Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE254 - L'art africain dans l'histoire : discours et pratiques


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 7
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 13:00-15:00
    du 3 novembre 2020 au 2 février 2021


Description


Dernière modification : 28 mai 2020 08:19

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie visuelle Arts Coloniales (études) Culture matérielle Culture visuelle Esthétique Image Savoirs
Aires culturelles
Afrique Atlantiques (mondes) Europe France
Intervenant·e·s
  • Anne Lafont [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

Ce séminaire s'adresse aux étudiant.e.s qui s'intéressent aux objets, aux rites et à l'art africains sur la longue durée, et plus encore à la fabrique de l'objet d'art africain par les pratiques et les discours européens depuis les premiers contacts commerciaux et coloniaux atlantiques au début de la période moderne, autrement dit au XVIe siècle, jusqu'aux indépendances africaines dans les années 1960. Il s'agira d'étudier un certain nombre de textes qui sont autant de mise en histoire d'objets africains, et, dans un même mouvement, d'observer les processus de déritualisation et d'esthétisation de ces derniers. Les textes, de toutes natures et pour la plupart étrangers au corpus traditionnel de l'histoire de l'art, préparèrent – depuis Dapper jusqu'à l'abbé Grégoire – puis accompagnèrent – à partir de Brazza et ensuite avec Leiris et Griaule – les collectes impériales qui devaient remplir les musées occidentaux. Le séminaire interrogera les modalités descriptives d'un certain nombre de coutumes et d'objets africains – principalement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale – mais encore les pratiques européennes, elles-aussi ritualisées, de prise en charge de ces objets depuis leur acquisition sur les côtes africaines jusque leur exposition dans les cabinets d'amateurs puis les musées métropolitains, du XVIIe au XIXe siècle. Le séminaire sera l'occasion d'étudier, parallèlement, les premières formes de discours sur les objets et les rites africains à la période moderne, par-delà l'horizon des théories et de l'histoire de l'art au sens stricte mais non sans lien avec certains auteurs canoniques à l'instar de Winckelmann, et de considérer, en même temps, les différentes pratiques conservatrices et amateures qui ont fondé les conditions de possibilité de l'avènement d'un art africain destiné au musée européen.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

L'enseignante est disponible sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Ce séminaire de recherche, en continuité de celui des deux années précédentes, était consacré à l’étude des différentes catégories de discours sur les objets et les rites africains sur la longue période qui court depuis les ivoires sapi-portugais du XVIe siècle jusque dans les années 1960, entre L’Afrique fantôme de Michel Leiris (1934) et l’exposition de la collection d’art africain de Norbert Elias (1970), auquel a été consacrée une séance – mutualisée avec le séminaire Sociologie de la connaissance de Cyril Lemieux.

D’une manière générale, l’ambition de ce semestre était double : il s’agissait, d’une part, d’approfondir des études de cas singuliers et d’autre part de dresser un programme en mesure de mieux identifier le processus selon lequel, au cours des quatre derniers siècles, pratiques et discours européens ont identifié, sélectionné, discuté et, le cas échéant, collecté – concrètement ou virtuellement – objets et rites africains afin qu’ils intègrent le schéma de la patrimonialisation occidentale.

Aussi, les questions fondamentales du séminaire ont été les suivantes :

D’abord, pourquoi vouloir transformer ces objets africains en œuvres d’art destinées au musée européen ?

Ensuite, à quels moments et sous quelle forme cette ambition européenne s’est-elle manifestée ? À quoi répondait-elle ? Et dans quelle mesure l’artification de ces objets d’Afrique a-t-elle abouti ?

Enfin, la transformation catégorielle reposant sur un ensemble de pratiques préalables (africaines et européennes) et, en même temps, engendrant une diversité de pratiques réactives qui correspondent au processus de patrimonialisation, dans quelle mesure, celui-ci est – ou peut être – compris comme un abus de pouvoir plutôt que comme une extension possible, légitime, de la vie de l’objet ?

En réponse à ces questions, le séminaire s’est construit dans l’ambition d’étendre et d’approfondir la connaissance des pratiques et de la littérature africanistes des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Aussi, nous nous sommes adjoint le concours de nos – rares – collègues historiennes de l’art africain ancien : Claire Bosc-Tiessé (directrice de recherches du CNRS à l’IMAF) sur l’Éthiopie et Cécile Fromont (associate professor à l’université de Yale) sur le Congo, qui ont participé, chacune, à une séance du séminaire.

