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UE264 - La race à l’âge moderne : expériences, classifications, idéologies d’exclusion


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 8
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 13:00-16:00
    du 2 mars 2021 au 8 juin 2021


Description


Dernière modification : 23 mai 2020 21:21

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Animalité Anthropologie historique Anthropologie visuelle Arts Biologie et société Biopolitique Coloniales (études) Corps Culture visuelle Discrimination Domination Empire Esclavage Ethnicité Histoire culturelle Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques Histoire intellectuelle Image Inégalités Minorités Politique Post-coloniales (études) Racismes et races Sciences
Aires culturelles
Amérique du Nord Amérique du Sud Amériques Atlantiques (mondes) Britanniques (études) Europe France Ibérique (monde) Méditerranéens (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Jean-Frédéric Schaub [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Mondes américains (MONDA)
  • Anne Lafont   directrice d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)
  • Silvia Sebastiani   maîtresse de conférences, EHESS / Groupe d'études sur les historiographies modernes (CRH-GEHM)

Le séminaire porte sur l’histoire longue de la formation des catégories raciales en Europe et dans ses colonies du XIVe au XIXe siècle. La recherche en cours compare les dispositifs de ségrégation négative ou de sélection positive qui s’appuient sur des causalités naturelles. Notre thèse centrale est qu'ils ont été actifs pendant toute la période considérée. Il ne s’agit pas d’affirmer que la question raciale au XIVe siècle en Europe se pose dans les mêmes termes que dans les colonies au XVIIIe siècle, ou à l’époque de l’eugénisme triomphant. L’objectif demeure cependant de montrer que ces phénomènes (règles formelles, pratiques sociales, idéologies) ne sont pas aussi distincts du Moyen Âge aux régimes contemporains que ne l’affirme l’historiographie dominante. Notre démarche porte l’accent sur les dimensions politique et culturelle du phénomène de racialisation. Les perspectives convoquées sont plurielles : histoire intellectuelle des théorisations de la différence raciale, histoire sociale et politique des processus de discrimination, histoire des formes artistiques engagées dans la représentation des distinctions raciales.

Nous examinerons les processus de stigmatisation et de ségrégation qui opèrent contre le bas de la société, tout comme les processus de sélection en son sommet. De quelles façons se trouve-t-on « naturellement » privilégié ou « naturellement » exclu ? C’est en ces deux extrémités que se joue la mise en ordre de toute la société au tour de notions telles que la pureté, l’hérédité, l’immutabilité, la déchéance. Les questions abordées seront : l’antijudaïsme médiéval et moderne comme matrice de la pensée raciste en occident ; l’hérésie comme tache indélébile ; la hantise de la dégénérescence en situation coloniale ; régulation sociopolitique des populations métisses ; l’esclavage et ses justifications naturalistes ; genre et discrimination raciale ; descriptions hiérarchiques des populations humaines ; antinomie de la fixité et de la dégénérescence ; l’histoire naturelle comme sociographie ; les savoirs médicaux et l'imagination raciale ; arts et la production de l'altérité.

 

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Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contacter les enseignants par courriel

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous demandé par courriel

Réception des candidats

Sur rendez-vous

Pré-requis
-

Compte rendu


Cette année le séminaire s’est tenu à distance par visioconférence et a bénéficié pour certaines de ses séances de la traduction simultanée en langue des signes. Par rapport aux objectifs généraux du séminaire, l’année 2020-2021 marque une étape décisive puisqu’elle correspond à la remise du manuscrit du livre co-écrit par Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani, Race et histoire dans les sociétés occidentales (XVe-XVIIIe siècle), Paris, Albin Michel, 2021 qui a été préparé depuis de longues années dans le cadre du séminaire. Cet achèvement ne signifie toutefois pas la fin de la mission scientifique et pédagogique de ce séminaire, dont les travaux se poursuivront dès le printemps 2022.

Comme chaque année, Anne Lafont, Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani ont exposé l’avancée de leurs réflexions sur l’utilité d’associer histoire des arts, histoire politique et histoire des savoirs pour comprendre les processus de racialisation, et cela en proposant une chronologie longue qui part du bas Moyen Âge et se déploie jusqu’au cycle des révolutions de la fin du XVIIIe siècle.

Jean-Frédéric Schaub a abordé quatre thèmes : la race comme distinction nobiliaire, un état de la question en perspective comparée européenne ; les sociétés juives en Europe et la formation des catégories raciales ; la question du statut des métis et des libres dans les sociétés coloniales américaines ; l’histoire textuelle, intellectuelle et muséale par laquelle les « pinturas de castas » sont devenues des objets d’anthropologie physique et sociale, depuis les Lumières jusqu’à l’émergence de l’anthropologie culturelle.

