italie. Dans la deuxième, nous avons introduit les Miracles de Cyr et Jean, un texte composé à Alexandrie d’Égypte à la veille de l’invasion persane par Sophrone, futur patriarche de Jérusalem, et portant sur les miracles accomplis par les deux saints dans un sanctuaire situé à proximité du village de Ménouthis, sur le Delta du Nil. Nous avons tout d’abord analysé le seul codex qui transmet l’intégralité du texte grec, précisant les rapports de celui-ci, d’une part, avec les témoins indirects (citations et allusions présentes dans d’autres ouvrages) et, d’autre part, avec les traductions latines qui en ont été faites entre le VIIe et le IXe siècles. Cette approche, fondée sur l’analyse des manuscrits, a permis de comprendre les dynamiques de diffusion et de réception de cet ouvrage dans les différentes aires culturelles (et linguistiques) de la Méditerranée médiévale. Dans la troisième partie, la lecture et l’analyse d’une trentaine de Miracles nous a permis de noter que Sophrone propose une représentation instrumentale de la stratigraphie sociale des « miraculés » du sanctuaire égyptien : il vise en effet à en exalter la dimension « œcuménique » du temple, qui, géré par un corps sacerdotal lié à une confession chrétienne minoritaire (à laquelle appartenait également l’auteur), voulait s’affirmer dans la mosaïque ethnoculturelle de l’Égypte et du Proche Orient de l’époque. Les parallèles avec d’autres recueils de miracles (de sainte Thècle et des saints Côme et Damien notamment) nous ont permis d’approfondir aussi d’autres thèmes, comme le rapport entre maladie, rites magiques et guérison, et entre médecine « dogmatique » alexandrine et conception de la maladie et de la guérison chez Sophrone.

 

Publications
  • Avec Daniele Bianconi, La « collection philosophique » face à l’histoire, Spolète,  2020, 354 p.
  • Avec Daniele Bianconi, « Introduction», dans La « collection philosophique » face à l’histoire, p. 7-9.
  • « Mesurer pour interpréter la Bible, mesurer pour combattre l’hérésie. Le De mensuris et ponderibus d’Épiphane de Chypre », dans Histoire & mesure, 35, 2020, p. 147-174.
  • « L’Esprit subsiste dans le Fils » ou « dans le ciel » ? La procession du Saint Esprit à Rome entre le VIIIe et le IXe s., dans Segno e Testo, 18, 2020, p. 89-120.
  • Avec Stratis Papaioannou, « Book Culture », dans The Oxford Handbook of Byzantine Literature, sous la dir. de  S. Papaioannou, Oxford, 2021, p. 44-75.
  • Avec C. Lamouroux, « Administrative Elites and Political Change », dans Political Communication in Chinese and European History, 800-1600, sous la dir. de H. De Weerdt et F.-J. Morche, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2020, p. 101-104.
  • « Administrative Elites and the “First Phase of Byzantine Humanism” : The Adoption of the Minuscule in Book Production and the Role of Stoudios Monastery », dans Political Communication in Chinese and European History, 800-1600, op. cit., p. 117-143.
  • « Le papyrus à Constantinople (IVe-VIIe s.) », dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis, sous la dir. de J. -L. Fournet, Catalogue de l’exposition, Paris, Collège de France, 18 septembre-26 octobre 2021, Paris 2021, p. 104-107.
  • « La fin du papyrus à Byzance et en Occident et la victoire du parchemin et du papier (VIIe s.-XIIe s.) », dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis,  op. cit., p. 138-142.
  • Le “Papyrus de Saint-Denis”, la lettre d’un empereur byzantin», dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis,  op. cit., p. 141
  • Avec J.-L. Fournet, « Le dernier papyrus connu : Vie de Saint Niphon », dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis,  op. cit., p. 143.

