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UE302 - Politiques et transmissions des savoirs locaux et anthropologiques


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.07
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 11:00-13:00
    du 4 novembre 2020 au 24 février 2021


Description


Dernière modification : 25 mai 2020 11:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie sociale Écriture Ethnographie Mémoire
Aires culturelles
Europe Océanie
Intervenant·e·s
  • Thierry Bonnot [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)
  • Alban Bensa   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)

Ce séminaire se propose de questionner la discipline anthropologique en tant que science sociale et historique productrice de savoirs.

Le terrain ethnographique est la rencontre entre un enquêteur et des individus selon des situations où le premier cherche à comprendre ce que font les seconds dans une « tension entre coprésence et distance » (Jean Bazin). Il nous faut donc penser les rapports entre les savoirs ainsi coproduits, leur transmission in situ et  leurs restitutions savantes.

En interrogeant des textes classiques des sciences sociales ou bien des auteurs invités à exposer leurs travaux récents, nous les mettrons à l’épreuve des observations de terrain dans un large éventail disciplinaire. Nous réfléchirons également aux problèmes posés par les usages sociaux et politiques des savoirs en insistant sur les formes de leur écriture.

Les anthropologues travaillent à l’identification de savoirs pratiques, historiques et théoriques que partagent peu ou prou des collectivités à géométrie variable (villages, terroirs, régions, Etats). Nous étudierons les conditions de production de certains de ces dispositifs, à partir de cas européens et océaniens principalement. Symétriquement, nous examinerons le travail des anthropologues et des historiens quant à la restitution savante et idéologique de ces savoirs, de leurs contours, de leur contenu et de leurs significations. Seront aussi visitées tant  la réinvention d’épisodes de l'histoire et de la préhistoire que les contextes et formes d’élaboration des textes anthropologiques. Il s'agira par-là de montrer comment les savoirs indigènes ou allochtones ne sont jamais ni construits ni transmis indépendamment de relations de pouvoir.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-

Compte rendu


Notre séminaire se veut résolument un séminaire d’anthropologie, mais pleinement ouvert sur les autres sciences sociales. Il se revendique d’une conception de l’anthropologie, celle que nous essayons de pratiquer et que nous souhaitons transmettre, une conception qui n’est pas celle d’une philosophie humaniste, mais qui relève avant tout d’une démarche empirique. La recherche est une construction permanente, un effort autocritique par rapport aux travaux antérieurs, une remise en cause à travers des lectures ou des terrains. Il s’agit de dissoudre les illusions culturalistes en construisant une histoire ancrée dans l’enquête empirique, travail de réflexion situé.

Nous avons au fil des séances de cette année développé nos réflexions sur le terrain, les mémoires, les récits et les problématiques d’écritures en restant très solidement ancrés dans nos propres travaux de recherche – Alban Bensa sur la Nouvelle-Calédonie, Thierry Bonnot sur les objets et les patrimoines. Nous entendons le terme politique au sens large. Les rapports entre enquêteur et enquêtés, la construction des savoirs, leur restitution et leur transmission sont toujours politiques, au sens où ils reflètent des rapports de pouvoir, des rapports de force, des appropriations et réappropriations de récits, des constructions mémorielles et identitaires. Ce sont les usages sociaux et politiques des savoirs qui nous ont intéressés, davantage que la politique institutionnalisée. Nous considérons le thème de la transmission sous l’angle de la circulation des récits, des mémoires et de l’histoire locale. Dans un second temps, nous avons réfléchi à la circulation des savoirs produits localement, la transmission des « données » du terrain et de l’enquête anthropologique ; la restitution, la production de comptes rendus sous différentes formes. Il s’agit donc de mener également une réflexion sur les différents modes d’écriture, donc de proposer une analyse méthodologique en questionnant la démarche d’enquête et la restitution/transmission de ses résultats.