Il nous a semblé qu’à l’heure de la contestation du processus patrimonial en régime impérial, il était particulièrement intéressant d’interroger l’idée selon laquelle l’histoire de l’art participe d’un phénomène plus général de colonisation des objets extra-européens – dans le sens que lui a donné Catherine König-Pralong dans son dernier livre, La colonie philosophique, qu’elle nous a d’ailleurs présenté au cours d’une séance – et de mieux comprendre, le cas échéant, les torsions compliquées qui ont été nécessaires pour naturaliser le concept d’art africain.

Ainsi, les membres du séminaire, qui sont pour la plupart engagés dans des recherches sur le monde contemporain, tant en histoire de l’art que, pour quelques-uns d’entre eux, en anthropologie ou en sociologie, furent invités à travailler avec des outils théoriques divers, et en mesure d’éclairer également des périodes plus anciennes, à l’instar des ouvrages de Paul Gilroy sur l’Atlantique noir, ou encore de Huey Copeland et Krista Thompson sur la notion d’Afrotropes,mais aussi de l’historien du mythe de la Grèce blanche Philippe Jockey, ou du juriste Lionel Zevounou sur les traditions épistémologiques ouest africaines.

Les membres du séminaire, un peu plus d’une vingtaine de personnes, ont été moteurs sur bien des questions adressées aux cas d’étude présentés par l’enseignante (et pour quelques-uns par ses doctorant·e·s). De même, ils ont su saisir les interventions des trois invité.e.s pour complexifier leur connaissance de l’historiographie des objets africains. La dimension exploratoire des séances a rempli sa fonction formatrice au point que les travaux des étudiant·e·s qui ont validé le séminaire, se sont fait, pour la plupart, l’écho des discussions qui se sont déroulées dans le cadre de la classe virtuelle de ce semestre sur zoom.

Publications
  • « Le monde à la loupe. Cataloguer l’expérience et ajuster la vue au musée du Quai Branly », Critique, n° 893, septembre 2021, numéro spécial Histoires de l’œil, p. 805-816.
  •  « La navette, stylo de la mémoire », discussion entre Anne Lafont, historienne de l’art et Francis Eustache, chercheur en neuropsychologie, spécialiste de la mémoire dans Memoria. Récits d’une autre histoire, catalogue de l’exposition, Bordeaux, CAPC, 2021, p. 18-24.
  • « 1969 : L’art africain et la notion de civilisation » dans Civilisations : questionner l’identité et la diversité, sous la dir. de Vinciane Pirenne-Delforge et Lluis Quintana-Murci, Paris, éditions Odile Jacob, 2021, p. 251-270.

Dernière modification : 28 mai 2020 08:19

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie visuelle Arts Coloniales (études) Culture matérielle Culture visuelle Esthétique Image Savoirs
Aires culturelles
Afrique Atlantiques (mondes) Europe France
Intervenant·e·s
  • Anne Lafont [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

Ce séminaire s'adresse aux étudiant.e.s qui s'intéressent aux objets, aux rites et à l'art africains sur la longue durée, et plus encore à la fabrique de l'objet d'art africain par les pratiques et les discours européens depuis les premiers contacts commerciaux et coloniaux atlantiques au début de la période moderne, autrement dit au XVIe siècle, jusqu'aux indépendances africaines dans les années 1960. Il s'agira d'étudier un certain nombre de textes qui sont autant de mise en histoire d'objets africains, et, dans un même mouvement, d'observer les processus de déritualisation et d'esthétisation de ces derniers. Les textes, de toutes natures et pour la plupart étrangers au corpus traditionnel de l'histoire de l'art, préparèrent – depuis Dapper jusqu'à l'abbé Grégoire – puis accompagnèrent – à partir de Brazza et ensuite avec Leiris et Griaule – les collectes impériales qui devaient remplir les musées occidentaux. Le séminaire interrogera les modalités descriptives d'un certain nombre de coutumes et d'objets africains – principalement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale – mais encore les pratiques européennes, elles-aussi ritualisées, de prise en charge de ces objets depuis leur acquisition sur les côtes africaines jusque leur exposition dans les cabinets d'amateurs puis les musées métropolitains, du XVIIe au XIXe siècle. Le séminaire sera l'occasion d'étudier, parallèlement, les premières formes de discours sur les objets et les rites africains à la période moderne, par-delà l'horizon des théories et de l'histoire de l'art au sens stricte mais non sans lien avec certains auteurs canoniques à l'instar de Winckelmann, et de considérer, en même temps, les différentes pratiques conservatrices et amateures qui ont fondé les conditions de possibilité de l'avènement d'un art africain destiné au musée européen.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

L'enseignante est disponible sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 7
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 13:00-15:00
    du 3 novembre 2020 au 2 février 2021

Ce séminaire de recherche, en continuité de celui des deux années précédentes, était consacré à l’étude des différentes catégories de discours sur les objets et les rites africains sur la longue période qui court depuis les ivoires sapi-portugais du XVIe siècle jusque dans les années 1960, entre L’Afrique fantôme de Michel Leiris (1934) et l’exposition de la collection d’art africain de Norbert Elias (1970), auquel a été consacrée une séance – mutualisée avec le séminaire Sociologie de la connaissance de Cyril Lemieux.

