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UE130 - Rassemblements et corps politique. 2


Lieu et planning


  • Enseignement à distance/webinaire
    webinaire
    https://listsem.ehess.fr/
    annuel / hebdomadaire, jeudi 16:00-18:00
    du 5 novembre 2020 au 8 avril 2021


Description


Dernière modification : 7 avril 2021 17:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Mouvements sociaux Philosophie politique Sociologie politique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Philippe Urfalino [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)

Les mouvements sociaux sont parfois pensés, à l’instar des révolutions, comme des moments de formation d’un corps politique. On examinera sous cet angle le cas des mouvements assembléistes (Occupy Wall Street, les indignés, Nuit debout). On étudiera également les philosophies politiques qui ont cherché à penser certaines formes de rassemblement comme l’émergence de sujets collectifs (notamment celles de Jean-Paul Sartre, Hannah Arendt et Judith Butler). Nous comparerons les réflexions de ces philosophes à d’autres conceptions du corps politique.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Philosophie sociale et politique – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Ce séminaire a présenté les premiers résultats d’une recherche sur la difficulté que la philosophie politique, les sciences sociales, mais aussi les citoyens et les acteurs politiques, rencontrent quand ils essaient de penser la nature des corps politiques. Il s’agit d’inventorier ces difficultés et leurs conséquences. Le séminaire de cette année comprenait deux volets. Le premier s’est donné pour objet les mouvements « assembléistes » de 2011 et 2016, Occupy Wall Street, 15M et Nuit debout. Dans la mesure où leurs protagonistes ont affirmé qu’ils étaient le peuple souverain (« nous sommes les 99 % », par exemple) et ont voulu montrer ce qu’est la « vraie démocratie », ils ont été amenés à expérimenter des problèmes pratiques et théoriques difficiles d’instanciation du « peuple souverain ». À partir d’une analyse secondaire des travaux disponibles sur ces mouvements, nous nous sommes attachés à inventorier leurs activités, à décrire leurs assemblées, leurs modes de décision et leurs problèmes de représentation. À l’aide des réflexions de Bentham sur les corps politiques, nous avons mis en évidence le caractère hybride des assemblées, tiraillées entre deux modèles de rassemblements : celui du corps délibérant et celui de la pétition. Nous avons ensuite essayé d’identifier la rhétorique à l’œuvre dans ces mouvements, non pas les opinions d’une grande diversité qui ont pu s’exprimer, mais les termes communs avec lesquels ils ont pu comprendre leurs accords et leurs désaccords. Le cœur de cette rhétorique est l’opposition de l’horizontalité et de la verticalité. Nous avons montré que cette rhétorique renvoyait à un sens commun politique et avons proposé quelques pistes quant à ses sources et à ses formations.

Le second volet du séminaire a présenté une analyse parallèle de deux philosophies politiques, celles de Judith Butler et de Pierre Manent. Bien que leurs orientations politiques comme leurs manières de philosopher sont opposées, ils ont le souci commun d’ancrer la compréhension des corps politiques sur le corps humain. Nous avons montré que cet attachement au corps tenait à l’intégration dans leur pensée politique de leur interprétation de la transformation des mœurs survenue depuis les années 1960. Nous avons suivi les principaux arguments qui étayent leurs conceptions du corps politique : comment ils identifient les corps politiques et conçoivent leurs ressorts normatifs. Enfin, nous avons examiné comment ils répondent aux défis que leur manière de penser les corps politiques soulevait. Butler doit montrer que des protestataires peuvent acquérir collectivement une « souveraineté » sans aucune autre ressource que leur rassemblement et leurs énoncés. Manent, lui, a déjà dû répondre à un premier défi rhétorique. Le vœu de ne pas abstraire de sa pensée politique les implications de sa foi catholique exigeait qu’il puisse convaincre de la nécessité du lien entre religion et politique sans présupposer que son lecteur partage son credo. La solution à ce premier défi rhétorique fut l’attribution aux mœurs d’une puissance de détermination politique. Mais pour mener à terme sa démonstration, il doit aussi avancer que certaines mœurs sont meilleures que d’autres. Il est alors soumis à un deuxième défi rhétorique, celui de la pétition de principe. Il est apparu que nos deux auteurs n’avaient pas réussi à résoudre les difficultés précédemment mentionnées : le performatif invoqué par Butler, à l’aide de Derrida, ne génère aucune souveraineté, tandis que la rhétorique de la déploration mobilisée par Manent n’échappe pas à la pétition de principe. Enfin, nous avons examiné les ressorts métaphysiques du souci du concret et du rejet de l’abstraction à l’œuvre chez les deux auteurs.

Publications
  • Décider ensemble. La fabrique de l’obligation collective, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Les livres du nouveau monde », 2021.
  • « La démocratie : nécessaire autolimitation, impossible auto-institution », dans Imaginer l’autonomie. Castoriadis, actualité d’une pensée radicale, sous la dir. de V. Descombes et F. Giust-Desprairies, Paris, Éd. du Seuil, 2021, p. 31-57.
  • « Vers une sociologie des entités collectives », dans Le social à l’esprit – Dialogues avec Vincent Descombes, sous la dir. de F. Callegaro et J. Xie, Paris, Éd. de l’EHESS, 2020, p. 169-184.
  • Avec A. Erhenberg et I. Théry, « L’apport de la philosophie de Vincent Descombes aux sciences sociales », introduction de Le social à l’esprit – Dialogues avec Vincent Descombes, op. cit., p. 7-34.