Nous nous sommes appliqués cette année à défendre une conception de l’anthropologie étroitement tributaire du terrain concret tout en travaillant sur des notions plus générales (interdisciplinarité, écriture…), ce que nous avons fait en partant des pratiques d’enquête. En appui de cette démarche heuristique, nous avons également exploré une bibliographie éclectique et pluridisciplinaire, constituée d’ouvrages et d’articles de référence et de parutions récentes. Le fait de privilégier l’observation des situations, les micro-évènements, ne nous condamne pas à renoncer à la généralisation. Le pari de l’anthropologie critique et descriptive que nous proposons, avec d’autres, est que nous pouvons accéder à une compréhension de faits sociaux (c’est-à-dire de phénomènes généraux, de plus ou moins grande ampleur) par l’observation de faits situés, par le dialogue et par la co-construction des savoirs. C’est faire le pari que de l’observation et de la description d’un micro-événement, d’une situation localisée et datée, on peut tirer des savoirs d’ordre général, des informations anthropologiques, c’est-à-dire visant l’homme en société. Plutôt que de parler de « montée en généralité », nous avons proposé de déployer l’éventail des possibles à partir d’une situation donnée, dans un contexte social et historique précis, pour comprendre non pas en s’élevant, en surplombant (l’idée de monter en généralité) mais en décrivant le plus exhaustivement, le plus précisément possible ce qui se passe, ce dans quoi nous sommes aussi pris. Nous prônons dans ce séminaire une vision de la discipline anthropologique plus horizontale que verticale. Les savoirs anthropologiques sont coproduits : les savoirs locaux auxquels nous accédons et dont nous faisons des savoirs « savants », des livres, des articles, des expositions, sont le fruit du dialogue entre enquêteur et enquêté qui n’est pas seulement une relation entre collecteur et fournisseur (de savoirs) : c’est une interaction générant des savoirs. L’enquêteur fait partie de cette interaction située et cette situation de dialogue fait partie du matériau, elle est indiscernable du « reste » du savoir anthropologique.

Publications
  • Avec Roger Boulay, « La monnaie kanak est une personne », Sensibilités, n° 9, août 2021, p. 28-37.

Dernière modification : 25 mai 2020 11:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie sociale Écriture Ethnographie Mémoire
Aires culturelles
Europe Océanie
Intervenant·e·s
  • Thierry Bonnot [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)
  • Alban Bensa   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)

Ce séminaire se propose de questionner la discipline anthropologique en tant que science sociale et historique productrice de savoirs.

Le terrain ethnographique est la rencontre entre un enquêteur et des individus selon des situations où le premier cherche à comprendre ce que font les seconds dans une « tension entre coprésence et distance » (Jean Bazin). Il nous faut donc penser les rapports entre les savoirs ainsi coproduits, leur transmission in situ et  leurs restitutions savantes.

En interrogeant des textes classiques des sciences sociales ou bien des auteurs invités à exposer leurs travaux récents, nous les mettrons à l’épreuve des observations de terrain dans un large éventail disciplinaire. Nous réfléchirons également aux problèmes posés par les usages sociaux et politiques des savoirs en insistant sur les formes de leur écriture.

Les anthropologues travaillent à l’identification de savoirs pratiques, historiques et théoriques que partagent peu ou prou des collectivités à géométrie variable (villages, terroirs, régions, Etats). Nous étudierons les conditions de production de certains de ces dispositifs, à partir de cas européens et océaniens principalement. Symétriquement, nous examinerons le travail des anthropologues et des historiens quant à la restitution savante et idéologique de ces savoirs, de leurs contours, de leur contenu et de leurs significations. Seront aussi visitées tant  la réinvention d’épisodes de l'histoire et de la préhistoire que les contextes et formes d’élaboration des textes anthropologiques. Il s'agira par-là de montrer comment les savoirs indigènes ou allochtones ne sont jamais ni construits ni transmis indépendamment de relations de pouvoir.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.07
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 11:00-13:00
    du 4 novembre 2020 au 24 février 2021

Notre séminaire se veut résolument un séminaire d’anthropologie, mais pleinement ouvert sur les autres sciences sociales. Il se revendique d’une conception de l’anthropologie, celle que nous essayons de pratiquer et que nous souhaitons transmettre, une conception qui n’est pas celle d’une philosophie humaniste, mais qui relève avant tout d’une démarche empirique. La recherche est une construction permanente, un effort autocritique par rapport aux travaux antérieurs, une remise en cause à travers des lectures ou des terrains. Il s’agit de dissoudre les illusions culturalistes en construisant une histoire ancrée dans l’enquête empirique, travail de réflexion situé.

