UE68 - Mobilisations conservatrices : idées, acteurs, circulations transnationales

Intervenant·e·s

• Valentin Behr [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP)

Les phénomènes de « droitisation », de tournant « illibéral » ou encore de « backlash » démocratique font récemment l’objet de nombreux travaux en sciences sociales. Au croisement de la sociologie, de la science politique et de l’histoire, ce séminaire de recherche propose d’en rendre compte. Il prend pour objet les mobilisations conservatrices dans leur diversité, en termes d’enjeux (« guerres culturelles », manifestations d’hostilité à l’immigration ou aux homosexuels, mouvements « anti-genre » ou dénonçant le « wokisme », etc.), mais aussi en termes de répertoires (stratégies métapolitiques, manifestations de rue, militantisme identitaire, voire terrorisme d’ultradroite). En décentrant le regard par rapport aux phénomènes électoraux et à la sociologie des partis politiques, une attention particulière est accordée au rôle d’espaces intermédiaires ou interstitiels (champ médiatique, champ intellectuel, think tanks, clubs) et d’acteurs relevant de ladite société civile (associations, organisations religieuses, etc.) dans la circulation des idées conservatrices et dans les mobilisations conservatrices. Le séminaire cherche ainsi à saisir la sociologie des acteurs qui font les mobilisations conservatrices, qu’il s’agisse de groupes élitaires (intellectuels, hauts fonctionnaires, dirigeants d’entreprises), ou de groupes relevant des catégories intermédiaires et populaires de l’espace social. Il s’agit aussi de caractériser finement l’idéologie des mouvements étudiés, y compris pour en souligner l’éclectisme, voire le « confusionnisme ». Le séminaire adopte enfin une perspective résolument transnationale, en s’intéressant aux circulations d’idées, d’acteurs et de répertoires, particulièrement entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, mais aussi entre l’Europe et les États-Unis. Il prend la forme de discussions de recherches passées et en cours, en s’appuyant sur des lectures et, pour une moitié des séances environ, sur des intervenant·e·s invité·e·s à présenter leurs travaux.

Programme

26 octobre 2023 : Introduction générale : mobilisations conservatrices (V. Behr)

9 novembre 2023 : Safia Dahani (Centre européen de sociologie et de science politique), « Réécrire l'histoire d'un parti d'extrême-droite. Comment les dirigeants du RN détournent-ils le stigmate de leur engagement ? »

23 novembre 2023 : Zora Hesova (université Charles de Prague, Institut de sciences politiques), « ‘Nouvelle Droite’ tchèque ? Sources intellectuelles et politiques d’un discours néo-conservateur émergent »

14 décembre 2023 : Laura Wolters (Hamburger Institut für Sozialforschung), « La droite radicale et le travail intellectuel. Une sociologie des idées dans un sociotope particulier »

8 février 2024 : Présentation de l’ouvrage de Safia Dahani (EHESS, CESSP), Estelle Delaine (université Rennes-2, Arènes), Félicien Faury (université Versailles Saint Quentin, CESDIP) et Guillaume Letourneur (CESSP), Sociologie politique du Rassemblement national. Enquêtes de terrain, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion (collection Espaces politiques), 2023.

Mercredi 28 février 2024 (NB : 10:00-12:00, salle polyvalente 50, Centre de colloques) : Raphaël Challier (INSERM, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux), « Comparer différentes dynamiques de mobilisation à droite en milieu populaire (UMP/LR et FN/RN) »

14 mars 2024 : Adèle Momméja (CNRS, CESSP), « Terrorisme et reproduction de l’ordre colonial. Les logiques de la violence pro-Algérie française »

28 mars 2024 : Eve Gianoncelli (Nord University et Maison française d’Oxford), « “It’s all about sex”. Conservatisme et métapolitique »

25 avril 2024 : Myungji Yang (Department of Sociology, University of Hawaii at Manoa), « Strange Bedfellows: Transnational collaboration between right-wing intellectuals in South Korea and Japan »

23 mai 2024 : Fanny Mazzone (université Toulouse Jean-Jaurès), « L'édition et la réhabilitation du conservatisme après la Libération (1944-1951) »

13 juin 2024 : Aurelien Mondon (université de Bath), « Le rôle des élites dans la normalisation des politiques réactionnaires : France, Royaume-Uni, États-Unis »