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UE361 - Radio et télévision dans les Afriques : anciens objets, nouvelles approches


Lieu et planning


  • Campus Condorcet
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers

    Lundi 12 octobre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 9 novembre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 14 décembre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 11 janvier 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 8 février 2021, 11:00-13:00, salle 3.06
    Lundi 8 mars 2021, 09:00-11:00, salle 3.07
    Lundi 12 avril 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 10 mai 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 14 juin 2021, 11:00-13:00, salle 3.08


Description


Dernière modification : 31 août 2020 09:52

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Institut des mondes africains (IMAF)
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie et linguistique Archives Citoyenneté Communication Médias Visuel
Aires culturelles
Afrique
Intervenant·e·s

À l’ère digitale, radio et télévision continuent à jouer des rôles clefs dans les dynamiques culturelles, sociales et politiques des sociétés africaines, rurales et urbaines. Au-delà de la circulation de l’information, le recours à ces media a façonné les subjectivités politiques et constitué un espace unique d’expression individuelle et collective sur plusieurs générations.

Loin d’être démodée, l’étude de ces médias est plus que jamais d’actualité : d’une part pour recueillir des traces matérielles et discursives de l’histoire récente des sociétés africaines, et d’autre part pour comprendre des situations présentes caractérisées par l’existence de différentes strates médiatiques, dans des pratiques qui combinent souvent « anciens » et « nouveaux » médias.

En outre, elle bénéficie ces dernières années d’un renouvellement épistémologique majeur. Les médias africains ont longtemps été approchés sous un registre normatif : on déplore souvent leur « manque de professionnalisme », leur influence dans « l’exacerbation des identités ethniques » ou on célèbre au contraire leur rôle dans le « développement » et la « pacification » sans pour autant en réaliser une anthropologie ou une sociologie historique qui permettent de révéler de quelles dynamiques économiques, sociales, politiques et culturelles ils sont le révélateur, voire le catalyseur. À rebours de cette tendance, ce séminaire entend donner la part belle à des travaux permettant de rendre justice à la richesse et à la complexité des productions médiatiques qui se déploient et se sont déployées sur le continent.

Ce séminaire vise à dresser un état des lieux des travaux récents et en cours sur les médias audio-visuels, dans une approche pluridisciplinaire qui réunit anthropologie, science politique, sociologie, histoire et histoire des sciences. Nous sommes particulièrement intéressées par les thématiques suivantes : les dimensions genrées de la production médiatique ; la question de langues et la stabilisation de genres vernaculaires ; le rapport à l’État, à l’exercice du pouvoir, aux idéologies variées du développement ; l’insertion dans les réseaux transnationaux d’aide, d’advocacy mais aussi dans le capitalisme mondialisé de la culture et de la technologie. Nous serons attentives aux questions de méthodes et de réflexivité sur l’enquête : ainsi nous traiterons de question du recours aux archives, dans des fonds publics et privés, et de leurs usages dans l’enquête, et nous inciterons les intervenant.e.s à la présentation de leurs démarches, pour réfléchir notamment à la manière d’associer analyses de l’image et/ou du son aux outils plus classiques de nos disciplines (ethnographie, recherche en archives, analyses textuelles).

Les séances alterneront entre lectures et présentations de travaux en cours, par des collègues basé·e·s en France et à l’étranger.

 

 


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Cette première année de séminaire témoigne bien du renouvellement des travaux sur les médias en Afrique, le registre normatif longtemps dominant ayant laissé la place à des travaux empiriques riches aux méthodes inventives. Après une introduction faisant l’état du domaine, nous avons consacré chaque séance à la présentation par un·e invité·e d’un travail en cours ou récemment paru, faisant la part belle aux jeunes chercheuses et chercheurs, et consacrant du temps aux discussions.

Trois historien·nes ont souligné le rôle de la radio dans la construction de l’État. Travaillant sur la période coloniale tardive au Congo, Charlotte Grabli, a présenté son travail sur Pauline Lisanga. Cette speakrine, repérée sur les planches d’un théâtre de Léopoldville, devint rapidement une icône médiatique en lien avec l’émergence de la rumba congolaise. Cette présentation pose brillamment la question de la « modernité sonore » et correspond à un souci du séminaire de travailler la dimension du genre, encore peu présente dans la bibliographie.

Reprenant la question du lien entre la radio et l’État sur une chronologie large, Marissa Moorman écrit une histoire politique de l’Angola depuis la période coloniale au prisme de la radio. De l’écoute clandestine par les combattants de l’indépendance au choix par les autorités du MPLA d’investir ce medium pour la construction nationale, son travail met au centre la question des affects. L’anxiété (« nervousness », en référence à Nancy Hunt) domine les tentatives souvent peu effectives de contrôle des ondes par la police secrète portugaise comme par les nouvelles autorités, qui craignent de voir leurs projets mis en doute du fait de la présence d’ondes étrangères ou hostiles.

