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UE43 - Anthropologie du politique


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Amphithéâtre François-Furet
    annuel / bimensuel (1re/3e), mardi 11:00-13:00
    du 3 novembre 2020 au 4 mai 2021


Description


Dernière modification : 31 août 2020 10:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
https://www.academia.edu/29709816/Introduction_%C3%A0_lanthropologie_du_politique 
Langues
français
Mots-clés
Anarchisme Anthropologie sociale Anthropologie urbaine Capitalisme Circulations Citoyenneté Classes sociales Coloniales (études) Développement Ethnicité Migration(s) Mobilisation(s) Post-coloniales (études)
Aires culturelles
Afrique Amériques Asie Europe Océanie
Intervenant·e·s
  • Éric Wittersheim [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC)
  • Riccardo Ciavolella   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (IIAC-LAIOS)

 

Cet enseignement vise à cerner la spécificité d’une approche anthropologique du politique en regard des autres disciplines des sciences sociales. La présentation de son évolution depuis ses origines permet de montrer l’apport de l’anthropologie politique à la compréhension du monde contemporain. L’enseignement portera sur la présentation d’auteurs classiques incontournables (Evans-Pritchard, Gluckman, Leach, Balandier, Sahlins, Clastres, Hobsbawm, Scott…) et de leur héritage, les débats qu’ils ont provoqués, ainsi que leur actualité ou influence. Cela permettra d’aborder des thématiques au cœur des évolutions des sociétés contemporaines, au-delà des frontières des aires culturelles : la remise en question de la centralité de l’État, la dialectique domination/résistance, la construction des identités et des subjectivités, les formes de pouvoir et de contestation dans la globalisation, l'affirmation d'une prise de parole postcoloniale, le déplacement des « lieux du politique », les mobilisations sociales et populaires et l'émergence de nouvelles formes de contestation. L’accent sera également mis sur l’aspect méthodologique, ainsi que sur les manières d’aborder le politique à partir d’une approche ethnographique, tout en explorant les liens et les correspondances entre l'anthropologie et les autres sciences sociales qui ont abordé la question du politique. 

 

Bibliographie indicative :

  • Abélès M., Jours tranquilles en 89, Paris, Odile Jacob, 1989.
  • Balandier G., Anthropologie politique, Paris, PUF, 1967.
  • Ciavolella R. & Wittersheim E., Introduction à l’anthropologie du politique, Louvain, De Boeck, 2016.
  • Clastres P., La Société contre l’État, Paris, Editions de Minuit, 1974.
  • Clastres P., Recherches d'anthropologie politique, Paris, Le Seuil, 1980
  • Clifford J. &. G. Marcus, Writing Culture, The Poetics and Politics of Ethnography. Berkeley, University of California Press, 1986.
  • Das, V. & Poole, D., Anthropology in the Margins of the State, New Delhi: Oxford University Press, 2004.
  • Evans-Pritchard E. E., Les Nuer, Paris, Gallimard, 1969 [1940].
  • Edward Evan Evans-Pritchard et M. Fortes, Systèmes politiques africains, Paris, 1964 [1940].
  • Fassin D. et. al., Juger, réprimer, accompagner: : essai sur la morale de l'Etat, Paris, Seuil, 2013.
  • Ferguson, J., The Antipolitics Machine: “Development”. Depoliticization and Bureaucratic Power in Lesotho, Minneapolis: University of Minnesota Press, 1994.
  • Gledhill, J., Power and its disguises : anthropological perspectives on politics, Pluto Press, 1994.
  • Graeber, D., Pour une anthropologie anarchiste, Lux Éditeur, 2006.
  • Gupta A. & Sharma A. (eds.), The Anthropology of the State : a Reader, Oxford, Blackwell Publishing, 2006.
  • Leach, E. Les Systèmes Politiques des Hautes Terres de Birmanie, Paris, Maspéro, 1972.
  • Revue française de science politique, dossier spécial: "L'anthropologie politique aujourd'hui", 38(5), 1988.
  • Tsing, A., Le champignon de la fin du monde. Sur les possibilités de vivre dans les ruines du capitalisme, Paris, La Découverte, 2015.
  • Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistan ce. Fragments du discours subalterne, Paris, Editions Amsterdam, 2009 [1990].
  • Vincent, J. (ed.), The Anthropology of Politics: A Reader in Ethnography, Theory, and Critique, Blackwell, 2002.

