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UE47 - Pour une archéologie juridique de l’accumulation primitive


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
    du 1er mars 2022 au 31 mai 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 7 mai 2021 19:26

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Droit et société
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Capitalisme Collectifs Droit, normes et société Histoire du droit Histoire économique et sociale Institutions Justice Philosophie politique Philosophie sociale
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Michele Spanò [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

L’accumulation primitive du capital est au cœur des dernières pages du premier livre du « Capital » de Karl Marx. Suspendue entre histoire et logique, l’accumulation primitive désigne le processus qui préside au déploiement du capitalisme moderne et à l’institution du rapport social de capital. Aujourd’hui ce concept est au centre d’un nombre croissant d’études concernant la dépossession et l’extraction, les formes d’appropriation des communs et le pillage des ressources, la formation et le dressage de la force de travail et sa constitution politique en classe. Toutefois, l’accumulation primitive n’a jamais fait l’objet d’une étude à proprement parler juridique. En lien explicite avec les séminaires des deux années passées (« L’antagonisme de la forme » 19-20 et « Le pouvoir de vouloir » 20-21) et à l’aide de l’histoire et de la théorie du droit privé ainsi que de l’œuvre d’auteurs tels que M. Foucault et E. P. Thompson nous tâcherons d’entamer une enquête sur les infrastructures juridiques – le droit subjectif, le contrat d’échange, la propriété privé – qui ont permis de donner corps à ce processus qui ne cesse de nous concerner.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Philosophie-Philosophie sociale et politique – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences économiques et sociales - Institutions, organisations, économie et société – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences sociales-Pratiques de l'interdisciplinarité en sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Systèmes juridiques et droits de l'homme - Théorie et analyse du droit – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Étude comparative du développement – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

par courriel 

Direction de travaux des étudiants

sur rdv par courriel 

Réception des candidats

sur rdv par courriel 

Pré-requis

aucun pré-requis


Compte rendu


Le séminaire de cette année avait pour titre « Pour une archéologie juridique de l’accumulation primitive ». Les auteurs au centre de notre enquête ont été principalement quatre : Karl Marx, Louis Althusser, Michel Foucault et E. P. Thompson. Nous avons débuté le séminaire par une lecture intégrale du chapitre XXIV du Capital de K. Marx dédié à l’accumulation primitive (« Die s. g. ursprüngliche Accumulation »). Notre effort a été celui de faire ressortir la place que le droit y occupe, parfois en dépit de l’intention de l’auteur. Nous avons donc croisé cette ligne de lecture en émettant une hypothèse générale, à savoir que le phénomène décrit par Marx sous l’expression « accumulation primitive de capital » indiquerait la dynamique de juridification des rapports sociaux qui instaure et rend possible le rapport social de capital. Cette relecture nous a donc mené à fournir une révision de la caractérisation du droit qu’on trouve chez Marx lui-même. L’accumulation primitive – à la fois phénomène historique ponctuel et processus logique toujours recommencé – ne serait reconductible à un pur déchaînement de violence à peine formalisée.  Au contraire, fonctionnant comme un « reenactment » du passage hobbesien de l’état de nature à l’état civil et politique, l’accumulation est plutôt le processus d’une retranscription complète des rapports sociaux en termes juridiques. Le droit n’apparait donc ici plus comme un élément secondaire et marginal (l’idylle formel qu’aurait couvert la violence brute de l’accumulation) mais le véritable opérateur de l’accession au capitalisme moderne. C’est surtout le droit privé – avec ses institutions majeures (contrat, propriété, responsabilité civile) – qui occupe le devant de la scène (selon un mouvement spéculatif dont témoignent d’ailleurs beaucoup d’autres lieux de l’œuvre de Marx) à détriment d’un droit pénale ou d’un droit public à nos yeux surévalués par les lectures classiques du phénomène de l’accumulation. Ceux-ci par contre se manifestent plutôt comme des instruments de dernier ressort pour « gouverner » toutes celles et tous ceux qu’on n’arrive pas à intégrer dans cette nouvelle grammaire des rapports sociaux offert par le droit privé de l’échange.

Nous avons essayé de tester cette grille de lecture à travers une approche croisée des certains ouvrages d’auteurs qui se sont eux-mêmes penchés sur le chapitre XXIV héritant à la fois, de façon ambiguë et donc prometteuse, la même difficulté à donner une place au droit dans le cadre de l’accumulation primitive. Nous avons dédié plusieurs séances à la lecture de Louis Althusser (notamment Montesquieu, la politique et l'histoire de 1959), de Michel Foucault (surtout les deux cours donnés au Collège de France « Théorie et institutions pénales » en 1971-72 et « La société punitive » en 1972-1973) et finalement d’E. P Thompson (pour ce qui concerne The Making of the English Working Class de 1963 et Whigs and Hunters: The Origin of the Black Act de 1975). Nous nous sommes efforcés de montrer comment ces auteurs ont été les protagonistes d’un trialogue, parfois très polémique, dont l’enjeu majeur était rien qu’une interprétation des pages marxiennes consacrées à l’accumulation primitive. Dans toutes ces œuvres la question est posée du passage d’une époque précédente à un état de la société définit par des rapports capitalistes : le droit privé, posant une équivalence entre rapports sociaux et rapports juridiques, se dégage comme l’un de vecteur majeur de cette gigantesque transformation. Il a été donc question d’aborder un débat historiographique majeur – concernant au moins la naissance de l’État moderne, le rôle politique et économique de la bourgeoisie, la « naissance » du prolétariat ainsi que le gouvernement des « classes dangereuses » – sous l’angle de l’articulation et du diffèrent poids du droit pénal et du droit privé dans leur rôle d’infrastructures juridiques d’une économie – et d’une société – capitaliste naissante. 

