Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE10 - Charité, assistance, travail : l'expérience de la pauvreté dans les mondes ibériques (XVe-XIXe siècle)


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_23
    annuel / mensuel (1re), mardi 10:00-13:00
    du 3 novembre 2020 au 1er juin 2021


Description


Dernière modification : 13 octobre 2020 09:30

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
espagnol français
Mots-clés
Classes sociales Esclavage Histoire économique et sociale Inégalités Travail
Aires culturelles
Amériques Atlantiques (mondes) Ibérique (monde)
Intervenant·e·s
  • Jean-Paul Zuñiga [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Groupe d'études ibériques (CRH-GEI)
  • Natalia Muchnik   directrice d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Antoine Roullet   chargé de recherche, CNRS / Groupe d'études ibériques (CRH-GEI)

Ce séminaire croise histoire du travail et histoire de la charité dans les sociétés ibériques sur le temps-long. Il s’attache autant à déceler les hiérarchies changeantes entre les activités productives exercées par ceux que les sources désignent comme « pauvres », qu’à l’analyse des valeurs attachées au travail en tant qu’antidote contre les « pathologies sociales ». Le séminaire vise notamment à comparer les espaces de déploiement de l'assistance afin d'interroger la transition entre charité et bienfaisance, réputée plus contemporaine, ainsi que leurs effets-retours sur les formes du travail et les trajectoires de ses acteurs. Nous aborderons ainsi plus particulièrement les questions de l’enfermement, de la mise au travail et de la mise sous tutelle des pauvres, aussi bien par la surveillance des budgets des foyers pauvres, que par les modes de définition des aides apportées et des seuils de pauvreté. On examinera notamment la transformation du partage entre bons et mauvais pauvres – et ses conséquences sur les formes et les espaces de travail – qui, si l’on en croit l’historiographie, caractériserait l’époque moderne. Ce séminaire mensuel s'ancre dans la péninsule et les empires ibériques mais il s'attachera à les replacer dans le cadre européen, en les confrontant notamment aux cas français et anglais.

3 novembre 2020 : Natalia Muchnik, Antoine Roullet, Jean-Paul Zuñiga (CRH/GEI) : « Historiographie et circulation des modèles de prise en charge de la pauvreté à l’époque moderne ».

1er décembre 2020 : Natalia Muchnik, Jean-Paul Zuñiga  (CRH/GEI) : « Les espaces de la contrainte ».

5 janvier 2021 : Natalia Muchnik, Antoine Roullet (CRH/GEI) : « Faire communauté par le don ».

2 février 2021 : Baptiste Bonnefoy (TEMOS/ Le Mans – CRH/GEI) : « L'enfermement des "mauvaises" épouses : les malheurs de la mulâtresse Cecilia de Arriola (Santiago de Guatemala, fin du XVIIe siècle) »

2 mars 2021 : Marie-Lucie Copete (ERIAC/Rouen) : « Les monts-de piété frumentaires en Nouvelle-Castille à l'époque moderne ».

6 avril 2021 : Thomas Glesener (TELEMME/Aix-Marseille) : « Contrôle et surveillance des quêteurs orientaux en Espagne au XVIIIe siècle ».

4 mai 2021 : Regina Grafe (European University Institute) :  “Of money and charity: religion, interest, and the constitution of a colonial society”.

1er juin 2021 : José Sánchez Nieto (Universidad Autónoma, Madrid) : “El aprendizaje artesano en Latinoamerica durante la Edad Moderna: un recurso para los pobres”.


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Religions et laïcité dans la vie professionnelle et associative – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
antoine.roullet@ehess.fr
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis

français, espagnol, anglais lus.