Une bibliographie beaucoup plus complète (celle du manuel Introduction à l’anthropologie du politique) est téléchargable ici: https://www.academia.edu/31125990/Biblio_Introduction_anthropologie_politique.pdf


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

l'inscription au séminaire est ouverte à tout.e étudiant.e de l'EHESS en master 1 ou 2, en diplôme, ainsi qu'aux doctorant.e.s, quelle que soit la discipline.

Les étudiant.e.s extérieurs à l'EHESS peuvent également être admis.e.s sur demande

Direction de travaux des étudiants

contacter les enseignants concernés.

Réception des candidats

nous contacter par courriel au préalable.

Pré-requis

l'inscription au séminaire est ouverte à tout.e étudiant.e de l'EHESS en master 1 ou 2, en diplôme, ainsi qu'aux doctorant.e.s, quelle que soit la discipline


Compte rendu


Cet enseignement présente l’histoire et l’évolution de l’anthropologie politique depuis son origine, dans ses fondements intellectuels et épistémologiques, jusqu’aux efforts les plus récents pour tenter de comprendre le monde contemporain. Il est destiné à fournir aux étudiants de master et de doctorat en anthropologie (et en études politiques, en histoire ou en sociologie notamment), les bases nécessaires à des réflexions et des recherches approfondies sur la question du politique. Le séminaire commence par une introduction où nous cherchons à définir les spécificités de l’analyse anthropologique du politique en regard de la philosophie et de la science politique, ainsi que les racines historiques de cette branche particulière de l’anthropologie. L’émergence de l’anthropologie politique s’explique par la nécessité de dégager l’étude du politique d’une focalisation excessive sur la centralité de l’État, et de ne plus considérer les relations de pouvoir uniquement à travers les institutions. Le séminaire constitue un espace de discussion des concepts-clés de l’anthropologie politique : pouvoir, ethnicité, violence, domination et résistance, institutions, mouvements sociaux, mobilisation, État et anarchie, hégémonie et subalternité, globalisation. La discussion de ces thématiques offre la possibilité de réfléchir à la transposition possible des concepts de l’anthropologie politique à différentes aires culturelles et à d’autres disciplines.

Une partie des séances a été consacrée à l’analyse de plusieurs auteurs incontournables. Nous en avons présenté l’héritage, les débats qu’ils ont provoqués, ainsi que leur actualité ou influence : à la fois dans la pensée anthropologique et dans le dialogue avec la société et les autres sciences sociales, notamment l’ensemble des théories critiques actuelles. Chacun des auteurs a été abordé à travers ses œuvres emblématiques, leur réception et le contexte dans lequel elles ont été produites. Ainsi de l’ouvrage majeur d’Evans-Pritchard, les Nuer, et de sa théorie originale d’« anarchie ordonnée » propre aux sociétés segmentaires, mais en rappelant également l’importance du contexte colonial dans lequel a été menée cette étude. La présentation a aussi permis de nuancer l’interprétation que fait L. Dumont des Nuer dans sa célèbre préface à l’édition française. Nous avons ensuite présenté l’œuvre de M. Gluckman et le contexte extrêmement fécond qui a vu l’émergence, dans l’entre-deux-guerres, du Rhodes-Livingstone Institute qui allait poser les fondations de l’« École de Manchester » et de l’anthropologie dynamique. Nous avons ensuite discuté de l’œuvre de G. Balandier, introducteur en France de l’anthropologie dynamiste et auteur de « La situation coloniale », qui allait jouer un rôle fondamental dans la formation d’une nouvelle génération d’africanistes spécialisés sur le politique. Nous nous sommes également interrogés sur l’absence relative d’une telle tradition d’étude du changement social et politique en situation coloniale dans l’anthropologie politique océaniste, pourtant emblématique avec les concepts de mana, de big man, de chefferie et des auteurs comme Malinowski, Mead, Sahlins, Godelier… Nous sommes revenus sur les conditions historiques d’émergence de la pensée de P. Clastres, tout entière dirigée vers une critique de la centralité de l’État dans le fonctionnement du politique, dans le contexte de lutte contre le totalitarisme des années 1960-1970. Tout en montrant l’influence des débats entre la gauche marxiste et la gauche non-marxiste sur l’anthropologie politique à l’époque, nous avons également évoqué les critiques à l’encontre de Clastres, qui lui reprochent notamment un certain rousseauisme et une omission de la dynamique historique qui a conduit des sociétés autrefois très organisées et sédentaires à devenir des « bandes » nomades et sans véritables chefs politiques (P. Descola).

