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UE223 - Les objets et les choses en sciences sociales : matérialités contemporaines, musées et patrimoines


Lieu et planning


  • Autre lieu Paris
    musée du quai Branly - Jacques Chirac, 37 Quai Branly 75007 Paris
    Salle 2
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 14:00-16:00
    du 14 octobre 2020 au 9 juin 2021


Description


Dernière modification : 8 avril 2021 09:03

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Archéologie Culture matérielle Ethnographie Histoire Musées
Aires culturelles
Afrique Contemporain (anthropologie du, monde) Europe France Océanie
Intervenant·e·s

Ce séminaire s’inscrit dans la longue tradition de l’anthropologie de la culture matérielle et dans le cadre renouvelé des études portant sur le rapport aux non-humains. Nous nous intéresserons aux objets et aux choses, productions matérielles et restes humains, œuvres et ustensiles, vestiges et images. Le regard distancié que nous adopterons consistera non seulement à faire parler les objets des sociétés où ils sont produits, utilisés, valorisés mais également à décrire le plus scrupuleusement possible les enjeux et les conditions sociales et historiques de cette production, de cette utilisation et de cette valorisation. Ce sont les objets et les choses comme faits sociaux complexes qui retiendront notre attention, en tant qu’ils se trouvent toujours pris dans un enchevêtrement d’intérêts individuels et d’enjeux collectifs, au cœur de conflits d’appropriations et d’entrecroisements de récits.

L’objectif de ce séminaire sera d’aborder un ensemble d’études de cas, avec la participation d’invités, cas choisis dans l’histoire des sciences humaines et sociales comme dans l’actualité, et de décrypter les grandes notions et concepts transversaux de ce champ de recherche en dressant un panorama de la littérature spécialisée en anthropologie, sociologie, archéologie et histoire. Les thèmes de la mémoire, des patrimoines et des musées seront centraux pour notre propos. Le rapport aux objets et aux entités composites a subi d’importantes mutations depuis quelques années, qu’il convient d’analyser sans perdre de vue leur ancrage dans une histoire longue.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contacter Thierry Bonnot, IRIS, campus Condorcet, 5 cours des Humanités (bureau 2034) 93322 Aubervilliers cedex, ou par courriel

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats
-
Pré-requis

Séminaire ouvert.


Compte rendu


Ce séminaire compte désormais une quinzaine d’années d’existence autour des thématiques des objets, du spectacle, de la mise en récits et de la mise en scène. C’est un séminaire d’anthropologie, se revendiquant pluridisciplinaire, où interviennent des chercheurs – anthropologues, archéologues, historiens de l’art… – des artistes et scénographes, des conservateurs de musée, etc. Le sujet central depuis trois ans est la matérialité en sciences sociales, dans un sens large englobant « les objets et les choses », c’est-à-dire en ne limitant pas notre réflexion aux seuls objets matériels fabriqués par l’homme. Nous souhaitons parler aussi des choses, c’est-à-dire, par exemple, des corps humains, des animaux, des plantes, des images, etc. Toute sorte de choses qui ne sont ni des personnes, ni des objets, mais qui selon les situations naviguent entre les statuts. La définition même des choses et des objets fait partie des questions que nous nous sommes posées tout au long de l’année. L’étude des objets et des choses est en quelque sorte un levier pour questionner l’anthropologie sur ses savoirs et ses méthodes, dans ses rapports avec les autres disciplines sur cette vaste thématique.

