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UE226 - Savoirs du témoignage en Europe, XIXe-XXIe siècle


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 5
    annuel / bimensuel (2e/4e), vendredi 15:00-17:00
    du 13 novembre 2020 au 11 juin 2021


Description


Dernière modification : 5 mai 2021 06:14

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Écriture Fiction Génocides (études des) Histoire Littérature Témoignage Violence
Aires culturelles
Europe Europe centrale et orientale Juives (études)
Intervenant·e·s
  • Judith Lyon-Caen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Groupe de recherches interdisciplinaires sur l'histoire du littéraire (CRH-GRIHL)
  • Frédérik Detue   maître de conférences, Université de Poitiers
  • Charlotte Lacoste   maîtresse de conférences, Université de Lorraine

Ce séminaire collectif s’intéresse aux pratiques et aux formes de l’écriture de témoignage depuis le XIXe siècle, selon une approche interdisciplinaire qui considère la production d’écrits, leurs modalités de publication, leurs circulations et leurs appropriations comme autant d’actions dans l’histoire, et comme autant d’événements, et non pas seulement comme des sources possibles sur ces événements – ou comme une forme littéraire fixe. Actions dans l’histoire, événements d’écriture, bien des écrits ne sont désignés comme « testimoniaux » qu’à distance de leur première effectuation. Les cadres matériels, moraux, institutionnels (judiciaires ou disciplinaires par exemple) de ces premières effectuations, mais aussi l’ensemble des opérations qui qualifient tel ou tel écrit comme « témoignage » sont au cœur de nos questionnements. Ainsi nous interrogeons-nous par exemple sur les idiomes du témoignage, ses épistémologies et les temporalités qu’elles dessinent, sur l’émergence et les usages de catégories contemporaines comme « littérature de témoignage » ou « genre testimonial », ou encore « littérature documentaire ». 

De la Commune de Paris et des récits d'esclaves nord-américains à la révolution syrienne, de la Shoah au génocide des Tutsi du Rwanda, la question du témoignage occupe une place croissante dans les savoirs sur les violences sociales et politiques de notre temps. Ce séminaire cherche à faire dialoguer des « savants du témoignage », des chercheurs qui s’intéressent au témoignage dans des contextes historiques multiples et selon les horizons disciplinaires variés des sciences sociales. Il s’ouvre aussi à des « praticiens » du témoignage, dans les arènes artistique, littéraire ou judiciaire, qui se tiennent parfois à la charnière des champs et des postures. Car le propre de la question du témoignage – comme catégorie utilisée par les acteurs et/ou construite par les chercheurs ou les institutions – est souvent de produire du brouillage dans les catégorisations, les positions, les discours. De produire de l’inclassable. D’où l’intérêt, à notre sens, de chercher à esquisser des perspectives, de partage ou de clivage, qui n’écrasent pas la spécificité des pratiques, des gestes, des objets testimoniaux envisagés.

Programme de l’année 2020-2021

13 novembre : Frédérik Detue, Charlotte Lacoste et Judith Lyon-Caen : Introduction, 1

27 novembre : Frédérik Detue, Charlotte Lacoste et Judith Lyon-Caen : Introduction, 2.

Enjeux de l’édition de témoignage : Janina Hescheles, A travers les yeux d’une fille de douze ans, trad. Agnieszka Żuk, Paris, Classiques Garnier, coll. « Classiques jaunes», 2016, poche 2017 sous le titre Les Cahiers de Janina (1re éd. de l’original : 1946)

11 décembre : Frédérik Detue : « Pratiques testimoniales, projets documentaires et position de la critique littéraire »

8 janvier : François Rastier (CNRS) : « Art du témoignage et vérité de la littérature ». Autour de son ouvrage Exterminations et littérature. Les témoignages inconcevables, Paris, PUF, 2019.

22 janvier : Tristan Leperlier (CNRS, THALIM) : « Les écrivain·e·s algérien·enne·s de la décennie noire, des “écrivains témoins” ? ». Autour de son ouvrage Algérie. Les écrivains dans la décennie noire, CNRS Éd., 2018.