Compte rendu


Le séminaire s’est déroulé en huit séances de trois heures chacune afin d’assurer une plus large place à la discussion. Il a rassemblé des collègues et des étudiant·e·s en master et doctorat de l’EHESS et d’autres universités franciliennes, pour la plupart (mais pas seulement) spécialistes des mondes ibériques. Le séminaire s’est ancré dans l’histoire du travail et de la charité sur le temps long. L’enjeu était ainsi de faire un état des lieux et de réfléchir aux spécificités ibériques dans la prise en charge de la pauvreté au cours d’une longue époque moderne, à travers ses trois principales modalités que sont la mise au travail, l’enfermement, et l’exercice institutionnalisé ou non de la charité. Le séminaire s’est attaché autant à déceler les hiérarchies changeantes entre les activités productives exercées par ceux que les sources désignent comme « pauvres », qu’à l’analyse des valeurs attachées au travail en tant qu’antidote contre les « pathologies sociales ». Il s’agissait notamment de comparer les espaces de déploiement de l’assistance afin d’interroger la transition entre charité et bienfaisance, réputée plus contemporaine, ainsi que leurs effets-retours sur les formes du travail et les trajectoires de ses acteurs. Ce faisant, les notions même d’« assistance », « bienfaisance » et « charité » ont été mises à l’épreuve des différents contextes (européen et extra-européen) abordés. L’historiographie sur la question est foisonnante et reste dépendante de grands modèles et questionnements façonnés dans les années 1970-1990, eux-mêmes tributaires de problématiques remontant à la genèse des sciences sociales : la sécularisation et le poids de la voie wébérienne dans une hypothétique voie « moderne » de la prise en charge de la pauvreté et la question de la genèse de l’état moderne. La question confessionnelle et l’historiographie du modèle anglais pesant sur les études sur la pauvreté, le cas ibérique constitue une entrée par la marge dans ce champ. Le séminaire a ainsi pris soin de décentrer ces paradigmes, en choisissant des contrepoints américains face à ce récit très centré sur l’Europe du Nord et en interrogeant les processus par le bas, à partir de cas choisis pour leur variété : des dépôts frumentaires ruraux, des confréries mexicaines, des ateliers d’artisans madrilènes, des prisons, des quêteurs gyrovagues, etc. Les premières séances ont offert un panorama historiographique comparatif et une revue bibliographique qui mettaient en évidence, dans chaque domaine, les spécificités d’un hypothétique modèle ibérique du welfare et la manière dont il s’inspirait ou non des expériences américaines contemporaines qui l’auraient inséré dans des circulations de modèles d’institutions charitables à l’échelle globale. Le séminaire a abordé les espaces d’enfermement et de contraintes modernes (galères, fabriques, prisons, hôpitaux) dans une perspective comparée (Jean-Paul Zuñiga, Natalia Muchnik), en considérant notamment le cas de l’incarcération des femmes dans les colonies américaines (Baptiste Bonnefoy). Les discussions ont également porté sur la structuration des communautés locales par l’activité charitable dans un contexte diasporique (Natalia Muchnik) et par le système des dots (Antoine Roullet) ainsi que sur la gestion locale et les rapports de force dans les greniers communaux ruraux prêtant du blé et des semences en Nouvelle-Castille (Marie-Lucie Copete) ou dans la circulation et les méthodes des quêteurs grecs en Castille (Thomas Glesener). Le séminaire s’est enfin intéressé au rôle structurant de l’articulation entre crédit et charité dans la fabrique de la société coloniale (Regina Grafe) ainsi qu’aux fonctions sociales attribuées à l’apprentissage des métiers selon le contexte espagnol ou américain, à travers l’étude de contrats d’apprentissage tant madrilènes que coloniaux (José Nieto).

Publications

Voir les séminaires individuels des organisateurs

Dernière modification : 13 octobre 2020 09:30

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
espagnol français
Mots-clés
Classes sociales Esclavage Histoire économique et sociale Inégalités Travail
Aires culturelles
Amériques Atlantiques (mondes) Ibérique (monde)
Intervenant·e·s
  • Jean-Paul Zuñiga [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Groupe d'études ibériques (CRH-GEI)
  • Natalia Muchnik   directrice d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Antoine Roullet   chargé de recherche, CNRS / Groupe d'études ibériques (CRH-GEI)

Ce séminaire croise histoire du travail et histoire de la charité dans les sociétés ibériques sur le temps-long. Il s’attache autant à déceler les hiérarchies changeantes entre les activités productives exercées par ceux que les sources désignent comme « pauvres », qu’à l’analyse des valeurs attachées au travail en tant qu’antidote contre les « pathologies sociales ». Le séminaire vise notamment à comparer les espaces de déploiement de l'assistance afin d'interroger la transition entre charité et bienfaisance, réputée plus contemporaine, ainsi que leurs effets-retours sur les formes du travail et les trajectoires de ses acteurs. Nous aborderons ainsi plus particulièrement les questions de l’enfermement, de la mise au travail et de la mise sous tutelle des pauvres, aussi bien par la surveillance des budgets des foyers pauvres, que par les modes de définition des aides apportées et des seuils de pauvreté. On examinera notamment la transformation du partage entre bons et mauvais pauvres – et ses conséquences sur les formes et les espaces de travail – qui, si l’on en croit l’historiographie, caractériserait l’époque moderne. Ce séminaire mensuel s'ancre dans la péninsule et les empires ibériques mais il s'attachera à les replacer dans le cadre européen, en les confrontant notamment aux cas français et anglais.

3 novembre 2020 : Natalia Muchnik, Antoine Roullet, Jean-Paul Zuñiga (CRH/GEI) : « Historiographie et circulation des modèles de prise en charge de la pauvreté à l’époque moderne ».

1er décembre 2020 : Natalia Muchnik, Jean-Paul Zuñiga  (CRH/GEI) : « Les espaces de la contrainte ».

5 janvier 2021 : Natalia Muchnik, Antoine Roullet (CRH/GEI) : « Faire communauté par le don ».

