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UE720 - Histoire de l’expansion des empires : le Vietnam entre la Chine et l’Asie du Sud-Est (XVe-XXe siècle)


Lieu et planning


  • Maison de l'Asie
    22 av du Président-Wilson 75016 Paris
    Salle de cours 1
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 15:00-17:00
    du 16 novembre 2022 au 15 février 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 22 novembre 2022 17:06

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Administration Archéologie Archives Cartographie Circulations Empire Ethnicité Ethnographie Histoire Histoire économique et sociale Migration(s) Minorités Paysage Violence
Aires culturelles
Asie sud-orientale Chine
Intervenant·e·s
  • Andrew Hardy [référent·e]   directeur d'études, EFEO / Centre Asie du Sud-Est (CASE)

L’expansion d’un empire se fait de manière épisodique, avec des moments d’avancée forte, des reculs abrupts, des périodes de stagnation et de consolidation. Elle s’opère sous des impulsions multiples, des idéologies contradictoires et des mécanismes qui peuvent être opérés par l’État, par une élite locale et par un peuple migrateur. Ce séminaire examine l’histoire de l’expansion vietnamienne depuis le XVe siècle à la lumière des thèmes des migrations, du commerce, des frontières, des violences, des relations inter-ethniques. Son objet principal est l’empire vietnamien, mais celui-ci se trouve à la croisée d’autres impérialismes : l’empire chinois, qui lui fournit des cadres idéologiques et des modèles d’organisation ; les empires du Champa et du Cambodge, dont les territoires intègrent le royaume vietnamien pendant sa marche vers le Sud millénaire ; l’empire colonial français, qui ouvre la voie aux migrations vietnamiennes vers le Laos et incorpore les habitants des hauts plateaux à la nation vietnamienne en tant que « minorités ethniques » ; et enfin l’empire soviétique, dont fait partie le Vietnam après 1945, qui pose le cadre idéologique d’un puissant impérialisme vietnamien en Asie du Sud-Est. Le séminaire n’a pas d’ambition exhaustive sur ce vaste sujet, mais se penchera sur une sélection d’épisodes et de localités précis à l’appui d’une méthodologie interdisciplinaire : il fera appel aux outils traditionnels de l’historien, les archives et les annales, mais aussi aux recherches de terrain ethnographiques, archéologiques et cartographiques. L’objectif est d’étudier le cas vietnamien pour d’élaborer une méthode d’analyse du fait impérial et des multiples logiques qui peuvent se combiner pour l’animer. 

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit
  • Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contacts et renseignements par courriel (andrew.hardy@efeo.net) ou par écrit (École française d'Extrême-Orient, 22 av du Président-Wilson 75116 Paris).

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous

Réception des candidats

Sur rendez-vous

Pré-requis
-

Compte rendu


Ce séminaire avait pour but d’initier les étudiants à l’histoire de l’expansion impériale vietnamienne, en s’appuyant sur des travaux récents, des textes historiques, des recherches de terrain en cours, et de discussions en séminaire, l’objectif principal étant d’enquêter sur un certain nombre de mécanismes et d’institutions qui ont favorisé, au fil des siècles (XVe-XXe), cette expansion. Les deux premières séances ont été consacrées à la présentation du cadre théorique, des définitions – notamment des notions d’empire et de frontière – et des thèmes abordés, dont la constitution de l’état et du territoire, le phénomène migratoire, les formes d’organisation de la frontière, et les relations inter-ethniques. Pendant ces séances introductives nous avons soulevé également le cadre géographique sous étude et les formes politiques d’organisations des sociétés qui s’y trouvent : le Sud, avec ses plaines rizicoles et ses grands empires cham et khmer ; et le Ouest, avec ses marches montagneuses et ses populations montagnardes sans État.

Les modalités de l’expansion de l’empire vietnamien ne peuvent se comprendre sans l'examen de ses interactions avec plusieurs autres empires, ceux de la Chine, du Champa, du Cambodge et de la France ; c’est donc sur une analyse de l'empire cham, au moment de son effondrement, qu’a porté les séances suivantes. La conquête de Vijaya en 1471, racontée dans les annales du Dai Viet et dans les chroniques de la dynastie chinoise des Ming, est le point de départ pour une étude des mécanismes d’intégration des principautés composantes du royaume du Champa, mais aussi des processus de fragmentation de ses dernières, comme celui qui se produit au XVe siècle. Nous avons abordé dans ce contexte la question des silences dans les sources, en l’occurrence ceux des annales vietnamiennes, qui pendant un demi-siècle ne font aucune mention de ce territoire, certes conquis en 1471 mais énergiquement contesté pendant plusieurs décennies après cette date, que cette source laisse entendre avoir été rapidement incorporé dans l’empire.