Anne Lafont a animé deux séances sur la question esthétique : elle a d’abord repris le dossier Johann-Joachim Winckelmann (1717-1768), réputé fondateur de l’histoire de l’art européenne, pour mieux saisir dans quelle mesure on peut décalquer de son histoire de l’art antique et de sa théorie esthétique néoclassique, une définition en creux de l’Afrique par ses objets, définition qui relève à certains égards de l’explication raciale du monde. Elle a ensuite présenté une recherche en cours sur la culture matérielle d’une élite métisse du Sénégal en 1800 et la question de l’Atlantique noir compris depuis un centre africain : Saint-Louis. Sous cet angle, la question du métissage se posait en parallèle de l’hybridation des formes ornementales.

Silvia Sebastiani s’est concentrée sur la construction des catégories raciales au siècle des Lumières et les legs historiographiques qui l’accompagnent : les Lumières ont-elles été racistes ? Bien que la question se soit posée avec une acuité particulière ces dernières années dans le sillage des études postcoloniales, le débat n’est pas nouveau. Il s’agit d’un côté de comprendre comment l’universalisme des droits de l’homme et l’affirmation de l’égalité ont également induit de nouvelles hiérarchies, créant un espace pour la conception de « races » humaines. De l’autre côté, les moments clés du débat historiographique, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, doivent être analysés à partir des contextes institutionnels très variés de leur énonciation. Dans ce cadre, une séance entière a été consacrée à la frontière humanité/animalité et à la question de « l’homme des forêts ».

Enfin, dans le cadre des prolongements du questionnaire racial sur des périodes plus récentes, les membres du séminaire ont invité Lucia Piccioni à présenter son nouveau livre sur l’art et le fascisme et Maddalena Carli à présenter le sien sur les expositions au cours de cette même période. Ces deux séances ont fait l’objet d’une discussion sur la question raciale dans le cadre de la politique culturelle nationaliste de l’Italie des années 1920, 1930 et 1940.

Le séminaire s’est achevé sur les exposés des étudiants dont les travaux sont en lien avec les thématiques abordées pendant le séminaire.

 

Publications

Les publications d'Anne Lafont, Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani figurent dans les notices des autres sémnaires qu'ils animent.

Dernière modification : 23 mai 2020 21:21

Type d'UE
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Disciplines
Anthropologie historique, Histoire, Signes, formes, représentations
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-
Langues
anglais français
Mots-clés
Animalité Anthropologie historique Anthropologie visuelle Arts Biologie et société Biopolitique Coloniales (études) Corps Culture visuelle Discrimination Domination Empire Esclavage Ethnicité Histoire culturelle Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques Histoire intellectuelle Image Inégalités Minorités Politique Post-coloniales (études) Racismes et races Sciences
Aires culturelles
Amérique du Nord Amérique du Sud Amériques Atlantiques (mondes) Britanniques (études) Europe France Ibérique (monde) Méditerranéens (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Jean-Frédéric Schaub [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Mondes américains (MONDA)
  • Anne Lafont   directrice d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)
  • Silvia Sebastiani   maîtresse de conférences, EHESS / Groupe d'études sur les historiographies modernes (CRH-GEHM)

Le séminaire porte sur l’histoire longue de la formation des catégories raciales en Europe et dans ses colonies du XIVe au XIXe siècle. La recherche en cours compare les dispositifs de ségrégation négative ou de sélection positive qui s’appuient sur des causalités naturelles. Notre thèse centrale est qu'ils ont été actifs pendant toute la période considérée. Il ne s’agit pas d’affirmer que la question raciale au XIVe siècle en Europe se pose dans les mêmes termes que dans les colonies au XVIIIe siècle, ou à l’époque de l’eugénisme triomphant. L’objectif demeure cependant de montrer que ces phénomènes (règles formelles, pratiques sociales, idéologies) ne sont pas aussi distincts du Moyen Âge aux régimes contemporains que ne l’affirme l’historiographie dominante. Notre démarche porte l’accent sur les dimensions politique et culturelle du phénomène de racialisation. Les perspectives convoquées sont plurielles : histoire intellectuelle des théorisations de la différence raciale, histoire sociale et politique des processus de discrimination, histoire des formes artistiques engagées dans la représentation des distinctions raciales.