La seconde partie du séminaire a été consacrée à des débats plus contemporains, autour des notions d’hégémonie, de subjectivité, et plus généralement la manière dont l’anthropologie politique a connu de nouveaux positionnements théoriques et politiques : féminisme, points de vue et luttes de mouvements minoritaires, contestations indigènes des travaux les concernant, critique du néolibéralisme, nouvelles approches consacrées aux infrastructures et aux circulations et aux nouveaux champs d’expression du politique (santé, alimentation…). Les discussions ont donc porté sur des auteurs emblématiques de ces nouvelles manières d’aborder le pouvoir, sa contestation, et plus largement l’anthropologie politique : A. Tsing, D. Graeber, V. Das, J. Gledhill… ces réflexions sur l’évolution récente de la discipline ont fourni la matière à un dossier de revue consacré à l’anthropologie politique aujourd’hui.

 

Publications
  • Avec R. Ciavolella,  S. Melenotte et G. Rebucini, Beyond Political Anthropology : studying and challenging power in the 21st Century, dossier spécial de la revue Condition humaine/conditions politiques, 2, 2021, https://revues.mshparisnord.fr/chcp/index.php?id=353
  •  « Le Pacifique, l’histoire, le monde », préface à Océaniens. Le Pacifique à l’âge des empires, de N. Thomas, Ed. Anacharsis, 2020 http://www.editions-anacharsis.com/Oceaniens
  •  « A « Pacific » drug ? Vanuatu’s kava and the American market », dans Living with drugs, sous la dir. d’A. Coppel et A. Stella, Londres, ISTE-Elsevier, 2020 http://www.iste.co.uk/book.php?id=1582

Dernière modification : 31 août 2020 10:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
https://www.academia.edu/29709816/Introduction_%C3%A0_lanthropologie_du_politique 
Langues
français
Mots-clés
Anarchisme Anthropologie sociale Anthropologie urbaine Capitalisme Circulations Citoyenneté Classes sociales Coloniales (études) Développement Ethnicité Migration(s) Mobilisation(s) Post-coloniales (études)
Aires culturelles
Afrique Amériques Asie Europe Océanie
Intervenant·e·s
  • Éric Wittersheim [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC)
  • Riccardo Ciavolella   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (IIAC-LAIOS)

 

Cet enseignement vise à cerner la spécificité d’une approche anthropologique du politique en regard des autres disciplines des sciences sociales. La présentation de son évolution depuis ses origines permet de montrer l’apport de l’anthropologie politique à la compréhension du monde contemporain. L’enseignement portera sur la présentation d’auteurs classiques incontournables (Evans-Pritchard, Gluckman, Leach, Balandier, Sahlins, Clastres, Hobsbawm, Scott…) et de leur héritage, les débats qu’ils ont provoqués, ainsi que leur actualité ou influence. Cela permettra d’aborder des thématiques au cœur des évolutions des sociétés contemporaines, au-delà des frontières des aires culturelles : la remise en question de la centralité de l’État, la dialectique domination/résistance, la construction des identités et des subjectivités, les formes de pouvoir et de contestation dans la globalisation, l'affirmation d'une prise de parole postcoloniale, le déplacement des « lieux du politique », les mobilisations sociales et populaires et l'émergence de nouvelles formes de contestation. L’accent sera également mis sur l’aspect méthodologique, ainsi que sur les manières d’aborder le politique à partir d’une approche ethnographique, tout en explorant les liens et les correspondances entre l'anthropologie et les autres sciences sociales qui ont abordé la question du politique. 