Dans les dernières séances du séminaire nous avons essayé de compléter notre enquête par la prise en compte des approches contemporaines de l’accumulation primitive – études postcoloniales, marxisme critique et féminismes – afin de retracer les discontinuités avec le récit fondateur marxien et la place que ces approches – toutes très marquées par le concept d’« extractivisme » – font au droit.

Publications
  • Fare il molteplice. Il diritto privato alla prova del comune, Turin, Rosenberg & Sellier, 2022.
  • Édition, traduction et postface de Yan Thomas, Il valore delle cose seguito da L’artificio delle istituzioni, Macerata, Quodlibet, 2022 (nouvelle édition augmentée).
  • « Dalla tragedia al romanzo. Sull’uso borghese della penalità », aut aut, n°393, 2022, p. 44-58.
  • « Cose senza corpo. Forma e materia degli istituti giuridici », dans Sulla soglia delle forme. Genealogia, estetica e politica della materia, sous la dir. d'Anna Montebugnoli, Meltemi, Milan, 2022, p. 149-163.
  • « Le parole e le cose (del diritto) », dans Il valore delle cose seguito da L’artificio delle istituzioni, sous la dir. de Yan Thomas, Macerata, Quodlibet, 2022, p. 75-88.
  • « Towards a Juridical Archaeology of Primitive Accumulation: A reading of Foucault’s Penal Theories and Institutions », Radical Philosophy, 2, 11, 2021, p. 19-26.
  • « The "Social" as the "Common"? An Inquiry into the "Soziale Aufgabe" of Private Law », Quaderni Storici, 3, 2022, p. 641-662.
  • « Diritto », dans Unknown Unknowns An introduction to mysteries. Saggi, sous la dir. d'Emanuele Coccia, Electa, Milan, 2022, p. 106-118.
  • « Law », dans Unknown Unknowns An introduction to mysteries. Essays, op. cit., p. 100-112.

Dernière modification : 7 mai 2021 19:26

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Droit et société
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Capitalisme Collectifs Droit, normes et société Histoire du droit Histoire économique et sociale Institutions Justice Philosophie politique Philosophie sociale
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Michele Spanò [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

L’accumulation primitive du capital est au cœur des dernières pages du premier livre du « Capital » de Karl Marx. Suspendue entre histoire et logique, l’accumulation primitive désigne le processus qui préside au déploiement du capitalisme moderne et à l’institution du rapport social de capital. Aujourd’hui ce concept est au centre d’un nombre croissant d’études concernant la dépossession et l’extraction, les formes d’appropriation des communs et le pillage des ressources, la formation et le dressage de la force de travail et sa constitution politique en classe. Toutefois, l’accumulation primitive n’a jamais fait l’objet d’une étude à proprement parler juridique. En lien explicite avec les séminaires des deux années passées (« L’antagonisme de la forme » 19-20 et « Le pouvoir de vouloir » 20-21) et à l’aide de l’histoire et de la théorie du droit privé ainsi que de l’œuvre d’auteurs tels que M. Foucault et E. P. Thompson nous tâcherons d’entamer une enquête sur les infrastructures juridiques – le droit subjectif, le contrat d’échange, la propriété privé – qui ont permis de donner corps à ce processus qui ne cesse de nous concerner.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Philosophie-Philosophie sociale et politique – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences économiques et sociales - Institutions, organisations, économie et société – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences sociales-Pratiques de l'interdisciplinarité en sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Systèmes juridiques et droits de l'homme - Théorie et analyse du droit – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Étude comparative du développement – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

par courriel 

Direction de travaux des étudiants

sur rdv par courriel 

Réception des candidats

sur rdv par courriel 

Pré-requis

aucun pré-requis

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
    du 1er mars 2022 au 31 mai 2022
    Nombre de séances : 12

