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UE423 - Sociologies des activités humanitaires en temps de Covid-19


Lieu et planning


  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    Salle R2-02 (Madeleine Rebérioux)
    annuel / mensuel (indifférent), mardi 14:00-17:00
    du 15 décembre 2020 au 29 juin 2021


Description


Dernière modification : 14 avril 2021 08:55

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Centre Maurice-Halbwachs (CMH)
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action publique Enquêtes Méthodes et techniques des sciences sociales Politiques sociales Protection sociale Santé Sociologie
Aires culturelles
France
Intervenant·e·s

Durant les premiers mois de l’année 2020, les phases d’«alertes» sanitaires, de « confinements », de « déconfinements » liées à la pandémie du « Covid-19 » ont suscité nombre d’interrogations et d’incertitudes. Au fil des semaines se sont multipliés les constats alarmants et les initiatives, les mises en garde et les expérimentations.

Souvent, la crise a servi de révélateur à des situations restées latentes ou « invisibles », les rendant particulièrement intolérables. Certaines franges de populations se sont trouvées confrontées à des réalités sociales et sanitaires dramatiques : la mort, la maladie, la faim, l’angoisse ou une solitude profonde… La notion d’urgence, classiquement associée à celle d’humanitaire, a conduit à des constructions sociales parfois inattendues.

Le monde de l’action humanitaire et les configurations entre acteurs individuels ou institutionnels en sont peut-être modifiés. Les « publics ordinaires » de ces organisations se sont trouvés dans des situations inédites, parfois critiques, et de « nouveaux publics » sont apparus. Le «positionnement», la (re)définition des missions, les formes de (re)déploiement constituent plus que jamais des sources de questionnements. Des associations et organisations humanitaires ont vu leurs missions, leurs moyens, leurs modes d’action affectés par ce contexte particulier -dans le sens d’une forte sollicitation immédiate pour certaines, dans le sens d’une relative mise en sommeil forcée ou d’une paralysie momentanée pour d’autres. Les ressources et les modes de financements ordinaires ont pu être taris ou, au contraire, être diversifiés. Beaucoup ont connu des modifications concernant l’adhésion, l’intégration et la mobilisation de leurs membres salariés et/ou bénévoles.

Simultanément, la digitalisation croissante des modes de communication et d’échange a accompagné -ou s’est accompagnée de- la relégation de certaines catégories de bénéficiaires. Elle a pu mener à la redéfinition des modes d’interactions entre acteurs -y compris à l’intérieur des organisations. La notion de lien social est plus que jamais devenue un Graal de l’action humanitaire, alors que celle de « distanciation sociale » est apparue et a été prônée officiellement et que la digitalisation renforce la médiatisation des relations : que signifie la notion de lien social dans de telles circonstances ? Que signifie sa banalisation ?

L’analyse de la période « Covid-19 » vécue en France permet aussi de discerner de nouvelles configurations entre politiques publiques, stratégies entrepreneuriales et actions humanitaires. Au croisement des enjeux sanitaires, politiques, économiques et sociaux se révèlent sous un éclairage nouveau les rapports entre Etat, espace marchand et monde associatif. L’analyse fine de cas récents liés à l’action humanitaire permet peut-être de renseigner ou de questionner de façon renouvelée une réalité socio-économico-politique que l’emploi courant du qualificatif de néo-libéral tend souvent à simplifier.

Enfin, nous souhaitons évoquer à l’occasion de ce séminaire une question issue très directement de nos travaux récents : celle de la possibilité d’une recherche empirique collective, notamment en période de « confinement ». Comment mener une recherche en sciences sociales empiriquement fondée en contexte de « crise du Covid-19 » ? On s’interrogera sur les opportunités, mais aussi sur les freins qui se présentent ou s’imposent aux sociologues durant une telle période.

Ce séminaire s’appuie sur la présentation et la discussion collective de travaux de recherche en sciences sociales récents ou en cours, ainsi que sur l’invitation d’acteurs de l’action humanitaire.

L’accès en est libre.

