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UE275 - Histoire de la famille. Pouvoirs et dépendances au sein de la famille. Perspectives comparatives (XVIe-XXIe siècle)


Lieu et planning


  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 17:00-19:00
    du 26 novembre 2020 au 10 juin 2021


Description


Dernière modification : 24 mai 2020 21:27

Type d'UE
Séminaires collectifs de recherche
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais espagnol français
Mots-clés
Alimentation Animalité Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie historique Anthropologie sociale Biologie et société Cartographie Classes sociales Coloniales (études) Comparatisme Corps Culture Démographie Développement Développement durable Diaspora Droit, normes et société Dynamiques sociales Éducation Empire Enfance Esclavage Espace social État et politiques publiques Ethnicité Ethnologie Famille Féminisme Génétique Genre Géographie Globalisation Guerre Handicap Histoire Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Histoire du droit Histoire économique et sociale Histoire environnementale Historiographie Humanités numériques Image Informatique et sciences sociales Institutions Interactions Littérature Littérature orale Marché Médecine Mémoire Méthodes et techniques des sciences sociales Méthodes quantitatives Migration(s) Milieu Minorités Monde Mouvements sociaux Numérique Objets Oralité Parenté Patrimoine Paysage Politiques publiques Politiques sociales Post-coloniales (études) Pratiques Professions Protection sociale Relations internationales Religieux (sciences sociales du) Réseaux sociaux Révolutions Rituel Rurales (études) Santé Savoirs Sémantique Sémiotique Sexualité Socio-économie Sociohistoire Sociologie Spatialisation, territoires Symbolique Techniques Témoignage Temps/temporalité Transnational Travail Urbaines (études) Valeur Ville Violence Vivant
Aires culturelles
Afrique Amérique du Nord Amérique du Sud Amériques Asie Asie centrale Atlantiques (mondes) Chine Corée Europe Europe centrale et orientale France Ibérique (monde) Inde Japon Maghreb Méditerranéens (mondes) Russie Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Antoinette Fauve-Chamoux [référent·e]   maîtresse de conférences (retraité·e), EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Lucia Carle   professeure des universités, Université de Florence, Italie
  • Claudia Contente   enseignant-chercheur, Université Pompeu Fabra, Barcelone
  • Helena Da Silva   enseignant-chercheur FCT IHC - FCSH/NOVA, Portugal & Université du Havre, GRIC/EA4314
  • Marius Eppel   enseignant-chercheur, Université Babes-Bolyai de Cluj, Roumanie
  • Mary Louise Nagata   professeure des universités, Francis Marion University

Nous aborderons les modèles de pouvoir dans le cadre de la famille, les conditions de co-résidence des individus apparentés ou non au sein des unités domestiques, la formation des couples, légitimes ou non, leur dissolution, la transmission transgénérationnelle du patrimoine, la condition des veuves, des personnes âgées et des célibataires, l’avenir des enfants et leur mobilité géographique et sociale suivant la position dans la fratrie, le genre et le marché du travail.
Seront examinées les différentes juridictions et les pratiques morales et coutumières concernant l’autorité du chef de famille (homme ou femme) sur les membres de ménage, cherchant à définir quels sont les devoirs et obligations des parents. Dans une optique largement comparative, nous chercherons à mettre en évidence les interactions entre, d’une part, le changement social et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction démographique aussi bien que socio-économique et les choix de vie. On s’attachera enfin aux rôles respectifs joués historiquement par les réseaux de parenté, la communauté, les rituels coutumiers, la religion et l’État sur la famille.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel.

Pré-requis

séminaire ouvert, tous niveaux.

Inscription en début d'année académique, avec présentation du CV à jour complet et d'un projet de recherche écrit.

 


Compte rendu


Dans le cadre de ce séminaire collectif de recherche, réunissant actuellement six partenaires principaux et de nombreuses équipes associées de longue date, une attention particulière est accordée aux stratégies familiales et à la différence de genre en matière de formation de la famille, d’activité professionnelle, de promotion sociale et de part d’héritage. Nous mettons en évidence les interactions entre, d’une part, le changement socio-économique, politique et juridique et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction et les choix de vie ultérieure. Il est tenu compte du poids de l’État et des institutions locales, civiles, religieuses et corporatives face d’un côté à la force des coutumes et de l’autre à la puissance des changements de mentalité caractérisant les générations nouvelles.

