UE810 - Sociologie du sujet vulnérable

Intervenant·e·s

• Philippe Bataille [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)

Le séminaire s’arrête sur le phénomène des migrations internationales. La sociologie du sujet vulnérable étudie les conditions d’existence des populations migrantes pendant leur trajet et à leur arrivée. L’approche interroge l’absence d’anticipation de l’exil et de l’errance des politiques publiques françaises et européennes. L’hypothèse de travail questionne l’idéal moral de l’intégration sociale qui néglige les contenus politiques de la catégorie de migrant.

Le premier semestre expose la littérature qui renouvèle les concepts du fait migratoire. Le second semestre s’ouvre à des recherches et des actions qui valorisent les dimensions politiques du sujet vulnérable qui migre.

Le premier semestre rompt avec l’ambition politique du contrôle étatique de l’immigration. Le départ du séminaire (4 séances) retient la littérature qui interroge les représentations sociales du migrant. Sont notamment sollicités Bruno Latour sur l’identité migrante et Édouard Glissant sur le concept de créolisation. Un deuxième temps (4 séances) prolonge les débats en cours sur les migrations, par exemple la discussion sémantique entre le migrant et le réfugié (Karen Akola, L’asile et l’exil. Une histoire de la distinction réfugiés/migrants, La découverte, 2020) avec les travaux de Alexis Nouss (Les conditions de l’exilé : penser les migrations contemporaines, MSH-Interventions, 2015) qui interrogent l’absence de statut existentiel et politique qui rendent justice à l’expérience vécue de l’exil (Étudier l’exil. Colloque international Aix & Marseille, mai 2015, https://nle.hypotheses.org/2706 ). L’exil qui vire à l’errance et aux vides existentiels de la différance au sens de Jacques Derrida aident à mieux connaître les conditions sociales d’existence du phénomène migratoire. Un troisième temps (4 séances) s’intéresse aux parcours de vie de l’expérience migrante selon des modèles politiques des migrations et d’intégration européens et extra- européens (Canada, USA).

Le second semestre invite des auteurs/chercheurs et des acteurs sociaux engagés dans l’accueil des migrants et des associations à s’arrêter sur leurs actions lors d’un échange avec les étudiant·e·s également invité·es à présenter leurs travaux. Les thèmes mis en avant concernent au premier chef l’exil (du voyage jusqu’aux trafics), le corps (déplacé jusqu’à exploité), les droits (d’inexistants jusqu’à universalistes), la mémoire (d’oubliée jusqu’à redécouverte) pour mieux connaître les conditions de survie de l’exilé.