Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE348 - Assertion et performativité


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 11:00-13:00
    du 5 novembre 2020 au 20 mai 2021


Description


Dernière modification : 25 mai 2020 13:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique, Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Philosophie Philosophie analytique Pragmatique Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Bruno Ambroise   chargé de recherche, CNRS
  • Philippe Büttgen   professeur des universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Le séminaire  poursuivra la réflexion sur la dimension performative de l'assertion à partir d'exemples concrets. Reprenant les débats classiques en philosophie du langage et en pragmatique, il mobilisera aussi les ressources de l'anthropologie linguistique et de l'histoire pour analyser les aspects pragmatiques et conversationnels, souvent ignorés, de cas précis d'assertions, ou d'actes de parole de la même famille. On étudiera ainsi les configurations socio-historiques et anthropologiques déterminant la structure d'énoncés comme la profession de foi ou l'aveu, afin de souligner la complexité de ces actes de parole et d'interroger les modèles traditionnels de l'assertion en termes de règles constitutives ou normatives, qui sur-déterminent une bonne partie des débats en linguistique et en philosophie du langage.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Linguistique et écrit – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Michel de Fornel

Direction de travaux des étudiants

jeudi, de 14 h à 17 h, sur rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

ouvert à tous les étudiants


Compte rendu


Le séminaire a poursuivi la réflexion initiée l’année précédente sur la dimension performative de l’assertion. Après avoir rappelé qu’une conception pragmatique de l’assertion est déjà en germe chez Frege, et qu’elle est développée de façon radicale par Austin, Bruno Ambroise s’est intéressé à l’affaiblissement progressif de cette conception dans la philosophie du langage post-austinienne. C’est en introduisant une explication intentionnaliste inspirée de Grice que Strawson, puis Searle ont cherché à remettre en cause l’approche austinienne en termes d’engagement quant à la vérité de ce qu’on dit. Michel de Fornel a ensuite exploré les similitudes et les différences entre la classification des actes de langage d’Austin et celle de Searle. Pour le premier, tous les actes, y compris les assertions, comportent une dimension institutionnelle. Il a montré les difficultés que rencontre Searle en tentant d’isoler une classe d’acte, les déclaratifs, qui posséderait seule une telle dimension, et qui le conduit à réintroduire un point de vue représentationnel (au travers de la notion de direction d’ajustement) pour justifier l’existence d’une classe des assertifs.

La lecture attentive de deux auteurs a été ensuite privilégiée. Bruno Ambroise et Michel de Fornel ont présenté et discuté les propositions de Richard Moran sur l’assertion comme acte social de l’esprit. Ils se sont en particulier interrogés sur l’importance accordée à la normativité relationnelle pour définir l’assertion et sur le rôle que fait jouer l’auteur à la condition de sincérité et à l’engagement épistémique du locuteur. Pierre-Henri Castel (LIER-FYT) est venu présenter la perspective expressiviste de Robert Brandom dans Making It Explicit et dans ses ouvrages ultérieurs. Cet expressivisme que Brandom qualifie de « rationaliste » s’incarne dans un modèle associant de façon originale une sémantique inférentialiste et une pragmatique normative. Son intervention a été l’occasion d’une discussion de l’analyse de l’assertion en termes de score déontique. Michel de Fornel s’est en particulier attaché à montrer l’existence d’une convergence possible entre l’approche normative et l’approche performative, à partir de l’examen d’une pratique linguistique privilégiée par Brandom, l’offre et la demande de raisons.

Une seconde séquence du séminaire a mobilisé les ressources de la philosophie des religions et de l’histoire pour analyser les aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d’actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du traitement standard de l’assertion. Philippe Büttgen a ainsi consacré plusieurs séances à présenter ses recherches sur la politique de l’assertion, à partir d’une analyse du statement en philosophie. Il s’est en particulier intéressé à la production de manifestes philosophiques (comme ceux de Balibar et Derrida) depuis une trentaine d’années. Ses séances ont permis de préciser les rapports entre performatif et déclaration de qui professe, et d’explorer la question de la force illocutoire dans l’acte de profession de foi, et son rapport à la promesse.

Enfin, une dernière séquence a porté sur plusieurs enquêtes en anthropologie linguistique qui ont décrit les conséquences sociales de l’introduction de la confession auriculaire ou de la confession publique dans des sociétés (en particulier océaniennes) qui mettent en œuvre une doctrine de l’« opacité de l’esprit » dans leurs échanges quotidiens. La discussion par Michel de Fornel de ces terrains océaniens et des conséquences qui en résultent pour une pragmatique du « dire-vrai » a été l’occasion d’une comparaison instructive avec l’étude de l’aveu des péchés dans les premiers siècles chrétiens, présente dans l’ouvrage récemment publié de Foucault, Les aveux de la chair.

 

Publications
  • « De l’usage de la science-fiction en anthropologie », L’Homme, n° 237, 143-154, 2021.
  • Avec A. Ortiz-Caria, « Expliquer une pathologie “invisible”. L’emploi d’une métaphore pour représenter la maladie d’Alzheimer en consultation gériatrique », Espaces Linguistiques, 2. 2021, p. 1-27.
  • « Benveniste », « Bernstein », « Chomsky », « Ethnométhodologie », « Garfinkel », « Labov », « Linguistique », « Saussure », dans Dictionnaire international Bourdieu, sous la dir. de G. Sapiro et al, CNRS éditions, 2020.

