UE642 - Savoirs du dehors : épistémologie, histoire, critique


Lieu et planning


Attention !
Vous ne pourrez pas accéder à ce séminaire sans avoir préalablement déposé une demande via le lien suivant (une demande est nécessaire pour chaque séminaire auquel vous souhaitez participer, merci de déposer la demande au plus tard 72 heures avant le début de la première séance) : https://participations.ehess.fr/demandes/__nouvelle__?seminaire=642.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 50
    annuel / mensuel (2e), mercredi 16:30-19:30
    du 11 octobre 2023 au 12 juin 2024
    Nombre de séances : 8

    NB : la séance du 8 novembre est reportée au 15 novembre de 14 h 30 à 16 h 30 (même salle)

    Séance supplémentaire le 15 mai (même horaire, salle 3.07, Centre de colloques)


Description


Dernière modification : 19 avril 2024 15:19

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Comparatisme Empire Épistémologie Orientalisme Philosophie politique Post-coloniales (études) Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Britanniques (études) Inde Juives (études) Musulmans (mondes)
Intervenant·e·s
  • Gildas Salmon [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Anoush Ganjipour   chargé de recherche, CNRS
  • Elad Lapidot   professeur des universités, Université de Lille

Le séminaire a pour objet d’examiner ensemble trois types de réflexivité produits à partir de la rencontre des sciences sociales modernes avec les régimes de savoir qualifiés de « non-modernes ».

1) Depuis le XIXe siècle, le savoir occidental se caractérise par une volonté d’ouverture vers ce qui formait son dehors. Revendiquant une vocation universelle, les sciences sociales modernes ont effectué un mouvement théorique double. D’une part, elles ont voulu inclure, en tant qu’objets de connaissance, des individus, des sociétés ou des cultures non-occidentales. Mais d’autre part, elles ont aussi voulu tenir compte des autres savoirs ou régimes épistémologiques (qualifiés privativement comme « non-modernes » et « non-occidentaux »), et les intégrer afin de se donner un caractère englobant et absolu. Sur le plan pratique, cette ambition universaliste est indissociable de l’expansion coloniale de l’Europe : la volonté d’ouverture du savoir sur des sociétés « autres » s’est ainsi articulée avec la volonté de gouverner ces « autres ». C’est à partir de cette articulation entre savoir et pouvoir qu’une série de disciplines nouvelles ont vu le jour : l’histoire des religions, l’orientalisme, la grammaire comparée, l’ethnologie, etc.

2) La rencontre des modernes avec les cultures non-occidentales a produit un effet épistémologique inverse à l’intérieur de ces cultures : chez les populations autochtones, elle a déclenché une volonté analogue d’ouvrir leur savoir à l’épistémè moderne conçue précisément en tant que leur « dehors ». Une telle volonté comprend à son tour trois aspects : a) développer un savoir sur les modernes ; b) intégrer les sciences sociales des modernes dans les traditions intellectuelles des « non-modernes » ; c) ces deux démarches ont été ici aussi conditionnées par le colonialisme, mais dans une configuration politique inverse, définie par le gouvernement et la domination que les modernes imposaient aux populations colonisées (le gouvernement exercé par les « autres » sur « nous »). Les répliques des penseurs indiens, musulmans, japonais ou chinois, ou encore celles des penseurs juifs européens aux sciences sociales et à la métaphysique modernes doivent être analysées et réévaluées dans cette perspective.

3) À partir de la seconde moitié du XXe siècle s’est développée, au sein des sciences sociales modernes, une approche critique du rapport que celles-ci ont entretenu avec leur dehors. Sous ses variantes discursives post-coloniales ou post-orientalistes, cette approche s’interroge sur les conditions historico-politiques auxquelles les sciences sociales modernes ont pu faire des « autres » leur objet, ou subsumer leurs régimes de savoirs sous le leur. Elle met ainsi en question le lien entre les fondements épistémologiques ou métaphysiques de ces démarches d’une part et, de l’autre, la domination coloniale et l’idéologie du progrès qui a historiquement sous-tendu une telle domination. L’enjeu est de parvenir à déconstruire l’universalité et l’objectivité revendiquées par la « raison occidentale », et de lui rendre ainsi son caractère foncièrement situé, et intéressé.

L’étude comparative de ces trois dynamiques épistémiques et politiques a pour enjeu de comprendre comment la confrontation avec le dehors a opéré une problématisation mutuelle de savoirs issus de traditions hétérogènes, et a donné lieu, des deux côtés, à une mutation épistémologique qui ne peut être comprise que de manière relationnelle.

