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UE200 - Retour sur Terre ? Paysage et géographie


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.07
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 17:00-19:00
    du 26 janvier 2021 au 25 mai 2021


Description


Dernière modification : 19 janvier 2021 17:00

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Géographie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Environnement Géographie Paysage Spatialisation, territoires
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jean-Marc Besse [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Géographie-cités (GÉOCIT)

Dans le prolongement des séminaires consacrés les deux dernières années à la théorie du paysage, on propose d’ouvrir une enquête sur un mot renvoyant tout à la fois à une réalité, à une métaphore, et à une revendication : Terre. Il s’agit, plus précisément, d’interroger une figure qui se répand assez largement dans les discours contemporains : celle du retour sur Terre.

On observe aujourd’hui une prolifération de propositions, et de préoccupations, visant à « faire revenir la Terre », pour ainsi dire, dans les horizons de la pensée et de l’action. Il ne s’agit plus cependant de partir « à la découverte de la Terre ». Mais, dans les domaines de l’écologie, de l’anthropologie, de la politique, de la philosophie, de l’esthétique, s’installe et se développe l’idée d’une réflexion sur la nécessité de prendre en compte la Terre comme socle, élément, ou forme, de la vie humaine. « Revenir sur Terre », donc, comme à une condition pour l’élaboration de nouvelles formes de vie, individuelles et collectives, dans lesquelles les dimensions du « terrestre » seraient considérées comme fondamentales.

L’investigation ouverte au sein du séminaire est double. Il s’agit, d’une part, de poser la question : sur ou vers quelle Terre fait-on retour ? Il semble nécessaire d’analyser les usages, présents et passés, dans les sciences, les arts, la philosophie, de cette référence à la Terre. Et pour cela d’ouvrir une enquête historique et philosophique. Mais il s’agit, d’autre part, d’interroger les figures métaphoriques de ce retour (l’abordage, ou l’atterrissage, par exemple), et surtout d’essayer d’éclaircir ce que portent ces figures de retour, ce qu’elles veulent donner à penser, et à vouloir.

Le fil conducteur de cette enquête, ou plutôt son espace d’observation, sera constitué principalement par la géographie. Faire retour sur Terre, n’est-ce pas, en un certain sens, revenir à la géographie ? Précisément parce que la géographie est à la fois description de la Terre et écriture sur la Terre ? Mais, encore une fois, laquelle ? Et comment la géographie, sur les plans du savoir, de l’imaginaire, des pratiques de l’espace, s’est-elle confrontée, et peut-elle encore aujourd’hui s’articuler aux propositions et interrogations artistiques, philosophiques, politiques sur ce qu’il en est du lien, de l’attachement, ou de l’appartenance, au « terrestre » ?

Dans le cadre d’une investigation sur le paysage comme espace, forme et condition des expériences sensibles, le séminaire des années précédentes a parcouru les perspectives d’une relation non territorialisée à la Terre. C’est également cet horizon d’une géographie non territoriale, dont le paysage serait le nom, que l’on proposera d’explorer cette année.

26 janvier 2021 : Présentation du séminaire : les enjeux contemporains d’une pensée de la Terre (état de la question ; parcours bibliographique).

2 février 2021 : Les mots pour dire la Terre et les figures du « retour sur » la Terre.

9 février 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (1)] : Le concept de « Terre universelle » et la question du paysage. La Terre comme théâtre (16e-18e siècle).

2 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (2)] : Les couleurs de la Terre : chorographie, paysage, médecine. La Terre comme texte.

9 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (3)] : La Terre est-elle un globe ? Espaces, pratiques et discours de la globalisation au XIXe siècle.

16 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (4)] : Géographie générale et « zone critique ». (avec M.-C. Robic, directrice de recherche émérite au CNRS)

23 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (5)] : « La Planète, la Terre et le Monde, ou comment faire de la géographie à l’époque de l’anthropocène » (avec M. Lussault, professeur à l'ENS Lyon)

30 mars 2021 : La Terre est-elle une planète ? Phénoménologie et historiographie (Husserl, Chakrabarty)

6 avril 2021 : La privatisation de la Terre.

