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UE217 - Les sciences sociales comme culture : études de cas (anthropologie, sociologie, histoire, ethnolinguistique, sciences studies)


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 5
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 15:00-17:00
    du 17 novembre 2020 au 16 février 2021


Description


Dernière modification : 21 mai 2020 20:46

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Argumentation Cosmologie Épistémologie Études des sciences contemporaines Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques Savoirs
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe
Intervenant·e·s
  • Wiktor Stoczkowski [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Les théories des sciences ces sociales, outre des savoirs empiriquement fondés sur la chose humaine, véhiculent également des représentations cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux. En cherchant à reconstituer les cosmologies dissimulées derrière les constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences.

Depuis leur fondation dans la seconde moitié du XIXe siècle, les sciences sociales promettent de nous offrir une connaissance empiriquement fondée du monde humain, nécessaire pour une meilleure intelligence des mécanismes de la vie collective. Dans le même temps, elles nourrissent l’espoir que cette connaissance sera à même d’améliorer le monde humain, contribuant à faire sinon disparaître, du moins atténuer toute sorte de phénomènes délétères, tels les discriminations, injustices, inégalités, exploitations économiques, déprédations écologiques, dominations symboliques, persécutions politiques, préjugés de classe, de race et de genre, etc. Il arrive souvent que la connaissance de l’homme et de la société soit tenue pour un simple moyen, cependant que la transformation méliorative de l’homme et de la société devienne la véritable fin du travail de recherche. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, responsable de la plupart des attentes dont on a pu les investir.

Cette double quête a amené les chercheurs en sciences sociales à échafauder des théories explicatives assorties d’ambitieuses visions du monde. Ces dernières véhiculent tout un ensemble de représentations cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux, pour les employer comme des matrices d’intelligibilité qui donnent accès à la compréhension des discours et pratiques indigènes. En cherchant à reconstituer les cosmologies dissimulées derrière les constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences. L’objectif est de montrer que l’approche cosmologique permet de jeter une lumière nouvelle sur la production et la réception des savoirs des sciences sociales, faisant ressortir tout ce que ces savoirs doivent non seulement aux données factuelles, mais également aux contextes culturels qui les ont fait naître.

Le séminaire s’adresse aux étudiants intéressés par l’anthropologie des savoirs, l’histoire culturelle et la sociologie des sciences, ou l’épistémologie des sciences sociales.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Pour toute information, écrire à Wiktor Stoczkowski

Direction de travaux des étudiants

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Réception des candidats

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Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire s’est proposé de prendre les savoirs des sciences sociales pour objet d’enquête ethnologique. L’objectif était de montrer que les programmes d’ethnologie ou d’anthropologie des sciences, dont l’application reste jusqu’à présent limitée aux sciences exactes et naturelles, sont justiciables d’une extension aux sciences sociales.

Les sciences sociales constituent une innovation relativement récente dans la longue histoire de la tradition occidentale : elles n’ont été institutionnalisées qu’à partir du milieu du XIXe siècle. Dès cette époque, les projets qui leur ont permis de gagner rapidement une légitimité comportaient une double visée : d’une part, construire une connaissance objective du monde humain ; d’autre part, employer cette connaissance pour apporter au monde humain des améliorations radicales. Ces deux ambitions ont été systématiquement tenues pour complémentaires et compatibles : la connaissance de l’homme et de la société devait être un moyen ; la transformation de l’homme et de la société en était la fin. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, porteur de la plupart des espoirs dont on a pu les investir. Cette double quête a souvent amené les chercheurs en sciences sociales à échafauder d’ambitieuses conceptions cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient sur des terrains extra-occidentaux pour les employer comme matrices d’intelligibilité donnant accès à la compréhension des discours et pratiques indigènes. Pour ce qui est des sciences sociales, de telles conceptions cosmologiques servent d’infrastructures axiomatiques à la fois aux enquêtes empiriques et aux conjectures qui s’affranchissent des finalités classiques de la recherche.

