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UE219 - Représenter l’Amérique dans la longue durée : la nature (suite), villes et campagnes


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 10
    annuel / hebdomadaire, mardi 15:00-17:00
    du 3 novembre 2020 au 25 mai 2021


Description


Dernière modification : 15 juillet 2020 15:02

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
http://cerma.ehess.fr 
Langues
français
Mots-clés
Arts Histoire culturelle Paysage
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques
Intervenant·e·s
  • Jacques Poloni-Simard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Nous reprenons cette année l’étude de la représentation de la nature américaine, avec la question du paysage national (au XIXe siècle) et des « artistes voyageurs », dans le cadre des expéditions scientifiques (XVIIIe-XIXe siècle). Nous passerons ainsi en revue les différentes écoles nationales et les peintres qui établirent les canons de ces représentations romantiques (wilderness – sauvagerie – vs luxuriance tropicale), dont l’Hudson River School aux États-Unis constitue le modèle ; une attention particulière sera accordée à la redécouverte des sites archéologiques préhispaniques. Puis nous remonterons le temps pour trouver les traces sinon du paysage, du moins de la nature dans la peinture coloniale (murale, sur papier ou de chevalet ; décorative ou religieuse), en s’attardant sur les artistes hollandais du XVIIe siècle au Brésil. Au début de la période hispanique, les représentations de la nature sont écrites, avec les chroniques et les Relations géographiques des Indes, mais certains manuscrits (les codex mexicains) conservent la trace des conventions iconographiques préhispaniques. Après cette démarche régressive, on reviendra à un parcours chronologique plus classique pour envisager un autre thème iconographique américain : la représentation des villes et des campagnes.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
goretti.frouin@ehess.fr
Informations pratiques

Goretti Frouin, Mondes américains, CERMA, tél. : 01 49 54 20 85.

Direction de travaux des étudiants

mardis, de 10 h à 12h , sur rendez-vous.

Réception des candidats

mardis, de 10 h à 12 h, sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Interrompue l’année dernière, l’étude de la représentation de la nature a été reprise cette année. Nous avons consacré de nombreuses séances aux peintres de la Hudson River School nord-américaine du XIXe siècle. Influencés par les paysagistes anglais ou les romantiques allemands, inspirés par la philosophie transcendantaliste de Ralph Waldo Emerson et le spiritualisme de Walt Whitman, la première génération de cette école, à la suite de Thomas Cole, a peint la campagne et les sites naturels du Nord-Est américain (p. ex. les chutes du Niagara). La seconde génération (Frederic Edwin Church) a cherché son inspiration dans l’Ouest, en quête d’une nature vierge, sauvage, grandiose : la wilderness. Faute de ruines archéologiques où ancrer l’identité américaine, les peintres ont exalté la nature des Montagnes Rocheuses (la vallée de Yosémite – Albert Bierstadt) ou le Grand Canyon (Thomas Moran), et certains ont voyagé en Amérique du Sud.

Engageant ensuite un tour d’horizon sud-américain, nous avons traité de l’invention du paysage national, avec, pour chaque pays, un paysage spécifique, que les artistes se sont plu à représenter : la majesté des volcans équatoriens, le haut-plateau central mexicain dominé par le Popocatepetl et l’Iztaccíhuatl, la baie de Valparaiso et la plaine centrale chilienne, la pampa argentine (ou uruguayenne), la baie de Rio de Janeiro et la luxuriance de la forêt tropicale brésilienne. Dans cette « invention du paysage national », on a souligné le rôle des peintres étrangers, en particulier italiens, venus pour créer des académies des beaux-arts ou y enseigner. Mais déjà avant eux, les « artistes-voyageurs » participant aux expéditions scientifiques du XIXe siècle et de la fin du XVIIIe siècle avaient jeté les bases de ce qui allaient devenir le paysage national ; celui-ci est donc issu du regard posé sur la nature américaine par ces artistes (ainsi l’Allemand Johann Moritz Rugendas – 1802-1858 –, pour prendre l’exemple le plus emblématique). À ce titre, ils ne faisaient que reproduire l’émerveillement des découvreurs du XVIe siècle devant la nature américaine, que ceux-ci avaient exprimé dans leurs chroniques, et les possibilités de la gravure ont popularisé ces stéréotypes dans les récits de voyage publiés en Europe. Et c’est un peintre paysagiste hollandais, Frans Post (1612-1680), qui a réalisé les premiers paysages brésiliens – de la côte nord-orientale –, à l’époque de la Nouvelle Hollande.