 

Bibliographie indicative :

  • Abélès M., Jours tranquilles en 89, Paris, Odile Jacob, 1989.
  • Balandier G., Anthropologie politique, Paris, PUF, 1967.
  • Ciavolella R. & Wittersheim E., Introduction à l’anthropologie du politique, Louvain, De Boeck, 2016.
  • Clastres P., La Société contre l’État, Paris, Editions de Minuit, 1974.
  • Clastres P., Recherches d'anthropologie politique, Paris, Le Seuil, 1980
  • Clifford J. &. G. Marcus, Writing Culture, The Poetics and Politics of Ethnography. Berkeley, University of California Press, 1986.
  • Das, V. & Poole, D., Anthropology in the Margins of the State, New Delhi: Oxford University Press, 2004.
  • Evans-Pritchard E. E., Les Nuer, Paris, Gallimard, 1969 [1940].
  • Edward Evan Evans-Pritchard et M. Fortes, Systèmes politiques africains, Paris, 1964 [1940].
  • Fassin D. et. al., Juger, réprimer, accompagner: : essai sur la morale de l'Etat, Paris, Seuil, 2013.
  • Ferguson, J., The Antipolitics Machine: “Development”. Depoliticization and Bureaucratic Power in Lesotho, Minneapolis: University of Minnesota Press, 1994.
  • Gledhill, J., Power and its disguises : anthropological perspectives on politics, Pluto Press, 1994.
  • Graeber, D., Pour une anthropologie anarchiste, Lux Éditeur, 2006.
  • Gupta A. & Sharma A. (eds.), The Anthropology of the State : a Reader, Oxford, Blackwell Publishing, 2006.
  • Leach, E. Les Systèmes Politiques des Hautes Terres de Birmanie, Paris, Maspéro, 1972.
  • Revue française de science politique, dossier spécial: "L'anthropologie politique aujourd'hui", 38(5), 1988.
  • Tsing, A., Le champignon de la fin du monde. Sur les possibilités de vivre dans les ruines du capitalisme, Paris, La Découverte, 2015.
  • Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistan ce. Fragments du discours subalterne, Paris, Editions Amsterdam, 2009 [1990].
  • Vincent, J. (ed.), The Anthropology of Politics: A Reader in Ethnography, Theory, and Critique, Blackwell, 2002.

Une bibliographie beaucoup plus complète (celle du manuel Introduction à l’anthropologie du politique) est téléchargable ici: https://www.academia.edu/31125990/Biblio_Introduction_anthropologie_politique.pdf

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

l'inscription au séminaire est ouverte à tout.e étudiant.e de l'EHESS en master 1 ou 2, en diplôme, ainsi qu'aux doctorant.e.s, quelle que soit la discipline.

Les étudiant.e.s extérieurs à l'EHESS peuvent également être admis.e.s sur demande

Direction de travaux des étudiants

contacter les enseignants concernés.

Réception des candidats

nous contacter par courriel au préalable.

Pré-requis

l'inscription au séminaire est ouverte à tout.e étudiant.e de l'EHESS en master 1 ou 2, en diplôme, ainsi qu'aux doctorant.e.s, quelle que soit la discipline

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Amphithéâtre François-Furet
    annuel / bimensuel (1re/3e), mardi 11:00-13:00
    du 3 novembre 2020 au 4 mai 2021

Cet enseignement présente l’histoire et l’évolution de l’anthropologie politique depuis son origine, dans ses fondements intellectuels et épistémologiques, jusqu’aux efforts les plus récents pour tenter de comprendre le monde contemporain. Il est destiné à fournir aux étudiants de master et de doctorat en anthropologie (et en études politiques, en histoire ou en sociologie notamment), les bases nécessaires à des réflexions et des recherches approfondies sur la question du politique. Le séminaire commence par une introduction où nous cherchons à définir les spécificités de l’analyse anthropologique du politique en regard de la philosophie et de la science politique, ainsi que les racines historiques de cette branche particulière de l’anthropologie. L’émergence de l’anthropologie politique s’explique par la nécessité de dégager l’étude du politique d’une focalisation excessive sur la centralité de l’État, et de ne plus considérer les relations de pouvoir uniquement à travers les institutions. Le séminaire constitue un espace de discussion des concepts-clés de l’anthropologie politique : pouvoir, ethnicité, violence, domination et résistance, institutions, mouvements sociaux, mobilisation, État et anarchie, hégémonie et subalternité, globalisation. La discussion de ces thématiques offre la possibilité de réfléchir à la transposition possible des concepts de l’anthropologie politique à différentes aires culturelles et à d’autres disciplines.

