UE646 - Violences de masse, justice et sciences sociales : approches croisées

Intervenant·e·s

• Cloé Drieu [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
• Timothée Brunet-Lefèvre   doctorant, EHESS / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)
• Jean-Pierre Massias   professeur, Université de Pau et des pays de l'Adour

Les recherches sur les violences de masse, en particulier sur les génocides, s’inscrivent généralement dans un champ disciplinaire défini (le droit, l’histoire ou l’anthropologie) et tentent relativement peu de croiser les différentes approches et méthodes. Les juristes pensent ces violences comme des crimes à partir de textes juridiques internationaux, de jurisprudences ou de doctrines, les historiens et les anthropologues évitent généralement les catégories juridiques perçues comme trop contraignantes et peu adaptées à leurs objets (dans le cas du génocide par exemple, l’intention et le groupe-cible tels que définis dans la Convention de 1948) pour forger d’autres concepts (« ethnocide » par exemple), qui permettent de saisir davantage les mécanismes de violence que leur caractérisation stricte en vue de punir. Pourtant, un dialogue s’est institué entre droit et sciences sociales depuis de nombreuses années, comme en témoigne par exemple l’usage spécifique du droit et des sciences sociales par les tribunaux citoyens (d’opinions ?) depuis le Tribunal international des crimes de guerre (Tribunal Russell) en 1966. Depuis les années 1990, le témoignage des chercheurs occupe une place essentielle, au cœur des instances pénales internationales spécialisées (Ex-Yougoslavie, Rwanda), des enquêtes pénales internationales de la Cour pénale internationale ou des juridictions nationales statuant dans le cadre de la compétence universelle. À leur tour, ces instances ont produit des archives essentielles pour les sciences sociales et la compréhension fine des violences de masse.

L’objet de ce séminaire, pluridisciplinaire et pluri-méthodologique, est de confronter les points de vue, les questionnements et les rapports entre droit, justice et sciences sociales. Il est co-animé avec Magalie Besse et Jean-Pierre Massias, respectivement directrice et président de l’Institut Français pour la Justice et la Démocratie (IFJD).

Ce séminaire a lieu dans le cadre de l’ANR Shatterzone (ANR-19-FGEN-0001-01).

Lundi 27 novembre 2023 : Introduction « La scène judiciaire » par Magalie Besse, Timothée Brunet-Lefèvre, Cloé Drieu et Jean-Pierre Massias

Lundi 11 décembre 2023 : François Roux (avocat au Barreau de Montpellier), « Crimes internationaux. Quelle défense ? : quels moyens, quelle éthique? »

1. Lectures recommandées (articles et entretiens) : 
   1. François Roux, "Plaidoyer pour la Justice Pénale Internationale", Diplomat Magazine, 7/06/2020, en ligne : https://diplomatmagazine.eu/2020/06/07/plaidoyer-pour-la-justice-penale-internationale/
   2. François Roux, "Le Tribunal Spécial pour le Liban, chronique d’un naufrage annoncé", Diplomat Magazine, 5/12/2021, en ligne : https://diplomatmagazine.eu/2021/12/05/le-tribunal-special-pour-le-liban-chronique-une-fermeture-annonce/
   3. François Roux (entretien avec), "La nécessaire invention d'un nouvel exercice du droit", Tiers-Monde, 2011 (1), pp. 103-116.
   4. François Roux (entretien avec), "Cambodge, les 'Chambres extraordinaires', vues de l'intérieur", Mouvements, 2008 (1), pp. 158-165.
2. Lectures recommandées (ouvrage) :
   1. François Roux, Justice Internationale. La parole est à la défense, Montpellier, Indigène éditions, 2016.

Lundi 8 janvier 2024 : Anne-Laure Porée (docteure, CESPRA), « Le charnier de Choeung Ek au croisement des perspectives judiciaires et anthropologiques : exploration d'un volet du procès de l'ancien Khmer rouge Duch aux Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (Cambodge, 2009) »

Lundi 22 janvier 2024 : Denis Salas (Magistrat), « La Justice face aux crimes de masse : les mutations du rituel judiciaire »

Lundi 12 février 2024 : Jean-Pierre Massias (président de l'IFJD, professeur de droit), « Les commissions-vérité : de l’Afrique du sud à #Metoo »

Lundi 26 février 2024 : Cloé Drieu (CNRS), « Le Tribunal ouïghour : espace de droit ? espace de sciences sociales ? »

Lundi 11 mars 2024 : Camille Montavon (maitre-assistante, université de Genève), « Les tribunaux d’opinion face à l’impunité des violences de masse : une scène pseudo-judiciaire, entre droit et sciences sociales »

Lundi 25 mars 2024 : Julie Goffin (avocate au Barreau de Bruxelles) « Leçons apprises de l’affaire Jean-Pierre Bemba (Congo) »

Lundi 22 avril 2024 : Timothée Brunet-Lefèvre (docteur, CESPRA), « Les procès du génocide des Tutsi rwandais en France (2014-2024) : une scène judiciaire “ordinaire” ? »

Lundi 13 mai 2024 : Adnan Çelik (post-doctorant), « Négationnisme d’État et histoire orale dans les arènes judiciaires de Turquie » (Accusation et défense dans les procès liés aux activités commémoratives du génocide des Arméniens en région kurde) 

Lundi 27 mai 2024 : Magalie Besse (directrice de l’IFJD), « Le jugement des femmes par les tribunaux pénaux internationaux : les exemples de Biljana Plavciz (République de Serbie) et Pauline Nyiramasuhuko (Rwanda) »

Lundi 10 juin 2024 (journée d'étude en cours de préparation) avec Pardis Shafafi et Chowra Makaremi sur le « Tribunal Iran » et les tribunaux citoyens plus spécifiquement.