Dernière modification : 14 octobre 2020 07:25

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Antiquité (sciences de l’) Circulations Codicologie Culture Culture matérielle Ecclésiologie Écriture Fait religieux Histoire culturelle Histoire du livre Histoire intellectuelle Moyen Âge/Histoire médiévale Paléographie Philologie Religieux (sciences sociales du) Textes
Aires culturelles
Byzantines (études) Europe Europe sud-orientale Transméditerranée
Intervenant·e·s
  • Filippo Ronconi [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Ce séminaire de recherche, ouvert aux étudiant·e·s de master, aux doctorant·e·s et aux auditeur·rice.s libres, sera consacré à l’histoire culturelle byzantine et méditerranéenne et portera sur deux phénomènes majeurs qui ont eu lieu entre le VIIe et le Xe siècle : les flux migratoires qui ont investi l’espace méditerranéen suite aux invasions perse et arabe du Proche-Orient et de l'Égypte byzantins (VIIe-VIIIe siècles), et ce qu’on appelle « le premier humanisme byzantin » et « la renaissance macédonienne » (IXe-Xe siècles). Ces macro-phénomènes seront analysés dans une perspective à la fois historique et historiographique. Concernant les flux migratoires, après avoir décrit le contexte de la Méditerranée alti-médiévale et du Proche-Orient byzantin sur la base de sources littéraires, documentaires et archéologiques, nous montreront à quel point l’étude des papyrus documentaires égyptiens d’une part, et des manuscrits du Sinaï et d’Italie méridionale d’autre part, permet de détailler les trajectoires des migrants et la stratigraphie sociale des différentes vagues de « réfugiés». Nous comparerons les résultats de notre analyse avec les reconstructions historiographiques courantes, montrant que celles-ci ont tendance à sous-estimer la portée de ce phénomène migratoire et ses effets de longue durée, notamment en ce qui concerne les rapports entre la papauté, l’empire byzantin et les Carolingiens. Cela nous permettra de passer au second thème, celui du « premier humanisme byzantin » du IXe siècle et de la « renaissance » qui s’ensuivit. Nous nous concentrerons sur deux thèmes très symboliques : la transmission des textes philosophiques grecs anciens aux IXe et Xe siècles, et l’activité intellectuelle qui se développa autour du patriarche Photius de Constantinople (c. 820-post 892). Ces deux thèmes nous permettront de reconstruire les processus de recherche et transcription des textes anciens et la pratique, diffusée à l’époque, d’en partager la lecture et d’en mettre en valeur les contenus dans des contextes variés, des disputations théologiques aux documents officiels, de la rédaction de traités de toute sorte à la commande d’inscriptions. Cela nous permettra, en analysant plusieurs manuscrits du IXe siècle, de déconstruire quelques tabous historiographiques, à la lumière de nouvelles découvertes et interprétations.

Dans le cadre du séminaire aura lieu un cycle de conférences mensuelles tenues par des enseignant·e·s-chercheur·euse·s ·es et étranger·e·s de renommée internationale, portant sur l’histoire et la culture byzantines et sur la culture écrite en Méditerranée entre l’Antiquité et le Moyen Âge. Les conférencier·e·s intervenant depuis plusieurs pays, les séances pourront être projetées en téléconférence dans la salle du séminaire et seront systématiquement télétransmises sur la plateforme bigbluebutton, ce qui les rendra accessibles à un public international sélectionné. Le calendrier détaillé sera communiqué par la suite.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Littératures – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur entretien.

Réception des candidats

sur rendez-vous. Écrire un courriel à l'enseignant.