Nous examinerons les processus de stigmatisation et de ségrégation qui opèrent contre le bas de la société, tout comme les processus de sélection en son sommet. De quelles façons se trouve-t-on « naturellement » privilégié ou « naturellement » exclu ? C’est en ces deux extrémités que se joue la mise en ordre de toute la société au tour de notions telles que la pureté, l’hérédité, l’immutabilité, la déchéance. Les questions abordées seront : l’antijudaïsme médiéval et moderne comme matrice de la pensée raciste en occident ; l’hérésie comme tache indélébile ; la hantise de la dégénérescence en situation coloniale ; régulation sociopolitique des populations métisses ; l’esclavage et ses justifications naturalistes ; genre et discrimination raciale ; descriptions hiérarchiques des populations humaines ; antinomie de la fixité et de la dégénérescence ; l’histoire naturelle comme sociographie ; les savoirs médicaux et l'imagination raciale ; arts et la production de l'altérité.

 

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  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
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Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 8
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 13:00-16:00
    du 2 mars 2021 au 8 juin 2021

Cette année le séminaire s’est tenu à distance par visioconférence et a bénéficié pour certaines de ses séances de la traduction simultanée en langue des signes. Par rapport aux objectifs généraux du séminaire, l’année 2020-2021 marque une étape décisive puisqu’elle correspond à la remise du manuscrit du livre co-écrit par Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani, Race et histoire dans les sociétés occidentales (XVe-XVIIIe siècle), Paris, Albin Michel, 2021 qui a été préparé depuis de longues années dans le cadre du séminaire. Cet achèvement ne signifie toutefois pas la fin de la mission scientifique et pédagogique de ce séminaire, dont les travaux se poursuivront dès le printemps 2022.

Comme chaque année, Anne Lafont, Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani ont exposé l’avancée de leurs réflexions sur l’utilité d’associer histoire des arts, histoire politique et histoire des savoirs pour comprendre les processus de racialisation, et cela en proposant une chronologie longue qui part du bas Moyen Âge et se déploie jusqu’au cycle des révolutions de la fin du XVIIIe siècle.

Jean-Frédéric Schaub a abordé quatre thèmes : la race comme distinction nobiliaire, un état de la question en perspective comparée européenne ; les sociétés juives en Europe et la formation des catégories raciales ; la question du statut des métis et des libres dans les sociétés coloniales américaines ; l’histoire textuelle, intellectuelle et muséale par laquelle les « pinturas de castas » sont devenues des objets d’anthropologie physique et sociale, depuis les Lumières jusqu’à l’émergence de l’anthropologie culturelle.

Anne Lafont a animé deux séances sur la question esthétique : elle a d’abord repris le dossier Johann-Joachim Winckelmann (1717-1768), réputé fondateur de l’histoire de l’art européenne, pour mieux saisir dans quelle mesure on peut décalquer de son histoire de l’art antique et de sa théorie esthétique néoclassique, une définition en creux de l’Afrique par ses objets, définition qui relève à certains égards de l’explication raciale du monde. Elle a ensuite présenté une recherche en cours sur la culture matérielle d’une élite métisse du Sénégal en 1800 et la question de l’Atlantique noir compris depuis un centre africain : Saint-Louis. Sous cet angle, la question du métissage se posait en parallèle de l’hybridation des formes ornementales.

Silvia Sebastiani s’est concentrée sur la construction des catégories raciales au siècle des Lumières et les legs historiographiques qui l’accompagnent : les Lumières ont-elles été racistes ? Bien que la question se soit posée avec une acuité particulière ces dernières années dans le sillage des études postcoloniales, le débat n’est pas nouveau. Il s’agit d’un côté de comprendre comment l’universalisme des droits de l’homme et l’affirmation de l’égalité ont également induit de nouvelles hiérarchies, créant un espace pour la conception de « races » humaines. De l’autre côté, les moments clés du débat historiographique, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, doivent être analysés à partir des contextes institutionnels très variés de leur énonciation. Dans ce cadre, une séance entière a été consacrée à la frontière humanité/animalité et à la question de « l’homme des forêts ».

Enfin, dans le cadre des prolongements du questionnaire racial sur des périodes plus récentes, les membres du séminaire ont invité Lucia Piccioni à présenter son nouveau livre sur l’art et le fascisme et Maddalena Carli à présenter le sien sur les expositions au cours de cette même période. Ces deux séances ont fait l’objet d’une discussion sur la question raciale dans le cadre de la politique culturelle nationaliste de l’Italie des années 1920, 1930 et 1940.

Le séminaire s’est achevé sur les exposés des étudiants dont les travaux sont en lien avec les thématiques abordées pendant le séminaire.

 

Publications

Les publications d'Anne Lafont, Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani figurent dans les notices des autres sémnaires qu'ils animent.