Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE345 - Espaces sexués : la production spatiale du genre


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 4
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 13:00-15:00
    du 11 mars 2021 au 24 juin 2021


Description


Dernière modification : 1 juillet 2020 14:43

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie sociale Architecture Corps Espace Espace social Ethnographie Genre Morphologie Sexualité Spatialisation, territoires
Aires culturelles
Afrique Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Klaus Hamberger [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Ce séminaire présentera un bilan intermédiaire du programme de recherche que nous consacrons depuis plusieurs années à la structure sexuée des espaces-corps, et qui nous a amené à concevoir le genre entièrement en termes spatiaux.

L’approche que nous tenterons de défendre consiste à comprendre le genre comme l’effet d’une polarisation qui tend à séparer des pratiques pénétratives et extraverties d’une part, des pratiques englobantes et introverties d’autre part, quelle que soit l’échelle (corps, maison, territoire, etc.). Le genre est donc envisagé comme une structure topologique fondamentale, dont la morphologie des organes procréatifs (le « sexe ») est une instanciation parmi beaucoup d’autres – qu’il s’agisse des dispositifs vestimentaires ou technologiques, des architectures résidentielles ou rituelles, des trajectoires initiatiques ou migratoires.

Concevoir les genres comme le résultat d’une polarisation des pratiques spatio-corporelles implique d’envisager leur différence non pas comme une dichotomie binaire, mais comme différenciation d’un continuum qui peut se réaliser dans un grand nombre de variantes, selon que les pratiques pénétratives et englobantes se séparent ou se combinent de façon plus ou moins complexe.

Le séminaire s’appuiera sur des exemples provenant d’un éventail de sociétés ouest-africaines et occidentales, pour montrer, d’une part, l’universalité du principe topologique de la polarisation des genres, et d’autre part, la grande variabilité de ses réalisations. Nous porterons une attention particulière à la façon dont la dynamique de polarisation ou de dépolarisation des genres s’articule avec les transformations de l’infrastructure technoéconomique et de la division de travail locale et mondiale.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail écrit
  • Séminaires de recherche – Études sur le genre-Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail écrit
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail écrit

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Ce séminaire a présenté le bilan intermédiaire d’un programme de recherche qui conçoit la différenciation des genres comme une polarisation des formes spatiales d’interaction. Selon cette perspective, les corps se masculinisent ou se féminisent dans la mesure où ils tendent à adopter dans leurs interactions avec d’autres corps et objets des gestes plutôt pénétratifs (comme « contenus ») ou plutôt englobants (comme « contenants »). Cette polarisation se manifeste autant dans l’interaction avec la « matière » – par exemple dans la tendance des techniques masculines et féminines à recourir respectivement à des percussions lancées et punctiformes ou posées et diffuses (Testart 2014) – que dans l’interaction avec des « esprits » – par exemple dans leur tendance à privilégier respectivement la forme de masque ou de possession (Prince 1964). Elle correspond à une divergence des orientations spatiales respectivement extraverties et introverties, qui se manifeste aussi bien dans l’organisation des espaces que dans l’orientation des trajectoires domestiques, initiatiques et migratoires.

Pourtant la polarité entre « mode contenant » et « mode contenu » ne constitue pas une dichotomie binaire. La division sexuée du travail entre activités pénétratives et englobantes devient plus variable dans les domaines mobilisant des gestes neutres (commerce), complexes (textile) ou multiples (agriculture). De même, la polarisation des interactions religieuses entre masque et possession admet une pluralité de formes intermédiaires, comme les multiples emballages caractéristiques des « masques de femmes » ou les spectacles performatifs de la possession divinatoire (également pratiquée par les hommes). Les genres s’agencent ainsi dans un champ continu de variantes plus ou moins différenciées ou indifférenciées, hypertrophiées ou hybrides, dont le degré de polarisation varie selon les sociétés. Si des sociétés « à genre dur » se distinguent par une polarisation forte, profonde et irréversible, mobilisant des techniques pénétratives (excision, scarification, sculptage de masques), des sociétés « à genre doux » manifestent une polarisation plus faible, superficielle et réversible, employant des techniques englobantes (textile, peinture), qui facilitent les transitions et les travestissements. Cette polarité entre sociétés polarisantes et sociétés dépolarisantes semble elle-même sexuée : en effet, les masques (masculins) dominent dans les sociétés « à genre dur », alors que la possession (féminisante) domine dans les régions « à genre doux ».