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.08
    annuel / hebdomadaire, mercredi 16:00-18:00
    du 4 novembre 2020 au 9 juin 2021

Le séminaire de cette année, qui s’est tenu en modalité « distancielle », a porté sur deux sujets ancrés dans des périodes et régions distinctes de l’empire byzantin : « le premier humanisme » fleuri à Constantinople au IXe siècle et le flux migratoire qui, au VIIe siècle, s’est déroulée entre le Proche Orient et l’Italie. Nous avons illustré ces phénomènes au moyen de deux études de cas. Pour le « premier humanisme byzantin », nous nous sommes concentrés sur l’activité politique de Photius de Constantinople (c. 820-post 892), analysant en particulier sa manière de construire et de gérer le réseau qui l’a soutenu au cours de sa carrière de haut fonctionnaire, puis de patriarche. À cette fin, nous avons eu recours à deux types de sources. D’une part, les lettres de Photius lui-même : l’analyse de la tradition manuscrite de ce corpus, que nous avons conduite au préalable, a démontré qu’il ne s’agit pas d’une collection apprêtée par l’auteur afin d’être diffusée, mais de la copie de son archive, qui n’avait pas vocation à circuler. L’analyse d’une vingtaine de ces lettres a démontré qu’il s’agit souvent de brefs billets peu soignés dans leur forme, cryptiques et parfois menaçants dans le contenu. Cette démarche nous a permis de constater que le réseau de Photius était constitué de cercles concentriques. Aux membres du « premier cercle », le plus proche de sa personne et formé de ses parents et amis étroits, il adressait des messages amicaux et parfois très intimes, des instructions politiques précises, ainsi que des premiers jets de ses propres textes et de livres parfois rares. Nous avons ainsi souligné, en apportant plusieurs exemples issus d’autres périodes, que le partage de manuscrits était, pour les élites byzantines, une manière de renforcer les liens claniques. Il a ensuite été possible de délimiter un deuxième cercle, bien plus large : celui des clients, qu’il fidélisait au moyen de patronages, favoritismes et recommandations. Dans les périodes critiques (notamment pendant l’exil qui suivit la première déposition de Photius du trône patriarcal, en 867), les messages adressés à ces clients se firent plus âpres, les soutiens et les promesses cédant le pas aux allusions, récriminations et menaces. Nous nous sommes même poussés à expliquer certains messages qui ont jusqu’ici échappé à toute interprétation suivant les méthodes de décryptage réservées aux « pizzini » des chefs de la mafia sicilienne (nous avons pu profiter de la disponibilité de Giuseppe Paternostro de l’Université de Palerme, expert de « langage mafieux »). Enfin, nous avons analysé un groupe de messages qui, adressés par Photius à ses ennemis, se caractérisent par des contenus injurieux : il y a recours à tout l’attirail des thèmes de l’invective classique, de la déformation allusive des noms au body-shaming, de l’insinuation sexuelle aux malédictions. Le second type de sources que nous avons mobilisé est issu des milieux hostiles à Photius : actes de conciles, lettres officielles, textes issus du milieu papal et pamphlets relatifs à sa déposition du trône patriarcal et à son exil. Nous avons ainsi observé comment certains événements et épisodes décrits également par Photius dans ses propres lettres furent représentés et interprétés par ses adversaires.

En conclusion de cette première partie du séminaire, en revenant sur les débats historiographiques relatifs au « premier humanisme byzantin » et à la « renaissance macédonienne », nous avons fait le point sur les reconstructions parfois opposées de certains chercheurs (entre autres de Kurt Weitzmann, Paul Lemerle, Paul Speck et Jean-Michel Spieser). Nous avons donné une lecture « contingente » de certains aspects de ces phénomènes historiques, remarquant la fonction politique que les différentes factions des élites byzantines attribuaient à l’utilisation d’une langue archaïsante construite sur la lecture intensive des textes classiques, ainsi qu’à l’exploitation de topoi et modèles littéraires dans un cadre de communication fondé sur le partage d’une culture lettrée qui se faisait outil de contrôle politique.