Dans la peinture murale ou de chevalet de l’époque coloniale, pas de paysages au sens strict, mais des reliefs suggérés comme autant de décors naturels ou selon les conventions paysagères de la Renaissance. Le thème de la générosité de la nature américaine est, lui, bien présent : plantes et fruits croissent dans les jardins d’Eden ou accompagnent les scènes des tableaux de castas au XVIIIe siècle, mexicains et péruviens ; pullulent les animaux américains montant dans les arches de Noé ; et des brassées de fleurs embellissent les Vierges (de Guadalupe, de Cocharcas, etc.), renouvelant la symbolique des roses associées à Marie. Un cas particulier : la Vierge-cerro (montagne) de Potosí, du XVIIIe siècle, où le manteau de la Vierge est la « montagne d’argent » bolivienne, avec ses entrées de mine, ses Indiens mineurs et l’Inca. Dans quelques-uns des plus importants programmes de décoration murale péruvienne (Andahuaylillas et Huaro) et mexicaine (Actopan, Ixmiquilpan, Malinalco, Puebla ou Tecamachalco), on a retrouvé l’exubérance végétale, associée aux grotesques de la Renaissance ou à la guerre fleurie mexica.

Dernier corpus mobilisé : les cartes qui accompagnent parfois, dans le Mexique du XVIe et du début du XVIIe siècle, les demandes de concessions de terre (mercedes de tierra) ou les litiges fonciers, qui mêlent alors les conventions (pictographiques) des codex préhispaniques et celles (géographiques) de la cartographie européenne.

La représentation des villes sera traitée l’année prochaine ; celle des campagnes a beaucoup été abordée cette année.

Publications

Dernière modification : 15 juillet 2020 15:02

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
http://cerma.ehess.fr 
Langues
français
Mots-clés
Arts Histoire culturelle Paysage
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques
Intervenant·e·s
  • Jacques Poloni-Simard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Nous reprenons cette année l’étude de la représentation de la nature américaine, avec la question du paysage national (au XIXe siècle) et des « artistes voyageurs », dans le cadre des expéditions scientifiques (XVIIIe-XIXe siècle). Nous passerons ainsi en revue les différentes écoles nationales et les peintres qui établirent les canons de ces représentations romantiques (wilderness – sauvagerie – vs luxuriance tropicale), dont l’Hudson River School aux États-Unis constitue le modèle ; une attention particulière sera accordée à la redécouverte des sites archéologiques préhispaniques. Puis nous remonterons le temps pour trouver les traces sinon du paysage, du moins de la nature dans la peinture coloniale (murale, sur papier ou de chevalet ; décorative ou religieuse), en s’attardant sur les artistes hollandais du XVIIe siècle au Brésil. Au début de la période hispanique, les représentations de la nature sont écrites, avec les chroniques et les Relations géographiques des Indes, mais certains manuscrits (les codex mexicains) conservent la trace des conventions iconographiques préhispaniques. Après cette démarche régressive, on reviendra à un parcours chronologique plus classique pour envisager un autre thème iconographique américain : la représentation des villes et des campagnes.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
goretti.frouin@ehess.fr
Informations pratiques

Goretti Frouin, Mondes américains, CERMA, tél. : 01 49 54 20 85.

Direction de travaux des étudiants

mardis, de 10 h à 12h , sur rendez-vous.