Loin d’être monolithiques, ces projets des États se forment en tension avec d’autres acteurs. Francis Fogué Kuaté le démontre à propos de la radiodiffusion au Nord-Cameroun postcolonial. Les reconfigurations entre champ politique, chant religieux et chant radiophonique permettent de reconsidérer la question de la concurrence religieuse. Cette présentation permet d’aborder la question du rapport entre média et religion, bien travaillée sur les terrains africains.

La radio comme tous les médias suscite des circulations technologiques, mais aussi de personnel, de contenus, de manières de faire. À l’ère du capitalisme mondialisé de la culture et de la technologie, cette dimension est l’objet du travail d’Alessandro Jedlowski. S’appuyant sur les résultats d’un projet de recherche en cours sur les activités de la société de médias chinoise StarTimes au Nigéria et en Côte d’Ivoire, il montre que les publics et professionnels africains prennent une part active à l’émergence de nouvelles configurations médiatiques. Les pratiques de traduction et de doublage opérées en Chine par des acteurs africains des médias sont des espaces de friction particulièrement riches à observer.

Autre apport d’une anthropologie des pratiques contemporaines : les « vieux médias » s’inscrivent dans des configurations complexes de communication caractérisées par l’existence de différentes strates médiatiques. Katrien Pype a partagé ses réflexions sur la place de la technologie et de la communication dans la vie sociale à Kinshasa. Son ethnographie des « phonies », cabines à partir desquelles les Kinois peuvent communiquer avec des personnes situées dans tout le pays grâce à un système de communication par radio, invite à creuser la question des usages « résiduels » des médias, du « presque » quand on dit qu’un espace est « presque entièrement couvert », et à nous interroger sur les dimensions dépolitisantes du vocabulaire de « l’enclave ».

Dans ces exposés la question des sources et des méthodes est régulièrement revenue (sources existantes ou manquantes, sources sonores dont ne restent que des traces écrites, etc.). La question des archives et des pratiques d’archivage ne se réduit pas à l’accès de la chercheuse à ses sources, mais revêt des enjeux politiques majeurs comme Flora Losch l’a démontré dans son intervention sur le tournant numérique dans les pratiques d’archivages des radios et télévisions en Afrique de l’Ouest. La migration numérique est liée à une histoire longue et circulatoire de coopération en matière de radio télédiffusion. Cette question passionnante fait partie de celles que nous comptons reprendre et approfondir dans notre deuxième année de séminaire.
Blog associé au séminaire (avec les résumés ou enregistrements de séance) : https://africanmedia.hypotheses.org/.

 

Publications

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Dernière modification : 31 août 2020 09:52

Type d'UE
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Centres
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Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire
Page web
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Langues
français
Mots-clés
Anthropologie et linguistique Archives Citoyenneté Communication Médias Visuel
Aires culturelles
Afrique
Intervenant·e·s

À l’ère digitale, radio et télévision continuent à jouer des rôles clefs dans les dynamiques culturelles, sociales et politiques des sociétés africaines, rurales et urbaines. Au-delà de la circulation de l’information, le recours à ces media a façonné les subjectivités politiques et constitué un espace unique d’expression individuelle et collective sur plusieurs générations.

Loin d’être démodée, l’étude de ces médias est plus que jamais d’actualité : d’une part pour recueillir des traces matérielles et discursives de l’histoire récente des sociétés africaines, et d’autre part pour comprendre des situations présentes caractérisées par l’existence de différentes strates médiatiques, dans des pratiques qui combinent souvent « anciens » et « nouveaux » médias.

En outre, elle bénéficie ces dernières années d’un renouvellement épistémologique majeur. Les médias africains ont longtemps été approchés sous un registre normatif : on déplore souvent leur « manque de professionnalisme », leur influence dans « l’exacerbation des identités ethniques » ou on célèbre au contraire leur rôle dans le « développement » et la « pacification » sans pour autant en réaliser une anthropologie ou une sociologie historique qui permettent de révéler de quelles dynamiques économiques, sociales, politiques et culturelles ils sont le révélateur, voire le catalyseur. À rebours de cette tendance, ce séminaire entend donner la part belle à des travaux permettant de rendre justice à la richesse et à la complexité des productions médiatiques qui se déploient et se sont déployées sur le continent.

Ce séminaire vise à dresser un état des lieux des travaux récents et en cours sur les médias audio-visuels, dans une approche pluridisciplinaire qui réunit anthropologie, science politique, sociologie, histoire et histoire des sciences. Nous sommes particulièrement intéressées par les thématiques suivantes : les dimensions genrées de la production médiatique ; la question de langues et la stabilisation de genres vernaculaires ; le rapport à l’État, à l’exercice du pouvoir, aux idéologies variées du développement ; l’insertion dans les réseaux transnationaux d’aide, d’advocacy mais aussi dans le capitalisme mondialisé de la culture et de la technologie. Nous serons attentives aux questions de méthodes et de réflexivité sur l’enquête : ainsi nous traiterons de question du recours aux archives, dans des fonds publics et privés, et de leurs usages dans l’enquête, et nous inciterons les intervenant.e.s à la présentation de leurs démarches, pour réfléchir notamment à la manière d’associer analyses de l’image et/ou du son aux outils plus classiques de nos disciplines (ethnographie, recherche en archives, analyses textuelles).

