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UE201 - Socialisation et nationalisme. 2


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.11
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 11:00-13:00
    du 12 novembre 2020 au 10 juin 2021


Description


Dernière modification : 3 juin 2020 08:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Citoyenneté Collectifs Comparatisme Démocratie Dynamiques sociales Éducation Nationalisme Politique Révolutions Sociologie politique
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Bruno Karsenti [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Le séminaire entame sa seconde année : il s'agit d'une part d'analyser les conditions de l’institution sociale de l’individualité à l’époque moderne ; d'autre part de repérer les linéaments d’une sociologie adéquate du fait national ; et enfin d'identifier les difficultés auxquelles est confrontée depuis 1945 la construction européenne en tant qu'entité socio-historique rassemblant des États-nations animés d'une même transformation interne. On reprendra pour cela les analyses conduites l'an dernier à partir du livre de Norbert Elias : Les Allemands. Barbarie et décivilisation. Les analyses d’Elias seront discutées en elles-mêmes, et à la lumière d’autres contributions sur les mêmes questions, qu’elles relèvent de textes classiques (Durkheim, Weber, Mannheim, Gellner, Habermas), ou d’interventions plus récentes sur la montée des nationalismes.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Philosophie sociale et politique – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

réception des étudiants sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire s’est intégralement déroulé à distance. Dans les premières séances, nous avons conduit une analyse de la montée continue des nationalismes en Europe à partir des années 1990. Cette séquence nous a paru marquée par des bouleversements majeurs qui ont remis en cause les cadres dans lesquels se pensait traditionnellement la nation moderne, hérités du XIXe siècle et valides tout au long du XXe siècle. Que l’on pense à la laïcité inhérente au principe d’auto-législation non-dogmatique, à la citoyenneté à vocation universaliste, ou encore à l’inscription des nations dans un horizon politique commun, c’est aujourd’hui chacun de ces traits qui se trouve soit relativisé, soit récusé, ce qui incite à lire l’actualité comme celle de néonationalismes émergents dont la structure idéologique reste à décrire.

Pour y parvenir, nous avons suivi une méthode socio-historique inspirée de l’approche de Norbert Elias. Nous sommes repartis du trièdre européen sur lequel le sociologue avait focalisé son attention (France, Allemagne, Angleterre), en nous concentrant sur le type de rapport entre couches sociales et sur l’évolution de la politique interne et externe qui conditionne l’apparition des nations modernes. Cela nous a conduits à clarifier le concept classique de nation comme « société de classes » distincte d’une « société d’ordres », mais aussi à identifier les contradictions qui ne cessent de traverser ce niveau d’intégration sociale et politique.

À cette étape du séminaire, nous avons révisé la première définition de la nation, reprise de la philosophie politique moderne, que nous nous étions donnée. Nous l’avons soumise au crible de la philosophie des sciences sociales. L’attention s’est portée sur les processus de nationalisation qui ont traversé l’Europe, et qui ont consisté d’abord en une certaine transformation des rapports de classes. Le rôle crucial, en chaque nation, joué par une classe-pivot qui s’avère porteuse des idéaux égalitaires et universalistes, mais qui se trouve aussi soumise à des pressions variables venant des classes supérieures comme des classes inférieures, a été fortement souligné. Dans chaque situation, cette double pression est traitée de manière singulière et produit des tendances politiques spécifiques. Ces processus de nationalisation différents, nous les avons analysés ensuite selon les critères de la démocratisation et de l’individualisation des rapports sociaux, mais aussi du rééquilibrage entre la politique intérieure des États et leur politique extérieure.
Sur cette base, le portrait de l’Europe dans la période 1870-1914 a pu être tracé, avec ses dérives et ses écueils. Nous avons prêté une attention particulière à l’entre-deux-guerres et à la montée du nazisme en Allemagne, prélude à ce que Elias a qualifié d’effondrement européen. Puis, dans la dernière partie du séminaire, nous avons abordé la période de la construction idéologique et institutionnelle de l’Europe d’après 1945, sans perdre de vue l’axe des processus de nationalisation, dont la nouvelle impulsion était puisée cette fois dans une convergence et une coopération mieux assumée entre les États. C’est sous cet angle que nous avons abordé les conditions d’émergence des néonationalismes, comme un essoufflement de cette lancée, lié à l’incapacité de l’Europe à jouer le rôle exemplaire de passage d’un niveau d’intégration stato-nationale à une configuration sociale et politique d’un nouveau type. Nous avons conclu le séminaire en revenant sur le diagnostic du présent, et en décrivant en termes de philosophie des sciences sociales ce que nous avions qualifié au départ de néonationalismes.

Lors de la séance du jeudi 25 mars, nous avons accueilli le professeur Martin Saar de l’Université de Francfort, qui a présenté un exposé sur « La philosophie sociale comme théorie critique ». Cette séance nous a permis de clarifier la portée politique de notre approche en la confrontant à l’un des courants majeurs de la pensée contemporaine.

