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UE126 - Langue et pouvoir. Empire ottoman, Turquie, Europe, XIXe-XXIe siècle


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 6
    1er semestre / bimensuel (1re/3e), mercredi 14:00-17:00
    du 4 novembre 2020 au 17 février 2021


Description


Dernière modification : 8 octobre 2020 03:28

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Langues, Linguistique, sémantique
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action publique Administration Analyse de discours Anthropologie et linguistique Archives Argumentation Citoyenneté Écriture Éducation État et politiques publiques Ethnicité Génocides (études des) Histoire Histoire culturelle Histoire des idées Histoire intellectuelle Intellectuels Islam Langues Linguistique Littérature orale Minorités Nationalisme Oralité Orientalisme Philologie Poétique Politique Politiques publiques Post-coloniales (études) Pragmatisme Pratiques Racismes et races Révolutions Savoirs Sociohistoire
Aires culturelles
Arabe (monde) Asie Asie centrale Contemporain (anthropologie du, monde) Europe Europe centrale et orientale Europe sud-orientale Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Transméditerranée Transnational/transfrontières Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Emmanuel Szurek [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Marc Aymes   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)

Le politique ne cesse de se préoccuper de questions linguistiques : définition, étymologie, connotation, dénomination. Et même lorsqu’il ne le fait pas, l’exercice ordinaire de l’autorité est sans relâche criblé d’opérations sur le langage et les documents qui le portent – opérations que nous qualifierons de philologiques. Le travail sur la langue et sur les significations n’est donc calfeutré dans aucune tour d’ivoire : lui-même est au pouvoir.

Centré sur l’espace turco-ottoman, ce séminaire a pour cadre d’analyse privilégié la transformation de la variété écrite du turc entre le XIXe et le XXIe siècle. L’articulation entre langue et pouvoir y sera interrogée sous deux rubriques principales :

  1. les politiques de la linguistique, soit les déterminants politiques et la portée normative de l’activité philologique ;

  2. les politiques linguistiques entendues comme actualisation de la pensée philologique (changement d’alphabet, simplification de la grammaire, « purification » du vocabulaire, politiques du nom).

Le séminaire tente, à partir de là, de faire travailler les jointures entre sciences philologiques et sciences sociales. Chaque document permet en effet un travail sur le bon usage de la langue, en même temps qu’il délimite des domaines d’exercice du pouvoir. Aussi, la normativité linguistique est ouverte aux accommodements : le gouvernement de la langue (et par la langue) implique des protagonistes inégalement légitimes.

En pratique, nous serons attachés à suivre de très près les traitements matériels que le pouvoir inflige à la langue, ainsi que les effets de celle-ci sur celui-là. Chaque séance sera ainsi consacrée à la lecture d’un petit nombre de documents, et à leur discussion contradictoire. Un travail similaire, à partir de leur propre corpus d’enquête, sera demandé aux participant·e·s du séminaire souhaitant valider cet enseignement.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Linguistique et écrit – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire – ici entendu sur l’espace de deux années consécutives, la pandémie n’ayant pas interrompu le cours de nos travaux – a eu pour cadre d’analyse privilégié la transformation de la variété écrite du turc entre le xixe et le xxie siècle, au sein des espaces de l’empire ottoman puis de la Turquie républicaine. L’articulation entre langue et pouvoir y a été interrogée sous deux rubriques principales : d’une part les politiques de la linguistique, soit les déterminants politiques et la portée normative de l’activité philologique ; d’autre part les politiques linguistiques entendues comme actualisation de la pensée philologique (changement d’alphabet, simplification de la grammaire, « purification » du vocabulaire, politiques du nom). Cet angle d’approche a notamment donné lieu à deux interventions de Nathalie Clayer (sur l’intellectuel polygraphe Şemseddin Sami) et d’Özgür Türesay (sur les mots de la réforme dans les premières années de la gazette officielle ottomane).

Plusieurs séances ont été consacrées à des notions cardinales de l’imaginaire sociolinguistique (« idéologie linguistique », politiques linguistiques, changements linguistiques, diglossie), dont on a cherché à évaluer la pertinence en contexte turco-ottoman, notamment à travers la lecture serrée de corpus théoriques et métalinguistiques turcs et turcologiques. Mais ces derniers étaient également susceptibles d’interroger en retour la portée naturalisante voire idéologique de certaines de nos routines et outils d’analyse (par exemple la complicité entre linguistique diglossiste et pensée nationaliste).

Le séminaire a enfin poursuivi un objectif plus large sur la question des transformations des usages linguistiques, en proposant d’articuler langues et pratiques langagières, pouvoirs et pratiques politiques, et démarche philologique – élargissement qui a permis d’attirer un public de non-turcisant·e·s, notamment de mastérant·e·s et de doctorant·e·s arabisant·e·s et russisant·e·s, dont l’implication dans le séminaire reposait moins sur des affinités de terrain que sur une réflexion commune autour de l’articulation langue/pouvoir/philologie, et sur des séances de lectures croisées.

 

Publications

Emmanuel Szurek

  • « “Yan, Of, Ef, Viç, İç, İs, Dis, Pulos …” : the Surname Reform, the “Non-Muslims” and the Politics of Uncertainty in Post-genocidal Turkey », dans Arabic and its Alternatives Religious Minorities and their Languages in the Emerging Nation States of the Middle East (1920-1950), sous la dir. d’Heleen Murre-van den Berg, Karène Sanchez Summerer et Tijmen Baarda, 2020, p. 77-110.
  • « La « laïcité en Turquie » : analyse critique d’une nouvelle question au programme de Première », Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe (ehne.fr), Sorbonne Université, 2021 [en ligne].