12 février : Gilles Karmasyn (PHDN - Pratique de l'histoire et dévoiements négationnistes) : L’évolution de la prise en compte des témoignages dans un projet de lutte contre le négationnisme, le cas de PHDN (https://phdn.org/)

12 mars : Piotr Laskowski (Université de Varsovie / professeur invité à l’EHESS) : Les trois langages de Michel Borwicz. Atelier (en anglais et en français), avec J. Lyon-Caen

26 mars : Judith Lyon-Caen et Clément Sigalas : Pierre Gascar et le souvenir silencieux du Temps des morts

9 avril : Carlo Ginzburg

Autour de son ouvrage à paraître La charge de la preuve. Un défi pour l’histoire ?, Lagrasse, Verdier, 2021. Discussion animée par Frédérik Detue.

14 mai : Sarah Gruszka (CERCEC): "La pratique du témoignage en réponse à l'histoire officielle. Les journaux intimes du siège de Leningrad (1941-1944)"

28 mai : Piotr Laskowski (Université de Varsovie, professeur invité à l’EHESS) et Judith Lyon-Caen : "Capsules d'expérience: anecdote, autobiographie et témoignage dans l'écriture de l'histoire chez Michel Borwicz"

11 juin : Charlotte Lacoste, avec Maryline Heck : La littérature française après Perec : un paradigme testimonial ?


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Littératures – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

séminaire hybride : voir listem.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous

Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-

Compte rendu


Ce séminaire bi-mensuel a continué à explorer en 2020-2021 les enjeux de la qualification « testimoniale » des écrits au sein de la discipline historique et des études littéraires et à tenter de saisir dans l’histoire les tensions entre qualification testimoniale et qualification littéraire et d’interroger ces tensions, depuis nos deux disciplines. Aussi, après une introduction générale consacrée aux évolutions de la (dis)qualification du témoignage en histoire, la deuxième séance (27 novembre, Judith Lyon-Caen) a-t-elle été consacrée eux enjeux historiques, textuels et épistémologiques de l’édition d’un texte « documentaire » ou « testimonial », conçu comme tel dans le temps de sa production (les « mémoires » de Janina Hescheles, enfant dans le ghetto de Lvov et puis dans le camp Janowska entre 1941 et 1943). Frédérik Detue est ensuite revenu sur son travail en cours, une réflexion sur la position de la critique littéraire face aux pratiques testimoniales (11 décembre 2020). François Rastier a prolongé cette réflexion au cours d’une présentation de son livre, Exterminations et littérature. Les témoignages inconcevables (PUF 2019), le 8 janvier 2021. Ces discussions épistémologiques générales se sont prolongées le 9 avril, autour de Carlo Ginzburg, et d’un projet de livre regroupant plusieurs de ses articles sur la charge de la preuve. La discussion, très animée, a permis aussi de percevoir la prégnance des enjeux disciplinaires dans la discussion : l’historien a pointé quelque chose comme un malentendu dans la manière dont les études littéraires pouvaient analyser, dans certains de ses articles, comme une forme de « réhabilitation » du témoignage. La question de la preuve et des usages du témoignage était également présente dans l’exposé de Gilles Karmasyn, responsable du site PHDN – Pratiques de l’histoire et dévoiements négationnistes - (https://phdn.org/), le 12 février. Les usages du témoignage en histoire ont été illustrés avec le travail doctoral de Sarah Gruszka à partir d’un impressionnant corpus de journaux personnels tenus pendant le siège de Léningrad (14 mai 2021). Avec Piotr Laskowski et Judith Lyon-Caen (28 mai 2021), c’est la présence souterraine d’une dimension testimoniale dans l’écriture de l’histoire qui a été étudiée, autour de plusieurs livres de Michel Borwicz. Enfin, la dimension testimoniale d’une littérature non explicitement testimoniale a été envisagée autour de trois dossiers : le premier présenté par Tristan Leperlier autour des « écrivains de la décennie noire en Algérie » (22 janvier) ; le deuxième consacré à Pierre Gascar et à son roman Le Temps des morts, publié en 1953 (Clément Sigalas et Judith Lyon-Caen, 26 mars 2021) ; le dernier autour l’infra-ordinaire chez Perec (Maryline Heck et Charlotte Lacoste, 11 juin 2021).