Dans la ligne de nos travaux comparatifs en perspective eurasienne (Japon, Corée, Chine), initiés en 1998, Mary Louise Nagata (Université Francis Marion, USA) explique le fonctionnement intergénérationnel de la famille souche (Stem Family) au Japon, à partir du cas de la ville de Kyoto. Dans ce milieu urbain japonais du XIXe siècle, elle souligne que la situation de parent isolé n’est pas exceptionnelle. Il ou elle vit avec un enfant et n’a pas de conjoint. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être notées dans cette situation, le taux de remariage étant beaucoup plus élevé pour les veufs que pour les veuves. En campagne la situation est fort différente. Hiroshi Kawaguchi (Université Tezukayama, Nara, Japon) montre en effet que le marché matrimonial, dans la société rurale japonaise de la même époque, est contraint par des conditions géographiques et sociales, seules les classes supérieures pouvant accéder à un choix élargi de conjoints potentiels. Mais bientôt l’intensification des échanges avec le reste du Japon induit la circulation des personnes et des marchandises, avec la diversification de la consommation, ce qui favorise les mariages entre conjoints éloignés. À cet égard les commerçants jouent un rôle essentiel de marieurs, et c’est par leur entremise que se négocient les unions arrangées. L’auteur insiste sur le fait que les fermes ont grand besoin, pour la production agricole, la survie des ménages et leur reproduction intergénérationnelle, d’une solide main-d’œuvre féminine compétente et qualifiée. De son côté, Claude Olry (EHESS) problématise l’histoire sociale intergénérationnelle des Coréens de Chine - au moyen de la modélisation du vivant proposée par le biologiste Pierre Bricage (Syst. Res. 30, 2013, p. 677-692) – identifiant les phases traversées et l’enjeu de la survie physique, morale, culturelle, religieuse et politique de cette rude population implantée, au fil des générations, à l’extrême Nord Est de la Chine, grâce aux réseaux familiaux toujours reconstruits. Pour la période 1840-1905, il présente aussi comment cette communauté agraire s’est structurée pour résister aux divers épisodes de stress socio-économique et s’adapter pour que les familles ne disparaissent pas, tout en respectant leurs caractères identitaires profonds. Il rend hommage au rôle des femmes dans ces processus complexes d’adaptation, qu’il arrive à décrypter grâce aux sources nouvelles, écrites et orales, qu’il a pu découvrir, recueillir et décrypter.

Poursuivant nos fructueux échanges triangulaires avec l’Espagne et le Portugal, plusieurs séances de ce séminaire collectif de recherche furent consacrées à l’étude comparative des modèles familiaux en péninsule ibérique, depuis la Renaissance, en particulier en matière de formation du ménage, de choix du conjoint, de relations de couple, de survie et de transmission. Maria Antonia Lopes (Université de Coimbra), fait découvrir les importants écrits de deux auteurs portugais, d’avant-garde au XVIe siècle, qui exposent comment les femmes devaient se comporter selon leur rang comme épouses et mères. Maria Marta Lobo de Araújo (Université du Minho à Braga) dépeint les relations d’affection entre Pedro de Aguiar et Maria Vieira, mari et femme pour le meilleur et pour le pire au xviie siècle. Pour le XVIIIe siècle, Ofelia Rey Castelao (Université de Saint-Jacques de Compostelle) rappelle les diverses sources espagnoles qui permettent d’expliquer les désordres pouvant affecter les mariages à l’époque moderne (mariages clandestins, bigamie etc.), grâce aux mentions de personnes présentes comme parrains, témoins ou accompagnateurs, documents qu’elle a étudiés tout particulièrement, pour la Galice le Pays basque et les Asturies, en distinguant les spécificités des comportements familiaux en milieux urbains et ruraux, mettant en lumière les pouvoirs dont les femmes savaient alors faire usage, en particulier face à l’Église, l’État, les autorités locales et les instances judiciaires, lorsqu’elles n’avaient pas de conjoint présent, afin de rester maîtresses de leur destin et élever au mieux leurs enfants.