Programme :

15 décembre 2020 à 14 h : Laure Hadj, Isabelle Parizot, Jean-Vincent Pfirsch, François-Xavier Schweyer, CMH (CNRS-EHESS-ENS) « Sur l’engagement volontaire en temps de Covid-19.  D’une plateforme 2.0 aux terrains de livraisons de produits de première nécessité »

19 janvier 2021 à 14 h :

  • Grégory Daho, maître de Conférences Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne « Les armées et la « gestion » des crises sur le sol national.  Les (més)usages politiques de l’institution militaire »
  • Florian Opillard, Angélique Palle – IRSEM Paris « Armées et crises environnementales. Étude comparative des interventions militaires dans la crise sanitaire de la COVID-19 »

23 février 2021 à 14 h : Odile Macchi, Lorraine Guénée - Pôle Sciences sociales Samu social Paris « A propos des recours aux guichets d'aide alimentaire et de leurs « nouveaux publics »

23 mars 2021 à 14 h : Claude Thiaudière, maître de conférences à l’Université d’Amiens (UPJV) « La lutte contre la Covid 19 : genèse d'une police sanitaire »

20 avril 2021 à 14 h :

  • Claire Bidart, directrice de recherche au CNRS, LEST, Aix Marseille Université
  • Adrien Defossez, maître de conférences, ISIS (INU Champollion), LISST, Toulouse
  • Michel Grossetti, directeur de recherches au CNRS et directeur d'études à l'EHESS, LISST, Toulouse « Confinement, isolement et affaiblissement relationnel : les apports de l'enquête "La vie en confinement" (VICO) »

18 mai 2021 à 14 h : Anne Bory, maîtresse de conférences à l’Université de Lille - Clersé « Entreprises et associations : quels "partenariats" derrière les politiques de mécénat ? »

En raison des restrictions sanitaires, cette séance ne pourra malheureusement pas se tenir en présence, mais devra avoir lieu à distance. Les personnes souhaitant y prendre part sont donc invitées à envoyer une demande de lien de connexion à l’adresse suivante jean-vincent.pfirsch@wanadoo.fr.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Première séance : mardi 15 décembre 2020, 14h/17h, salle R2-02 (Madeleine Rebérioux), 48 boulevard Jourdan 75014 Paris

Programme détaillé et modalités de participation en "présentiel" à venir

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Durant les premiers mois de l’année 2020, les phases d’« alertes » sanitaires, de « confinements », de « déconfinements » liées à la pandémie du « Covid-19 » ont suscité nombre d’interrogations et d’incertitudes. Au fil des semaines se sont multipliés les constats alarmants et les initiatives, les mises en garde et les expérimentations. Souvent, la crise a servi de révélateur à des situations restées latentes ou « invisibles », les rendant particulièrement intolérables. Certaines franges de populations se sont trouvées confrontées à des réalités sociales et sanitaires dramatiques : la mort, la maladie, la faim, l’angoisse ou une solitude profonde… La notion d’urgence, classiquement associée à celle d’humanitaire, a conduit à des constructions sociales parfois inattendues ou inédites. Certaines initiatives ont donné lieu à des constructions à vocation pérenne.

Il semblait que le monde de l’action humanitaire et les configurations entre acteurs individuels ou institutionnels pouvaient en être modifiés. Les « publics ordinaires » de ces organisations se sont trouvés dans des situations inédites, parfois critiques, et de « nouveaux publics » sont apparus. Le « positionnement », la (re)définition des missions, les formes de (re)déploiement constituaient plus que jamais des sources de questionnements. Des associations et organisations humanitaires ont vu leurs missions, leurs moyens, leurs modes d’action affectés par ce contexte particulier – dans le sens d’une forte sollicitation immédiate pour certaines, dans le sens d’une relative mise en sommeil forcée ou d’une paralysie momentanée pour d’autres. Les ressources et les modes de financements ordinaires ont pu être taris ou, au contraire, être diversifiés. Beaucoup ont connu des modifications concernant l’adhésion, l’intégration et la mobilisation de leurs membres salariés et/ou bénévoles.

La digitalisation croissante des modes de communication et d’échange a accompagné – ou s’est accompagnée de – la relégation de certaines catégories de bénéficiaires. Elle a pu mener à la redéfinition des modes d’interactions entre acteurs – y compris à l’intérieur des organisations. La notion de lien social constituait plus que jamais le Graal de l’action humanitaire, alors que celle de « distanciation sociale » était apparue et était prônée officiellement et que la digitalisation renforçait la médiatisation des relations : que signifiait alors la notion de lien social dans de telles circonstances ? L’analyse de la période « Covid-19 » vécue en France permettait aussi de discerner de nouvelles configurations entre politiques publiques, stratégies entrepreneuriales et actions humanitaires. Au croisement des enjeux sanitaires, politiques, économiques et sociaux se révélaient sous un éclairage nouveau les rapports entre État, espace marchand et monde associatif.

Enfin, nous souhaitions évoquer à l’occasion de ce séminaire une question issue très directement de nos travaux : celle de la possibilité d’une recherche empirique collective, notamment en période de « confinement ». On s’interrogerait sur les opportunités, mais aussi sur les freins qui se présentent ou s’imposent aux sociologues durant une telle période.