Nous avons au fil des séances de cette année développé nos réflexions sur le terrain, les mémoires, les récits et les problématiques d’écritures en restant très solidement ancrés dans nos propres travaux de recherche – Alban Bensa sur la Nouvelle-Calédonie, Thierry Bonnot sur les objets et les patrimoines. Nous entendons le terme politique au sens large. Les rapports entre enquêteur et enquêtés, la construction des savoirs, leur restitution et leur transmission sont toujours politiques, au sens où ils reflètent des rapports de pouvoir, des rapports de force, des appropriations et réappropriations de récits, des constructions mémorielles et identitaires. Ce sont les usages sociaux et politiques des savoirs qui nous ont intéressés, davantage que la politique institutionnalisée. Nous considérons le thème de la transmission sous l’angle de la circulation des récits, des mémoires et de l’histoire locale. Dans un second temps, nous avons réfléchi à la circulation des savoirs produits localement, la transmission des « données » du terrain et de l’enquête anthropologique ; la restitution, la production de comptes rendus sous différentes formes. Il s’agit donc de mener également une réflexion sur les différents modes d’écriture, donc de proposer une analyse méthodologique en questionnant la démarche d’enquête et la restitution/transmission de ses résultats.

Nous nous sommes appliqués cette année à défendre une conception de l’anthropologie étroitement tributaire du terrain concret tout en travaillant sur des notions plus générales (interdisciplinarité, écriture…), ce que nous avons fait en partant des pratiques d’enquête. En appui de cette démarche heuristique, nous avons également exploré une bibliographie éclectique et pluridisciplinaire, constituée d’ouvrages et d’articles de référence et de parutions récentes. Le fait de privilégier l’observation des situations, les micro-évènements, ne nous condamne pas à renoncer à la généralisation. Le pari de l’anthropologie critique et descriptive que nous proposons, avec d’autres, est que nous pouvons accéder à une compréhension de faits sociaux (c’est-à-dire de phénomènes généraux, de plus ou moins grande ampleur) par l’observation de faits situés, par le dialogue et par la co-construction des savoirs. C’est faire le pari que de l’observation et de la description d’un micro-événement, d’une situation localisée et datée, on peut tirer des savoirs d’ordre général, des informations anthropologiques, c’est-à-dire visant l’homme en société. Plutôt que de parler de « montée en généralité », nous avons proposé de déployer l’éventail des possibles à partir d’une situation donnée, dans un contexte social et historique précis, pour comprendre non pas en s’élevant, en surplombant (l’idée de monter en généralité) mais en décrivant le plus exhaustivement, le plus précisément possible ce qui se passe, ce dans quoi nous sommes aussi pris. Nous prônons dans ce séminaire une vision de la discipline anthropologique plus horizontale que verticale. Les savoirs anthropologiques sont coproduits : les savoirs locaux auxquels nous accédons et dont nous faisons des savoirs « savants », des livres, des articles, des expositions, sont le fruit du dialogue entre enquêteur et enquêté qui n’est pas seulement une relation entre collecteur et fournisseur (de savoirs) : c’est une interaction générant des savoirs. L’enquêteur fait partie de cette interaction située et cette situation de dialogue fait partie du matériau, elle est indiscernable du « reste » du savoir anthropologique.

Publications
  • Avec Roger Boulay, « La monnaie kanak est une personne », Sensibilités, n° 9, août 2021, p. 28-37.