Alexandra Esteves (Université Catholique Portugaise de Braga), spécialiste de l’assistance aux pauvres indigents et personnes âgées dans le besoin, évoque le fonctionnement des maisons d’assistance au Portugal, mettant l’accent sur le secteur du Minho. Elle fait ensuite un bilan impressionnant de toutes les épidémies qui ont frappé enfants et adultes de cette région septentrionale du pays, au long du XIXe siècle et jusqu’aux années 1920. C’est l’époque où beaucoup de jeunes gens ont quitté leur terre natale en quête d’une nouvelle vie au Brésil. Julieta Rotaru (Université de Södertörn, Suède) dépeint l’état d’indigence qui frappe les communautés gitanes d’Europe en Valachie orthodoxe et leurs dures conditions socio-économiques au début du XIXe siècle, situation que l’on peut qualifier d’esclavage tardif. Engagée dans l’étude des grandes hécatombes mondiales du XXe siècle, Helena da Silva (Université NOVA de Lisbonne) non seulement présente le livre qu’elle a coédité avec Paulo Matos War Hecatomb, International Effects on Public Health, Demography and Mentalities in the 20th Century, Bern, Peter Lang, 2019 mais aussi le cas des combattants portugais de la première guerre mondiale, ceux qui furent traumatisés par leur terrible expérience de la Grande Guerre. Tels ceux d’autres nationalités, les soldats Portugais qui survécurent à leurs blessures au front furent marqués à vie et nombreux furent les hommes qui ne s’en remirent ni physiquement, ni moralement, ni psychiquement, impactant de ce fait la vie de toute leur famille. Au Portugal, les grands blessés de la Grande Guerre et leurs proches furent beaucoup moins soutenus par les institutions, qu’elles fussent privées, associatives, religieuses ou publiques, que dans d’autres pays comme la France, où les Anciens Combattants étaient bien organisés et actifs à fournir des aides et soins adaptés aux veuves, malades, handicapés et à leurs familles. Graźyna Liczbinska (Université Adam Mickiewicz de Poznań), avec Jan Golian, auteur d’une remarquable monographie de démographie historique et d’histoire sociale parue en 2019 (Université de Ružomberok) évalue, pour les années 1801-1920, quel fut l’impact des guerres et des crises économiques, en Pologne et en Slovaquie, sur le sex ratio de la population locale.

À partir des registres paroissiaux de Styrie (Autriche) pour la longue période de 1650 à 1910, à l’issue de son travail très original sur le modèle d’illégitimité rurale en Styrie autrichienne, avec ses grandes phases successives, Peter Teibenbacher (Université Karl-Franzens de Graz) expose le système migratoire différentiel des héritiers et des cadets au sein des familles paysannes et souligne leurs différences de comportements. La fréquence des naissances illégitimes est soulignée. Pour sa part, Ruben Castro Rodondo (Université de Cantabrie) présente sa remarquable étude sur le parrainage des enfants illégitimes dans la ville de La Corogne au XIXe siècle. Evelien Walhout (Université de Leiden) expose, pour les Pays-Bas, le terrible mouvement d’abandons forcés d’enfants nés hors mariage de mères très jeunes, entre 1954 et 1984, et qui furent alors proposés à l’adoption. Marie Grognet (CY University Paris) étudie, pour la Californie du temps présent, toutes les questions que pose l’insertion des enfants placés dans une famille d’accueil, quels que soient les sentiments d’affection et les soins prodigués par leurs parents adoptifs.

Paola Lanaro (Université Ca’ Foscari de Venise) met en évidence les pratiques propres à l’élite vénitienne du XVIIIe siècle, bien qu’elles aient une origine plus ancienne : le fidéicommis et la dot. La question du travail féminin est également abordée. Ce sont les activités liées au textile qui attirent le plus les femmes, comme le démontre le cas hors du commun de celles qui sont employées aux voiles de bateau au sein de l’arsenal de Venise, un métier spécialisé qui se transmet de mère en fille. Maria Grazia Dalai (Université de Vérone) démontre à quel point les familles des imprimeurs-libraires piémontais développent leurs réseaux familiaux en Italie, France et Espagne au XVIe siècle afin de développer la diffusion de leurs productions à un lectorat sans frontières.