Les études de cas présentées en 2020-2021 portaient sur plusieurs disciplines (anthropologie culturelle, sociologie, histoire), ainsi que sur divers contextes nationaux (France, Grande-Bretagne, États-Unis) et historiques (seconde moitié du XIXe siècle, le XXe siècle, début du XXIe siècle). L’analyse détaillée de ces cas a servi à retracer les liens de filiation et de morphologie qui rattachent les constructions conceptuelles des sciences sociales à d’autres régimes de savoir : doctrines théologiques, systèmes philosophiques, idéologies politiques, représentations ordinaires. Sans adopter la thèse de la fin des « grands récits », tributaire d’une erreur d’optique due au fait que, dans notre culture, on cherche les grandes représentations cosmologiques exclusivement dans les domaines qui en avaient naguère le monopole (religion, philosophie, politique), j’ai pu montrer que les sciences sociales contribuent tantôt à proposer des cosmologies partiellement nouvelles, tantôt à modifier considérablement des conceptions cosmologiques héritées du passé.

 

Publications
  • « La mystification autobiographique, un problème et une ressource. Le cas de Claude Lévi-Strauss », Revue de Synthèse, à paraître en 2022, p. 1-54.
  • « Pouvons-nous connaître la mythologie paléolithique ? À propos de Julien d’Huy, Cosmogonies. La préhistoire des mythes, Paris, Éditions La Découverte, 2020, Anthropos, à paraître en juin 2022, vol. 117, n° 1, p. 1-8.
  • « Défendre ou comprendre ? », Archives de sciences sociales des religions, n° 193, 2021, p. 235-251.
  • « La controverse sur les études décoloniales oppose deux visions du monde », Le Figaro-Vox, le 2 avril 2021.
  • « Des atteintes à la liberté académique. Entre la censure policée et la censure sauvage », publié en ligne le 25 février 2021, Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, p. 1-17 (http://decolonialisme.fr/?p=2780).
  • « La liberté académique des enseignants-chercheurs et ses ennemis », Le Figaro du 26 janvier 2021, p. 18.
  • « Teorie nauk społecznych jako wizje świata (Durkheim, Lévi-Strauss, Bourdieu, Latour) », Konteksty, vol. 74, n° 3, 2020, p. 54-63.
  • « Faut-il avoir peur de la race ? », dans La Modernité disputée, sous la dir. de Annick Duraffour et alli., Paris, CNRS-Éditions, 2020, p. 573-578.

Dernière modification : 21 mai 2020 20:46

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Argumentation Cosmologie Épistémologie Études des sciences contemporaines Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques Savoirs
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe
Intervenant·e·s
  • Wiktor Stoczkowski [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Les théories des sciences ces sociales, outre des savoirs empiriquement fondés sur la chose humaine, véhiculent également des représentations cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux. En cherchant à reconstituer les cosmologies dissimulées derrière les constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences.

Depuis leur fondation dans la seconde moitié du XIXe siècle, les sciences sociales promettent de nous offrir une connaissance empiriquement fondée du monde humain, nécessaire pour une meilleure intelligence des mécanismes de la vie collective. Dans le même temps, elles nourrissent l’espoir que cette connaissance sera à même d’améliorer le monde humain, contribuant à faire sinon disparaître, du moins atténuer toute sorte de phénomènes délétères, tels les discriminations, injustices, inégalités, exploitations économiques, déprédations écologiques, dominations symboliques, persécutions politiques, préjugés de classe, de race et de genre, etc. Il arrive souvent que la connaissance de l’homme et de la société soit tenue pour un simple moyen, cependant que la transformation méliorative de l’homme et de la société devienne la véritable fin du travail de recherche. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, responsable de la plupart des attentes dont on a pu les investir.

Cette double quête a amené les chercheurs en sciences sociales à échafauder des théories explicatives assorties d’ambitieuses visions du monde. Ces dernières véhiculent tout un ensemble de représentations cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux, pour les employer comme des matrices d’intelligibilité qui donnent accès à la compréhension des discours et pratiques indigènes. En cherchant à reconstituer les cosmologies dissimulées derrière les constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences. L’objectif est de montrer que l’approche cosmologique permet de jeter une lumière nouvelle sur la production et la réception des savoirs des sciences sociales, faisant ressortir tout ce que ces savoirs doivent non seulement aux données factuelles, mais également aux contextes culturels qui les ont fait naître.