Ce séminaire s’appuyait sur la présentation et la discussion collective de travaux de recherche en sciences sociales récents ou en cours, ainsi que sur l’invitation d’acteurs de l’action humanitaire. Il se tenait à distance.

Intervenants : Laure Hadj, Isabelle Parizot, Jean-Vincent Pfirsch, François-Xavier Schweyer, CMH (CNRS-EHESS-ENS) « Sur l’engagement volontaire en temps de Covid-19. D’une plateforme 2.0 aux terrains de livraisons de produits de première nécessité » ; Grégory Daho, maître de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne « Les armées et la « gestion » des crises sur le sol national. Les (més)usages politiques de l’institution militaire » ; Florian Opillard, Angélique Palle, IRSEM Paris « Armées et crises environnementales. Étude comparative des interventions militaires dans la crise sanitaire de la Covid-19 » ; Odile Macchi, Lorraine Guénée, Pôle Sciences sociales Samu social Paris « À propos des recours aux guichets d’aide alimentaire et de leurs “nouveaux publics” » ; Claude Thiaudière, maître de conférences à l’Université d’Amiens (UPJV) « La lutte contre la Covid-19 : genèse d’une police sanitaire » ; Claire Bidart, directrice de recherche au CNRS, LEST, Aix Marseille Université, Adrien Defossez, maître de conférences, ISIS (INU Champollion), LISST, Toulouse, Michel Grossetti, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS, LISST, Toulouse « Confinement, isolement et affaiblissement relationnel : les apports de l’enquête « La vie en confinement » (VICO) » ; Anne Bory, maîtresse de conférences à l’Université de Lille, Clersé « Entreprises et associations : quels « partenariats » derrière les politiques de mécénat ? ».

Ce séminaire s’adossait à une recherche, menée au sein du Centre Maurice Halbwachs par les quatre animateurs dans le cadre d’une convention avec la Fondation Croix Rouge et la Croix Rouge française, portant sur l’opération « La Croix Rouge Chez Vous », opération mise en place lors du premier confinement de 2020 et développée depuis. La recherche et les acquis du séminaire ont donné lieu à plusieurs communications et présentations (AFS, ESA…). Plusieurs publications et contributions écrites sont en cours de finalisation.

 

Publications

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Dernière modification : 14 avril 2021 08:55

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Centre Maurice-Halbwachs (CMH)
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action publique Enquêtes Méthodes et techniques des sciences sociales Politiques sociales Protection sociale Santé Sociologie
Aires culturelles
France
Intervenant·e·s

Durant les premiers mois de l’année 2020, les phases d’«alertes» sanitaires, de « confinements », de « déconfinements » liées à la pandémie du « Covid-19 » ont suscité nombre d’interrogations et d’incertitudes. Au fil des semaines se sont multipliés les constats alarmants et les initiatives, les mises en garde et les expérimentations.

Souvent, la crise a servi de révélateur à des situations restées latentes ou « invisibles », les rendant particulièrement intolérables. Certaines franges de populations se sont trouvées confrontées à des réalités sociales et sanitaires dramatiques : la mort, la maladie, la faim, l’angoisse ou une solitude profonde… La notion d’urgence, classiquement associée à celle d’humanitaire, a conduit à des constructions sociales parfois inattendues.

Le monde de l’action humanitaire et les configurations entre acteurs individuels ou institutionnels en sont peut-être modifiés. Les « publics ordinaires » de ces organisations se sont trouvés dans des situations inédites, parfois critiques, et de « nouveaux publics » sont apparus. Le «positionnement», la (re)définition des missions, les formes de (re)déploiement constituent plus que jamais des sources de questionnements. Des associations et organisations humanitaires ont vu leurs missions, leurs moyens, leurs modes d’action affectés par ce contexte particulier -dans le sens d’une forte sollicitation immédiate pour certaines, dans le sens d’une relative mise en sommeil forcée ou d’une paralysie momentanée pour d’autres. Les ressources et les modes de financements ordinaires ont pu être taris ou, au contraire, être diversifiés. Beaucoup ont connu des modifications concernant l’adhésion, l’intégration et la mobilisation de leurs membres salariés et/ou bénévoles.

Simultanément, la digitalisation croissante des modes de communication et d’échange a accompagné -ou s’est accompagnée de- la relégation de certaines catégories de bénéficiaires. Elle a pu mener à la redéfinition des modes d’interactions entre acteurs -y compris à l’intérieur des organisations. La notion de lien social est plus que jamais devenue un Graal de l’action humanitaire, alors que celle de « distanciation sociale » est apparue et a été prônée officiellement et que la digitalisation renforce la médiatisation des relations : que signifie la notion de lien social dans de telles circonstances ? Que signifie sa banalisation ?

