Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2024-2025.

UE342 - Anthropologie des appropriations de l’art : interculturalité et tensions dans l’image


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / hebdomadaire, vendredi 14:30-16:30
    du 10 novembre 2023 au 7 juin 2024
    Nombre de séances : 25

    NB : pas de séance le 22 décembre


Description


Dernière modification : 29 juin 2023 13:44

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Anthropologie Arts Circulations Discrimination Domination Génétique Histoire de l’art Image
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France Océanie
Intervenant·e·s
  • Brigitte Derlon [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Qu’ils relèvent de l’histoire ou de l’anthropologie, les travaux sur les liens entre les caractéristiques visuelles des productions artistiques et les phénomènes interculturels ont surtout mis l’accent sur le jeu des influences et sur les processus de métissage ou d’hybridation. Ce qui a principalement retenu l’attention, c’est la manière dont des éléments issus de différents univers culturels (techniques, médiums, genres, styles, motifs…) se retrouvaient chacun reconfigurés dans l’opération productive de leur conjugaison. Des créations relevant par exemple du primitivisme dans l’art moderne, de l’art contemporain extra-européen ou encore de la production de souvenirs pour touristes ont été interprétées en ce sens.

À l’inverse, dans ce séminaire exploratoire, on s’intéressera aux productions artistiques (dessins, peintures, installations…) dans lesquelles, loin de s’harmoniser dans une nouvelle synthèse, des éléments visuels autochtones et allochtones sont mis en tension – volontairement, le plus souvent –, suscitant des comparaisons ou créant des dissonances dont on interrogera le sens. Des premières représentations européennes des insulaires du Pacifique Sud aux créations des artistes contemporains (européens, africains-américains, autochtones du Canada et de l’Australie…) on accordera une place de choix aux œuvres où la confrontation visuelle de ces éléments est révélatrice de conceptions contrastées de l’altérité, de la critique des stéréotypes, de la réévaluation de l’héritage européen ou encore de la volonté de réécrire l’histoire coloniale et l’histoire de l’art. 

Ce faisant, il s’agira de poursuivre dans une nouvelle direction les réflexions conduites les années précédentes sur les phénomènes d’appropriation en art.

Cet enseignement peut être suivi seulement au premier ou au second semestre.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – dossier ou exposé
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – dossier ou exposé

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous pris par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous pris par courriel.

Pré-requis
-

Dernière modification : 29 juin 2023 13:44

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Anthropologie Arts Circulations Discrimination Domination Génétique Histoire de l’art Image
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France Océanie
Intervenant·e·s
  • Brigitte Derlon [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Qu’ils relèvent de l’histoire ou de l’anthropologie, les travaux sur les liens entre les caractéristiques visuelles des productions artistiques et les phénomènes interculturels ont surtout mis l’accent sur le jeu des influences et sur les processus de métissage ou d’hybridation. Ce qui a principalement retenu l’attention, c’est la manière dont des éléments issus de différents univers culturels (techniques, médiums, genres, styles, motifs…) se retrouvaient chacun reconfigurés dans l’opération productive de leur conjugaison. Des créations relevant par exemple du primitivisme dans l’art moderne, de l’art contemporain extra-européen ou encore de la production de souvenirs pour touristes ont été interprétées en ce sens.

À l’inverse, dans ce séminaire exploratoire, on s’intéressera aux productions artistiques (dessins, peintures, installations…) dans lesquelles, loin de s’harmoniser dans une nouvelle synthèse, des éléments visuels autochtones et allochtones sont mis en tension – volontairement, le plus souvent –, suscitant des comparaisons ou créant des dissonances dont on interrogera le sens. Des premières représentations européennes des insulaires du Pacifique Sud aux créations des artistes contemporains (européens, africains-américains, autochtones du Canada et de l’Australie…) on accordera une place de choix aux œuvres où la confrontation visuelle de ces éléments est révélatrice de conceptions contrastées de l’altérité, de la critique des stéréotypes, de la réévaluation de l’héritage européen ou encore de la volonté de réécrire l’histoire coloniale et l’histoire de l’art. 

Ce faisant, il s’agira de poursuivre dans une nouvelle direction les réflexions conduites les années précédentes sur les phénomènes d’appropriation en art.

Cet enseignement peut être suivi seulement au premier ou au second semestre.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – dossier ou exposé
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – dossier ou exposé
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous pris par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous pris par courriel.