Réception des candidats

mardis, de 10 h à 12 h, sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 10
    annuel / hebdomadaire, mardi 15:00-17:00
    du 3 novembre 2020 au 25 mai 2021

Interrompue l’année dernière, l’étude de la représentation de la nature a été reprise cette année. Nous avons consacré de nombreuses séances aux peintres de la Hudson River School nord-américaine du XIXe siècle. Influencés par les paysagistes anglais ou les romantiques allemands, inspirés par la philosophie transcendantaliste de Ralph Waldo Emerson et le spiritualisme de Walt Whitman, la première génération de cette école, à la suite de Thomas Cole, a peint la campagne et les sites naturels du Nord-Est américain (p. ex. les chutes du Niagara). La seconde génération (Frederic Edwin Church) a cherché son inspiration dans l’Ouest, en quête d’une nature vierge, sauvage, grandiose : la wilderness. Faute de ruines archéologiques où ancrer l’identité américaine, les peintres ont exalté la nature des Montagnes Rocheuses (la vallée de Yosémite – Albert Bierstadt) ou le Grand Canyon (Thomas Moran), et certains ont voyagé en Amérique du Sud.

Engageant ensuite un tour d’horizon sud-américain, nous avons traité de l’invention du paysage national, avec, pour chaque pays, un paysage spécifique, que les artistes se sont plu à représenter : la majesté des volcans équatoriens, le haut-plateau central mexicain dominé par le Popocatepetl et l’Iztaccíhuatl, la baie de Valparaiso et la plaine centrale chilienne, la pampa argentine (ou uruguayenne), la baie de Rio de Janeiro et la luxuriance de la forêt tropicale brésilienne. Dans cette « invention du paysage national », on a souligné le rôle des peintres étrangers, en particulier italiens, venus pour créer des académies des beaux-arts ou y enseigner. Mais déjà avant eux, les « artistes-voyageurs » participant aux expéditions scientifiques du XIXe siècle et de la fin du XVIIIe siècle avaient jeté les bases de ce qui allaient devenir le paysage national ; celui-ci est donc issu du regard posé sur la nature américaine par ces artistes (ainsi l’Allemand Johann Moritz Rugendas – 1802-1858 –, pour prendre l’exemple le plus emblématique). À ce titre, ils ne faisaient que reproduire l’émerveillement des découvreurs du XVIe siècle devant la nature américaine, que ceux-ci avaient exprimé dans leurs chroniques, et les possibilités de la gravure ont popularisé ces stéréotypes dans les récits de voyage publiés en Europe. Et c’est un peintre paysagiste hollandais, Frans Post (1612-1680), qui a réalisé les premiers paysages brésiliens – de la côte nord-orientale –, à l’époque de la Nouvelle Hollande.

Dans la peinture murale ou de chevalet de l’époque coloniale, pas de paysages au sens strict, mais des reliefs suggérés comme autant de décors naturels ou selon les conventions paysagères de la Renaissance. Le thème de la générosité de la nature américaine est, lui, bien présent : plantes et fruits croissent dans les jardins d’Eden ou accompagnent les scènes des tableaux de castas au XVIIIe siècle, mexicains et péruviens ; pullulent les animaux américains montant dans les arches de Noé ; et des brassées de fleurs embellissent les Vierges (de Guadalupe, de Cocharcas, etc.), renouvelant la symbolique des roses associées à Marie. Un cas particulier : la Vierge-cerro (montagne) de Potosí, du XVIIIe siècle, où le manteau de la Vierge est la « montagne d’argent » bolivienne, avec ses entrées de mine, ses Indiens mineurs et l’Inca. Dans quelques-uns des plus importants programmes de décoration murale péruvienne (Andahuaylillas et Huaro) et mexicaine (Actopan, Ixmiquilpan, Malinalco, Puebla ou Tecamachalco), on a retrouvé l’exubérance végétale, associée aux grotesques de la Renaissance ou à la guerre fleurie mexica.

Dernier corpus mobilisé : les cartes qui accompagnent parfois, dans le Mexique du XVIe et du début du XVIIe siècle, les demandes de concessions de terre (mercedes de tierra) ou les litiges fonciers, qui mêlent alors les conventions (pictographiques) des codex préhispaniques et celles (géographiques) de la cartographie européenne.

La représentation des villes sera traitée l’année prochaine ; celle des campagnes a beaucoup été abordée cette année.

Publications