13 avril 2021 : Du cosmopolitisme : les conditions d’une relation non territoriale à la Terre. (avec Anne-Christine Habbard, maîtresse de conférences à l'université de Lille III)

4 mai 2021 : Pratiques et concepts alternatifs contemporains : « biorégion » et « permaculture » (avec Sébastien Marot, professeur à l'EAVT Paris-Est)

11 mai 2021 : Conclusions du séminaire


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Littératures – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
jmbesse12@gmail.com
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Dans le contexte des crises écologiques majeures auxquelles les sociétés contemporaines sont confrontées, la question posée aujourd’hui est celle de l’habitabilité de la Terre, et des conditions de possibilité à réunir pour préserver, maintenir, ou créer une Terre habitable pour les humains et les vivants en général.

Le séminaire de l’année 2020-2021 s’est attaché à analyser, parmi les diverses propositions théoriques contemporaines, le faisceau de réflexions qui convergent autour de la question des modes ou régimes de relation (relations sociales, mais aussi techniques, politiques, écologiques) à la Terre.

Comme si c’était dans la redéfinition générale, radicale, des relations à la Terre (redéfinition pratique et théorique) qu’une issue pouvait être trouvée à la crise actuelle. Comme si, plus encore, et de façon explicite et affirmative, la proposition générale d’un « retour sur Terre », d’une « redécouverte de la Terre », avait pour effet, et pour vertu, de favoriser la mise en œuvre de nouvelles formes de vie et d’action, de nouveaux récits, de nouveaux concepts.

Mais cette formule d’un « retour sur Terre » conduit devant un double questionnement, que le séminaire a tenté de parcourir :

-        D’une part que faut-il entendre par le mot « Terre », autrement dit : à quoi fait-on référence quand on parle de « Terre » ?

-        D’autre part, à quel type de relation à la Terre l’affirmation d’un nécessaire « revenir à Terre » renvoie-t-elle ? Quels types de perception, de pensée, d’action sont engagés dans ce mouvement de « retour vers » ? Quelle attitude, quelle posture, quelle figure de l’action la notion d’un « retour à » engage-t-elle ?

Comme Bruno Latour, après d’autres, l’a rappelé, il n’y a pas une seule Terre, mais plusieurs, c’est-à-dire plusieurs conceptions de la Terre qui se sont succédé ou qui coexistent, et il n’y a pas une seule façon, mais plusieurs, parfois contradictoires, de se mettre en relation avec la Terre, de la penser, de la voir, de l’habiter.

Le séminaire a proposé une enquête critique, sémantique et historique sur le concept de Terre, ses usages et leurs effets pratiques, cognitifs, éthiques et politiques. Il s’est intéressé, plus précisément, aux « métaphores de la Terre », utilisées pour décrire, penser, viser la Terre. En effet, le mot « Terre » ne renvoie pas à un objet stable et permanent. Ainsi par exemple, la Terre a été vue et pensée comme surface à explorer, comme globe dont on peut faire le tour et avoir le contrôle, comme sol de l’existence personnelle, comme biosphère ou système écobiologique, etc. Chacune de ces métaphores, qui ont été analysées dans les séances du séminaire, engage des relations théoriques et pratiques à la Terre, et met en œuvre des approches cognitives, des formes d’action, des habitudes de vie, etc.

Pour mener à bien cette enquête historico-critique sur les métaphores de la Terre, on a adopté le point de vue « à double fond », de la géographie en tant que savoir de la Terre et savoir du paysage. Il est apparu en effet que « géographie » et « paysage » sont les grands absents des propositions contemporaines les plus connues et les plus développées qui vont dans le sens d’un « retour vers la Terre ». Or, géographie et paysage sont des éléments précieux, voire centraux, dans le programme de réarticulation des discours et des pratiques qui est mis en œuvre aujourd’hui. C’est du moins l’hypothèse qui a été exploré au cours de ce séminaire, qui a été suivi par 60 personnes environ à chacune de ces séances.

Pour ponctuer cette exploration, on a accueilli les conférences de M.  Lussault (ENS Lyon), M.-C. Robic (CNRS), A.-C. Habbard (Université de Lille), S. Marot (EAVT Paris-Est).

Un prolongement du séminaire a été présenté au workshop “Geo-scapes: medializing the Earth” (Bauhaus University, Weimar, 14-15 septembre 2021), avec une conférence intitulée : « Is the Earth a planet? An approach through geography ».