2 février 2021 : Baptiste Bonnefoy (TEMOS/ Le Mans – CRH/GEI) : « L'enfermement des "mauvaises" épouses : les malheurs de la mulâtresse Cecilia de Arriola (Santiago de Guatemala, fin du XVIIe siècle) »

2 mars 2021 : Marie-Lucie Copete (ERIAC/Rouen) : « Les monts-de piété frumentaires en Nouvelle-Castille à l'époque moderne ».

6 avril 2021 : Thomas Glesener (TELEMME/Aix-Marseille) : « Contrôle et surveillance des quêteurs orientaux en Espagne au XVIIIe siècle ».

4 mai 2021 : Regina Grafe (European University Institute) :  “Of money and charity: religion, interest, and the constitution of a colonial society”.

1er juin 2021 : José Sánchez Nieto (Universidad Autónoma, Madrid) : “El aprendizaje artesano en Latinoamerica durante la Edad Moderna: un recurso para los pobres”.

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Religions et laïcité dans la vie professionnelle et associative – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
antoine.roullet@ehess.fr
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis

français, espagnol, anglais lus.

  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_23
    annuel / mensuel (1re), mardi 10:00-13:00
    du 3 novembre 2020 au 1er juin 2021

Le séminaire s’est déroulé en huit séances de trois heures chacune afin d’assurer une plus large place à la discussion. Il a rassemblé des collègues et des étudiant·e·s en master et doctorat de l’EHESS et d’autres universités franciliennes, pour la plupart (mais pas seulement) spécialistes des mondes ibériques. Le séminaire s’est ancré dans l’histoire du travail et de la charité sur le temps long. L’enjeu était ainsi de faire un état des lieux et de réfléchir aux spécificités ibériques dans la prise en charge de la pauvreté au cours d’une longue époque moderne, à travers ses trois principales modalités que sont la mise au travail, l’enfermement, et l’exercice institutionnalisé ou non de la charité. Le séminaire s’est attaché autant à déceler les hiérarchies changeantes entre les activités productives exercées par ceux que les sources désignent comme « pauvres », qu’à l’analyse des valeurs attachées au travail en tant qu’antidote contre les « pathologies sociales ». Il s’agissait notamment de comparer les espaces de déploiement de l’assistance afin d’interroger la transition entre charité et bienfaisance, réputée plus contemporaine, ainsi que leurs effets-retours sur les formes du travail et les trajectoires de ses acteurs. Ce faisant, les notions même d’« assistance », « bienfaisance » et « charité » ont été mises à l’épreuve des différents contextes (européen et extra-européen) abordés. L’historiographie sur la question est foisonnante et reste dépendante de grands modèles et questionnements façonnés dans les années 1970-1990, eux-mêmes tributaires de problématiques remontant à la genèse des sciences sociales : la sécularisation et le poids de la voie wébérienne dans une hypothétique voie « moderne » de la prise en charge de la pauvreté et la question de la genèse de l’état moderne. La question confessionnelle et l’historiographie du modèle anglais pesant sur les études sur la pauvreté, le cas ibérique constitue une entrée par la marge dans ce champ. Le séminaire a ainsi pris soin de décentrer ces paradigmes, en choisissant des contrepoints américains face à ce récit très centré sur l’Europe du Nord et en interrogeant les processus par le bas, à partir de cas choisis pour leur variété : des dépôts frumentaires ruraux, des confréries mexicaines, des ateliers d’artisans madrilènes, des prisons, des quêteurs gyrovagues, etc. Les premières séances ont offert un panorama historiographique comparatif et une revue bibliographique qui mettaient en évidence, dans chaque domaine, les spécificités d’un hypothétique modèle ibérique du welfare et la manière dont il s’inspirait ou non des expériences américaines contemporaines qui l’auraient inséré dans des circulations de modèles d’institutions charitables à l’échelle globale. Le séminaire a abordé les espaces d’enfermement et de contraintes modernes (galères, fabriques, prisons, hôpitaux) dans une perspective comparée (Jean-Paul Zuñiga, Natalia Muchnik), en considérant notamment le cas de l’incarcération des femmes dans les colonies américaines (Baptiste Bonnefoy). Les discussions ont également porté sur la structuration des communautés locales par l’activité charitable dans un contexte diasporique (Natalia Muchnik) et par le système des dots (Antoine Roullet) ainsi que sur la gestion locale et les rapports de force dans les greniers communaux ruraux prêtant du blé et des semences en Nouvelle-Castille (Marie-Lucie Copete) ou dans la circulation et les méthodes des quêteurs grecs en Castille (Thomas Glesener). Le séminaire s’est enfin intéressé au rôle structurant de l’articulation entre crédit et charité dans la fabrique de la société coloniale (Regina Grafe) ainsi qu’aux fonctions sociales attribuées à l’apprentissage des métiers selon le contexte espagnol ou américain, à travers l’étude de contrats d’apprentissage tant madrilènes que coloniaux (José Nieto).

Publications

Voir les séminaires individuels des organisateurs