Dans ce séminaire mensuel, nous réunirons des spécialistes de l’épistémologie des sciences sociales modernes, des aires culturelles, ainsi que des historiens pour aborder à chaque fois l’un des aspects de notre thématique générale. Chaque séance se déroulera sous forme d’une intervention commentée par un discutant, suivie par la discussion avec les étudiants et le public.

https://univ-lille-fr.zoom.us/j/93927160725?pwd=QThpa21PaXMyQTg2TTdZcHZzTnYvZz09

11 octobre 2023 : Introduction, Anoush Ganjipour, Elad Lapidot, Gildas Salmon

15 novembre 2023 (de 14 h 30 à 16 h 30) : « Nihil, néant, nihilisme : une croisée tragique (Eranos, Henry Corbin et Gershom Scholem) », Guy Stroumsa (professeur émérite à l’Université hébraïque de Jérusalem)

13 décembre 2023 : « L’orientalisme en action. Henry Thomas Colebrooke et la naissance du droit anglo-hindou », Gildas Salmon (chargé de recherches CNRS, LIER-FYT)

10 janvier 2024 : « Paris années 1930, une rencontre manquée entre études juives, musulmanes et chrétiennes », Cédric Cohen-Skalli, Université d’Haïfa

14 février 2024 : « Hermann Cohen et la religion de la raison », Elad Lapidot (professeur d’études juives à l’Université de Lille)

13 mars 2024 : « Les "bons orientalistes" : autour des orientalistes juifs du XIXe siècle », Lena Salaymeh (directrice d’études à l’EPHE)

15 mai 2024 (NB : salle 3.07, Centre de colloques, Campus Condorcet) : « Réorganiser le monde. Les nouveaux sens de l’"économie" entre l’Asie de l’Est et les Amériques (fin XIXe-début du XXe siècles) », Pablo Blitstein (maître de conférences à l’EHESS)

12 juin 2024 : « La Réforme ou la Révolution : les Lumières lues par les penseurs musulmans du XIXe siècle », Anoush Ganjipour (chargé de recherche au CNRS, Centre Jean-Pépin)


Master


  • Séminaires de recherche – Philosophie-Philosophie sociale et politique – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Dernière modification : 19 avril 2024 15:19

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Comparatisme Empire Épistémologie Orientalisme Philosophie politique Post-coloniales (études) Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Britanniques (études) Inde Juives (études) Musulmans (mondes)
Intervenant·e·s
  • Gildas Salmon [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Anoush Ganjipour   chargé de recherche, CNRS
  • Elad Lapidot   professeur des universités, Université de Lille

Le séminaire a pour objet d’examiner ensemble trois types de réflexivité produits à partir de la rencontre des sciences sociales modernes avec les régimes de savoir qualifiés de « non-modernes ».

1) Depuis le XIXe siècle, le savoir occidental se caractérise par une volonté d’ouverture vers ce qui formait son dehors. Revendiquant une vocation universelle, les sciences sociales modernes ont effectué un mouvement théorique double. D’une part, elles ont voulu inclure, en tant qu’objets de connaissance, des individus, des sociétés ou des cultures non-occidentales. Mais d’autre part, elles ont aussi voulu tenir compte des autres savoirs ou régimes épistémologiques (qualifiés privativement comme « non-modernes » et « non-occidentaux »), et les intégrer afin de se donner un caractère englobant et absolu. Sur le plan pratique, cette ambition universaliste est indissociable de l’expansion coloniale de l’Europe : la volonté d’ouverture du savoir sur des sociétés « autres » s’est ainsi articulée avec la volonté de gouverner ces « autres ». C’est à partir de cette articulation entre savoir et pouvoir qu’une série de disciplines nouvelles ont vu le jour : l’histoire des religions, l’orientalisme, la grammaire comparée, l’ethnologie, etc.

2) La rencontre des modernes avec les cultures non-occidentales a produit un effet épistémologique inverse à l’intérieur de ces cultures : chez les populations autochtones, elle a déclenché une volonté analogue d’ouvrir leur savoir à l’épistémè moderne conçue précisément en tant que leur « dehors ». Une telle volonté comprend à son tour trois aspects : a) développer un savoir sur les modernes ; b) intégrer les sciences sociales des modernes dans les traditions intellectuelles des « non-modernes » ; c) ces deux démarches ont été ici aussi conditionnées par le colonialisme, mais dans une configuration politique inverse, définie par le gouvernement et la domination que les modernes imposaient aux populations colonisées (le gouvernement exercé par les « autres » sur « nous »). Les répliques des penseurs indiens, musulmans, japonais ou chinois, ou encore celles des penseurs juifs européens aux sciences sociales et à la métaphysique modernes doivent être analysées et réévaluées dans cette perspective.