Les séances alterneront entre lectures et présentations de travaux en cours, par des collègues basé·e·s en France et à l’étranger.

 

 

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

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Pré-requis
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  • Campus Condorcet
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers

    Lundi 12 octobre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 9 novembre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 14 décembre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 11 janvier 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 8 février 2021, 11:00-13:00, salle 3.06
    Lundi 8 mars 2021, 09:00-11:00, salle 3.07
    Lundi 12 avril 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 10 mai 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
    Lundi 14 juin 2021, 11:00-13:00, salle 3.08

Cette première année de séminaire témoigne bien du renouvellement des travaux sur les médias en Afrique, le registre normatif longtemps dominant ayant laissé la place à des travaux empiriques riches aux méthodes inventives. Après une introduction faisant l’état du domaine, nous avons consacré chaque séance à la présentation par un·e invité·e d’un travail en cours ou récemment paru, faisant la part belle aux jeunes chercheuses et chercheurs, et consacrant du temps aux discussions.

Trois historien·nes ont souligné le rôle de la radio dans la construction de l’État. Travaillant sur la période coloniale tardive au Congo, Charlotte Grabli, a présenté son travail sur Pauline Lisanga. Cette speakrine, repérée sur les planches d’un théâtre de Léopoldville, devint rapidement une icône médiatique en lien avec l’émergence de la rumba congolaise. Cette présentation pose brillamment la question de la « modernité sonore » et correspond à un souci du séminaire de travailler la dimension du genre, encore peu présente dans la bibliographie.

Reprenant la question du lien entre la radio et l’État sur une chronologie large, Marissa Moorman écrit une histoire politique de l’Angola depuis la période coloniale au prisme de la radio. De l’écoute clandestine par les combattants de l’indépendance au choix par les autorités du MPLA d’investir ce medium pour la construction nationale, son travail met au centre la question des affects. L’anxiété (« nervousness », en référence à Nancy Hunt) domine les tentatives souvent peu effectives de contrôle des ondes par la police secrète portugaise comme par les nouvelles autorités, qui craignent de voir leurs projets mis en doute du fait de la présence d’ondes étrangères ou hostiles.

Loin d’être monolithiques, ces projets des États se forment en tension avec d’autres acteurs. Francis Fogué Kuaté le démontre à propos de la radiodiffusion au Nord-Cameroun postcolonial. Les reconfigurations entre champ politique, chant religieux et chant radiophonique permettent de reconsidérer la question de la concurrence religieuse. Cette présentation permet d’aborder la question du rapport entre média et religion, bien travaillée sur les terrains africains.

La radio comme tous les médias suscite des circulations technologiques, mais aussi de personnel, de contenus, de manières de faire. À l’ère du capitalisme mondialisé de la culture et de la technologie, cette dimension est l’objet du travail d’Alessandro Jedlowski. S’appuyant sur les résultats d’un projet de recherche en cours sur les activités de la société de médias chinoise StarTimes au Nigéria et en Côte d’Ivoire, il montre que les publics et professionnels africains prennent une part active à l’émergence de nouvelles configurations médiatiques. Les pratiques de traduction et de doublage opérées en Chine par des acteurs africains des médias sont des espaces de friction particulièrement riches à observer.

Autre apport d’une anthropologie des pratiques contemporaines : les « vieux médias » s’inscrivent dans des configurations complexes de communication caractérisées par l’existence de différentes strates médiatiques. Katrien Pype a partagé ses réflexions sur la place de la technologie et de la communication dans la vie sociale à Kinshasa. Son ethnographie des « phonies », cabines à partir desquelles les Kinois peuvent communiquer avec des personnes situées dans tout le pays grâce à un système de communication par radio, invite à creuser la question des usages « résiduels » des médias, du « presque » quand on dit qu’un espace est « presque entièrement couvert », et à nous interroger sur les dimensions dépolitisantes du vocabulaire de « l’enclave ».

Dans ces exposés la question des sources et des méthodes est régulièrement revenue (sources existantes ou manquantes, sources sonores dont ne restent que des traces écrites, etc.). La question des archives et des pratiques d’archivage ne se réduit pas à l’accès de la chercheuse à ses sources, mais revêt des enjeux politiques majeurs comme Flora Losch l’a démontré dans son intervention sur le tournant numérique dans les pratiques d’archivages des radios et télévisions en Afrique de l’Ouest. La migration numérique est liée à une histoire longue et circulatoire de coopération en matière de radio télédiffusion. Cette question passionnante fait partie de celles que nous comptons reprendre et approfondir dans notre deuxième année de séminaire.
Blog associé au séminaire (avec les résumés ou enregistrements de séance) : https://africanmedia.hypotheses.org/.

 

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