 

Publications

Voir la fiche du séminaire "Histoire et littérature, 1800-1950"

Dernière modification : 5 mai 2021 06:14

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Écriture Fiction Génocides (études des) Histoire Littérature Témoignage Violence
Aires culturelles
Europe Europe centrale et orientale Juives (études)
Intervenant·e·s
  • Judith Lyon-Caen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Groupe de recherches interdisciplinaires sur l'histoire du littéraire (CRH-GRIHL)
  • Frédérik Detue   maître de conférences, Université de Poitiers
  • Charlotte Lacoste   maîtresse de conférences, Université de Lorraine

Ce séminaire collectif s’intéresse aux pratiques et aux formes de l’écriture de témoignage depuis le XIXe siècle, selon une approche interdisciplinaire qui considère la production d’écrits, leurs modalités de publication, leurs circulations et leurs appropriations comme autant d’actions dans l’histoire, et comme autant d’événements, et non pas seulement comme des sources possibles sur ces événements – ou comme une forme littéraire fixe. Actions dans l’histoire, événements d’écriture, bien des écrits ne sont désignés comme « testimoniaux » qu’à distance de leur première effectuation. Les cadres matériels, moraux, institutionnels (judiciaires ou disciplinaires par exemple) de ces premières effectuations, mais aussi l’ensemble des opérations qui qualifient tel ou tel écrit comme « témoignage » sont au cœur de nos questionnements. Ainsi nous interrogeons-nous par exemple sur les idiomes du témoignage, ses épistémologies et les temporalités qu’elles dessinent, sur l’émergence et les usages de catégories contemporaines comme « littérature de témoignage » ou « genre testimonial », ou encore « littérature documentaire ». 

De la Commune de Paris et des récits d'esclaves nord-américains à la révolution syrienne, de la Shoah au génocide des Tutsi du Rwanda, la question du témoignage occupe une place croissante dans les savoirs sur les violences sociales et politiques de notre temps. Ce séminaire cherche à faire dialoguer des « savants du témoignage », des chercheurs qui s’intéressent au témoignage dans des contextes historiques multiples et selon les horizons disciplinaires variés des sciences sociales. Il s’ouvre aussi à des « praticiens » du témoignage, dans les arènes artistique, littéraire ou judiciaire, qui se tiennent parfois à la charnière des champs et des postures. Car le propre de la question du témoignage – comme catégorie utilisée par les acteurs et/ou construite par les chercheurs ou les institutions – est souvent de produire du brouillage dans les catégorisations, les positions, les discours. De produire de l’inclassable. D’où l’intérêt, à notre sens, de chercher à esquisser des perspectives, de partage ou de clivage, qui n’écrasent pas la spécificité des pratiques, des gestes, des objets testimoniaux envisagés.

Programme de l’année 2020-2021

13 novembre : Frédérik Detue, Charlotte Lacoste et Judith Lyon-Caen : Introduction, 1

27 novembre : Frédérik Detue, Charlotte Lacoste et Judith Lyon-Caen : Introduction, 2.

Enjeux de l’édition de témoignage : Janina Hescheles, A travers les yeux d’une fille de douze ans, trad. Agnieszka Żuk, Paris, Classiques Garnier, coll. « Classiques jaunes», 2016, poche 2017 sous le titre Les Cahiers de Janina (1re éd. de l’original : 1946)

11 décembre : Frédérik Detue : « Pratiques testimoniales, projets documentaires et position de la critique littéraire »

8 janvier : François Rastier (CNRS) : « Art du témoignage et vérité de la littérature ». Autour de son ouvrage Exterminations et littérature. Les témoignages inconcevables, Paris, PUF, 2019.

22 janvier : Tristan Leperlier (CNRS, THALIM) : « Les écrivain·e·s algérien·enne·s de la décennie noire, des “écrivains témoins” ? ». Autour de son ouvrage Algérie. Les écrivains dans la décennie noire, CNRS Éd., 2018.