Le second thème abordé est celui du phénomène migratoire, traité sous l’angle de sa pratique et son organisation par l’État mais aussi par les villages et les familles. L’existence d’une culture, de caractère confucéen, de migration vietnamienne fait l’objet d’une réflexion alimentée par la lecture de sources documentaires du XXe siècle et de données ethnographiques recueillies sur le terrain dans les régions Nord et Centre. L’institution de la colonie militaire a été également centrale à cette discussion, à partir de l’étude du peuplement aux XIXe siècle du plateau d’An Khê (province de Gia Lai) : pour cette étude, nous nous sommes tournés vers les archives impériales de la dynastie des Nguyên ainsi que les documents ethnographiques et documentaires de provenance locale. 

Nous avons traité en troisième lieu de l’institution de la frontière. L’institution du « marché des sources » (nguôn), qui régissait aux XVIIIe-XIXe siècles les relations commerciales, sociales et politiques entre l’empire vietnamien et les marches montagneuses occidentales, est au cœur de notre discussion de la notion de la « frontière ouverte » ; nous l’avons étudié sur ce même terrain, celui du plateau d’An Khê. Nous nous sommes ensuite tournés vers un phénomène de fermeture de la frontière, la muraille de Quang Ngai, dispositif frontalier créé, au début du XIXe siècle, pour permettre à l’empire d’effectuer un contrôle étroit sur la mobilité entre les deux zones. Cette étude nous a permis d’insister sur le caractère négocié des relations transfrontalières : l’hypothèse qui explique le mieux les résultats des recherches archéologiques, historiques et ethnographiques conduites sur ce terrain propose que cette institution, conçue pour mettre – dans cette province, au moins – une limite à l’expansion impériale vietnamienne, eut été le fruit d’une négociation entre les lettrés-fonctionnaires et les chefs montagnards et d’un effort de construction des habitants des deux territoires ainsi délimités. 

Dernière modification : 22 novembre 2022 17:06

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Administration Archéologie Archives Cartographie Circulations Empire Ethnicité Ethnographie Histoire Histoire économique et sociale Migration(s) Minorités Paysage Violence
Aires culturelles
Asie sud-orientale Chine
Intervenant·e·s
  • Andrew Hardy [référent·e]   directeur d'études, EFEO / Centre Asie du Sud-Est (CASE)

L’expansion d’un empire se fait de manière épisodique, avec des moments d’avancée forte, des reculs abrupts, des périodes de stagnation et de consolidation. Elle s’opère sous des impulsions multiples, des idéologies contradictoires et des mécanismes qui peuvent être opérés par l’État, par une élite locale et par un peuple migrateur. Ce séminaire examine l’histoire de l’expansion vietnamienne depuis le XVe siècle à la lumière des thèmes des migrations, du commerce, des frontières, des violences, des relations inter-ethniques. Son objet principal est l’empire vietnamien, mais celui-ci se trouve à la croisée d’autres impérialismes : l’empire chinois, qui lui fournit des cadres idéologiques et des modèles d’organisation ; les empires du Champa et du Cambodge, dont les territoires intègrent le royaume vietnamien pendant sa marche vers le Sud millénaire ; l’empire colonial français, qui ouvre la voie aux migrations vietnamiennes vers le Laos et incorpore les habitants des hauts plateaux à la nation vietnamienne en tant que « minorités ethniques » ; et enfin l’empire soviétique, dont fait partie le Vietnam après 1945, qui pose le cadre idéologique d’un puissant impérialisme vietnamien en Asie du Sud-Est. Le séminaire n’a pas d’ambition exhaustive sur ce vaste sujet, mais se penchera sur une sélection d’épisodes et de localités précis à l’appui d’une méthodologie interdisciplinaire : il fera appel aux outils traditionnels de l’historien, les archives et les annales, mais aussi aux recherches de terrain ethnographiques, archéologiques et cartographiques. L’objectif est d’étudier le cas vietnamien pour d’élaborer une méthode d’analyse du fait impérial et des multiples logiques qui peuvent se combiner pour l’animer. 