L’analyse de la période « Covid-19 » vécue en France permet aussi de discerner de nouvelles configurations entre politiques publiques, stratégies entrepreneuriales et actions humanitaires. Au croisement des enjeux sanitaires, politiques, économiques et sociaux se révèlent sous un éclairage nouveau les rapports entre Etat, espace marchand et monde associatif. L’analyse fine de cas récents liés à l’action humanitaire permet peut-être de renseigner ou de questionner de façon renouvelée une réalité socio-économico-politique que l’emploi courant du qualificatif de néo-libéral tend souvent à simplifier.

Enfin, nous souhaitons évoquer à l’occasion de ce séminaire une question issue très directement de nos travaux récents : celle de la possibilité d’une recherche empirique collective, notamment en période de « confinement ». Comment mener une recherche en sciences sociales empiriquement fondée en contexte de « crise du Covid-19 » ? On s’interrogera sur les opportunités, mais aussi sur les freins qui se présentent ou s’imposent aux sociologues durant une telle période.

Ce séminaire s’appuie sur la présentation et la discussion collective de travaux de recherche en sciences sociales récents ou en cours, ainsi que sur l’invitation d’acteurs de l’action humanitaire.

L’accès en est libre.

Programme :

15 décembre 2020 à 14 h : Laure Hadj, Isabelle Parizot, Jean-Vincent Pfirsch, François-Xavier Schweyer, CMH (CNRS-EHESS-ENS) « Sur l’engagement volontaire en temps de Covid-19.  D’une plateforme 2.0 aux terrains de livraisons de produits de première nécessité »

19 janvier 2021 à 14 h :

  • Grégory Daho, maître de Conférences Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne « Les armées et la « gestion » des crises sur le sol national.  Les (més)usages politiques de l’institution militaire »
  • Florian Opillard, Angélique Palle – IRSEM Paris « Armées et crises environnementales. Étude comparative des interventions militaires dans la crise sanitaire de la COVID-19 »

23 février 2021 à 14 h : Odile Macchi, Lorraine Guénée - Pôle Sciences sociales Samu social Paris « A propos des recours aux guichets d'aide alimentaire et de leurs « nouveaux publics »

23 mars 2021 à 14 h : Claude Thiaudière, maître de conférences à l’Université d’Amiens (UPJV) « La lutte contre la Covid 19 : genèse d'une police sanitaire »

20 avril 2021 à 14 h :

  • Claire Bidart, directrice de recherche au CNRS, LEST, Aix Marseille Université
  • Adrien Defossez, maître de conférences, ISIS (INU Champollion), LISST, Toulouse
  • Michel Grossetti, directeur de recherches au CNRS et directeur d'études à l'EHESS, LISST, Toulouse « Confinement, isolement et affaiblissement relationnel : les apports de l'enquête "La vie en confinement" (VICO) »

18 mai 2021 à 14 h : Anne Bory, maîtresse de conférences à l’Université de Lille - Clersé « Entreprises et associations : quels "partenariats" derrière les politiques de mécénat ? »

En raison des restrictions sanitaires, cette séance ne pourra malheureusement pas se tenir en présence, mais devra avoir lieu à distance. Les personnes souhaitant y prendre part sont donc invitées à envoyer une demande de lien de connexion à l’adresse suivante jean-vincent.pfirsch@wanadoo.fr.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Première séance : mardi 15 décembre 2020, 14h/17h, salle R2-02 (Madeleine Rebérioux), 48 boulevard Jourdan 75014 Paris

Programme détaillé et modalités de participation en "présentiel" à venir

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    Salle R2-02 (Madeleine Rebérioux)
    annuel / mensuel (indifférent), mardi 14:00-17:00
    du 15 décembre 2020 au 29 juin 2021

Durant les premiers mois de l’année 2020, les phases d’« alertes » sanitaires, de « confinements », de « déconfinements » liées à la pandémie du « Covid-19 » ont suscité nombre d’interrogations et d’incertitudes. Au fil des semaines se sont multipliés les constats alarmants et les initiatives, les mises en garde et les expérimentations. Souvent, la crise a servi de révélateur à des situations restées latentes ou « invisibles », les rendant particulièrement intolérables. Certaines franges de populations se sont trouvées confrontées à des réalités sociales et sanitaires dramatiques : la mort, la maladie, la faim, l’angoisse ou une solitude profonde… La notion d’urgence, classiquement associée à celle d’humanitaire, a conduit à des constructions sociales parfois inattendues ou inédites. Certaines initiatives ont donné lieu à des constructions à vocation pérenne.