Une partie des séances a été consacrée à l’analyse de plusieurs auteurs incontournables. Nous en avons présenté l’héritage, les débats qu’ils ont provoqués, ainsi que leur actualité ou influence : à la fois dans la pensée anthropologique et dans le dialogue avec la société et les autres sciences sociales, notamment l’ensemble des théories critiques actuelles. Chacun des auteurs a été abordé à travers ses œuvres emblématiques, leur réception et le contexte dans lequel elles ont été produites. Ainsi de l’ouvrage majeur d’Evans-Pritchard, les Nuer, et de sa théorie originale d’« anarchie ordonnée » propre aux sociétés segmentaires, mais en rappelant également l’importance du contexte colonial dans lequel a été menée cette étude. La présentation a aussi permis de nuancer l’interprétation que fait L. Dumont des Nuer dans sa célèbre préface à l’édition française. Nous avons ensuite présenté l’œuvre de M. Gluckman et le contexte extrêmement fécond qui a vu l’émergence, dans l’entre-deux-guerres, du Rhodes-Livingstone Institute qui allait poser les fondations de l’« École de Manchester » et de l’anthropologie dynamique. Nous avons ensuite discuté de l’œuvre de G. Balandier, introducteur en France de l’anthropologie dynamiste et auteur de « La situation coloniale », qui allait jouer un rôle fondamental dans la formation d’une nouvelle génération d’africanistes spécialisés sur le politique. Nous nous sommes également interrogés sur l’absence relative d’une telle tradition d’étude du changement social et politique en situation coloniale dans l’anthropologie politique océaniste, pourtant emblématique avec les concepts de mana, de big man, de chefferie et des auteurs comme Malinowski, Mead, Sahlins, Godelier… Nous sommes revenus sur les conditions historiques d’émergence de la pensée de P. Clastres, tout entière dirigée vers une critique de la centralité de l’État dans le fonctionnement du politique, dans le contexte de lutte contre le totalitarisme des années 1960-1970. Tout en montrant l’influence des débats entre la gauche marxiste et la gauche non-marxiste sur l’anthropologie politique à l’époque, nous avons également évoqué les critiques à l’encontre de Clastres, qui lui reprochent notamment un certain rousseauisme et une omission de la dynamique historique qui a conduit des sociétés autrefois très organisées et sédentaires à devenir des « bandes » nomades et sans véritables chefs politiques (P. Descola).

La seconde partie du séminaire a été consacrée à des débats plus contemporains, autour des notions d’hégémonie, de subjectivité, et plus généralement la manière dont l’anthropologie politique a connu de nouveaux positionnements théoriques et politiques : féminisme, points de vue et luttes de mouvements minoritaires, contestations indigènes des travaux les concernant, critique du néolibéralisme, nouvelles approches consacrées aux infrastructures et aux circulations et aux nouveaux champs d’expression du politique (santé, alimentation…). Les discussions ont donc porté sur des auteurs emblématiques de ces nouvelles manières d’aborder le pouvoir, sa contestation, et plus largement l’anthropologie politique : A. Tsing, D. Graeber, V. Das, J. Gledhill… ces réflexions sur l’évolution récente de la discipline ont fourni la matière à un dossier de revue consacré à l’anthropologie politique aujourd’hui.

 

Publications
  • Avec R. Ciavolella,  S. Melenotte et G. Rebucini, Beyond Political Anthropology : studying and challenging power in the 21st Century, dossier spécial de la revue Condition humaine/conditions politiques, 2, 2021, https://revues.mshparisnord.fr/chcp/index.php?id=353
  •  « Le Pacifique, l’histoire, le monde », préface à Océaniens. Le Pacifique à l’âge des empires, de N. Thomas, Ed. Anacharsis, 2020 http://www.editions-anacharsis.com/Oceaniens
  •  « A « Pacific » drug ? Vanuatu’s kava and the American market », dans Living with drugs, sous la dir. d’A. Coppel et A. Stella, Londres, ISTE-Elsevier, 2020 http://www.iste.co.uk/book.php?id=1582