 

Publications

-

Dernière modification : 3 juin 2020 08:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Citoyenneté Collectifs Comparatisme Démocratie Dynamiques sociales Éducation Nationalisme Politique Révolutions Sociologie politique
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Bruno Karsenti [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Le séminaire entame sa seconde année : il s'agit d'une part d'analyser les conditions de l’institution sociale de l’individualité à l’époque moderne ; d'autre part de repérer les linéaments d’une sociologie adéquate du fait national ; et enfin d'identifier les difficultés auxquelles est confrontée depuis 1945 la construction européenne en tant qu'entité socio-historique rassemblant des États-nations animés d'une même transformation interne. On reprendra pour cela les analyses conduites l'an dernier à partir du livre de Norbert Elias : Les Allemands. Barbarie et décivilisation. Les analyses d’Elias seront discutées en elles-mêmes, et à la lumière d’autres contributions sur les mêmes questions, qu’elles relèvent de textes classiques (Durkheim, Weber, Mannheim, Gellner, Habermas), ou d’interventions plus récentes sur la montée des nationalismes.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Philosophie sociale et politique – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

réception des étudiants sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.11
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 11:00-13:00
    du 12 novembre 2020 au 10 juin 2021

Le séminaire s’est intégralement déroulé à distance. Dans les premières séances, nous avons conduit une analyse de la montée continue des nationalismes en Europe à partir des années 1990. Cette séquence nous a paru marquée par des bouleversements majeurs qui ont remis en cause les cadres dans lesquels se pensait traditionnellement la nation moderne, hérités du XIXe siècle et valides tout au long du XXe siècle. Que l’on pense à la laïcité inhérente au principe d’auto-législation non-dogmatique, à la citoyenneté à vocation universaliste, ou encore à l’inscription des nations dans un horizon politique commun, c’est aujourd’hui chacun de ces traits qui se trouve soit relativisé, soit récusé, ce qui incite à lire l’actualité comme celle de néonationalismes émergents dont la structure idéologique reste à décrire.

Pour y parvenir, nous avons suivi une méthode socio-historique inspirée de l’approche de Norbert Elias. Nous sommes repartis du trièdre européen sur lequel le sociologue avait focalisé son attention (France, Allemagne, Angleterre), en nous concentrant sur le type de rapport entre couches sociales et sur l’évolution de la politique interne et externe qui conditionne l’apparition des nations modernes. Cela nous a conduits à clarifier le concept classique de nation comme « société de classes » distincte d’une « société d’ordres », mais aussi à identifier les contradictions qui ne cessent de traverser ce niveau d’intégration sociale et politique.

À cette étape du séminaire, nous avons révisé la première définition de la nation, reprise de la philosophie politique moderne, que nous nous étions donnée. Nous l’avons soumise au crible de la philosophie des sciences sociales. L’attention s’est portée sur les processus de nationalisation qui ont traversé l’Europe, et qui ont consisté d’abord en une certaine transformation des rapports de classes. Le rôle crucial, en chaque nation, joué par une classe-pivot qui s’avère porteuse des idéaux égalitaires et universalistes, mais qui se trouve aussi soumise à des pressions variables venant des classes supérieures comme des classes inférieures, a été fortement souligné. Dans chaque situation, cette double pression est traitée de manière singulière et produit des tendances politiques spécifiques. Ces processus de nationalisation différents, nous les avons analysés ensuite selon les critères de la démocratisation et de l’individualisation des rapports sociaux, mais aussi du rééquilibrage entre la politique intérieure des États et leur politique extérieure.
Sur cette base, le portrait de l’Europe dans la période 1870-1914 a pu être tracé, avec ses dérives et ses écueils. Nous avons prêté une attention particulière à l’entre-deux-guerres et à la montée du nazisme en Allemagne, prélude à ce que Elias a qualifié d’effondrement européen. Puis, dans la dernière partie du séminaire, nous avons abordé la période de la construction idéologique et institutionnelle de l’Europe d’après 1945, sans perdre de vue l’axe des processus de nationalisation, dont la nouvelle impulsion était puisée cette fois dans une convergence et une coopération mieux assumée entre les États. C’est sous cet angle que nous avons abordé les conditions d’émergence des néonationalismes, comme un essoufflement de cette lancée, lié à l’incapacité de l’Europe à jouer le rôle exemplaire de passage d’un niveau d’intégration stato-nationale à une configuration sociale et politique d’un nouveau type. Nous avons conclu le séminaire en revenant sur le diagnostic du présent, et en décrivant en termes de philosophie des sciences sociales ce que nous avions qualifié au départ de néonationalismes.

Lors de la séance du jeudi 25 mars, nous avons accueilli le professeur Martin Saar de l’Université de Francfort, qui a présenté un exposé sur « La philosophie sociale comme théorie critique ». Cette séance nous a permis de clarifier la portée politique de notre approche en la confrontant à l’un des courants majeurs de la pensée contemporaine.

 

Publications

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