Publications
  • Voir la Terre. Six essais sur le paysage et la géographie, 2e édition revue et modifiée, Marseille, Parenthèses, 2021.
  • Avec J.-L. Arnaud, A. Caron, M. Chéné et G. Monsaingeon, Mappa urbis, collectif Stevenson Marseille, Parenthèses, 2021.
  • Paesaggio ambiente. Natura, territorio, percezione, Rome, Derive Approdi, 2020.
  • « Paysage de la santé, santé du paysage », Les Carnets du paysage, 2020, n° 37.
  • « Inhabiting a city is not a planned activity », dans Aesthetics Perceptions of Urban Environments, sous la dir. d'A. Virmani-Boutier, Londres, Routledge, 2021, p. 216-220.
  • « Une autre partie du monde ? Le livre des îles de Giovanni Botero », dans Un mondo di Relazioni. Giovanni Botero e i saperi nella Roma del Cinquecento, sous la dir. d’E. Andretta, R. Descendre et A. Romano, Rome, Viella, 2021, p. 349-368.
  • « L’autochtonie comme question géographique », dans Autochtonies, sous la dir. d’E. Glon et B. Sepulveda, Rennes, PUR, 2021, p. 7-11.
  • « Un’etica dell’ecumene », dans Essere umani sulla Terra. Principi dell’etica dell’ecumene, sous la dir. d’A. Berque, Milan, Mimesis, 2021, p. 7-16.
  • « Geographicity. On the Affective Dimensions of the Geographical Experience », dans The Philosophy of Geography, sous la dir. de M. Tanca et T. Tambassi, Springer, 2021, Chapitre 7, p. 117-127.
  • « Les batailles du visible », dans Contre-cartographier le monde, sous la dir. de D. Bracco et L. Genay, Limoges, PULIM, 2021, p. 21-26.
  • « La trajectoire des possibles. La question de la représentation », dans Représenter : objets, outils, processus, sous la dir. d’A. de Biase et P. Chabard, Paris, Éd. de la Villette, 2020, p. 15-28.
  • « Abbiamo ancora bisogno di paesaggi e perché? », Rivisita geografica italiana, CXXVII, 4, 2020, p. 157-198.

Dernière modification : 19 janvier 2021 17:00

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Géographie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Environnement Géographie Paysage Spatialisation, territoires
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jean-Marc Besse [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Géographie-cités (GÉOCIT)

Dans le prolongement des séminaires consacrés les deux dernières années à la théorie du paysage, on propose d’ouvrir une enquête sur un mot renvoyant tout à la fois à une réalité, à une métaphore, et à une revendication : Terre. Il s’agit, plus précisément, d’interroger une figure qui se répand assez largement dans les discours contemporains : celle du retour sur Terre.

On observe aujourd’hui une prolifération de propositions, et de préoccupations, visant à « faire revenir la Terre », pour ainsi dire, dans les horizons de la pensée et de l’action. Il ne s’agit plus cependant de partir « à la découverte de la Terre ». Mais, dans les domaines de l’écologie, de l’anthropologie, de la politique, de la philosophie, de l’esthétique, s’installe et se développe l’idée d’une réflexion sur la nécessité de prendre en compte la Terre comme socle, élément, ou forme, de la vie humaine. « Revenir sur Terre », donc, comme à une condition pour l’élaboration de nouvelles formes de vie, individuelles et collectives, dans lesquelles les dimensions du « terrestre » seraient considérées comme fondamentales.

L’investigation ouverte au sein du séminaire est double. Il s’agit, d’une part, de poser la question : sur ou vers quelle Terre fait-on retour ? Il semble nécessaire d’analyser les usages, présents et passés, dans les sciences, les arts, la philosophie, de cette référence à la Terre. Et pour cela d’ouvrir une enquête historique et philosophique. Mais il s’agit, d’autre part, d’interroger les figures métaphoriques de ce retour (l’abordage, ou l’atterrissage, par exemple), et surtout d’essayer d’éclaircir ce que portent ces figures de retour, ce qu’elles veulent donner à penser, et à vouloir.