En 2020-2021, nous avons d’abord tenté de retracer une histoire longue et complexe, celle du traitement des objets matériels par l’anthropologie dans une vision large de cette discipline, connectée aux autres sciences sociales. Nous avons intitulé ce projet « Le jeu des objets et de l’anthropologie », parce qu’il y a comme du jeu dans les rouages, dans l’articulation entre un type de savoir, une méthode, une discipline (l’anthropologie) et un type de chose, les objets matériels, qui sont considérés comme sources, comme illustrations, comme collections, comme actants dans des rapports sociaux. Tout cela n’est pas figé et joue en permanence, rien n’est très ajusté et cela joue également entre les disciplines. Le récit de l’histoire de ce jeu a été le fil rouge du séminaire, intercalé entre des thématiques connexes. Nous sommes revenus sur les origines de l’ethnographie, époque de l’objet-document, puis sur les réflexions de Marcel Mauss fondant indirectement le statut de l’objet-témoin et, après une sorte d’éclipse de la culture matérielle durant l’apogée du structuralisme, sur le retour de l’objet sur le devant de la scène anthropologique par une remise en cause de la tradition disciplinaire, dans la mouvance du postmodernisme. Ce travail approfondi portant sur l’histoire des sciences sociales est appelé à se continuer l’année prochaine.

L’un des grands thèmes de notre travail depuis plusieurs années, celui des restes humains patrimonialisés, a fait l’objet de plusieurs séances animées par Christelle Patin, dont l’ouvrage retraçant l’histoire du crâne du chef kanak Ataï est paru récemment (Ataï, un chef kanak au musée, Éditions du Muséum, 2019). La communication de Ksenia Pimenova concernait quant à elle des momies découvertes en Russie, dans la république de l’Altaï. L’une d’entre elles, supposée être le corps d’une princesse des iiie-ive siècles avant notre ère, a fait l’objet de tractations politiques pour être restituée au Musée Nationale de la République de l’Altaï en 2012. Nous avons également consacré plusieurs séances à d’autres types de corps, celui des statues érigées dans l’espace public et qui font l’objet de revendications et de dégradations principalement associées à différentes relectures de l’histoire coloniale. Dans le cas des restes humains comme dans celui des statues, ce qui se joue est à l’articulation des biographies de choses et des biographies des individus (qu’ils soient statufiés ou dont les restes sont conservés). Les enjeux sociaux et politiques soulevés sont donc indissociables de la mise en perspective historique et anthropologique du parcours des uns et des autres.

L’un des autres thèmes abordés cette année a été celui de la conservation-restauration, de ses enjeux et de ses logiques. Nous avons bénéficié de l’articulation de notre séminaire avec l’École Supérieure d’Art d’Avignon, où enseigne Bernard Müller et dont le directeur Alfredo Véga a animé une séance consacrée à la problématique de l’acte de restauration comme acte d’intellection, c’est-à-dire à la logique de connaissance de la conservation-restauration, entre horizon scientifique et horizon axiologique. Sont intervenus également Lotte Arndt, sur « La vie et la mort au seuil du musée » et les reconfigurations de certaines formes de conservation des objets au musée (plantes, artefacts, savoirs et restes humains qui deviennent des objets classés), leurs implications épistémologiques et politiques ; et Alban Bensa, qui a présenté un travail mené sur une exposition à Lausanne autour de la construction de l’exotisme par la Suisse du siècle des Lumières, et a retracé les rapports évolutifs entre l’ethnologie et les objets entre les années 1970 et nos jours.

Ces différentes interventions, grâce à la variété des sujets traités, nous ont permis de construire au fil des séances une problématique cohérente proposant une perspective renouvelée sur le vaste domaine des objets et des choses en sciences sociales.

Publications

Thierry Bonnot

  • « Commercer avec les objets et les choses : perspectives anthropologiques », dans Le pouvoir des listes au Moyen-Age, II : Listes d’objets/listes de personnes, sous la dir. d'Étienne Anheim, Laurent Feller, Madeleine Jeay et Giuliano Milani, Paris, Éditions de la Sorbonne, collection Histoire ancienne et médiévale 171, 2020, p. 293-314.
  • « Recherche anthropologique et écomusées : une utopie assumée », e-Phaïstos [En ligne], VIII-1 | 2020, dossier « Ecomusées : une expansion internationale », mis en ligne le 29 avril 2020, consulté le 18 juin 2020. URL : http://journals.openedition.org/ephaistos/7424 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ephaistos.7424.
  •  « De décombres en souvenirs. Archéologie du déchet industriel et anthropologie de la mémoire familiale ». Les cahiers de Salagon, en ligne, 14/12/2020. https://salagonethno.hypotheses.org/4532.

