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UE260 - Figures du politique en Grèce ancienne


Lieu et planning


  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    annuel / hebdomadaire, jeudi 14:00-16:00
    du 5 novembre 2020 au 10 juin 2021


Description


Dernière modification : 2 juin 2020 18:21

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie historique Antiquité (sciences de l’) Histoire Sociologie politique
Aires culturelles
Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Vincent Azoulay [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Anthropologie et histoire des mondes antiques (AnHiMA)

Le séminaire sera divisée en deux parties.

- Le premier semestre sera consacrée à une enquête autour de la figure de Démosthène, en lien étroit avec un projet collectif de nouvelles traductions des 65 discours conservés de l'orateur. 

- Le second semestre reviendra sur l'enquête lancée en 2018 sur les liens entre démocratie, participation et absentéisme.  Il s’agira d’interroger, par son envers, la question de la participation civique : à quelle fréquence, à quelles échelles et avec quelle intensité les citoyens s’impliquaient-ils dans leur communauté ? Cette enquête sera l’occasion de revenir sur la définition même de la citoyenneté en Grèce ancienne.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Le séminaire se tiendra, en présentiel ou en distanciel (selon les recommandations sanitaires), sur le site de l'INHA, 2, rue Vivienne 75002 Paris.

La salle et l'horaire sont précisées ultérieurement.

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous. Contacter Vincent Azoulay par courriel

Réception des candidats

Sur rendez-vous. Contacter Vincent Azoulay par courriel

Pré-requis

La connaissance du grec ancien n'est pas obligatoire, mais son apprentissage – sous la forme de cours d'initiation – est vivement recommandé au cours du master. 

L'inscription se fait à partir d'un projet de recherche élaboré en dialogue avec le directeur de mémoire.


Compte rendu


Le séminaire s’est tenu de novembre 2020 à juin 2021, entièrement en distanciel en raison de la pandémie, à l’exception de la dernière séance. L’assistance, formée d’étudiants de master, de doctorants, de post-doctorants et d’enseignants-chercheurs, a oscillé entre 15 et 25 personnes. À l’exception d’une séance en mai, portant sur le livre de Jean-Noël Allard (La cité du rire : politique et dérision dans l’Athènes classique, Les Belles Lettres, 2021), en présence de son auteur, le séminaire a été entièrement assuré par le directeur d’études.

L’enquête a porté sur l’orateur Démosthène et ce qu’une plongée intensive dans son œuvre peut révéler du fonctionnement – et des dysfonctionnements – de la démocratie athénienne au IVe siècle av. J.-C.

L’analyse de ses harangues a tout d’abord permis d’examiner à nouveau frais la question de la participation politique en démocratie. Démosthène fut en effet un orateur extrêmement interventionniste à l’Assemblée. Pour autant, il existe un écart énigmatique entre son omniprésence à la tribune d’après la tradition littéraire et sa quasi-invisibilité sur le plan épigraphique : l’orateur n’apparaît qu’à une seule occasion comme proposant de décret dans tout le corpus des inscriptions attiques – alors que, à titre de comparaison, 18 décrets gravés peuvent être imputés à l’initiative du seul Démade, l’un de ses rivaux. Essayer de comprendre cet écart massif a été l’occasion de mieux cerner la singularité de Démosthène en tant qu’orateur et homme politique engagé ; cela a été surtout le moyen de mieux comprendre certaines pratiques de la culture politique démocratique du IVe siècle et, en particulier, la manière dont s’articulaient prise de parole (orale) et proposition de décret (écrite).

De l’Assemblée au tribunal : on s’est ensuite employé à aborder la culture punitive athénienne telle qu’elle apparaît au prisme du corpus démosthénien. La trajectoire de l’orateur est, là aussi, extrêmement singulière : au cours de sa carrière, on l’accusa d’assumer tour à tour les rôles de sycophante, de logographe et de sophiste. Lancer des actions judiciaires contre autrui (sycophantisme), composer des plaidoyers pour autrui (logographie), former autrui aux chicanes du tribunal (sophistique) participaient d’une culture politique démocratique qui visait à maintenir les élites de la cité sous le contrôle étroit du peuple.