Beatrice Moring (Université de Cambridge) dévoile quelles sont les spécificités des modèles de mariage et de formation de la famille, observés dans les pays nordiques à l’âge moderne et au XIXe siècle, insistant à la fois sur le rôle de l’Église et sur celui de la tradition populaire. Fatiha Loualich (Université d’Alger) expose la façon dont les femmes algéroises des XVIIIe et XIXe siècles se soucient efficacement de faire fructifier leurs biens propres, mobiliers et immobiliers, et de les transmettre à leurs enfants, à des parents proches ou à des institutions religieuses. Béatrice Craig (Université d’Ottawa) éclaire avec force le rôle majeur des femmes à la fois dans la production et dans la consommation, au Bas-Canada rural de l’époque 1830-1867.

À l’occasion de son étude sur les Français ayant migré en Californie entre 1880 et 1940, Marie-Pierre Arrizabalaga (CY University Paris) précise que les femmes immigrantes furent de plus en plus nombreuses au XIXe siècle et au début du XXe siècle et précise à quel point le long processus de naturalisation qu’elles entreprennent constitue un indicateur de leur intégration à la vie américaine. Mamadou Sounoussy Diallo (Université de N’Zerekoré, République de Guinée) s’attache aux femmes guinéennes qui partent à New York et recherche le fort impact de cette migration du travail sur les relations familiales aujourd’hui et les changements de mentalité.

 

Publications
  • « À la croisée des disciplines, la démographie Historique », Revue Roumaine d’Histoire, Tome LVII, 2020, 1-4, p. 89-110.
  • « Collecting and analyzing marriage and birth data : Women in pre-revolution Rheims, France », Studies in People’s History7 (2), 2020, p. 145-158.
  • « Ilegitimidade, trabalho feminino e sistemas de herança na Europa (séculos XVI-XX), dans Raízes da família extensa no Brasil : (re)conexões colaborativas, sous la dir. de Elaine Pedreira Rabinovich, Ana Cecilia de Sousa Bastos et Lorena Márcia NascimentoCardoso, Coleção Familia, (auto)etnografia e poética, volume 3, Editora CRV, Curitiba, 2020, p. 15-34. DOI 10.24824/978655868712.2, https://editoracrv.com.br/produtos/detalhes/35473-volume-3-colecao-familia-auto-etnografia-e-poetica

Dernière modification : 24 mai 2020 21:27

Type d'UE
Séminaires collectifs de recherche
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais espagnol français
Mots-clés
Alimentation Animalité Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie historique Anthropologie sociale Biologie et société Cartographie Classes sociales Coloniales (études) Comparatisme Corps Culture Démographie Développement Développement durable Diaspora Droit, normes et société Dynamiques sociales Éducation Empire Enfance Esclavage Espace social État et politiques publiques Ethnicité Ethnologie Famille Féminisme Génétique Genre Géographie Globalisation Guerre Handicap Histoire Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Histoire du droit Histoire économique et sociale Histoire environnementale Historiographie Humanités numériques Image Informatique et sciences sociales Institutions Interactions Littérature Littérature orale Marché Médecine Mémoire Méthodes et techniques des sciences sociales Méthodes quantitatives Migration(s) Milieu Minorités Monde Mouvements sociaux Numérique Objets Oralité Parenté Patrimoine Paysage Politiques publiques Politiques sociales Post-coloniales (études) Pratiques Professions Protection sociale Relations internationales Religieux (sciences sociales du) Réseaux sociaux Révolutions Rituel Rurales (études) Santé Savoirs Sémantique Sémiotique Sexualité Socio-économie Sociohistoire Sociologie Spatialisation, territoires Symbolique Techniques Témoignage Temps/temporalité Transnational Travail Urbaines (études) Valeur Ville Violence Vivant
Aires culturelles
Afrique Amérique du Nord Amérique du Sud Amériques Asie Asie centrale Atlantiques (mondes) Chine Corée Europe Europe centrale et orientale France Ibérique (monde) Inde Japon Maghreb Méditerranéens (mondes) Russie Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Antoinette Fauve-Chamoux [référent·e]   maîtresse de conférences (retraité·e), EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Lucia Carle   professeure des universités, Université de Florence, Italie
  • Claudia Contente   enseignant-chercheur, Université Pompeu Fabra, Barcelone
  • Helena Da Silva   enseignant-chercheur FCT IHC - FCSH/NOVA, Portugal & Université du Havre, GRIC/EA4314
  • Marius Eppel   enseignant-chercheur, Université Babes-Bolyai de Cluj, Roumanie
  • Mary Louise Nagata   professeure des universités, Francis Marion University