Dernière modification : 7 avril 2021 17:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Mouvements sociaux Philosophie politique Sociologie politique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Philippe Urfalino [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)

Les mouvements sociaux sont parfois pensés, à l’instar des révolutions, comme des moments de formation d’un corps politique. On examinera sous cet angle le cas des mouvements assembléistes (Occupy Wall Street, les indignés, Nuit debout). On étudiera également les philosophies politiques qui ont cherché à penser certaines formes de rassemblement comme l’émergence de sujets collectifs (notamment celles de Jean-Paul Sartre, Hannah Arendt et Judith Butler). Nous comparerons les réflexions de ces philosophes à d’autres conceptions du corps politique.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Philosophie sociale et politique – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Enseignement à distance/webinaire
    webinaire
    https://listsem.ehess.fr/
    annuel / hebdomadaire, jeudi 16:00-18:00
    du 5 novembre 2020 au 8 avril 2021

Ce séminaire a présenté les premiers résultats d’une recherche sur la difficulté que la philosophie politique, les sciences sociales, mais aussi les citoyens et les acteurs politiques, rencontrent quand ils essaient de penser la nature des corps politiques. Il s’agit d’inventorier ces difficultés et leurs conséquences. Le séminaire de cette année comprenait deux volets. Le premier s’est donné pour objet les mouvements « assembléistes » de 2011 et 2016, Occupy Wall Street, 15M et Nuit debout. Dans la mesure où leurs protagonistes ont affirmé qu’ils étaient le peuple souverain (« nous sommes les 99 % », par exemple) et ont voulu montrer ce qu’est la « vraie démocratie », ils ont été amenés à expérimenter des problèmes pratiques et théoriques difficiles d’instanciation du « peuple souverain ». À partir d’une analyse secondaire des travaux disponibles sur ces mouvements, nous nous sommes attachés à inventorier leurs activités, à décrire leurs assemblées, leurs modes de décision et leurs problèmes de représentation. À l’aide des réflexions de Bentham sur les corps politiques, nous avons mis en évidence le caractère hybride des assemblées, tiraillées entre deux modèles de rassemblements : celui du corps délibérant et celui de la pétition. Nous avons ensuite essayé d’identifier la rhétorique à l’œuvre dans ces mouvements, non pas les opinions d’une grande diversité qui ont pu s’exprimer, mais les termes communs avec lesquels ils ont pu comprendre leurs accords et leurs désaccords. Le cœur de cette rhétorique est l’opposition de l’horizontalité et de la verticalité. Nous avons montré que cette rhétorique renvoyait à un sens commun politique et avons proposé quelques pistes quant à ses sources et à ses formations.

Le second volet du séminaire a présenté une analyse parallèle de deux philosophies politiques, celles de Judith Butler et de Pierre Manent. Bien que leurs orientations politiques comme leurs manières de philosopher sont opposées, ils ont le souci commun d’ancrer la compréhension des corps politiques sur le corps humain. Nous avons montré que cet attachement au corps tenait à l’intégration dans leur pensée politique de leur interprétation de la transformation des mœurs survenue depuis les années 1960. Nous avons suivi les principaux arguments qui étayent leurs conceptions du corps politique : comment ils identifient les corps politiques et conçoivent leurs ressorts normatifs. Enfin, nous avons examiné comment ils répondent aux défis que leur manière de penser les corps politiques soulevait. Butler doit montrer que des protestataires peuvent acquérir collectivement une « souveraineté » sans aucune autre ressource que leur rassemblement et leurs énoncés. Manent, lui, a déjà dû répondre à un premier défi rhétorique. Le vœu de ne pas abstraire de sa pensée politique les implications de sa foi catholique exigeait qu’il puisse convaincre de la nécessité du lien entre religion et politique sans présupposer que son lecteur partage son credo. La solution à ce premier défi rhétorique fut l’attribution aux mœurs d’une puissance de détermination politique. Mais pour mener à terme sa démonstration, il doit aussi avancer que certaines mœurs sont meilleures que d’autres. Il est alors soumis à un deuxième défi rhétorique, celui de la pétition de principe. Il est apparu que nos deux auteurs n’avaient pas réussi à résoudre les difficultés précédemment mentionnées : le performatif invoqué par Butler, à l’aide de Derrida, ne génère aucune souveraineté, tandis que la rhétorique de la déploration mobilisée par Manent n’échappe pas à la pétition de principe. Enfin, nous avons examiné les ressorts métaphysiques du souci du concret et du rejet de l’abstraction à l’œuvre chez les deux auteurs.

Publications
  • Décider ensemble. La fabrique de l’obligation collective, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Les livres du nouveau monde », 2021.
  • « La démocratie : nécessaire autolimitation, impossible auto-institution », dans Imaginer l’autonomie. Castoriadis, actualité d’une pensée radicale, sous la dir. de V. Descombes et F. Giust-Desprairies, Paris, Éd. du Seuil, 2021, p. 31-57.
  • « Vers une sociologie des entités collectives », dans Le social à l’esprit – Dialogues avec Vincent Descombes, sous la dir. de F. Callegaro et J. Xie, Paris, Éd. de l’EHESS, 2020, p. 169-184.
  • Avec A. Erhenberg et I. Théry, « L’apport de la philosophie de Vincent Descombes aux sciences sociales », introduction de Le social à l’esprit – Dialogues avec Vincent Descombes, op. cit., p. 7-34.