 

 

 

Dernière modification : 8 avril 2021 09:03

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Archéologie Culture matérielle Ethnographie Histoire Musées
Aires culturelles
Afrique Contemporain (anthropologie du, monde) Europe France Océanie
Intervenant·e·s

Ce séminaire s’inscrit dans la longue tradition de l’anthropologie de la culture matérielle et dans le cadre renouvelé des études portant sur le rapport aux non-humains. Nous nous intéresserons aux objets et aux choses, productions matérielles et restes humains, œuvres et ustensiles, vestiges et images. Le regard distancié que nous adopterons consistera non seulement à faire parler les objets des sociétés où ils sont produits, utilisés, valorisés mais également à décrire le plus scrupuleusement possible les enjeux et les conditions sociales et historiques de cette production, de cette utilisation et de cette valorisation. Ce sont les objets et les choses comme faits sociaux complexes qui retiendront notre attention, en tant qu’ils se trouvent toujours pris dans un enchevêtrement d’intérêts individuels et d’enjeux collectifs, au cœur de conflits d’appropriations et d’entrecroisements de récits.

L’objectif de ce séminaire sera d’aborder un ensemble d’études de cas, avec la participation d’invités, cas choisis dans l’histoire des sciences humaines et sociales comme dans l’actualité, et de décrypter les grandes notions et concepts transversaux de ce champ de recherche en dressant un panorama de la littérature spécialisée en anthropologie, sociologie, archéologie et histoire. Les thèmes de la mémoire, des patrimoines et des musées seront centraux pour notre propos. Le rapport aux objets et aux entités composites a subi d’importantes mutations depuis quelques années, qu’il convient d’analyser sans perdre de vue leur ancrage dans une histoire longue.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contacter Thierry Bonnot, IRIS, campus Condorcet, 5 cours des Humanités (bureau 2034) 93322 Aubervilliers cedex, ou par courriel

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats
-
Pré-requis

Séminaire ouvert.

  • Autre lieu Paris
    musée du quai Branly - Jacques Chirac, 37 Quai Branly 75007 Paris
    Salle 2
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 14:00-16:00
    du 14 octobre 2020 au 9 juin 2021

Ce séminaire compte désormais une quinzaine d’années d’existence autour des thématiques des objets, du spectacle, de la mise en récits et de la mise en scène. C’est un séminaire d’anthropologie, se revendiquant pluridisciplinaire, où interviennent des chercheurs – anthropologues, archéologues, historiens de l’art… – des artistes et scénographes, des conservateurs de musée, etc. Le sujet central depuis trois ans est la matérialité en sciences sociales, dans un sens large englobant « les objets et les choses », c’est-à-dire en ne limitant pas notre réflexion aux seuls objets matériels fabriqués par l’homme. Nous souhaitons parler aussi des choses, c’est-à-dire, par exemple, des corps humains, des animaux, des plantes, des images, etc. Toute sorte de choses qui ne sont ni des personnes, ni des objets, mais qui selon les situations naviguent entre les statuts. La définition même des choses et des objets fait partie des questions que nous nous sommes posées tout au long de l’année. L’étude des objets et des choses est en quelque sorte un levier pour questionner l’anthropologie sur ses savoirs et ses méthodes, dans ses rapports avec les autres disciplines sur cette vaste thématique.

En 2020-2021, nous avons d’abord tenté de retracer une histoire longue et complexe, celle du traitement des objets matériels par l’anthropologie dans une vision large de cette discipline, connectée aux autres sciences sociales. Nous avons intitulé ce projet « Le jeu des objets et de l’anthropologie », parce qu’il y a comme du jeu dans les rouages, dans l’articulation entre un type de savoir, une méthode, une discipline (l’anthropologie) et un type de chose, les objets matériels, qui sont considérés comme sources, comme illustrations, comme collections, comme actants dans des rapports sociaux. Tout cela n’est pas figé et joue en permanence, rien n’est très ajusté et cela joue également entre les disciplines. Le récit de l’histoire de ce jeu a été le fil rouge du séminaire, intercalé entre des thématiques connexes. Nous sommes revenus sur les origines de l’ethnographie, époque de l’objet-document, puis sur les réflexions de Marcel Mauss fondant indirectement le statut de l’objet-témoin et, après une sorte d’éclipse de la culture matérielle durant l’apogée du structuralisme, sur le retour de l’objet sur le devant de la scène anthropologique par une remise en cause de la tradition disciplinaire, dans la mouvance du postmodernisme. Ce travail approfondi portant sur l’histoire des sciences sociales est appelé à se continuer l’année prochaine.