Nous aborderons les modèles de pouvoir dans le cadre de la famille, les conditions de co-résidence des individus apparentés ou non au sein des unités domestiques, la formation des couples, légitimes ou non, leur dissolution, la transmission transgénérationnelle du patrimoine, la condition des veuves, des personnes âgées et des célibataires, l’avenir des enfants et leur mobilité géographique et sociale suivant la position dans la fratrie, le genre et le marché du travail.
Seront examinées les différentes juridictions et les pratiques morales et coutumières concernant l’autorité du chef de famille (homme ou femme) sur les membres de ménage, cherchant à définir quels sont les devoirs et obligations des parents. Dans une optique largement comparative, nous chercherons à mettre en évidence les interactions entre, d’une part, le changement social et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction démographique aussi bien que socio-économique et les choix de vie. On s’attachera enfin aux rôles respectifs joués historiquement par les réseaux de parenté, la communauté, les rituels coutumiers, la religion et l’État sur la famille.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel.

Pré-requis

séminaire ouvert, tous niveaux.

Inscription en début d'année académique, avec présentation du CV à jour complet et d'un projet de recherche écrit.

 

  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 17:00-19:00
    du 26 novembre 2020 au 10 juin 2021

Dans le cadre de ce séminaire collectif de recherche, réunissant actuellement six partenaires principaux et de nombreuses équipes associées de longue date, une attention particulière est accordée aux stratégies familiales et à la différence de genre en matière de formation de la famille, d’activité professionnelle, de promotion sociale et de part d’héritage. Nous mettons en évidence les interactions entre, d’une part, le changement socio-économique, politique et juridique et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction et les choix de vie ultérieure. Il est tenu compte du poids de l’État et des institutions locales, civiles, religieuses et corporatives face d’un côté à la force des coutumes et de l’autre à la puissance des changements de mentalité caractérisant les générations nouvelles.

Dans la ligne de nos travaux comparatifs en perspective eurasienne (Japon, Corée, Chine), initiés en 1998, Mary Louise Nagata (Université Francis Marion, USA) explique le fonctionnement intergénérationnel de la famille souche (Stem Family) au Japon, à partir du cas de la ville de Kyoto. Dans ce milieu urbain japonais du XIXe siècle, elle souligne que la situation de parent isolé n’est pas exceptionnelle. Il ou elle vit avec un enfant et n’a pas de conjoint. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être notées dans cette situation, le taux de remariage étant beaucoup plus élevé pour les veufs que pour les veuves. En campagne la situation est fort différente. Hiroshi Kawaguchi (Université Tezukayama, Nara, Japon) montre en effet que le marché matrimonial, dans la société rurale japonaise de la même époque, est contraint par des conditions géographiques et sociales, seules les classes supérieures pouvant accéder à un choix élargi de conjoints potentiels. Mais bientôt l’intensification des échanges avec le reste du Japon induit la circulation des personnes et des marchandises, avec la diversification de la consommation, ce qui favorise les mariages entre conjoints éloignés. À cet égard les commerçants jouent un rôle essentiel de marieurs, et c’est par leur entremise que se négocient les unions arrangées. L’auteur insiste sur le fait que les fermes ont grand besoin, pour la production agricole, la survie des ménages et leur reproduction intergénérationnelle, d’une solide main-d’œuvre féminine compétente et qualifiée. De son côté, Claude Olry (EHESS) problématise l’histoire sociale intergénérationnelle des Coréens de Chine - au moyen de la modélisation du vivant proposée par le biologiste Pierre Bricage (Syst. Res. 30, 2013, p. 677-692) – identifiant les phases traversées et l’enjeu de la survie physique, morale, culturelle, religieuse et politique de cette rude population implantée, au fil des générations, à l’extrême Nord Est de la Chine, grâce aux réseaux familiaux toujours reconstruits. Pour la période 1840-1905, il présente aussi comment cette communauté agraire s’est structurée pour résister aux divers épisodes de stress socio-économique et s’adapter pour que les familles ne disparaissent pas, tout en respectant leurs caractères identitaires profonds. Il rend hommage au rôle des femmes dans ces processus complexes d’adaptation, qu’il arrive à décrypter grâce aux sources nouvelles, écrites et orales, qu’il a pu découvrir, recueillir et décrypter.