La férocité des combats au tribunal a fait surgir une dernière question : comment et pourquoi s’est-il trouvé suffisamment d’hommes politiques prêts à s’investir dans les affaires publiques et à prendre les risques qu’un tel engagement entraînait ? Nous nous sommes arrêtés longuement sur les ressorts qui, combinés, peuvent expliquer l’investissement persistant des politeuomenoi dans les affaires de la cité. L’engagement des hommes politiques athéniens reposait en premier lieu sur l’existence d’une culture agonistique bien enracinée, dont il a fallu prendre la mesure exacte et évaluer les conditions d’expression. On a notamment étudié la manière dont les luttes entre orateurs avaient tendance à s’auto-entretenir : une fois entré dans le jeu politique, il était en effet difficile d’en sortir, car les rivalités engendraient des haines tenaces qui interdisaient de quitter la scène au risque d’être puni par des rivaux revanchards.

Le système fonctionnait aussi parce qu’il existait, en contrepartie des punitions toujours possibles, des honneurs et des avantages matériels qui agissaient comme puissants aiguillons. Cela a été l’occasion d’aborder la question de la corruption de façon décalée par rapport à l’historiographie traditionnelle – non pas comme un travers de la vie démocratique, mais comme une composante nécessaire à son bon fonctionnement. Plus généralement, nous avons essayé de comprendre comment la démocratie athénienne chercha à trouver un point d’équilibre entre incitations et inhibitions : le développement de la culture honorifique athénienne, au IVe siècle, doit à cet égard se comprendre en miroir des sanctions très fortes encourues par les hommes politiques de la cité. C’est bien pourquoi les liens dialectiques entre honneurs et outrages seront explorés au cours du séminaire de l’année prochaine.

 

Publications
  • « Sparta and the Cyropaedia : the Correct Use of Analogies », dans Xenophon and Sparta, sous la dir. d’A. Powell et N. Richer, Swansea, Classical Press of Wales, 2020, p. 129-159.
  • Avec Paulin Ismard, Athènes 403. Une histoire chorale, Paris, Flammarion, Collection « Au fil de l’histoire », 2020, 464 p.

Dernière modification : 2 juin 2020 18:21

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie historique Antiquité (sciences de l’) Histoire Sociologie politique
Aires culturelles
Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Vincent Azoulay [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Anthropologie et histoire des mondes antiques (AnHiMA)

Le séminaire sera divisée en deux parties.

- Le premier semestre sera consacrée à une enquête autour de la figure de Démosthène, en lien étroit avec un projet collectif de nouvelles traductions des 65 discours conservés de l'orateur. 

- Le second semestre reviendra sur l'enquête lancée en 2018 sur les liens entre démocratie, participation et absentéisme.  Il s’agira d’interroger, par son envers, la question de la participation civique : à quelle fréquence, à quelles échelles et avec quelle intensité les citoyens s’impliquaient-ils dans leur communauté ? Cette enquête sera l’occasion de revenir sur la définition même de la citoyenneté en Grèce ancienne.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Le séminaire se tiendra, en présentiel ou en distanciel (selon les recommandations sanitaires), sur le site de l'INHA, 2, rue Vivienne 75002 Paris.

La salle et l'horaire sont précisées ultérieurement.

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous. Contacter Vincent Azoulay par courriel

Réception des candidats

Sur rendez-vous. Contacter Vincent Azoulay par courriel

Pré-requis

La connaissance du grec ancien n'est pas obligatoire, mais son apprentissage – sous la forme de cours d'initiation – est vivement recommandé au cours du master. 

L'inscription se fait à partir d'un projet de recherche élaboré en dialogue avec le directeur de mémoire.

  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    annuel / hebdomadaire, jeudi 14:00-16:00
    du 5 novembre 2020 au 10 juin 2021

Le séminaire s’est tenu de novembre 2020 à juin 2021, entièrement en distanciel en raison de la pandémie, à l’exception de la dernière séance. L’assistance, formée d’étudiants de master, de doctorants, de post-doctorants et d’enseignants-chercheurs, a oscillé entre 15 et 25 personnes. À l’exception d’une séance en mai, portant sur le livre de Jean-Noël Allard (La cité du rire : politique et dérision dans l’Athènes classique, Les Belles Lettres, 2021), en présence de son auteur, le séminaire a été entièrement assuré par le directeur d’études.