Dernière modification : 25 mai 2020 13:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique, Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Philosophie Philosophie analytique Pragmatique Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Bruno Ambroise   chargé de recherche, CNRS
  • Philippe Büttgen   professeur des universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Le séminaire  poursuivra la réflexion sur la dimension performative de l'assertion à partir d'exemples concrets. Reprenant les débats classiques en philosophie du langage et en pragmatique, il mobilisera aussi les ressources de l'anthropologie linguistique et de l'histoire pour analyser les aspects pragmatiques et conversationnels, souvent ignorés, de cas précis d'assertions, ou d'actes de parole de la même famille. On étudiera ainsi les configurations socio-historiques et anthropologiques déterminant la structure d'énoncés comme la profession de foi ou l'aveu, afin de souligner la complexité de ces actes de parole et d'interroger les modèles traditionnels de l'assertion en termes de règles constitutives ou normatives, qui sur-déterminent une bonne partie des débats en linguistique et en philosophie du langage.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Linguistique et écrit – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Michel de Fornel

Direction de travaux des étudiants

jeudi, de 14 h à 17 h, sur rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

ouvert à tous les étudiants

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 11:00-13:00
    du 5 novembre 2020 au 20 mai 2021

Le séminaire a poursuivi la réflexion initiée l’année précédente sur la dimension performative de l’assertion. Après avoir rappelé qu’une conception pragmatique de l’assertion est déjà en germe chez Frege, et qu’elle est développée de façon radicale par Austin, Bruno Ambroise s’est intéressé à l’affaiblissement progressif de cette conception dans la philosophie du langage post-austinienne. C’est en introduisant une explication intentionnaliste inspirée de Grice que Strawson, puis Searle ont cherché à remettre en cause l’approche austinienne en termes d’engagement quant à la vérité de ce qu’on dit. Michel de Fornel a ensuite exploré les similitudes et les différences entre la classification des actes de langage d’Austin et celle de Searle. Pour le premier, tous les actes, y compris les assertions, comportent une dimension institutionnelle. Il a montré les difficultés que rencontre Searle en tentant d’isoler une classe d’acte, les déclaratifs, qui posséderait seule une telle dimension, et qui le conduit à réintroduire un point de vue représentationnel (au travers de la notion de direction d’ajustement) pour justifier l’existence d’une classe des assertifs.

La lecture attentive de deux auteurs a été ensuite privilégiée. Bruno Ambroise et Michel de Fornel ont présenté et discuté les propositions de Richard Moran sur l’assertion comme acte social de l’esprit. Ils se sont en particulier interrogés sur l’importance accordée à la normativité relationnelle pour définir l’assertion et sur le rôle que fait jouer l’auteur à la condition de sincérité et à l’engagement épistémique du locuteur. Pierre-Henri Castel (LIER-FYT) est venu présenter la perspective expressiviste de Robert Brandom dans Making It Explicit et dans ses ouvrages ultérieurs. Cet expressivisme que Brandom qualifie de « rationaliste » s’incarne dans un modèle associant de façon originale une sémantique inférentialiste et une pragmatique normative. Son intervention a été l’occasion d’une discussion de l’analyse de l’assertion en termes de score déontique. Michel de Fornel s’est en particulier attaché à montrer l’existence d’une convergence possible entre l’approche normative et l’approche performative, à partir de l’examen d’une pratique linguistique privilégiée par Brandom, l’offre et la demande de raisons.

Une seconde séquence du séminaire a mobilisé les ressources de la philosophie des religions et de l’histoire pour analyser les aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d’actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du traitement standard de l’assertion. Philippe Büttgen a ainsi consacré plusieurs séances à présenter ses recherches sur la politique de l’assertion, à partir d’une analyse du statement en philosophie. Il s’est en particulier intéressé à la production de manifestes philosophiques (comme ceux de Balibar et Derrida) depuis une trentaine d’années. Ses séances ont permis de préciser les rapports entre performatif et déclaration de qui professe, et d’explorer la question de la force illocutoire dans l’acte de profession de foi, et son rapport à la promesse.

Enfin, une dernière séquence a porté sur plusieurs enquêtes en anthropologie linguistique qui ont décrit les conséquences sociales de l’introduction de la confession auriculaire ou de la confession publique dans des sociétés (en particulier océaniennes) qui mettent en œuvre une doctrine de l’« opacité de l’esprit » dans leurs échanges quotidiens. La discussion par Michel de Fornel de ces terrains océaniens et des conséquences qui en résultent pour une pragmatique du « dire-vrai » a été l’occasion d’une comparaison instructive avec l’étude de l’aveu des péchés dans les premiers siècles chrétiens, présente dans l’ouvrage récemment publié de Foucault, Les aveux de la chair.

 

Publications
  • « De l’usage de la science-fiction en anthropologie », L’Homme, n° 237, 143-154, 2021.
  • Avec A. Ortiz-Caria, « Expliquer une pathologie “invisible”. L’emploi d’une métaphore pour représenter la maladie d’Alzheimer en consultation gériatrique », Espaces Linguistiques, 2. 2021, p. 1-27.
  • « Benveniste », « Bernstein », « Chomsky », « Ethnométhodologie », « Garfinkel », « Labov », « Linguistique », « Saussure », dans Dictionnaire international Bourdieu, sous la dir. de G. Sapiro et al, CNRS éditions, 2020.