Le fil conducteur de cette enquête, ou plutôt son espace d’observation, sera constitué principalement par la géographie. Faire retour sur Terre, n’est-ce pas, en un certain sens, revenir à la géographie ? Précisément parce que la géographie est à la fois description de la Terre et écriture sur la Terre ? Mais, encore une fois, laquelle ? Et comment la géographie, sur les plans du savoir, de l’imaginaire, des pratiques de l’espace, s’est-elle confrontée, et peut-elle encore aujourd’hui s’articuler aux propositions et interrogations artistiques, philosophiques, politiques sur ce qu’il en est du lien, de l’attachement, ou de l’appartenance, au « terrestre » ?

Dans le cadre d’une investigation sur le paysage comme espace, forme et condition des expériences sensibles, le séminaire des années précédentes a parcouru les perspectives d’une relation non territorialisée à la Terre. C’est également cet horizon d’une géographie non territoriale, dont le paysage serait le nom, que l’on proposera d’explorer cette année.

26 janvier 2021 : Présentation du séminaire : les enjeux contemporains d’une pensée de la Terre (état de la question ; parcours bibliographique).

2 février 2021 : Les mots pour dire la Terre et les figures du « retour sur » la Terre.

9 février 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (1)] : Le concept de « Terre universelle » et la question du paysage. La Terre comme théâtre (16e-18e siècle).

2 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (2)] : Les couleurs de la Terre : chorographie, paysage, médecine. La Terre comme texte.

9 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (3)] : La Terre est-elle un globe ? Espaces, pratiques et discours de la globalisation au XIXe siècle.

16 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (4)] : Géographie générale et « zone critique ». (avec M.-C. Robic, directrice de recherche émérite au CNRS)

23 mars 2021 [Histoire du concept de Terre en géographie (5)] : « La Planète, la Terre et le Monde, ou comment faire de la géographie à l’époque de l’anthropocène » (avec M. Lussault, professeur à l'ENS Lyon)

30 mars 2021 : La Terre est-elle une planète ? Phénoménologie et historiographie (Husserl, Chakrabarty)

6 avril 2021 : La privatisation de la Terre.

13 avril 2021 : Du cosmopolitisme : les conditions d’une relation non territoriale à la Terre. (avec Anne-Christine Habbard, maîtresse de conférences à l'université de Lille III)

4 mai 2021 : Pratiques et concepts alternatifs contemporains : « biorégion » et « permaculture » (avec Sébastien Marot, professeur à l'EAVT Paris-Est)

11 mai 2021 : Conclusions du séminaire

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Littératures – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
jmbesse12@gmail.com
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.07
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 17:00-19:00
    du 26 janvier 2021 au 25 mai 2021

Dans le contexte des crises écologiques majeures auxquelles les sociétés contemporaines sont confrontées, la question posée aujourd’hui est celle de l’habitabilité de la Terre, et des conditions de possibilité à réunir pour préserver, maintenir, ou créer une Terre habitable pour les humains et les vivants en général.

Le séminaire de l’année 2020-2021 s’est attaché à analyser, parmi les diverses propositions théoriques contemporaines, le faisceau de réflexions qui convergent autour de la question des modes ou régimes de relation (relations sociales, mais aussi techniques, politiques, écologiques) à la Terre.

Comme si c’était dans la redéfinition générale, radicale, des relations à la Terre (redéfinition pratique et théorique) qu’une issue pouvait être trouvée à la crise actuelle. Comme si, plus encore, et de façon explicite et affirmative, la proposition générale d’un « retour sur Terre », d’une « redécouverte de la Terre », avait pour effet, et pour vertu, de favoriser la mise en œuvre de nouvelles formes de vie et d’action, de nouveaux récits, de nouveaux concepts.

Mais cette formule d’un « retour sur Terre » conduit devant un double questionnement, que le séminaire a tenté de parcourir :

-        D’une part que faut-il entendre par le mot « Terre », autrement dit : à quoi fait-on référence quand on parle de « Terre » ?

-        D’autre part, à quel type de relation à la Terre l’affirmation d’un nécessaire « revenir à Terre » renvoie-t-elle ? Quels types de perception, de pensée, d’action sont engagés dans ce mouvement de « retour vers » ? Quelle attitude, quelle posture, quelle figure de l’action la notion d’un « retour à » engage-t-elle ?

Comme Bruno Latour, après d’autres, l’a rappelé, il n’y a pas une seule Terre, mais plusieurs, c’est-à-dire plusieurs conceptions de la Terre qui se sont succédé ou qui coexistent, et il n’y a pas une seule façon, mais plusieurs, parfois contradictoires, de se mettre en relation avec la Terre, de la penser, de la voir, de l’habiter.