D’une manière générale, l’ambition de ce semestre était double : il s’agissait, d’une part, d’approfondir des études de cas singuliers et d’autre part de dresser un programme en mesure de mieux identifier le processus selon lequel, au cours des quatre derniers siècles, pratiques et discours européens ont identifié, sélectionné, discuté et, le cas échéant, collecté – concrètement ou virtuellement – objets et rites africains afin qu’ils intègrent le schéma de la patrimonialisation occidentale.

Aussi, les questions fondamentales du séminaire ont été les suivantes :

D’abord, pourquoi vouloir transformer ces objets africains en œuvres d’art destinées au musée européen ?

Ensuite, à quels moments et sous quelle forme cette ambition européenne s’est-elle manifestée ? À quoi répondait-elle ? Et dans quelle mesure l’artification de ces objets d’Afrique a-t-elle abouti ?

Enfin, la transformation catégorielle reposant sur un ensemble de pratiques préalables (africaines et européennes) et, en même temps, engendrant une diversité de pratiques réactives qui correspondent au processus de patrimonialisation, dans quelle mesure, celui-ci est – ou peut être – compris comme un abus de pouvoir plutôt que comme une extension possible, légitime, de la vie de l’objet ?

En réponse à ces questions, le séminaire s’est construit dans l’ambition d’étendre et d’approfondir la connaissance des pratiques et de la littérature africanistes des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Aussi, nous nous sommes adjoint le concours de nos – rares – collègues historiennes de l’art africain ancien : Claire Bosc-Tiessé (directrice de recherches du CNRS à l’IMAF) sur l’Éthiopie et Cécile Fromont (associate professor à l’université de Yale) sur le Congo, qui ont participé, chacune, à une séance du séminaire.

Il nous a semblé qu’à l’heure de la contestation du processus patrimonial en régime impérial, il était particulièrement intéressant d’interroger l’idée selon laquelle l’histoire de l’art participe d’un phénomène plus général de colonisation des objets extra-européens – dans le sens que lui a donné Catherine König-Pralong dans son dernier livre, La colonie philosophique, qu’elle nous a d’ailleurs présenté au cours d’une séance – et de mieux comprendre, le cas échéant, les torsions compliquées qui ont été nécessaires pour naturaliser le concept d’art africain.

Ainsi, les membres du séminaire, qui sont pour la plupart engagés dans des recherches sur le monde contemporain, tant en histoire de l’art que, pour quelques-uns d’entre eux, en anthropologie ou en sociologie, furent invités à travailler avec des outils théoriques divers, et en mesure d’éclairer également des périodes plus anciennes, à l’instar des ouvrages de Paul Gilroy sur l’Atlantique noir, ou encore de Huey Copeland et Krista Thompson sur la notion d’Afrotropes,mais aussi de l’historien du mythe de la Grèce blanche Philippe Jockey, ou du juriste Lionel Zevounou sur les traditions épistémologiques ouest africaines.

Les membres du séminaire, un peu plus d’une vingtaine de personnes, ont été moteurs sur bien des questions adressées aux cas d’étude présentés par l’enseignante (et pour quelques-uns par ses doctorant·e·s). De même, ils ont su saisir les interventions des trois invité.e.s pour complexifier leur connaissance de l’historiographie des objets africains. La dimension exploratoire des séances a rempli sa fonction formatrice au point que les travaux des étudiant·e·s qui ont validé le séminaire, se sont fait, pour la plupart, l’écho des discussions qui se sont déroulées dans le cadre de la classe virtuelle de ce semestre sur zoom.

Publications
  • « Le monde à la loupe. Cataloguer l’expérience et ajuster la vue au musée du Quai Branly », Critique, n° 893, septembre 2021, numéro spécial Histoires de l’œil, p. 805-816.
  •  « La navette, stylo de la mémoire », discussion entre Anne Lafont, historienne de l’art et Francis Eustache, chercheur en neuropsychologie, spécialiste de la mémoire dans Memoria. Récits d’une autre histoire, catalogue de l’exposition, Bordeaux, CAPC, 2021, p. 18-24.
  • « 1969 : L’art africain et la notion de civilisation » dans Civilisations : questionner l’identité et la diversité, sous la dir. de Vinciane Pirenne-Delforge et Lluis Quintana-Murci, Paris, éditions Odile Jacob, 2021, p. 251-270.