Poursuivant nos fructueux échanges triangulaires avec l’Espagne et le Portugal, plusieurs séances de ce séminaire collectif de recherche furent consacrées à l’étude comparative des modèles familiaux en péninsule ibérique, depuis la Renaissance, en particulier en matière de formation du ménage, de choix du conjoint, de relations de couple, de survie et de transmission. Maria Antonia Lopes (Université de Coimbra), fait découvrir les importants écrits de deux auteurs portugais, d’avant-garde au XVIe siècle, qui exposent comment les femmes devaient se comporter selon leur rang comme épouses et mères. Maria Marta Lobo de Araújo (Université du Minho à Braga) dépeint les relations d’affection entre Pedro de Aguiar et Maria Vieira, mari et femme pour le meilleur et pour le pire au xviie siècle. Pour le XVIIIe siècle, Ofelia Rey Castelao (Université de Saint-Jacques de Compostelle) rappelle les diverses sources espagnoles qui permettent d’expliquer les désordres pouvant affecter les mariages à l’époque moderne (mariages clandestins, bigamie etc.), grâce aux mentions de personnes présentes comme parrains, témoins ou accompagnateurs, documents qu’elle a étudiés tout particulièrement, pour la Galice le Pays basque et les Asturies, en distinguant les spécificités des comportements familiaux en milieux urbains et ruraux, mettant en lumière les pouvoirs dont les femmes savaient alors faire usage, en particulier face à l’Église, l’État, les autorités locales et les instances judiciaires, lorsqu’elles n’avaient pas de conjoint présent, afin de rester maîtresses de leur destin et élever au mieux leurs enfants.

Alexandra Esteves (Université Catholique Portugaise de Braga), spécialiste de l’assistance aux pauvres indigents et personnes âgées dans le besoin, évoque le fonctionnement des maisons d’assistance au Portugal, mettant l’accent sur le secteur du Minho. Elle fait ensuite un bilan impressionnant de toutes les épidémies qui ont frappé enfants et adultes de cette région septentrionale du pays, au long du XIXe siècle et jusqu’aux années 1920. C’est l’époque où beaucoup de jeunes gens ont quitté leur terre natale en quête d’une nouvelle vie au Brésil. Julieta Rotaru (Université de Södertörn, Suède) dépeint l’état d’indigence qui frappe les communautés gitanes d’Europe en Valachie orthodoxe et leurs dures conditions socio-économiques au début du XIXe siècle, situation que l’on peut qualifier d’esclavage tardif. Engagée dans l’étude des grandes hécatombes mondiales du XXe siècle, Helena da Silva (Université NOVA de Lisbonne) non seulement présente le livre qu’elle a coédité avec Paulo Matos War Hecatomb, International Effects on Public Health, Demography and Mentalities in the 20th Century, Bern, Peter Lang, 2019 mais aussi le cas des combattants portugais de la première guerre mondiale, ceux qui furent traumatisés par leur terrible expérience de la Grande Guerre. Tels ceux d’autres nationalités, les soldats Portugais qui survécurent à leurs blessures au front furent marqués à vie et nombreux furent les hommes qui ne s’en remirent ni physiquement, ni moralement, ni psychiquement, impactant de ce fait la vie de toute leur famille. Au Portugal, les grands blessés de la Grande Guerre et leurs proches furent beaucoup moins soutenus par les institutions, qu’elles fussent privées, associatives, religieuses ou publiques, que dans d’autres pays comme la France, où les Anciens Combattants étaient bien organisés et actifs à fournir des aides et soins adaptés aux veuves, malades, handicapés et à leurs familles. Graźyna Liczbinska (Université Adam Mickiewicz de Poznań), avec Jan Golian, auteur d’une remarquable monographie de démographie historique et d’histoire sociale parue en 2019 (Université de Ružomberok) évalue, pour les années 1801-1920, quel fut l’impact des guerres et des crises économiques, en Pologne et en Slovaquie, sur le sex ratio de la population locale.