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / hebdomadaire, vendredi 14:30-16:30
    du 10 novembre 2023 au 7 juin 2024
    Nombre de séances : 25

    NB : pas de séance le 22 décembre

Le cœur du séminaire a constitué en une analyse des œuvres de trois artistes contemporains, l’australien Gordon Bennett (1955-2014), le canadien Kent Monkman (né en 1965) et l’américaine Faith Ringgold (1930-2024) qui ont pratiqué différentes formes d’appropriation de l’art européen à des fins politiques dans le cadre d’une réflexion critique sur le colonialisme et le racisme. Tous deux d’ascendance européenne et autochtone, Bennett et Monkman ont revisité l’histoire coloniale de l’Australie et du continent nord-américain, tandis que Ringgold, engagée dans le féminisme noir et l’antiracisme, s’est surtout intéressée aux rapports sociaux de race et à la représentation contemporaine des Africains-Américains. 

            On a vu comment ces trois artistes partageaient de nombreux points communs : la critique conjointe du modernisme artistique et de l’appropriation de l’art dit primitif par les artistes européens ; l’appropriation en retour d’œuvres iconiques de l’art moderne (Picasso, Pollock, Mondrian, Matisse, Manet…) ou des artistes modernes eux-mêmes transformés en personnages de scènes narratives (Monkman, Ringgold) ; le refus de l’abstraction  en tant que mouvement coupé des réalités sociales et politiques, assimilé à la froideur de la science et au mythe de la supériorité de l’Europe ; la dimension politique revendiquée du choix de médiums (tissu et patchwork chez Ringgold), de genres artistiques (la peinture de paysage chez Monkman), ou de modes de représentation (l’aplatissement de l’image par refus de la perspective européenne chez Bennett) ; ou encore, la volonté de faire entrer l’histoire des peuples autochtones ou des Africains-américains dans la grande histoire de l’art, en s’inspirant d’œuvres ou de mouvements artistes prestigieux.

            Une attention soutenue a été portée au fonctionnement de l’appropriation dans la réécriture de l’histoire opérée par chacun de ces artistes. Pour ne citer que quelques exemples, Bennett révèle la violence des images coloniales qui ont forgé l’identité blanche australienne en faisant apparaître leur structure par des procédés d’agrandissement, de colorisation, de superposition ou d’insertion d’autres images. Il utilise les compositions géométriques de Mondrian comme des grilles, aux sens propre et figuré, ­­qui emprisonnent les Aborigènes, imposent des types de lecture ou entrelacent divers éléments ainsi reliés. Monkman reproduit les peintures de paysages des XIXe et XXe siècles qui constituaient une forme d’appropriation du territoire et oblitéraient la présence des autochtones, en les repeuplant d’ « Indiens » et d’Européens engagés dans des relations (notamment sexuelles) renversant le schéma de la domination coloniale. Aux personnages d’œuvres emblématiques de la peinture d’histoire, il substitue des autochtones qu’il a fait poser dans son studio, transformant l’évènement initial à la gloire des Européens en page héroïque ou dramatique de l’histoire des Premières Nations. Sous la forme de son alter ego, Ringgold s’invite dans l’atelier, les œuvres ou les lieux de vie des peintres modernes qui deviennent ses sujets (sujets picturaux, sujets de réflexion) et qu’elle peuple de figures féminines noires puissantes, mettant noirs et blancs, hommes et femmes, sur un pied d’égalité, quand elle n’inverse pas, elle aussi, les termes de la domination (Picasso nu, scruté par des femmes). Réécrire l’histoire, chez elle, consiste aussi à créer des Africains-Américains fictifs mais inspirés de ses proches, auxquels elle invente de meilleurs destins que celui de la majorité des noirs aux États-Unis, et dont elle écrit les récits de vie dans la bordure de ses tableaux en courtepointes, alliant ainsi intimement art visuel et littérature ­­— deux manières pour elle de faire entendre sa voix.  

            On s’est aussi intéressés aux liens entre identité individuelle et collective chez chacun de ces trois artistes, à ce que leurs œuvres disent de leur conception de leur culture ou communauté et de celle de la société dominante, au rôle dévolu à l’humour et à la dérision dans leurs réalisations, ou encore à la manière dont ils articulent l’art, la vie et l’engagement politique.

Publications

« La culture en (non) partage ? À propos des “appropriations culturelles” », Germinal 8, 2024 : 249-259.