 

 

Dernière modification : 8 octobre 2020 03:28

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Langues, Linguistique, sémantique
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action publique Administration Analyse de discours Anthropologie et linguistique Archives Argumentation Citoyenneté Écriture Éducation État et politiques publiques Ethnicité Génocides (études des) Histoire Histoire culturelle Histoire des idées Histoire intellectuelle Intellectuels Islam Langues Linguistique Littérature orale Minorités Nationalisme Oralité Orientalisme Philologie Poétique Politique Politiques publiques Post-coloniales (études) Pragmatisme Pratiques Racismes et races Révolutions Savoirs Sociohistoire
Aires culturelles
Arabe (monde) Asie Asie centrale Contemporain (anthropologie du, monde) Europe Europe centrale et orientale Europe sud-orientale Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Transméditerranée Transnational/transfrontières Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Emmanuel Szurek [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Marc Aymes   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)

Le politique ne cesse de se préoccuper de questions linguistiques : définition, étymologie, connotation, dénomination. Et même lorsqu’il ne le fait pas, l’exercice ordinaire de l’autorité est sans relâche criblé d’opérations sur le langage et les documents qui le portent – opérations que nous qualifierons de philologiques. Le travail sur la langue et sur les significations n’est donc calfeutré dans aucune tour d’ivoire : lui-même est au pouvoir.

Centré sur l’espace turco-ottoman, ce séminaire a pour cadre d’analyse privilégié la transformation de la variété écrite du turc entre le XIXe et le XXIe siècle. L’articulation entre langue et pouvoir y sera interrogée sous deux rubriques principales :

  1. les politiques de la linguistique, soit les déterminants politiques et la portée normative de l’activité philologique ;

  2. les politiques linguistiques entendues comme actualisation de la pensée philologique (changement d’alphabet, simplification de la grammaire, « purification » du vocabulaire, politiques du nom).

Le séminaire tente, à partir de là, de faire travailler les jointures entre sciences philologiques et sciences sociales. Chaque document permet en effet un travail sur le bon usage de la langue, en même temps qu’il délimite des domaines d’exercice du pouvoir. Aussi, la normativité linguistique est ouverte aux accommodements : le gouvernement de la langue (et par la langue) implique des protagonistes inégalement légitimes.

En pratique, nous serons attachés à suivre de très près les traitements matériels que le pouvoir inflige à la langue, ainsi que les effets de celle-ci sur celui-là. Chaque séance sera ainsi consacrée à la lecture d’un petit nombre de documents, et à leur discussion contradictoire. Un travail similaire, à partir de leur propre corpus d’enquête, sera demandé aux participant·e·s du séminaire souhaitant valider cet enseignement.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Linguistique et écrit – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 6
    1er semestre / bimensuel (1re/3e), mercredi 14:00-17:00
    du 4 novembre 2020 au 17 février 2021

Le séminaire – ici entendu sur l’espace de deux années consécutives, la pandémie n’ayant pas interrompu le cours de nos travaux – a eu pour cadre d’analyse privilégié la transformation de la variété écrite du turc entre le xixe et le xxie siècle, au sein des espaces de l’empire ottoman puis de la Turquie républicaine. L’articulation entre langue et pouvoir y a été interrogée sous deux rubriques principales : d’une part les politiques de la linguistique, soit les déterminants politiques et la portée normative de l’activité philologique ; d’autre part les politiques linguistiques entendues comme actualisation de la pensée philologique (changement d’alphabet, simplification de la grammaire, « purification » du vocabulaire, politiques du nom). Cet angle d’approche a notamment donné lieu à deux interventions de Nathalie Clayer (sur l’intellectuel polygraphe Şemseddin Sami) et d’Özgür Türesay (sur les mots de la réforme dans les premières années de la gazette officielle ottomane).

Plusieurs séances ont été consacrées à des notions cardinales de l’imaginaire sociolinguistique (« idéologie linguistique », politiques linguistiques, changements linguistiques, diglossie), dont on a cherché à évaluer la pertinence en contexte turco-ottoman, notamment à travers la lecture serrée de corpus théoriques et métalinguistiques turcs et turcologiques. Mais ces derniers étaient également susceptibles d’interroger en retour la portée naturalisante voire idéologique de certaines de nos routines et outils d’analyse (par exemple la complicité entre linguistique diglossiste et pensée nationaliste).

Le séminaire a enfin poursuivi un objectif plus large sur la question des transformations des usages linguistiques, en proposant d’articuler langues et pratiques langagières, pouvoirs et pratiques politiques, et démarche philologique – élargissement qui a permis d’attirer un public de non-turcisant·e·s, notamment de mastérant·e·s et de doctorant·e·s arabisant·e·s et russisant·e·s, dont l’implication dans le séminaire reposait moins sur des affinités de terrain que sur une réflexion commune autour de l’articulation langue/pouvoir/philologie, et sur des séances de lectures croisées.

 

Publications

Emmanuel Szurek

  • « “Yan, Of, Ef, Viç, İç, İs, Dis, Pulos …” : the Surname Reform, the “Non-Muslims” and the Politics of Uncertainty in Post-genocidal Turkey », dans Arabic and its Alternatives Religious Minorities and their Languages in the Emerging Nation States of the Middle East (1920-1950), sous la dir. d’Heleen Murre-van den Berg, Karène Sanchez Summerer et Tijmen Baarda, 2020, p. 77-110.
  • « La « laïcité en Turquie » : analyse critique d’une nouvelle question au programme de Première », Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe (ehne.fr), Sorbonne Université, 2021 [en ligne].