L’un des grands thèmes de notre travail depuis plusieurs années, celui des restes humains patrimonialisés, a fait l’objet de plusieurs séances animées par Christelle Patin, dont l’ouvrage retraçant l’histoire du crâne du chef kanak Ataï est paru récemment (Ataï, un chef kanak au musée, Éditions du Muséum, 2019). La communication de Ksenia Pimenova concernait quant à elle des momies découvertes en Russie, dans la république de l’Altaï. L’une d’entre elles, supposée être le corps d’une princesse des iiie-ive siècles avant notre ère, a fait l’objet de tractations politiques pour être restituée au Musée Nationale de la République de l’Altaï en 2012. Nous avons également consacré plusieurs séances à d’autres types de corps, celui des statues érigées dans l’espace public et qui font l’objet de revendications et de dégradations principalement associées à différentes relectures de l’histoire coloniale. Dans le cas des restes humains comme dans celui des statues, ce qui se joue est à l’articulation des biographies de choses et des biographies des individus (qu’ils soient statufiés ou dont les restes sont conservés). Les enjeux sociaux et politiques soulevés sont donc indissociables de la mise en perspective historique et anthropologique du parcours des uns et des autres.

L’un des autres thèmes abordés cette année a été celui de la conservation-restauration, de ses enjeux et de ses logiques. Nous avons bénéficié de l’articulation de notre séminaire avec l’École Supérieure d’Art d’Avignon, où enseigne Bernard Müller et dont le directeur Alfredo Véga a animé une séance consacrée à la problématique de l’acte de restauration comme acte d’intellection, c’est-à-dire à la logique de connaissance de la conservation-restauration, entre horizon scientifique et horizon axiologique. Sont intervenus également Lotte Arndt, sur « La vie et la mort au seuil du musée » et les reconfigurations de certaines formes de conservation des objets au musée (plantes, artefacts, savoirs et restes humains qui deviennent des objets classés), leurs implications épistémologiques et politiques ; et Alban Bensa, qui a présenté un travail mené sur une exposition à Lausanne autour de la construction de l’exotisme par la Suisse du siècle des Lumières, et a retracé les rapports évolutifs entre l’ethnologie et les objets entre les années 1970 et nos jours.

Ces différentes interventions, grâce à la variété des sujets traités, nous ont permis de construire au fil des séances une problématique cohérente proposant une perspective renouvelée sur le vaste domaine des objets et des choses en sciences sociales.

Publications

Thierry Bonnot

  • « Commercer avec les objets et les choses : perspectives anthropologiques », dans Le pouvoir des listes au Moyen-Age, II : Listes d’objets/listes de personnes, sous la dir. d'Étienne Anheim, Laurent Feller, Madeleine Jeay et Giuliano Milani, Paris, Éditions de la Sorbonne, collection Histoire ancienne et médiévale 171, 2020, p. 293-314.
  • « Recherche anthropologique et écomusées : une utopie assumée », e-Phaïstos [En ligne], VIII-1 | 2020, dossier « Ecomusées : une expansion internationale », mis en ligne le 29 avril 2020, consulté le 18 juin 2020. URL : http://journals.openedition.org/ephaistos/7424 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ephaistos.7424.
  •  « De décombres en souvenirs. Archéologie du déchet industriel et anthropologie de la mémoire familiale ». Les cahiers de Salagon, en ligne, 14/12/2020. https://salagonethno.hypotheses.org/4532.