3) À partir de la seconde moitié du XXe siècle s’est développée, au sein des sciences sociales modernes, une approche critique du rapport que celles-ci ont entretenu avec leur dehors. Sous ses variantes discursives post-coloniales ou post-orientalistes, cette approche s’interroge sur les conditions historico-politiques auxquelles les sciences sociales modernes ont pu faire des « autres » leur objet, ou subsumer leurs régimes de savoirs sous le leur. Elle met ainsi en question le lien entre les fondements épistémologiques ou métaphysiques de ces démarches d’une part et, de l’autre, la domination coloniale et l’idéologie du progrès qui a historiquement sous-tendu une telle domination. L’enjeu est de parvenir à déconstruire l’universalité et l’objectivité revendiquées par la « raison occidentale », et de lui rendre ainsi son caractère foncièrement situé, et intéressé.

L’étude comparative de ces trois dynamiques épistémiques et politiques a pour enjeu de comprendre comment la confrontation avec le dehors a opéré une problématisation mutuelle de savoirs issus de traditions hétérogènes, et a donné lieu, des deux côtés, à une mutation épistémologique qui ne peut être comprise que de manière relationnelle.

Dans ce séminaire mensuel, nous réunirons des spécialistes de l’épistémologie des sciences sociales modernes, des aires culturelles, ainsi que des historiens pour aborder à chaque fois l’un des aspects de notre thématique générale. Chaque séance se déroulera sous forme d’une intervention commentée par un discutant, suivie par la discussion avec les étudiants et le public.

https://univ-lille-fr.zoom.us/j/93927160725?pwd=QThpa21PaXMyQTg2TTdZcHZzTnYvZz09

11 octobre 2023 : Introduction, Anoush Ganjipour, Elad Lapidot, Gildas Salmon

15 novembre 2023 (de 14 h 30 à 16 h 30) : « Nihil, néant, nihilisme : une croisée tragique (Eranos, Henry Corbin et Gershom Scholem) », Guy Stroumsa (professeur émérite à l’Université hébraïque de Jérusalem)

13 décembre 2023 : « L’orientalisme en action. Henry Thomas Colebrooke et la naissance du droit anglo-hindou », Gildas Salmon (chargé de recherches CNRS, LIER-FYT)

10 janvier 2024 : « Paris années 1930, une rencontre manquée entre études juives, musulmanes et chrétiennes », Cédric Cohen-Skalli, Université d’Haïfa

14 février 2024 : « Hermann Cohen et la religion de la raison », Elad Lapidot (professeur d’études juives à l’Université de Lille)

13 mars 2024 : « Les "bons orientalistes" : autour des orientalistes juifs du XIXe siècle », Lena Salaymeh (directrice d’études à l’EPHE)

15 mai 2024 (NB : salle 3.07, Centre de colloques, Campus Condorcet) : « Réorganiser le monde. Les nouveaux sens de l’"économie" entre l’Asie de l’Est et les Amériques (fin XIXe-début du XXe siècles) », Pablo Blitstein (maître de conférences à l’EHESS)

12 juin 2024 : « La Réforme ou la Révolution : les Lumières lues par les penseurs musulmans du XIXe siècle », Anoush Ganjipour (chargé de recherche au CNRS, Centre Jean-Pépin)

  • Séminaires de recherche – Philosophie-Philosophie sociale et politique – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Attention !
Vous ne pourrez pas accéder à ce séminaire sans avoir préalablement déposé une demande via le lien suivant (une demande est nécessaire pour chaque séminaire auquel vous souhaitez participer, merci de déposer la demande au plus tard 72 heures avant le début de la première séance) : https://participations.ehess.fr/demandes/__nouvelle__?seminaire=642.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 50
    annuel / mensuel (2e), mercredi 16:30-19:30
    du 11 octobre 2023 au 12 juin 2024
    Nombre de séances : 8

    NB : la séance du 8 novembre est reportée au 15 novembre de 14 h 30 à 16 h 30 (même salle)

    Séance supplémentaire le 15 mai (même horaire, salle 3.07, Centre de colloques)