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit
  • Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle par écrit
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contacts et renseignements par courriel (andrew.hardy@efeo.net) ou par écrit (École française d'Extrême-Orient, 22 av du Président-Wilson 75116 Paris).

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous

Réception des candidats

Sur rendez-vous

Pré-requis
-
  • Maison de l'Asie
    22 av du Président-Wilson 75016 Paris
    Salle de cours 1
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 15:00-17:00
    du 16 novembre 2022 au 15 février 2023
    Nombre de séances : 12

Ce séminaire avait pour but d’initier les étudiants à l’histoire de l’expansion impériale vietnamienne, en s’appuyant sur des travaux récents, des textes historiques, des recherches de terrain en cours, et de discussions en séminaire, l’objectif principal étant d’enquêter sur un certain nombre de mécanismes et d’institutions qui ont favorisé, au fil des siècles (XVe-XXe), cette expansion. Les deux premières séances ont été consacrées à la présentation du cadre théorique, des définitions – notamment des notions d’empire et de frontière – et des thèmes abordés, dont la constitution de l’état et du territoire, le phénomène migratoire, les formes d’organisation de la frontière, et les relations inter-ethniques. Pendant ces séances introductives nous avons soulevé également le cadre géographique sous étude et les formes politiques d’organisations des sociétés qui s’y trouvent : le Sud, avec ses plaines rizicoles et ses grands empires cham et khmer ; et le Ouest, avec ses marches montagneuses et ses populations montagnardes sans État.

Les modalités de l’expansion de l’empire vietnamien ne peuvent se comprendre sans l'examen de ses interactions avec plusieurs autres empires, ceux de la Chine, du Champa, du Cambodge et de la France ; c’est donc sur une analyse de l'empire cham, au moment de son effondrement, qu’a porté les séances suivantes. La conquête de Vijaya en 1471, racontée dans les annales du Dai Viet et dans les chroniques de la dynastie chinoise des Ming, est le point de départ pour une étude des mécanismes d’intégration des principautés composantes du royaume du Champa, mais aussi des processus de fragmentation de ses dernières, comme celui qui se produit au XVe siècle. Nous avons abordé dans ce contexte la question des silences dans les sources, en l’occurrence ceux des annales vietnamiennes, qui pendant un demi-siècle ne font aucune mention de ce territoire, certes conquis en 1471 mais énergiquement contesté pendant plusieurs décennies après cette date, que cette source laisse entendre avoir été rapidement incorporé dans l’empire.

Le second thème abordé est celui du phénomène migratoire, traité sous l’angle de sa pratique et son organisation par l’État mais aussi par les villages et les familles. L’existence d’une culture, de caractère confucéen, de migration vietnamienne fait l’objet d’une réflexion alimentée par la lecture de sources documentaires du XXe siècle et de données ethnographiques recueillies sur le terrain dans les régions Nord et Centre. L’institution de la colonie militaire a été également centrale à cette discussion, à partir de l’étude du peuplement aux XIXe siècle du plateau d’An Khê (province de Gia Lai) : pour cette étude, nous nous sommes tournés vers les archives impériales de la dynastie des Nguyên ainsi que les documents ethnographiques et documentaires de provenance locale. 

Nous avons traité en troisième lieu de l’institution de la frontière. L’institution du « marché des sources » (nguôn), qui régissait aux XVIIIe-XIXe siècles les relations commerciales, sociales et politiques entre l’empire vietnamien et les marches montagneuses occidentales, est au cœur de notre discussion de la notion de la « frontière ouverte » ; nous l’avons étudié sur ce même terrain, celui du plateau d’An Khê. Nous nous sommes ensuite tournés vers un phénomène de fermeture de la frontière, la muraille de Quang Ngai, dispositif frontalier créé, au début du XIXe siècle, pour permettre à l’empire d’effectuer un contrôle étroit sur la mobilité entre les deux zones. Cette étude nous a permis d’insister sur le caractère négocié des relations transfrontalières : l’hypothèse qui explique le mieux les résultats des recherches archéologiques, historiques et ethnographiques conduites sur ce terrain propose que cette institution, conçue pour mettre – dans cette province, au moins – une limite à l’expansion impériale vietnamienne, eut été le fruit d’une négociation entre les lettrés-fonctionnaires et les chefs montagnards et d’un effort de construction des habitants des deux territoires ainsi délimités.