Il semblait que le monde de l’action humanitaire et les configurations entre acteurs individuels ou institutionnels pouvaient en être modifiés. Les « publics ordinaires » de ces organisations se sont trouvés dans des situations inédites, parfois critiques, et de « nouveaux publics » sont apparus. Le « positionnement », la (re)définition des missions, les formes de (re)déploiement constituaient plus que jamais des sources de questionnements. Des associations et organisations humanitaires ont vu leurs missions, leurs moyens, leurs modes d’action affectés par ce contexte particulier – dans le sens d’une forte sollicitation immédiate pour certaines, dans le sens d’une relative mise en sommeil forcée ou d’une paralysie momentanée pour d’autres. Les ressources et les modes de financements ordinaires ont pu être taris ou, au contraire, être diversifiés. Beaucoup ont connu des modifications concernant l’adhésion, l’intégration et la mobilisation de leurs membres salariés et/ou bénévoles.

La digitalisation croissante des modes de communication et d’échange a accompagné – ou s’est accompagnée de – la relégation de certaines catégories de bénéficiaires. Elle a pu mener à la redéfinition des modes d’interactions entre acteurs – y compris à l’intérieur des organisations. La notion de lien social constituait plus que jamais le Graal de l’action humanitaire, alors que celle de « distanciation sociale » était apparue et était prônée officiellement et que la digitalisation renforçait la médiatisation des relations : que signifiait alors la notion de lien social dans de telles circonstances ? L’analyse de la période « Covid-19 » vécue en France permettait aussi de discerner de nouvelles configurations entre politiques publiques, stratégies entrepreneuriales et actions humanitaires. Au croisement des enjeux sanitaires, politiques, économiques et sociaux se révélaient sous un éclairage nouveau les rapports entre État, espace marchand et monde associatif.

Enfin, nous souhaitions évoquer à l’occasion de ce séminaire une question issue très directement de nos travaux : celle de la possibilité d’une recherche empirique collective, notamment en période de « confinement ». On s’interrogerait sur les opportunités, mais aussi sur les freins qui se présentent ou s’imposent aux sociologues durant une telle période.

Ce séminaire s’appuyait sur la présentation et la discussion collective de travaux de recherche en sciences sociales récents ou en cours, ainsi que sur l’invitation d’acteurs de l’action humanitaire. Il se tenait à distance.

Intervenants : Laure Hadj, Isabelle Parizot, Jean-Vincent Pfirsch, François-Xavier Schweyer, CMH (CNRS-EHESS-ENS) « Sur l’engagement volontaire en temps de Covid-19. D’une plateforme 2.0 aux terrains de livraisons de produits de première nécessité » ; Grégory Daho, maître de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne « Les armées et la « gestion » des crises sur le sol national. Les (més)usages politiques de l’institution militaire » ; Florian Opillard, Angélique Palle, IRSEM Paris « Armées et crises environnementales. Étude comparative des interventions militaires dans la crise sanitaire de la Covid-19 » ; Odile Macchi, Lorraine Guénée, Pôle Sciences sociales Samu social Paris « À propos des recours aux guichets d’aide alimentaire et de leurs “nouveaux publics” » ; Claude Thiaudière, maître de conférences à l’Université d’Amiens (UPJV) « La lutte contre la Covid-19 : genèse d’une police sanitaire » ; Claire Bidart, directrice de recherche au CNRS, LEST, Aix Marseille Université, Adrien Defossez, maître de conférences, ISIS (INU Champollion), LISST, Toulouse, Michel Grossetti, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS, LISST, Toulouse « Confinement, isolement et affaiblissement relationnel : les apports de l’enquête « La vie en confinement » (VICO) » ; Anne Bory, maîtresse de conférences à l’Université de Lille, Clersé « Entreprises et associations : quels « partenariats » derrière les politiques de mécénat ? ».

Ce séminaire s’adossait à une recherche, menée au sein du Centre Maurice Halbwachs par les quatre animateurs dans le cadre d’une convention avec la Fondation Croix Rouge et la Croix Rouge française, portant sur l’opération « La Croix Rouge Chez Vous », opération mise en place lors du premier confinement de 2020 et développée depuis. La recherche et les acquis du séminaire ont donné lieu à plusieurs communications et présentations (AFS, ESA…). Plusieurs publications et contributions écrites sont en cours de finalisation.

 

Publications

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