L’une des questions centrales du séminaire a été de savoir comment le degré de polarisation des genres interagit avec le degré d’englobement des espaces féminins par les espaces masculins – degré qui varie entre les pôles de la « femme libre » et de l’épouse virilocale dépendante. Le degré d’extériorité ou d’intériorité des femmes par rapport à l’espace marital ne semble en effet pas corrélé avec le degré de polarisation des genres. L’émergence d’espaces supra-domestiques et préconjugaux (notamment initiatiques) comme fabriques du genre présuppose généralement un environnement qui tend à affaiblir la virilocalité, et ce d’autant plus que leur architecture diverge de l’axe domestique habituel qui associe les hommes à l’extérieur, les femmes à l’intérieur. Or cette divergence peut avoir des effets tantôt polarisants, tantôt dépolarisants. Plus les espaces qui façonnent le genre se situent à l’extérieur et s’éloignent l’un de l’autre, plus ils tendent à un façonnage « dur » des genres. Plus ils se situent à l’intérieur et se confondent l’un avec l’autre, plus ils se limitent à diversifier des genres « doux ».

S’appuyant principalement sur un corpus d’ethnographies ouest-africaines (sous-jacent à un manuscrit de livre en cours), le séminaire a cherché à renouer systématiquement avec l’expérience des sociétés occidentales contemporaines. En mobilisant la contribution des participant·e·s à travers une série d’exercices auto-ethnographiques et des balades ethnographiques extra-muros, le séminaire a tenté, autant que possible, de contrer les conditions spatiales particulièrement défavorables que les mesures sanitaires de cette année de Covid-19 ont imposées à l’enseignement.

 

Publications

-

Dernière modification : 1 juillet 2020 14:43

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie sociale Architecture Corps Espace Espace social Ethnographie Genre Morphologie Sexualité Spatialisation, territoires
Aires culturelles
Afrique Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Klaus Hamberger [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Ce séminaire présentera un bilan intermédiaire du programme de recherche que nous consacrons depuis plusieurs années à la structure sexuée des espaces-corps, et qui nous a amené à concevoir le genre entièrement en termes spatiaux.

L’approche que nous tenterons de défendre consiste à comprendre le genre comme l’effet d’une polarisation qui tend à séparer des pratiques pénétratives et extraverties d’une part, des pratiques englobantes et introverties d’autre part, quelle que soit l’échelle (corps, maison, territoire, etc.). Le genre est donc envisagé comme une structure topologique fondamentale, dont la morphologie des organes procréatifs (le « sexe ») est une instanciation parmi beaucoup d’autres – qu’il s’agisse des dispositifs vestimentaires ou technologiques, des architectures résidentielles ou rituelles, des trajectoires initiatiques ou migratoires.

Concevoir les genres comme le résultat d’une polarisation des pratiques spatio-corporelles implique d’envisager leur différence non pas comme une dichotomie binaire, mais comme différenciation d’un continuum qui peut se réaliser dans un grand nombre de variantes, selon que les pratiques pénétratives et englobantes se séparent ou se combinent de façon plus ou moins complexe.