12 février : Gilles Karmasyn (PHDN - Pratique de l'histoire et dévoiements négationnistes) : L’évolution de la prise en compte des témoignages dans un projet de lutte contre le négationnisme, le cas de PHDN (https://phdn.org/)

12 mars : Piotr Laskowski (Université de Varsovie / professeur invité à l’EHESS) : Les trois langages de Michel Borwicz. Atelier (en anglais et en français), avec J. Lyon-Caen

26 mars : Judith Lyon-Caen et Clément Sigalas : Pierre Gascar et le souvenir silencieux du Temps des morts

9 avril : Carlo Ginzburg

Autour de son ouvrage à paraître La charge de la preuve. Un défi pour l’histoire ?, Lagrasse, Verdier, 2021. Discussion animée par Frédérik Detue.

14 mai : Sarah Gruszka (CERCEC): "La pratique du témoignage en réponse à l'histoire officielle. Les journaux intimes du siège de Leningrad (1941-1944)"

28 mai : Piotr Laskowski (Université de Varsovie, professeur invité à l’EHESS) et Judith Lyon-Caen : "Capsules d'expérience: anecdote, autobiographie et témoignage dans l'écriture de l'histoire chez Michel Borwicz"

11 juin : Charlotte Lacoste, avec Maryline Heck : La littérature française après Perec : un paradigme testimonial ?

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Littératures – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

séminaire hybride : voir listem.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous

Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 5
    annuel / bimensuel (2e/4e), vendredi 15:00-17:00
    du 13 novembre 2020 au 11 juin 2021

Ce séminaire bi-mensuel a continué à explorer en 2020-2021 les enjeux de la qualification « testimoniale » des écrits au sein de la discipline historique et des études littéraires et à tenter de saisir dans l’histoire les tensions entre qualification testimoniale et qualification littéraire et d’interroger ces tensions, depuis nos deux disciplines. Aussi, après une introduction générale consacrée aux évolutions de la (dis)qualification du témoignage en histoire, la deuxième séance (27 novembre, Judith Lyon-Caen) a-t-elle été consacrée eux enjeux historiques, textuels et épistémologiques de l’édition d’un texte « documentaire » ou « testimonial », conçu comme tel dans le temps de sa production (les « mémoires » de Janina Hescheles, enfant dans le ghetto de Lvov et puis dans le camp Janowska entre 1941 et 1943). Frédérik Detue est ensuite revenu sur son travail en cours, une réflexion sur la position de la critique littéraire face aux pratiques testimoniales (11 décembre 2020). François Rastier a prolongé cette réflexion au cours d’une présentation de son livre, Exterminations et littérature. Les témoignages inconcevables (PUF 2019), le 8 janvier 2021. Ces discussions épistémologiques générales se sont prolongées le 9 avril, autour de Carlo Ginzburg, et d’un projet de livre regroupant plusieurs de ses articles sur la charge de la preuve. La discussion, très animée, a permis aussi de percevoir la prégnance des enjeux disciplinaires dans la discussion : l’historien a pointé quelque chose comme un malentendu dans la manière dont les études littéraires pouvaient analyser, dans certains de ses articles, comme une forme de « réhabilitation » du témoignage. La question de la preuve et des usages du témoignage était également présente dans l’exposé de Gilles Karmasyn, responsable du site PHDN – Pratiques de l’histoire et dévoiements négationnistes - (https://phdn.org/), le 12 février. Les usages du témoignage en histoire ont été illustrés avec le travail doctoral de Sarah Gruszka à partir d’un impressionnant corpus de journaux personnels tenus pendant le siège de Léningrad (14 mai 2021). Avec Piotr Laskowski et Judith Lyon-Caen (28 mai 2021), c’est la présence souterraine d’une dimension testimoniale dans l’écriture de l’histoire qui a été étudiée, autour de plusieurs livres de Michel Borwicz. Enfin, la dimension testimoniale d’une littérature non explicitement testimoniale a été envisagée autour de trois dossiers : le premier présenté par Tristan Leperlier autour des « écrivains de la décennie noire en Algérie » (22 janvier) ; le deuxième consacré à Pierre Gascar et à son roman Le Temps des morts, publié en 1953 (Clément Sigalas et Judith Lyon-Caen, 26 mars 2021) ; le dernier autour l’infra-ordinaire chez Perec (Maryline Heck et Charlotte Lacoste, 11 juin 2021).

 

Publications

Voir la fiche du séminaire "Histoire et littérature, 1800-1950"