À partir des registres paroissiaux de Styrie (Autriche) pour la longue période de 1650 à 1910, à l’issue de son travail très original sur le modèle d’illégitimité rurale en Styrie autrichienne, avec ses grandes phases successives, Peter Teibenbacher (Université Karl-Franzens de Graz) expose le système migratoire différentiel des héritiers et des cadets au sein des familles paysannes et souligne leurs différences de comportements. La fréquence des naissances illégitimes est soulignée. Pour sa part, Ruben Castro Rodondo (Université de Cantabrie) présente sa remarquable étude sur le parrainage des enfants illégitimes dans la ville de La Corogne au XIXe siècle. Evelien Walhout (Université de Leiden) expose, pour les Pays-Bas, le terrible mouvement d’abandons forcés d’enfants nés hors mariage de mères très jeunes, entre 1954 et 1984, et qui furent alors proposés à l’adoption. Marie Grognet (CY University Paris) étudie, pour la Californie du temps présent, toutes les questions que pose l’insertion des enfants placés dans une famille d’accueil, quels que soient les sentiments d’affection et les soins prodigués par leurs parents adoptifs.

Paola Lanaro (Université Ca’ Foscari de Venise) met en évidence les pratiques propres à l’élite vénitienne du XVIIIe siècle, bien qu’elles aient une origine plus ancienne : le fidéicommis et la dot. La question du travail féminin est également abordée. Ce sont les activités liées au textile qui attirent le plus les femmes, comme le démontre le cas hors du commun de celles qui sont employées aux voiles de bateau au sein de l’arsenal de Venise, un métier spécialisé qui se transmet de mère en fille. Maria Grazia Dalai (Université de Vérone) démontre à quel point les familles des imprimeurs-libraires piémontais développent leurs réseaux familiaux en Italie, France et Espagne au XVIe siècle afin de développer la diffusion de leurs productions à un lectorat sans frontières.

Beatrice Moring (Université de Cambridge) dévoile quelles sont les spécificités des modèles de mariage et de formation de la famille, observés dans les pays nordiques à l’âge moderne et au XIXe siècle, insistant à la fois sur le rôle de l’Église et sur celui de la tradition populaire. Fatiha Loualich (Université d’Alger) expose la façon dont les femmes algéroises des XVIIIe et XIXe siècles se soucient efficacement de faire fructifier leurs biens propres, mobiliers et immobiliers, et de les transmettre à leurs enfants, à des parents proches ou à des institutions religieuses. Béatrice Craig (Université d’Ottawa) éclaire avec force le rôle majeur des femmes à la fois dans la production et dans la consommation, au Bas-Canada rural de l’époque 1830-1867.

À l’occasion de son étude sur les Français ayant migré en Californie entre 1880 et 1940, Marie-Pierre Arrizabalaga (CY University Paris) précise que les femmes immigrantes furent de plus en plus nombreuses au XIXe siècle et au début du XXe siècle et précise à quel point le long processus de naturalisation qu’elles entreprennent constitue un indicateur de leur intégration à la vie américaine. Mamadou Sounoussy Diallo (Université de N’Zerekoré, République de Guinée) s’attache aux femmes guinéennes qui partent à New York et recherche le fort impact de cette migration du travail sur les relations familiales aujourd’hui et les changements de mentalité.

 

Publications
  • « À la croisée des disciplines, la démographie Historique », Revue Roumaine d’Histoire, Tome LVII, 2020, 1-4, p. 89-110.
  • « Collecting and analyzing marriage and birth data : Women in pre-revolution Rheims, France », Studies in People’s History7 (2), 2020, p. 145-158.
  • « Ilegitimidade, trabalho feminino e sistemas de herança na Europa (séculos XVI-XX), dans Raízes da família extensa no Brasil : (re)conexões colaborativas, sous la dir. de Elaine Pedreira Rabinovich, Ana Cecilia de Sousa Bastos et Lorena Márcia NascimentoCardoso, Coleção Familia, (auto)etnografia e poética, volume 3, Editora CRV, Curitiba, 2020, p. 15-34. DOI 10.24824/978655868712.2, https://editoracrv.com.br/produtos/detalhes/35473-volume-3-colecao-familia-auto-etnografia-e-poetica