Le séminaire de cette année avait pour titre « Pour une archéologie juridique de l’accumulation primitive ». Les auteurs au centre de notre enquête ont été principalement quatre : Karl Marx, Louis Althusser, Michel Foucault et E. P. Thompson. Nous avons débuté le séminaire par une lecture intégrale du chapitre XXIV du Capital de K. Marx dédié à l’accumulation primitive (« Die s. g. ursprüngliche Accumulation »). Notre effort a été celui de faire ressortir la place que le droit y occupe, parfois en dépit de l’intention de l’auteur. Nous avons donc croisé cette ligne de lecture en émettant une hypothèse générale, à savoir que le phénomène décrit par Marx sous l’expression « accumulation primitive de capital » indiquerait la dynamique de juridification des rapports sociaux qui instaure et rend possible le rapport social de capital. Cette relecture nous a donc mené à fournir une révision de la caractérisation du droit qu’on trouve chez Marx lui-même. L’accumulation primitive – à la fois phénomène historique ponctuel et processus logique toujours recommencé – ne serait reconductible à un pur déchaînement de violence à peine formalisée.  Au contraire, fonctionnant comme un « reenactment » du passage hobbesien de l’état de nature à l’état civil et politique, l’accumulation est plutôt le processus d’une retranscription complète des rapports sociaux en termes juridiques. Le droit n’apparait donc ici plus comme un élément secondaire et marginal (l’idylle formel qu’aurait couvert la violence brute de l’accumulation) mais le véritable opérateur de l’accession au capitalisme moderne. C’est surtout le droit privé – avec ses institutions majeures (contrat, propriété, responsabilité civile) – qui occupe le devant de la scène (selon un mouvement spéculatif dont témoignent d’ailleurs beaucoup d’autres lieux de l’œuvre de Marx) à détriment d’un droit pénale ou d’un droit public à nos yeux surévalués par les lectures classiques du phénomène de l’accumulation. Ceux-ci par contre se manifestent plutôt comme des instruments de dernier ressort pour « gouverner » toutes celles et tous ceux qu’on n’arrive pas à intégrer dans cette nouvelle grammaire des rapports sociaux offert par le droit privé de l’échange.

Nous avons essayé de tester cette grille de lecture à travers une approche croisée des certains ouvrages d’auteurs qui se sont eux-mêmes penchés sur le chapitre XXIV héritant à la fois, de façon ambiguë et donc prometteuse, la même difficulté à donner une place au droit dans le cadre de l’accumulation primitive. Nous avons dédié plusieurs séances à la lecture de Louis Althusser (notamment Montesquieu, la politique et l'histoire de 1959), de Michel Foucault (surtout les deux cours donnés au Collège de France « Théorie et institutions pénales » en 1971-72 et « La société punitive » en 1972-1973) et finalement d’E. P Thompson (pour ce qui concerne The Making of the English Working Class de 1963 et Whigs and Hunters: The Origin of the Black Act de 1975). Nous nous sommes efforcés de montrer comment ces auteurs ont été les protagonistes d’un trialogue, parfois très polémique, dont l’enjeu majeur était rien qu’une interprétation des pages marxiennes consacrées à l’accumulation primitive. Dans toutes ces œuvres la question est posée du passage d’une époque précédente à un état de la société définit par des rapports capitalistes : le droit privé, posant une équivalence entre rapports sociaux et rapports juridiques, se dégage comme l’un de vecteur majeur de cette gigantesque transformation. Il a été donc question d’aborder un débat historiographique majeur – concernant au moins la naissance de l’État moderne, le rôle politique et économique de la bourgeoisie, la « naissance » du prolétariat ainsi que le gouvernement des « classes dangereuses » – sous l’angle de l’articulation et du diffèrent poids du droit pénal et du droit privé dans leur rôle d’infrastructures juridiques d’une économie – et d’une société – capitaliste naissante. 

Dans les dernières séances du séminaire nous avons essayé de compléter notre enquête par la prise en compte des approches contemporaines de l’accumulation primitive – études postcoloniales, marxisme critique et féminismes – afin de retracer les discontinuités avec le récit fondateur marxien et la place que ces approches – toutes très marquées par le concept d’« extractivisme » – font au droit.

Publications
  • Fare il molteplice. Il diritto privato alla prova del comune, Turin, Rosenberg & Sellier, 2022.
  • Édition, traduction et postface de Yan Thomas, Il valore delle cose seguito da L’artificio delle istituzioni, Macerata, Quodlibet, 2022 (nouvelle édition augmentée).
  • « Dalla tragedia al romanzo. Sull’uso borghese della penalità », aut aut, n°393, 2022, p. 44-58.
  • « Cose senza corpo. Forma e materia degli istituti giuridici », dans Sulla soglia delle forme. Genealogia, estetica e politica della materia, sous la dir. d'Anna Montebugnoli, Meltemi, Milan, 2022, p. 149-163.
  • « Le parole e le cose (del diritto) », dans Il valore delle cose seguito da L’artificio delle istituzioni, sous la dir. de Yan Thomas, Macerata, Quodlibet, 2022, p. 75-88.
  • « Towards a Juridical Archaeology of Primitive Accumulation: A reading of Foucault’s Penal Theories and Institutions », Radical Philosophy, 2, 11, 2021, p. 19-26.
  • « The "Social" as the "Common"? An Inquiry into the "Soziale Aufgabe" of Private Law », Quaderni Storici, 3, 2022, p. 641-662.
  • « Diritto », dans Unknown Unknowns An introduction to mysteries. Saggi, sous la dir. d'Emanuele Coccia, Electa, Milan, 2022, p. 106-118.
  • « Law », dans Unknown Unknowns An introduction to mysteries. Essays, op. cit., p. 100-112.