UE692 - Autonomie, égalité et asymétries dans l'accompagnement social, sanitaire et scolaire


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 10:30-12:30
    du 8 novembre 2023 au 7 février 2024
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 5 juin 2023 10:48

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Addictions Dynamiques sociales Enfance Handicap Morphologie Politiques sociales Pratiques Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe
Intervenant·e·s
  • Edouard Gardella [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Les sociétés modernes peuvent se caractériser par le partage d’un idéal égalitaire : celui de l’autonomie-individuelle-pour-toutes-et-tous. L’objectif du séminaire est d’observer comment cet idéal est mis à l’épreuve dans les relations où il semble a priori le plus contredit : quand certains individus sont jugés dépendre de professionnel.les pour accéder à des conditions de vie (plus) égalitaires et à une vie « normale », comme, par exemple, dans les cas de l’assistance aux pauvres, l’accompagnement des personnes en situation de (poly)handicap ou en situation de vieillesse et de dépendance, le suivi de personnes désignées comme souffrant d’addictions, ou encore, la protection de l’enfance, la relation scolaire voire la relation carcérale ; autrement dit, dans les relations caractéristiques de l’État social.

Quelle forme revêt l’idéal égalitaire de l’autonomie-individuelle-pour-toutes-et-tous dans ces relations asymétriques ? Est-il mécaniquement respecté par les professionnel·les ? Ou, au contraire, disparaît-il derrière la domination, le paternalisme et l’injonction à l’autonomie, caractéristiques réputées inhérentes à ce type de relations ? À partir d’enquêtes de terrain conduites d’abord, pendant 15 ans, sur l’assistance aux sans-abri (dont les résultats ont été publiés dans La solidarité individualiste. L’assistance moderne aux sans-abri et ses pathologies, Economica, 2023), puis en milieu carcéral, sur la prise en charge des très jeunes enfants vivant avec leurs mères incarcérées (enquête collective), et en prenant appui sur des travaux empiriques et théoriques réalisés dans d’autres secteurs de l’État social, nous avancerons l’idée que ces relations, bien qu’asymétriques, prennent sens en tant qu’expressions de l’égalitarisme et du respect de l’autonomie individuelle. Autrement dit, nous défendrons l’argument selon lequel ces relations expriment un individualisme, moral et égalitaire ; ce « culte de l’individu » qu’Émile Durkheim avait diagnostiqué comme étant en train de se renforcer à la fin du XIXe siècle. C’est du moins ce que montrent, selon nous, les enquêtes sociologiques qui prennent au sérieux les tensions morales traversées par les professionnel.les, ainsi que les critiques portées par les personnes « prises en charge ».

Sociologiser ce type de relations ouvre alors sur un résultat plus général. Nous verrons que, dans ces relations à la fois asymétriques et égalitaires, l’autonomie des individus tend à être, par les professionnel.les, prise en charge, mais aussi, prise en compte, au sens où les individus tendent à être considérés comme des égaux avec qui il est juste de coopérer afin d’œuvrer à la transformation de leur situation. Nous verrons ainsi qu’il est dès lors nécessaire de penser l’autonomie comme une autonomisation, toujours processuelle et collective.

Nous avancerons enfin l’hypothèse selon laquelle cette tendance des professionnel.les à considérer les personnes prises en charge comme des égales, et, plus globalement, à leur garantir des droits individuels, se renforce depuis plusieurs décennies, non seulement en France mais aussi dans les pays dits occidentaux. Nous proposerons une explication structurelle, et plus précisément, morphologique, de cette évolution. Nous verrons alors qu’une telle explication, scientifique, est la condition à remplir pour formuler une critique sociologiquement adéquate, c’est-à-dire réflexive, de ces relations d’autonomisation.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Dernière modification : 5 juin 2023 10:48

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Addictions Dynamiques sociales Enfance Handicap Morphologie Politiques sociales Pratiques Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe
Intervenant·e·s
  • Edouard Gardella [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Les sociétés modernes peuvent se caractériser par le partage d’un idéal égalitaire : celui de l’autonomie-individuelle-pour-toutes-et-tous. L’objectif du séminaire est d’observer comment cet idéal est mis à l’épreuve dans les relations où il semble a priori le plus contredit : quand certains individus sont jugés dépendre de professionnel.les pour accéder à des conditions de vie (plus) égalitaires et à une vie « normale », comme, par exemple, dans les cas de l’assistance aux pauvres, l’accompagnement des personnes en situation de (poly)handicap ou en situation de vieillesse et de dépendance, le suivi de personnes désignées comme souffrant d’addictions, ou encore, la protection de l’enfance, la relation scolaire voire la relation carcérale ; autrement dit, dans les relations caractéristiques de l’État social.

Quelle forme revêt l’idéal égalitaire de l’autonomie-individuelle-pour-toutes-et-tous dans ces relations asymétriques ? Est-il mécaniquement respecté par les professionnel·les ? Ou, au contraire, disparaît-il derrière la domination, le paternalisme et l’injonction à l’autonomie, caractéristiques réputées inhérentes à ce type de relations ? À partir d’enquêtes de terrain conduites d’abord, pendant 15 ans, sur l’assistance aux sans-abri (dont les résultats ont été publiés dans La solidarité individualiste. L’assistance moderne aux sans-abri et ses pathologies, Economica, 2023), puis en milieu carcéral, sur la prise en charge des très jeunes enfants vivant avec leurs mères incarcérées (enquête collective), et en prenant appui sur des travaux empiriques et théoriques réalisés dans d’autres secteurs de l’État social, nous avancerons l’idée que ces relations, bien qu’asymétriques, prennent sens en tant qu’expressions de l’égalitarisme et du respect de l’autonomie individuelle. Autrement dit, nous défendrons l’argument selon lequel ces relations expriment un individualisme, moral et égalitaire ; ce « culte de l’individu » qu’Émile Durkheim avait diagnostiqué comme étant en train de se renforcer à la fin du XIXe siècle. C’est du moins ce que montrent, selon nous, les enquêtes sociologiques qui prennent au sérieux les tensions morales traversées par les professionnel.les, ainsi que les critiques portées par les personnes « prises en charge ».

Sociologiser ce type de relations ouvre alors sur un résultat plus général. Nous verrons que, dans ces relations à la fois asymétriques et égalitaires, l’autonomie des individus tend à être, par les professionnel.les, prise en charge, mais aussi, prise en compte, au sens où les individus tendent à être considérés comme des égaux avec qui il est juste de coopérer afin d’œuvrer à la transformation de leur situation. Nous verrons ainsi qu’il est dès lors nécessaire de penser l’autonomie comme une autonomisation, toujours processuelle et collective.

Nous avancerons enfin l’hypothèse selon laquelle cette tendance des professionnel.les à considérer les personnes prises en charge comme des égales, et, plus globalement, à leur garantir des droits individuels, se renforce depuis plusieurs décennies, non seulement en France mais aussi dans les pays dits occidentaux. Nous proposerons une explication structurelle, et plus précisément, morphologique, de cette évolution. Nous verrons alors qu’une telle explication, scientifique, est la condition à remplir pour formuler une critique sociologiquement adéquate, c’est-à-dire réflexive, de ces relations d’autonomisation.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 10:30-12:30
    du 8 novembre 2023 au 7 février 2024
    Nombre de séances : 12