UE916 - Corps et objets. Culture matérielle et anthropologie de la dévotion des mondes de l’islam (Moyen-Orient et Asie)

Intervenant·e·s

• Sepideh Parsapajouh [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Séminaire organisé avec Annabelle Collinet (ingénieure de recherche Musée du Louvre, chercheuse associée au CéSor), Delphine Ortis (chargée de cours à l'INaLCO, chercheuse associée au CESAH)

Ce séminaire s’inscrit dans la suite de deux séminaires antérieurs (2013-2022), Histoire et anthropologie des sociétés musulmanes d’Asie du sud et Culture matérielle et pratiques dévotionnelles des sociétés shiites. Ces travaux assortis de plusieurs journées d’études, ont aussi donné lieu à une publication collective (Dir. A.Collinet et S. Parsapajouh, avec  M. Boivin, Bodies and Artefacts. Relics and Other Devotional Supports in Shia Societies in the Indic and Iranian Worlds.  Journal of Material Cultures in the Muslim World, 2021 : https://brill.com/view/journals/mcmw/1/1-2/mcmw.1.issue-1-2.xml).

Nous aborderons ici l’anthropologie sociale et culturelle des objets et des spiritualités en terres d’islam. Les pratiques dévotionnelles seront notre fil conducteur pour aborder les thématiques suivantes : usage des choses, la circulation des objets, l'espace et le temps, les sens, les émotions et le corps, les mots. 

Les menaces qui pèsent sur le patrimoine architectural, ses destructions mais aussi la muséification de l’objet lié au religieux - constitueront d’autres angles d’approches de cette réflexion. Celle-ci sera aussi comparatiste entre les monde iranien, indien et l’Asie du sud-est, mais également avec d’autres aires géographiques et religieuses.

1^er mars 2024 : Annabelle Collinet, Delphine Ortis, Sepideh Parsapajouh, séance d’introduction : axes de recherche et publications récentes

15 mars 2024 : Hanna Pfeifer (professeure, Department of Social Sciences (FB03)-Goethe University Frankfurt), « Staged Destruction of Cultural Heritage for a Global Audience: ISIS and the Sites of Palmyra »

The talk investigates ISIS and its destruction of cultural heritage as a conflict strategy. In particular, I ask under what conditions such a strategy proves effective for armed actors. I critically reflect the role of attributing a 'universal' value, such as designating a site as 'World Heritage', in shaping these dynamics Using the example of the ancient cultural sites in Palmyra (Syria) and their destruction by ISIS, I demonstrate how such actions create incentives for both destruction and preservation for parties to a conflict and third parties as potential interveners.

5 avril 2024 :

Delphine Ortis (INaLCO/CESAH/CASE), « L’ascèse à quelle fin ? Le cas des malañg, ascètes musulmans pakistanais »

Cette communication présente une réflexion sur le processus de construction d’un type d’ascètes, les malañg, appartenant à un ordre « hors la loi religieuse » (be shar`), la Qalandarī, présente au Pakistan. Je fais l’hypothèse qu’être ascète est une forme de technique du corps et du sujet, qui aboutit à produire, configurer et utiliser ces derniers, dans le but de s’édifier en saint potentiel. J’illustrerai ma réflexion par le cas des ascètes de Sehwan, petite ville de pèlerinage du Sindh (Province au sud du Pakistan).

Caroline Lardy (Centre d’Histoire « Espace et Cultures » - CHEC- Université de Clermont-Ferrand), « Gestes et postures du corps à l’épreuve de la vie monastique »

L’engagement dans la vie religieuse implique chez les moniales l’adoption de l’habit monastique, des changements et des adaptations du corps. À la faveur d’une série d’observations filmiques et d’entretiens menés dans deux monastères dominicains, on s’intéressera à la place du corps au travail, en prière, pendant les offices collectifs ou les récréations ainsi qu’au discours porté par les religieuses sur ces spécificités.

3 mai  2024 :

Clément Moussé (maître de conférence, EPHE), «Du sang et de la faim, deux grottes saintes à Damas »

La montagne de Damas, le Qāsyūn, a toujours été considérée comme sacrée par ses habitants. Au fil des siècles, de nombreux lieux d’ermitage, des sanctuaires et de lieux de culte y ont été fondés et s’y sont développés. De nos jours, beaucoup d'entre eux ont disparu certainement à cause de l’urbanisme galopant de la capitale syrienne. D’autres, en revanche, se sont maintenus dans la topographie religieuse de la ville. C’est le cas de deux sites appelés « Grotte du Sang » et « Grotte de la Faim ». Cette communication sera l’occasion de revenir sur l’histoire de ces deux lieux majeurs de Damas, sur les traditions qui leur sont attachées et sur les pratiques qui les entouraient.