Le séminaire s’appuiera sur des exemples provenant d’un éventail de sociétés ouest-africaines et occidentales, pour montrer, d’une part, l’universalité du principe topologique de la polarisation des genres, et d’autre part, la grande variabilité de ses réalisations. Nous porterons une attention particulière à la façon dont la dynamique de polarisation ou de dépolarisation des genres s’articule avec les transformations de l’infrastructure technoéconomique et de la division de travail locale et mondiale.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail écrit
  • Séminaires de recherche – Études sur le genre-Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail écrit
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail écrit
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 4
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 13:00-15:00
    du 11 mars 2021 au 24 juin 2021

Ce séminaire a présenté le bilan intermédiaire d’un programme de recherche qui conçoit la différenciation des genres comme une polarisation des formes spatiales d’interaction. Selon cette perspective, les corps se masculinisent ou se féminisent dans la mesure où ils tendent à adopter dans leurs interactions avec d’autres corps et objets des gestes plutôt pénétratifs (comme « contenus ») ou plutôt englobants (comme « contenants »). Cette polarisation se manifeste autant dans l’interaction avec la « matière » – par exemple dans la tendance des techniques masculines et féminines à recourir respectivement à des percussions lancées et punctiformes ou posées et diffuses (Testart 2014) – que dans l’interaction avec des « esprits » – par exemple dans leur tendance à privilégier respectivement la forme de masque ou de possession (Prince 1964). Elle correspond à une divergence des orientations spatiales respectivement extraverties et introverties, qui se manifeste aussi bien dans l’organisation des espaces que dans l’orientation des trajectoires domestiques, initiatiques et migratoires.

Pourtant la polarité entre « mode contenant » et « mode contenu » ne constitue pas une dichotomie binaire. La division sexuée du travail entre activités pénétratives et englobantes devient plus variable dans les domaines mobilisant des gestes neutres (commerce), complexes (textile) ou multiples (agriculture). De même, la polarisation des interactions religieuses entre masque et possession admet une pluralité de formes intermédiaires, comme les multiples emballages caractéristiques des « masques de femmes » ou les spectacles performatifs de la possession divinatoire (également pratiquée par les hommes). Les genres s’agencent ainsi dans un champ continu de variantes plus ou moins différenciées ou indifférenciées, hypertrophiées ou hybrides, dont le degré de polarisation varie selon les sociétés. Si des sociétés « à genre dur » se distinguent par une polarisation forte, profonde et irréversible, mobilisant des techniques pénétratives (excision, scarification, sculptage de masques), des sociétés « à genre doux » manifestent une polarisation plus faible, superficielle et réversible, employant des techniques englobantes (textile, peinture), qui facilitent les transitions et les travestissements. Cette polarité entre sociétés polarisantes et sociétés dépolarisantes semble elle-même sexuée : en effet, les masques (masculins) dominent dans les sociétés « à genre dur », alors que la possession (féminisante) domine dans les régions « à genre doux ».

L’une des questions centrales du séminaire a été de savoir comment le degré de polarisation des genres interagit avec le degré d’englobement des espaces féminins par les espaces masculins – degré qui varie entre les pôles de la « femme libre » et de l’épouse virilocale dépendante. Le degré d’extériorité ou d’intériorité des femmes par rapport à l’espace marital ne semble en effet pas corrélé avec le degré de polarisation des genres. L’émergence d’espaces supra-domestiques et préconjugaux (notamment initiatiques) comme fabriques du genre présuppose généralement un environnement qui tend à affaiblir la virilocalité, et ce d’autant plus que leur architecture diverge de l’axe domestique habituel qui associe les hommes à l’extérieur, les femmes à l’intérieur. Or cette divergence peut avoir des effets tantôt polarisants, tantôt dépolarisants. Plus les espaces qui façonnent le genre se situent à l’extérieur et s’éloignent l’un de l’autre, plus ils tendent à un façonnage « dur » des genres. Plus ils se situent à l’intérieur et se confondent l’un avec l’autre, plus ils se limitent à diversifier des genres « doux ».

S’appuyant principalement sur un corpus d’ethnographies ouest-africaines (sous-jacent à un manuscrit de livre en cours), le séminaire a cherché à renouer systématiquement avec l’expérience des sociétés occidentales contemporaines. En mobilisant la contribution des participant·e·s à travers une série d’exercices auto-ethnographiques et des balades ethnographiques extra-muros, le séminaire a tenté, autant que possible, de contrer les conditions spatiales particulièrement défavorables que les mesures sanitaires de cette année de Covid-19 ont imposées à l’enseignement.

 

Publications

-