L’enquête a porté sur l’orateur Démosthène et ce qu’une plongée intensive dans son œuvre peut révéler du fonctionnement – et des dysfonctionnements – de la démocratie athénienne au IVe siècle av. J.-C.

L’analyse de ses harangues a tout d’abord permis d’examiner à nouveau frais la question de la participation politique en démocratie. Démosthène fut en effet un orateur extrêmement interventionniste à l’Assemblée. Pour autant, il existe un écart énigmatique entre son omniprésence à la tribune d’après la tradition littéraire et sa quasi-invisibilité sur le plan épigraphique : l’orateur n’apparaît qu’à une seule occasion comme proposant de décret dans tout le corpus des inscriptions attiques – alors que, à titre de comparaison, 18 décrets gravés peuvent être imputés à l’initiative du seul Démade, l’un de ses rivaux. Essayer de comprendre cet écart massif a été l’occasion de mieux cerner la singularité de Démosthène en tant qu’orateur et homme politique engagé ; cela a été surtout le moyen de mieux comprendre certaines pratiques de la culture politique démocratique du IVe siècle et, en particulier, la manière dont s’articulaient prise de parole (orale) et proposition de décret (écrite).

De l’Assemblée au tribunal : on s’est ensuite employé à aborder la culture punitive athénienne telle qu’elle apparaît au prisme du corpus démosthénien. La trajectoire de l’orateur est, là aussi, extrêmement singulière : au cours de sa carrière, on l’accusa d’assumer tour à tour les rôles de sycophante, de logographe et de sophiste. Lancer des actions judiciaires contre autrui (sycophantisme), composer des plaidoyers pour autrui (logographie), former autrui aux chicanes du tribunal (sophistique) participaient d’une culture politique démocratique qui visait à maintenir les élites de la cité sous le contrôle étroit du peuple.

La férocité des combats au tribunal a fait surgir une dernière question : comment et pourquoi s’est-il trouvé suffisamment d’hommes politiques prêts à s’investir dans les affaires publiques et à prendre les risques qu’un tel engagement entraînait ? Nous nous sommes arrêtés longuement sur les ressorts qui, combinés, peuvent expliquer l’investissement persistant des politeuomenoi dans les affaires de la cité. L’engagement des hommes politiques athéniens reposait en premier lieu sur l’existence d’une culture agonistique bien enracinée, dont il a fallu prendre la mesure exacte et évaluer les conditions d’expression. On a notamment étudié la manière dont les luttes entre orateurs avaient tendance à s’auto-entretenir : une fois entré dans le jeu politique, il était en effet difficile d’en sortir, car les rivalités engendraient des haines tenaces qui interdisaient de quitter la scène au risque d’être puni par des rivaux revanchards.

Le système fonctionnait aussi parce qu’il existait, en contrepartie des punitions toujours possibles, des honneurs et des avantages matériels qui agissaient comme puissants aiguillons. Cela a été l’occasion d’aborder la question de la corruption de façon décalée par rapport à l’historiographie traditionnelle – non pas comme un travers de la vie démocratique, mais comme une composante nécessaire à son bon fonctionnement. Plus généralement, nous avons essayé de comprendre comment la démocratie athénienne chercha à trouver un point d’équilibre entre incitations et inhibitions : le développement de la culture honorifique athénienne, au IVe siècle, doit à cet égard se comprendre en miroir des sanctions très fortes encourues par les hommes politiques de la cité. C’est bien pourquoi les liens dialectiques entre honneurs et outrages seront explorés au cours du séminaire de l’année prochaine.

 

Publications
  • « Sparta and the Cyropaedia : the Correct Use of Analogies », dans Xenophon and Sparta, sous la dir. d’A. Powell et N. Richer, Swansea, Classical Press of Wales, 2020, p. 129-159.
  • Avec Paulin Ismard, Athènes 403. Une histoire chorale, Paris, Flammarion, Collection « Au fil de l’histoire », 2020, 464 p.