La deuxième partie du séminaire, consacrée au flux migratoire qui a concerné l’espace méditerranéen suite aux invasions persane et arabe du Proche-Orient et de l’Égypte byzantins au VIIe siècle, s’est articulée en trois sections. Dans la première, après avoir décrit le contexte de la Méditerranée alti-médiévale et du Proche-Orient byzantin, nous avons reconstruit les trajectoires des migrants et la stratigraphie sociale des différentes vagues de « réfugiés » levantins en Italie. Dans la deuxième, nous avons introduit les Miracles de Cyr et Jean, un texte composé à Alexandrie d’Égypte à la veille de l’invasion persane par Sophrone, futur patriarche de Jérusalem, et portant sur les miracles accomplis par les deux saints dans un sanctuaire situé à proximité du village de Ménouthis, sur le Delta du Nil. Nous avons tout d’abord analysé le seul codex qui transmet l’intégralité du texte grec, précisant les rapports de celui-ci, d’une part, avec les témoins indirects (citations et allusions présentes dans d’autres ouvrages) et, d’autre part, avec les traductions latines qui en ont été faites entre le VIIe et le IXe siècles. Cette approche, fondée sur l’analyse des manuscrits, a permis de comprendre les dynamiques de diffusion et de réception de cet ouvrage dans les différentes aires culturelles (et linguistiques) de la Méditerranée médiévale. Dans la troisième partie, la lecture et l’analyse d’une trentaine de Miracles nous a permis de noter que Sophrone propose une représentation instrumentale de la stratigraphie sociale des « miraculés » du sanctuaire égyptien : il vise en effet à en exalter la dimension « œcuménique » du temple, qui, géré par un corps sacerdotal lié à une confession chrétienne minoritaire (à laquelle appartenait également l’auteur), voulait s’affirmer dans la mosaïque ethnoculturelle de l’Égypte et du Proche Orient de l’époque. Les parallèles avec d’autres recueils de miracles (de sainte Thècle et des saints Côme et Damien notamment) nous ont permis d’approfondir aussi d’autres thèmes, comme le rapport entre maladie, rites magiques et guérison, et entre médecine « dogmatique » alexandrine et conception de la maladie et de la guérison chez Sophrone.

 

Publications
  • Avec Daniele Bianconi, La « collection philosophique » face à l’histoire, Spolète,  2020, 354 p.
  • Avec Daniele Bianconi, « Introduction», dans La « collection philosophique » face à l’histoire, p. 7-9.
  • « Mesurer pour interpréter la Bible, mesurer pour combattre l’hérésie. Le De mensuris et ponderibus d’Épiphane de Chypre », dans Histoire & mesure, 35, 2020, p. 147-174.
  • « L’Esprit subsiste dans le Fils » ou « dans le ciel » ? La procession du Saint Esprit à Rome entre le VIIIe et le IXe s., dans Segno e Testo, 18, 2020, p. 89-120.
  • Avec Stratis Papaioannou, « Book Culture », dans The Oxford Handbook of Byzantine Literature, sous la dir. de  S. Papaioannou, Oxford, 2021, p. 44-75.
  • Avec C. Lamouroux, « Administrative Elites and Political Change », dans Political Communication in Chinese and European History, 800-1600, sous la dir. de H. De Weerdt et F.-J. Morche, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2020, p. 101-104.
  • « Administrative Elites and the “First Phase of Byzantine Humanism” : The Adoption of the Minuscule in Book Production and the Role of Stoudios Monastery », dans Political Communication in Chinese and European History, 800-1600, op. cit., p. 117-143.
  • « Le papyrus à Constantinople (IVe-VIIe s.) », dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis, sous la dir. de J. -L. Fournet, Catalogue de l’exposition, Paris, Collège de France, 18 septembre-26 octobre 2021, Paris 2021, p. 104-107.
  • « La fin du papyrus à Byzance et en Occident et la victoire du parchemin et du papier (VIIe s.-XIIe s.) », dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis,  op. cit., p. 138-142.
  • Le “Papyrus de Saint-Denis”, la lettre d’un empereur byzantin», dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis,  op. cit., p. 141
  • Avec J.-L. Fournet, « Le dernier papyrus connu : Vie de Saint Niphon », dans Le papyrus dans tous ses États, de Cléopâtre à Clovis,  op. cit., p. 143.