Le séminaire a proposé une enquête critique, sémantique et historique sur le concept de Terre, ses usages et leurs effets pratiques, cognitifs, éthiques et politiques. Il s’est intéressé, plus précisément, aux « métaphores de la Terre », utilisées pour décrire, penser, viser la Terre. En effet, le mot « Terre » ne renvoie pas à un objet stable et permanent. Ainsi par exemple, la Terre a été vue et pensée comme surface à explorer, comme globe dont on peut faire le tour et avoir le contrôle, comme sol de l’existence personnelle, comme biosphère ou système écobiologique, etc. Chacune de ces métaphores, qui ont été analysées dans les séances du séminaire, engage des relations théoriques et pratiques à la Terre, et met en œuvre des approches cognitives, des formes d’action, des habitudes de vie, etc.

Pour mener à bien cette enquête historico-critique sur les métaphores de la Terre, on a adopté le point de vue « à double fond », de la géographie en tant que savoir de la Terre et savoir du paysage. Il est apparu en effet que « géographie » et « paysage » sont les grands absents des propositions contemporaines les plus connues et les plus développées qui vont dans le sens d’un « retour vers la Terre ». Or, géographie et paysage sont des éléments précieux, voire centraux, dans le programme de réarticulation des discours et des pratiques qui est mis en œuvre aujourd’hui. C’est du moins l’hypothèse qui a été exploré au cours de ce séminaire, qui a été suivi par 60 personnes environ à chacune de ces séances.

Pour ponctuer cette exploration, on a accueilli les conférences de M.  Lussault (ENS Lyon), M.-C. Robic (CNRS), A.-C. Habbard (Université de Lille), S. Marot (EAVT Paris-Est).

Un prolongement du séminaire a été présenté au workshop “Geo-scapes: medializing the Earth” (Bauhaus University, Weimar, 14-15 septembre 2021), avec une conférence intitulée : « Is the Earth a planet? An approach through geography ».

Publications
  • Voir la Terre. Six essais sur le paysage et la géographie, 2e édition revue et modifiée, Marseille, Parenthèses, 2021.
  • Avec J.-L. Arnaud, A. Caron, M. Chéné et G. Monsaingeon, Mappa urbis, collectif Stevenson Marseille, Parenthèses, 2021.
  • Paesaggio ambiente. Natura, territorio, percezione, Rome, Derive Approdi, 2020.
  • « Paysage de la santé, santé du paysage », Les Carnets du paysage, 2020, n° 37.
  • « Inhabiting a city is not a planned activity », dans Aesthetics Perceptions of Urban Environments, sous la dir. d'A. Virmani-Boutier, Londres, Routledge, 2021, p. 216-220.
  • « Une autre partie du monde ? Le livre des îles de Giovanni Botero », dans Un mondo di Relazioni. Giovanni Botero e i saperi nella Roma del Cinquecento, sous la dir. d’E. Andretta, R. Descendre et A. Romano, Rome, Viella, 2021, p. 349-368.
  • « L’autochtonie comme question géographique », dans Autochtonies, sous la dir. d’E. Glon et B. Sepulveda, Rennes, PUR, 2021, p. 7-11.
  • « Un’etica dell’ecumene », dans Essere umani sulla Terra. Principi dell’etica dell’ecumene, sous la dir. d’A. Berque, Milan, Mimesis, 2021, p. 7-16.
  • « Geographicity. On the Affective Dimensions of the Geographical Experience », dans The Philosophy of Geography, sous la dir. de M. Tanca et T. Tambassi, Springer, 2021, Chapitre 7, p. 117-127.
  • « Les batailles du visible », dans Contre-cartographier le monde, sous la dir. de D. Bracco et L. Genay, Limoges, PULIM, 2021, p. 21-26.
  • « La trajectoire des possibles. La question de la représentation », dans Représenter : objets, outils, processus, sous la dir. d’A. de Biase et P. Chabard, Paris, Éd. de la Villette, 2020, p. 15-28.
  • « Abbiamo ancora bisogno di paesaggi e perché? », Rivisita geografica italiana, CXXVII, 4, 2020, p. 157-198.