UE935 - Parcours anthropologiques dans le monde arabe

Intervenant·e·s

• Dominique Casajus [référent·e]   directeur de recherche (émérite), CNRS / Institut des mondes africains (IMAF)
• François Pouillon   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Institut des mondes africains (IMAF)
• Alain Messaoudi   maître de conférences, Nantes Université
• Mercedes Volait   directrice de recherche (émérite), CNRS
• Christian Pheline   conseiller maître honoraire à la Cour des Comptes (retraité·e)

Partant des conditions de l’enquête de terrain pour aller jusqu’aux dérivations lointaines, notamment artistiques et littéraires, de cette expérience fondatrice, on reprendra, sur la base de dossiers précis, les modes de construction d’un savoir d’où l’observateur ne sort pas finalement intact, non plus que les objets de ses préoccupations. Il s’agira donc de passer d’un registre à l’autre, depuis la démarche anthropologique proprement dite, jusqu’aux élaborations littéraires, en passant par l’histoire de l’art et les fouilles archéologiques.
On s’attachera à ces processus sur la longue durée, parfois sur la très longue durée avec l’usage qui est fait des témoignages archéologiques de civilisations disparues. Nous nous intéresserons tout particulièrement à l’élaboration et à la circulation des modèles et des représentations, brandis ou imposés de l’extérieur, pendant l’ère coloniale autant que postcoloniale, qui ont fait l’objet de remplois pour des constructions identitaires complexes, riches d’enjeux politiques.
L’espace considéré sera le monde arabe, entendu dans ses dimensions larges, celles de l’Islam méditerranéen, qui recouvre les provinces jadis dominées par l’empire ottoman, et déborde sur les déserts d’Afrique du Nord et de la Péninsule arabique. Nous y inclurons aussi les minorités enclavées qui, si elles se définissent par la pratique d’une langue ou d’une religion autres, n’en partagent pas moins avec la composante majoritaire nombre de pratiques sociales dans le cadre de ce qui constitue, en dépit de tout, une aire culturelle.

Jeudi 16 novembre 2023 : Christian Phéline, « Camus colonialiste ? Questions de méthode » (à propos d’une polémique récente)

La rentrée éditoriale s’est ouverte avec une campagne polémique prenant pour vecteur un ouvrage d’Olivier Gloag qui appelle à « oublier Camus » (éd. La Fabrique).
Se réclamant d’une critique se voulant postcoloniale, ce pamphlet dénonce tous les écrits et engagements de l’écrivain depuis l'origine comme exprimant une apologie de la domination coloniale, en même temps qu’il le met en cause pour son « anticommunisme », dans son rôle de résistant à l’occupant et dans sa lutte contre la peine capitale, ou pour son idéologie « sexiste ». 
Dans son outrance, ce réquisitoire a trouvé jusque dans l’université des relais idéologiques propres à en propager le mode de pensée manichéen. L’analyse d’erreurs de méthode, qui y font violence tant à l’exactitude historique qu’à une interprétation loyale des textes, peut cependant aider à réarmer une réflexion critique qui se démarque des poncifs médiatiques affadissant l’écrivain en un penseur du juste milieu. Elle permet de réexaminer des questions éthiques et politiques sur lesquelles cet ouvrage fait l’impasse et que la pensée de Camus peut encore éclairer : la lutte contre le despotisme stalinien ou ses variantes, la violence contre les civils, ou l’aspiration à une Algérie respectueuse de la diversité des cultures, des croyances et des opinions.

Jeudi 7 décembre 2023 : Alain Messaoudi (Université de Nantes), « Horace Vernet et l’Algérie » (sur une exposition au château de Versailles)