Le séminaire s’adresse aux étudiants intéressés par l’anthropologie des savoirs, l’histoire culturelle et la sociologie des sciences, ou l’épistémologie des sciences sociales.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Pour toute information, écrire à Wiktor Stoczkowski

Direction de travaux des étudiants

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Réception des candidats

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Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 5
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 15:00-17:00
    du 17 novembre 2020 au 16 février 2021

Le séminaire s’est proposé de prendre les savoirs des sciences sociales pour objet d’enquête ethnologique. L’objectif était de montrer que les programmes d’ethnologie ou d’anthropologie des sciences, dont l’application reste jusqu’à présent limitée aux sciences exactes et naturelles, sont justiciables d’une extension aux sciences sociales.

Les sciences sociales constituent une innovation relativement récente dans la longue histoire de la tradition occidentale : elles n’ont été institutionnalisées qu’à partir du milieu du XIXe siècle. Dès cette époque, les projets qui leur ont permis de gagner rapidement une légitimité comportaient une double visée : d’une part, construire une connaissance objective du monde humain ; d’autre part, employer cette connaissance pour apporter au monde humain des améliorations radicales. Ces deux ambitions ont été systématiquement tenues pour complémentaires et compatibles : la connaissance de l’homme et de la société devait être un moyen ; la transformation de l’homme et de la société en était la fin. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, porteur de la plupart des espoirs dont on a pu les investir. Cette double quête a souvent amené les chercheurs en sciences sociales à échafauder d’ambitieuses conceptions cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient sur des terrains extra-occidentaux pour les employer comme matrices d’intelligibilité donnant accès à la compréhension des discours et pratiques indigènes. Pour ce qui est des sciences sociales, de telles conceptions cosmologiques servent d’infrastructures axiomatiques à la fois aux enquêtes empiriques et aux conjectures qui s’affranchissent des finalités classiques de la recherche.

Les études de cas présentées en 2020-2021 portaient sur plusieurs disciplines (anthropologie culturelle, sociologie, histoire), ainsi que sur divers contextes nationaux (France, Grande-Bretagne, États-Unis) et historiques (seconde moitié du XIXe siècle, le XXe siècle, début du XXIe siècle). L’analyse détaillée de ces cas a servi à retracer les liens de filiation et de morphologie qui rattachent les constructions conceptuelles des sciences sociales à d’autres régimes de savoir : doctrines théologiques, systèmes philosophiques, idéologies politiques, représentations ordinaires. Sans adopter la thèse de la fin des « grands récits », tributaire d’une erreur d’optique due au fait que, dans notre culture, on cherche les grandes représentations cosmologiques exclusivement dans les domaines qui en avaient naguère le monopole (religion, philosophie, politique), j’ai pu montrer que les sciences sociales contribuent tantôt à proposer des cosmologies partiellement nouvelles, tantôt à modifier considérablement des conceptions cosmologiques héritées du passé.

 

Publications
  • « La mystification autobiographique, un problème et une ressource. Le cas de Claude Lévi-Strauss », Revue de Synthèse, à paraître en 2022, p. 1-54.
  • « Pouvons-nous connaître la mythologie paléolithique ? À propos de Julien d’Huy, Cosmogonies. La préhistoire des mythes, Paris, Éditions La Découverte, 2020, Anthropos, à paraître en juin 2022, vol. 117, n° 1, p. 1-8.
  • « Défendre ou comprendre ? », Archives de sciences sociales des religions, n° 193, 2021, p. 235-251.
  • « La controverse sur les études décoloniales oppose deux visions du monde », Le Figaro-Vox, le 2 avril 2021.
  • « Des atteintes à la liberté académique. Entre la censure policée et la censure sauvage », publié en ligne le 25 février 2021, Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, p. 1-17 (http://decolonialisme.fr/?p=2780).
  • « La liberté académique des enseignants-chercheurs et ses ennemis », Le Figaro du 26 janvier 2021, p. 18.
  • « Teorie nauk społecznych jako wizje świata (Durkheim, Lévi-Strauss, Bourdieu, Latour) », Konteksty, vol. 74, n° 3, 2020, p. 54-63.
  • « Faut-il avoir peur de la race ? », dans La Modernité disputée, sous la dir. de Annick Duraffour et alli., Paris, CNRS-Éditions, 2020, p. 573-578.